Quand
l'école est assiégée par le communautarisme
VIDÉO. Les valeurs républicaines n'ont plus la cote dans certaines écoles. Choses vues et entendues.
https://www.lepoint.fr/politique/les-services-publics-face-aux-islamistes-quand-l-ecole-est-assiegee-par-le-communautarisme-20-06-2019-2320072_20.php
Du haut de ses 9
ans, Aurélien ne s'est pas démonté. Scolarisé dans une école élémentaire de
Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, le petit garçon a expliqué à son camarade de
classe que chacun était libre de croire ce qu'il voulait. «
Maman m'a emmené voir une exposition sur la création de l'Univers avec le
big-bang et les météorites, se
souvient Aurélien. J'en
ai parlé à mon copain Medhi à la récré, mais il s'est énervé en m'expliquant que
tout ça était faux, et que
Dieu avait tout créé : la Terre, la nature, moi, lui, sa mère, la mienne et la
mère de ma mère, etc. Moi, je crois en la science...
-Fondamentalisme
islamique : des dérives à l'école inquiètent les services de renseignement
Publié le 09/10/2018
Une note confidentielle dévoilée ce mardi 9
octobre par Europe 1 rapporte des cas préoccupants d'élèves musulmans adoptant,
à tous les niveaux de l'école, des comportements religieux particulièrement sectaires.Les dérives
islamistes à l'école préoccupent les services de renseignement. Ce sont les
conclusions d'une note confidentielle
reçue par les cabinets du président de la République, du Premier ministre et du
ministre de l'Education nationale, en partie dévoilée ce mardi 9 octobre par
Europe 1, qui se penche sur les signalements de cas de communautarisme musulman
dans les établissements scolaires.Si dans les faits, le nombre d'incidents est
stable par rapport aux années précédentes, les agents du renseignement français
s'alarment de cas préoccupants. Le document cite ainsi l'exemple d'élèves, dans
un établissement du Nord, refusant d'avoir cours dans des classes avec du
mobilier rouge car celui-ci serait catalogué "haram", c'est-à-dire
interdit par le Coran. Certains enfants refusent aussi de dessiner des
représentations humaines ou encore, se bouchent les oreilles lorsqu'ils
entendent de la musique en classe. Enfin, des petits garçons ne veulent pas
tenir la main de leurs camarades filles.
Incidents à la cantine
Autre sujet qui préoccupe les agents du
renseignement : les problèmes d'organisation liés à une pratique du ramadan de
plus en plus jeune chez les enfants. Ainsi, à Troyes, plusieurs élèves de 6ème n'ont
pas voulu se rendre à la piscine avec leur classe, invoquant la peur de "boire
la tasse et de casser leur jeûne".L'un des
plus grands sujets de crispation reste celui des repas. A la cantine, dans les
Bouches-du-Rhône, certains élèves refusent de s'asseoir à côté de ceux qui
consomment du porc. Europe 1 rapporte également un incident survenu lors d'un
voyage scolaire dans un collège de Saint-Denis : "Sur une cinquantaine
d'élèves, 35 d'entre eux ont refusé de manger la cuisse de poulet qui leur était
proposée au dîner, parce que ce n'était pas halal. Nous n'avions pas été
prévenus, donc nous avons jeté ces 35 cuisses de poulet et ils n'ont mangé que
des frites", raconte leur professeur d'histoire.
En
Haute-Savoie, des établissements ont par conséquent cessé d'organiser des
séjours en classe de neige, expliquant ne plus pouvoir organiser des menus
devenus "ingérables".En juillet dernier, le ministre de l'Education
nationale, Jean-Michel Blanquer, avait annoncé la création
d'une plateforme de signalement des atteintes à la laïcité, destinée
aux professeurs et professionnels de l'école. Au moment de son lancement, elle
recueillait déjà près de "30 signalements par jour"
L'école, l'islam et l'Histoire : le témoignage d'un prof de banlieue
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Bruno Riondel évoque
les luttes idélogiques dont l'école de la République est la proie.
Par Alexandre
Devecchio
Bruno Riondel est professeur d'Histoire dans
l'enseignement secondaire, auteur du livre Considérations
inconvenantes, sur l'école, l'islam et l'histoire en France à l'heure de la
mondialisation. (Éditions du Toucan).
PROPOS RECUEILLIS
PAR : ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio
LE FIGARO. - Votre livre s'ouvre la lettre de
Marie-Claude Faivre, professeure de Lettres, à la suite du suicide de Lise B,
immolée par le feu au Lycée Jean Moulins de Béziers. Que révèle cette entrée en
matière ?
Bruno RIONDEL.
- Elle révèle le désarroi d'un milieu enseignant confronté à des difficultés
croissantes. C'est aussi un beau texte, très émouvant. Il est en lien avec la
question scolaire dans sa globalité. La lettre de Marie-Claude Faivre exprime
aussi, avec précision, le vécu quotidien des enseignants confrontés aux
réalités, aujourd'hui excessivement normatives, d'un milieu éducatif soumis aux
exigences bureaucratiques croissantes de la cléricature laïque qui gère le
système scolaire, depuis le Ministère et au sein des rectorats. Elle constitue
donc une excellente entrée en matière pour un livre sur l'école.
Votre livre
puise dans votre expérience de professeur d'histoire de l'enseignement
secondaire.
Depuis combien d'années enseignez-vous? Comment
analysez-vous l'évolution de l'école depuis vos débuts ?
J'enseigne depuis près d'une trentaine
d'années. L'école a connu une évolution nécessaire, mais elle se trouve
aujourd'hui dépassée par sa dynamique réformatrice qui s'est emballée au
contact d'un multiculturalisme qui conduit trop souvent les pédagogues à
pratiquer une fuite en avant adaptative. L'école s'est en effet démocratisée
au cours des années 90 avec l'accès de 80% d'une classe d'âge au
baccalauréat, ce qui fut un réel progrès démocratique, chacun pouvant
espérer aller le plus loin possible dans ses études. L'école s'est aussi
préoccupée du développement personnel des jeunes dans le but de les
épanouir, ce qui fut aussi une avancée louable. Mais, elle a dramatiquement
laissé tomber les valeurs d'autorité, de discipline et d'efforts,
nécessaires à l'acquisition d'une instruction solide. Le rejet du cadre
structurant traditionnel, jugé réactionnaire, a subverti un système éducatif
qui dès lors s'est progressivement affaissé. Ces progrès qui concernaient
essentiellement les jeunes gens porteurs d'une culture occidentale, et chez
lesquels il fallait assouplir les effets de normes morales parfois trop
contraignantes, se sont révélés inadaptés au contact de certains publics
nouveaux. Des comportements d'affirmation excessifs, et même parfois
d'opposition, de la part de jeunes dont l'inconscient culturel est
différent, sont ainsi apparus, l'esprit laxiste post soixante-huitard
ambiant aggravant certaines situations. Au lieu d'affronter ces réalités
nouvelles, l'école s'y est adaptée en détricotant toujours plus le système
de références traditionnelles, au nom du pédagogisme niveleur des
différences.
Au-delà des
problèmes de violences, de chute du niveau et de transmission des savoirs,
vous dénoncez l'intrusion de revendications communautaires au sein de
l'école républicaine. Est-ce vraiment le principal problème de l'éducation
nationale aujourd'hui ? Ne s'agit-il pas d'un problème plus large de perte
de repères et d'autorité?
Cette
intrusion se manifeste par des comportements déplacés divers (contestation
des savoirs, revendications multiples et séparatistes, provocations, etc.)
et par une tendance à la structuration communautariste de la jeunesse
musulmane au sein des établissements. Ce n'est pas le principal problème de
l'école d'aujourd'hui mais cela constitue déjà une problématique majeure
dans certaines zones sensibles et s'inscrit effectivement dans un contexte
de crise d'autorité.
La faiblesse
des réponses apportées par l'institution républicaine, confrontée à la perte
des repères, renforce la détermination des prosélytes. Cette intrusion
communautaire se manifeste par des comportements déplacés divers
(contestation des savoirs, revendications multiples et séparatistes,
provocations, etc.) et par une tendance à la structuration communautariste
de la jeunesse musulmane au sein des établissements (tables séparées et
menus toujours plus différenciés, dispenses d'activités scolaires non
«islamiquement correctes» (la piscine pour certaines jeunes filles),
intensification de la pratique religieuse avec effets visibles
(hypoglycémie, instabilité…) lors du mois de ramadan...Le réseau de pouvoir
républicain est ainsi doublé par un réseau religieux, véritable
contre-pouvoir. De même, la mosquée du quartier peut aussi servir de contre
école et les savoirs mécréants appris en classe seront révisés dans un sens
plus « islamiquement compatible » .Elle se
traduit aussi par les liens stratégiques établis entre l'intérieur et
l'extérieur de l'établissement par certains élèves, des surveillants et même
parfois par des enseignants musulmans, avec des «grands frères» fréquentant
assidument la mosquée. Ainsi, parfois, lorsqu'un élève sous emprise
religieuse entre en conflit avec certains personnels éducatifs, il obtiendra
le soutien de la communauté contre l'institution, l'administration de
l'établissement choisissant bien souvent de se placer en retrait pour ne pas
envenimer la situation. Le réseau de pouvoir républicain est ainsi doublé
par un réseau religieux, véritable contre-pouvoir. De même, la mosquée du
quartier peut aussi servir de contre école et les savoirs mécréants appris
en classe seront révisés dans un sens plus « islamiquement compatible ».
N'exagérez-vous pas des phénomènes marginaux ?
Il existe un
tabou sur l'islam et ses dérives, un tabou sur la question de la différence
de degré ou de nature. Tout cela agit dans l'inconscient collectif comme le
font ces secrets de familles inavoués ; ils sont tus, mais il existe une
gêne inexprimable et récurrente, jusqu'au jour où la réalité se dévoile avec
son lot de souffrances et de déchirements. Un débat sincère sur l'islam en
France est indispensable. Je crois que les musulmans sont aptes à entendre
les angoisses que suscitent, chez le non musulman, certains contenus de la
religion qu'ils pratiquent. Ce dialogue est aujourd'hui nécessaire.
La première
affaire du voile à Creil en 1989 serait « une manœuvre dirigée par des
fondamentalistes musulmans » pour tester la République.
Ne
tombez-vous pas dans la « théorie du complot » ?
Les Frères
musulmans incitent les femmes à se voiler ; c'est là un moyen politique pour
tester la résistance des pouvoirs publics. A Creil, en 1989, alors que
l'ensemble des musulmanes de France ne portaient pas de voile, il suffisait
aux jeunes filles de le retirer pour satisfaire à l'exigence légitime du
chef d'établissement. Au lieu de cet acte de bonne volonté, un rapport de
force fut créé par les musulmans et une résistance communautaire s'organisa.
Il s'agissait bien d'un acte d'affirmation conçu et piloté par des
responsables islamiques, le premier auquel d'autres succèderont.
L'islamologue Gilles Kepel, que l'on ne peut soupçonner de «complotisme»,
rappelle dans son ouvrage intitulé «terreur et martyr» qu'en 2004, l'UOIF
«encouragea les élèves qui désiraient se présenter voilées à l'école ou au
lycée (…) de manière à créer un contentieux juridique qui serait mené
jusqu'aux tribunaux européens…». Ne soyons pas naïfs.
Vous
considérez que l'enseignement de l'histoire est, lui aussi, victime
d'accommodements ?
Les ouvrages
et les programmes présentent un islam médiéval révisé, tolérant et défenseur
des savoirs, alors qu'ils stigmatisent l'Occident chrétien, un monde sombre
marqué par les croisades, l'Inquisition ou l'emprise religieuse sur les
sociétés. Curieusement les concepteurs des programmes s'alignent sans
nuances sur le point de vue musulman. Quant aux pédagogues du site Eduscol,
chargés de problématiser les questions proposées par les programmes, ils
affirment à propos de l'histoire islamique qu'«il
faut rechercher non ce qui est réellement arrivé, mais le sens que prennent
ces textes dans un univers culturel différent».
La réalité
passée est ainsi escamotée par une approche subjectiviste alors que la
science historique exige de l'objectivité.
La réalité
passée est ainsi escamotée par une approche subjectiviste alors que la
science historique exige de l'objectivité. L'impression donnée est celle
d'une sagesse islamique qui éclaire un sombre moyen âge. Une telle
perception est le fruit d'un postulat idéologique fondé sur de bons
sentiments dans le but de favoriser le vivre ensemble ; elle traduit aussi
la naïveté de ses concepteurs qui contribuent à endormir les jeunes sur le
réel passé d'une civilisation qui ne fut pas aussi progressiste que certains
le prétendent. De plus, l'histoire occidentale est diabolisée par la
culpabilité qui affecte ses promoteurs.
À cet
égard que pensez-vous de la récente polémique sur les nouveaux programmes
d'histoire ?
Je pense
qu'elle est très révélatrice d'une volonté idéologique d'atténuation de la
culture dominante avec des enseignements sur le christianisme et les
Lumières devenus facultatifs, alors que l'enseignement obligatoire de
l'histoire de l'islam est renforcé. Je pense qu'elle est très révélatrice
d'une volonté idéologique d'atténuation de la culture dominante avec des
enseignements sur le christianisme et les Lumières devenus facultatifs,
alors que l'enseignement obligatoire de l'histoire de l'islam est renforcé.
Cela traduit la volonté du pouvoir de promouvoir une culture exogène à
égalité avec la culture endogène, au nom du multiculturalisme et d'un vivre
ensemble républicain. Il s'agit de favoriser l'inclusion de la communauté
musulmane - et non plus l'intégration des musulmans- dans la communauté
nationale et de forger à une échelle plus vaste une nouvelle culture
globale, détachée des déterminismes identitaires et religieux. C'est là un
projet généreux et naïf de l'instant présent qui ne tient pas compte de
l'influence des racines spirituelles des cultures. Le retour inévitable du
réel sera d'autant plus douloureux que les musulmans, eux, n'oublient pas
leurs fondements culturels et inscrivent leur action dans le long terme de
la tradition islamique.
Vous
écrivez que l'histoire doit être un moyen de restaurer la fierté nationale.
Est-ce vraiment son rôle ?
L'enseignement de l'histoire à l'école a une dimension civique et
idéologique évidente. Il assure la cohésion d'un peuple. L'histoire
enseignée n'est jamais neutre et sert un projet politique. Ainsi, l'histoire
repentante sert le multiculturalisme par abaissement de la culture dominante
diabolisée et rehaussement des autres cultures posées en victimes de l'histoire.En partie
oui. L'enseignement de l'histoire à l'école a une dimension civique
évidente. Il assure la cohésion d'un peuple. L'histoire enseignée n'est
jamais neutre. Ainsi, l'histoire repentante sert le multiculturalisme par
abaissement de la culture dominante diabolisée et rehaussement des autres
cultures posées en victimes de l'histoire. Notre histoire nationale n'a
ainsi rien d'attrayant pour susciter le désir d'identification des jeunes
issus de l'immigration et si nous voulons réellement les intégrer, nous
devons leur donner l'envie d'adhérer au récit national ; pour cela il faut
qu'ils en tirent des motifs de fierté. Et ceux-ci sont nombreux dans notre
histoire.