GRAND
ENTRETIEN - L’avocat de la jeune Mila, spécialiste des questions de liberté
d’expression et de laïcité, plaide depuis vingt-huit ans dans ce domaine et n’a
jamais observé un tel phénomène de régression.
Publié le
12 février 2020 à 16:31, mis à jour le 14 février 2020 à 20:42
Richard
Malka, avocat de Mila: «S’il y avait un consensus sur cette question
fondamentale et plutôt simple, il n’y aurait pas eu Charlie, ni l’obligation de
déscolariser cette jeune fille.» JEAN-LUC
BERTINI POUR LE FIGARO MAGAZINE
LE
FIGARO MAGAZINE.- Vous êtes l’avocat de Mila, que révèle cette affaire? Quels en
sont les enjeux au-delà de son cas personnel?
Richard
MALKA.- Les enjeux sont bien connus, ils sont clairs: le droit à la liberté
d’expression et à la critique de la religion, ces polémiques nationales étant
emblématiques d’un malaise français depuis les caricatures de Charlie en 2006.
Mais pour moi, il y a peut-être un enjeu supérieur: l’absence de solidarité des
politiques, des journalistes, des intellectuels et des élites de la société
française sur des principes simples: on ne menace pas de mort une personne pour
ses propos même quand celle-ci a mis en cause l’existence d’Allah ou de tout
autre dieu. De telles menaces doivent être condamnées sans tergiverser, sans
«oui mais», sans chercher des excuses aux auteurs des menaces et sans dériver
sur d’autres débats.
Ces élus qui ont vendu leur âme
Pacte avec des voyous et des islamistes, communautarisme…
Enquête sur des arrangements de
moins en moins discrets.
Par Nadjet Cherigui,
Hugo Domenach et Clément Pétreault
Publié
le 13/02/2020 à 07:00 | Le Point
Tournant. Bobigny,
le 30 mars 2014. Le candidat UDI Stéphane de Paoli vient d’être élu maire de la
ville. Jean-Christophe Lagarde félicite l’un de ses colistiers. L’enquête de la
journaliste de l’AFP démarre quelques mois plus tard.
C’est un grand hold-up démocratique qui se déroule en silence mais sous nos
yeux. Dans des villes de banlieue, bastions et ex-bastions communistes, certains
maires ou candidats aux municipales se laissent aller aux pires dérives
clientélistes. Communautarisme subventionné, prêches identitaires
antirépublicains, affairisme à tout crin, recrutement d’agents municipaux au
casier judiciaire plus fourni que leur CV… Le détournement des moyens de la
collectivité à des fins électoralistes a récemment pris un virage plus dur, en
particulier dans les territoires enclavés.
Point Godwin
Performance : accusé de clientélisme par le Point, Jean-Christophe Lagarde
invoque Goebbels pour se défendre
Par Louis Nadau
Publié le
13/02/2020 à 18:35
En rogne
contre l'hebdomadaire Le Point, qui publie un dossier intitulé "Communautarisme,
pactes avec des voyous ou des islamistes - Ces élus qui ont vendu leur âme"
illustré par sa photographie, Jean-Christophe Lagarde a publié ce jeudi 13
février un communiqué de défense conclu par... une citation de Goebbels.
Un vrai pro
de la com', ce Jean-Christophe Lagarde. Furieux de voir sa trombine illustrer,
en Une du Point, un dossier intitulé "Communautarisme, pactes avec des
voyous ou des islamistes - Ces élus qui ont vendu leur âme", le patron de l'UDI a
annoncé, ce jeudi 13 février, qu'il comptait "engager des poursuites
judiciaires" à l'encontre de l'hebdomadaire. Une bisbille ente presse et
politique qui serait passée inaperçue, ou presque, si le député de
Seine-Saint-Denis n'avait pas eu la brillante idée d'invoquer Joseph Goebbels à
son secours pour flétrir les "accusations grotesques" du Point.
Je ne peux trouver les mots pour dire ma colère contre la Une aussi calomnieuse
que grotesque du Point, en contradiction avec le combat de toute ma vie
politique et personnelle.
J'ai chargé mon avocat d’engager des poursuites judiciaires pour rétablir mon
honneur et la vérité.
Dans un
communiqué furax publié sur Twitter, Jean-Christophe Lagarde s'en prend à nos
confrères, qui font selon lui "honte au métier de journaliste". Dans ce
court texte, l'élu se dit "victime d'une manipulation aussi calomnieuse que
grotesque, comme par hasard à un mois des élections municipales", avant de
conclure par cette citation : "Comme le disait Goebbels, 'plus le mensonge
est gros, plus il passe'."
Sur
Twitter, le président de l'UDI explique qu'il "ne peut trouver les mots"
pour qualifier l'article du Point. De là à s'en remettre à ceux du
ministre de la propagande du IIIème Reich, il y a toutefois un
pas... Cette curieuse référence ne lève en rien les soupçons de clientélisme
pesant sur certains édiles - déjà largement documentés par Marianne dès
2014 dans le cas de Jean-Christophe Lagarde,
mais aussi, plus récemment, dans
les cas des élus de Denain et
de Garges-lès-Gonesse.
"EN
CONTRADICTION AVEC TOUT CE QU'IL A RÉALISÉ ET DÉFENDU"
Le baron
du centre-droit récuse néanmoins des accusations selon lui "plus insensées
encore qu'infondées", et "en contradiction avec tout ce (qu'il a) réalisé
et défendu dans (sa) vie politique", depuis le mémorial de la déportation
juive à Drancy jusqu'à son combat "contre des extrémistes pour les empêcher
de prendre de force la mosquée de Drancy".
Dans cette
ville, l'ancien maire (2001-2017) est visé par une enquête pour détournement de
fonds publics après une plainte pour l'emploi présumé de sa femme Aude Lagarde
comme collaboratrice parlementaire. Le domicile du couple et la mairie ont été
perquisitionnés en février 2019 dans le cadre d'une enquête du Parquet national
financier (PNF).
Dans la
ville voisine de Bobigny, le mandat de l'élu UDI a quant à lui été émaillé par
la condamnation
pour "violences en réunion" du
premier adjoint et d'un agent de la ville. La ville a été épinglée par la
Chambre régionale des comptes, notamment sur une dizaine d'embauches
irrégulières dont des responsables associatifs ayant, pour certains, soutenu la
campagne de la majorité. Comme à Drancy, une enquête, menée par le PNF, a été
ouverte. La mairie et le domicile de plusieurs élus avaient été perquisitionnés
en mai dernier.
LIRE AUSSI : Comment
la droite confie Bobigny à des petits caïds
VIDÉO.
« Le Point » s'est procuré le document interministériel qui sert de base au
grand plan de lutte qui sera bientôt annoncé par Emmanuel Macron.
Par Jérôme
Cordelier
Modifié
le 15/02/2020 à 17:47 - Publié le 15/02/2020 à 10:48 | Le Point.fr
C'est un
document confidentiel de 31 pages, daté de janvier, dont Le
Point a obtenu un exemplaire. Un document interne au gouvernement,
piloté par Matignon et qui rassemble les contributions des différents cabinets
ministériels en vue d'accentuer la lutte contre le communautarisme, et plus
précisément, c'est son titre, d'échafauder une « stratégie de lutte contre
l'islamisme et contre les atteintes aux principes républicains ». C'est le plan
de travail qu'Emmanuel
Macron a
sur sa table, pour décider des mesures à mettre en œuvre sur des préoccupations
majeures pour les Français et l'avenir du pays. Sur ce sujet explosif, charriant
criminalité, peurs et fantasmes, le président de la République a voulu se donner
le temps pour consulter et réfléchir, avant de passer à l'action. Une séquence
qui commencera par un déplacement mardi 18 février, vraisemblablement à
Mulhouse, sur la question du financement des mosquées.
Ce document
est un rapport de travail qui ne constitue donc pas le projet et qui, jusqu'à la
dernière minute, est susceptible d'évoluer – l'annonce du plan qui devait avoir
lieu il y a quelques jours a été reportée, Emmanuel Macron souhaitant aller plus
loin sur certains points, selon nos informations. Mais il donne les grands axes
et les principales mesures au fondement de la politique gouvernementale. Porté
par le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la
radicalisation (CIPDR), c'est un rapport riche, qui se déploie dans tous les
domaines, engage la plupart des ministères régaliens, propose un catalogue de
mesures à la fois hautement symboliques et très pragmatiques, renforce les
dispositifs répressifs, affermit un contrôle serré des influences étrangères
mais mise aussi, et fortement, sur l'éducation, la culture et, point majeur
évidemment, la promotion de la laïcité. Sans déboucher sur une loi spécifique,
il permettra – à le lire – des aménagements législatifs dans plusieurs domaines
et surtout sert déjà de feuille de route pour les différentes administrations.
Un état
des lieux alarmant
Au départ,
les auteurs ciblent « des groupes d'inspiration religieuse rigoriste, prosélyte,
porteurs pour certains d'un projet politique de sécession » à l'œuvre dans
certains quartiers déjà
soumis à des facteurs de fragilité (pauvreté, délinquance). À partir des
diagnostics des préfets dans le cadre des « plans de lutte contre la
radicalisation » mis en place dans 15 quartiers, ils soulignent : « la présence
de lieux de culte représentant une mouvance islamiste ; le développement, par
ces mêmes groupes religieux, d'une offre associative dans les champs
para-éducatif, scolaire, sportif qui tend à devenir dominante dans certains
quartiers et à faire émerger un écosystème parallèle ; une emprise qui s'étend
également aux commerces de proximité ».
Ils notent
la forte hausse, à l'échelle nationale, du nombre d'élèves du 1er degré
scolarisés dans des écoles hors contrat – 46 000 en 2018, soit 17 % de plus par
rapport à 2017. Précision : « Si l'on se concentre sur les établissements à
caractère confessionnel musulmans, la hausse est même de 60 % entre 2016
et 2018, selon des chiffres du ministère
de l'Éducation nationale. »
Plus préoccupant encore, « le nombre d'enfants "instruits en famille" s'élevait
à 30 139 au cours de l'année scolaire 2016-2017, soit 21 000 de plus que lors de
la dernière enquête, qui concernait l'année scolaire 2014-2015. Plus des trois
quarts de l'augmentation se fait en dehors d'une inscription réglementée au Cned ». À
cela s'ajoute, le phénomène des listes communautaires pour les élections, qui
témoignent que « ces tendances centrifuges/sécessionnistes commencent à trouver
une traduction politique ».
4 axes
et 25 actions
Face à cet
« état des lieux » alarmant, le document de travail du gouvernement
propose 25 actions, réparties autour de 4 axes.
L'axe 1 répond
à une « stratégie d'entrave » face à la montée de l'islamisme. On renforce les
instruments de « diagnostic de l'islamisme et du repli communautaire », on mise
sur l'éducation, la culture, le sport, on accentue la mobilisation des autorités
– préfets, procureurs, acteurs de la santé, de l'éducation… Plus original, la
création de cellules départementales de lutte contre l'islamisme et le repli
communautaire (Clir), présidées par les
préfets. Objectif : « intensifier les efforts visant à identifier le réseau
social, cultuel, économique, associatif et culturel
des personnes suivies au titre de la radicalisation à caractère terroriste ». Il
s'agit aussi d'« associer davantage les élus dans le travail de la détection des
comportements de rupture avec les valeurs républicaines dans tous les
territoires (les revendications sur les horaires réservés aux femmes dans les
piscines, ces espaces publics où la mixité n'est plus possible, les services
communautaires qui cherchent à se substituer à la République, et les
déscolarisations d'enfants auxquelles on assiste dans trop d'écoles) ».
Autre action spécifique : le renforcement des contrôles dans le monde du sport,
en application de la circulaire du 8 novembre 2018, signée conjointement par les
ministres de l'Intérieur et des Sports. Spécifiquement, sont visées les
structures de sports de combat (arts martiaux, luttes et boxes), les salles de
musculation/remise en forme, les stands de tir, paintball… Surtout, le plan met
l'accent sur la nécessité d'« agir sur les atteintes aux symboles
républicains ». « Il est envisagé, indique le document, d'introduire dans le
droit des étrangers une "réserve générale" empêchant la délivrance de tout titre
de séjour à une personne en état de polygamie. » On ne met pas l'accent sur une
interdiction légale des certificats de virginité, mais on rappelle que le
Conseil national de l'Ordre des médecins considère que de tels certificats
« constituent une violation du respect de la personnalité et de l'intimité ». Le
document relève aussi qu'en matière de droits des successions « ont été
constatées des pratiques discriminatoires inspirées du droit musulman et
conduisant à faire varier la part dévolue aux héritiers réservataires selon le
sexe de ceux-ci, au préjudice des femmes », envisageant une modification de la
loi sur ce point.
« L'emprise islamiste »
L'axe 2 de
cette politique vise à « promouvoir une stratégie d'offres alternatives et des
mesures d'accompagnement coordonnées en faveur des quartiers les plus atteints
par l'emprise islamiste ». L'un des points consiste à déployer des Maisons France Services
dans des quartiers prioritaires afin de « réinvestir le terrain et réincarner le
service public républicain ». En matière d'éducation, on développe « une offre
scolaire renouvelée et de soutien périscolaire fiable » en renforçant sur les
territoires « soumis à l'emprise communautaire » les dispositifs déjà pris –
dédoublement des classes, développement des stages de troisième, amplification
de la mesure « devoirs faits »… Originalité : 80 « cités éducatives » pour
« refaire système autour de la réussite éducative » (agir le plus tôt possible
avec les parents, développer l'esprit critique des adolescents, former à la
laïcité et à l'égalité entre les sexes…)
Autres actions : développer des offres fiables dans le domaine du sport,
renforcer le soutien aux associations républicaines, prévoir des conditions plus
strictes pour les soutiens financiers… Pour la fin de l'année 2020, est aussi
proposée, sous la houlette du ministère de la Cohésion des territoires,
l'implantation de « cités de l'emploi ». Tout comme des dispositifs destinés à
favoriser la mixité sociale et économique, la rénovation urbaine, l'installation
de commerces de proximité ou encore (sic) « le "turn-over" dans les quartiers
les plus difficiles ». Cet axe 2, évidemment, met aussi l'accent sur la lutte
contre les discriminations puisque, constate justement le rapport, « la
logique identitaire se nourrit des discriminations ».
Réformes
de fond
L'axe 3,
intitulé « fixer les règles en vue des élections municipales », tient en une
page et vise simplement à « renforcer le contrôle de légalité des actes des
collectivités ».
L'axe 4 est
celui qui, évidemment, exige le plus de doigté politique et de réformes de fond,
puisqu'il s'agit de « protéger l'islam contre l'islamisme ». Il s'agit, d'une
part, de renforcer la laïcité sur le plan juridique autour d'un projet de loi
reposant sur les éléments suivants : l'assurance de la transparence du
financement et de l'organisation des cultes, la garantie du respect de l'ordre
public, et autre point important, la consolidation de la gouvernance des
associations cultuelles. D'autre part, il s'agit aussi d'organiser l'islam de
France, vieux serpent de mer que cherchent à appréhender nos gouvernants depuis…
les années 1980. Les mesures ? Mettre fin au « système des imams détachés », en
provenance du Maroc,
de la Turquie,
de l'Algérie – des négociations diplomatiques sont en cours avec ces pays.
Former des imams français en développant des « cursus d'islamologie » dans les
universités, les projets d'écoles d'aumôneries (militaires et hospitalières)…
Dernière piste, sur laquelle le document revient en détail : « favoriser une
meilleure structuration du culte musulman par le levier de son financement ».
Parmi six points, dont évidemment le contrôle des « structures de gestion de
l'économie de l'islam » et du financement étranger, le rapport propose même « un
système de régulation du pèlerinage, susceptible de procurer des recettes au
culte musulman et d'assainir le secteur commercial ».
Frapper le
communautarisme à ses racines, c'est évidemment une bonne manière de prendre le
problème à la base et d'éviter qu'il s'enkyste. Si ce n'est déjà,
malheureusement, le cas dans certains quartiers. Dans un contexte national et
international de fortes tensions, l'urgence à agir devient pressante, et depuis
longtemps…
https ://lesobservateurs.ch/2020/02/16/système-quasi-mafieux-le-depute-udi-jean-christophe-lagarde-pointe-du-doigt-dans-le-93/
Dans un
livre-enquête, une journaliste de l’AFP révèle les coulisses de la vie politique
à Bobigny. Violence et clientélisme y sont omniprésents, rapporte un dossier du
Point. Le député UDI de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde est
directement mis en cause. Il a déposé plainte pour diffamation contre le
magazine et l’auteur de l’enquête.
Un livre,
explicitement titré Le Maire et les barbares, revient sur les pratiques
clientélistes semblant avoir cours en Seine-Saint- Denis. L’auteur,Ève Szeftel y
explique quels centristes de l’UDI ont fait basculer la mairie -jusqu’alors
bastion communiste- en nouant diverses alliances avec des
religieux radicaux et
des repris de justice. Interviewée par Le Point, qui publie les meilleures pages
de son ouvrage, Ève Szeftel n’hésite pas à parler de
système «quasi mafieux»:
«J’ai
recueilli de nombreux témoignages, et ce qui s’est passé est effarant : des
opposants passés à tabac, des pressions sur les électeurs y compris le jour du
vote…C’est la loi des cités appliquée à la politique. La démocratie aux mains
des voyous».
Des
liens avec le Gang des Barbares?
La
journaliste pointe également du doigt le «double visage» du député de
Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde concernant l’islam
radical.
Ce dernier aurait en effet noué des liens avec des salafistes,alors qu’à
l’Assemblée il «multipliait les prises de position contre le communautarisme et
l’islamisme». En 2014, il avait soutenu publiquement une liste «où le voile
islamique tenait le haut de l’affiche» rappelle Le Point.
L’auteur
dénonce les accointances entre la mairie et le Gang des Barbares, responsable de
la séquestration et du meurtre d'Ilan Halimi en 2006. Ainsi Lynda Benakouche,
compagne de l’un des membres du gang, était-elle employée de la mairie,chargée de
missions aux politiques urbaines et sociales. Jean-Christophe Lagarde a posé à
ses côtés sur une carte de vœux de l’équipe de campagne, selon Le Point.
«Pourquoi est-il resté silencieux? Pourquoi a-t-il pris le risque de voir son
image flétrie? Une ombre plane sur la ville» affirme la journaliste dans son
livre.
Jean-Christophe Lagarde porte plainte pour diffamation
Dans un
droit de réponse publié par Le Point, Jean-Christophe Lagarde a rejeté en bloc
les accusations porté contre lui, affirmant n’avoir rencontré Lynda Benakouche qu’à
deux reprises et n’avoir découvert qui était son conjoint qu’en 2014.
«On ne
peut pas me reprocher d’avoir fondé un Mémorial pour la Shoah avec Simone Veil
tout en me reprochant de tremper dans quoi que ce soit avec les salafistes. Mais
il y a toujours des imbéciles pour croire aux manipulations, alors qu’il suffit
de se pencher sur les faits!» assène-t-il.
Une
procédure en diffamation a été engagée à l’encontre du Point comme de la
journaliste, déclare également le député dans un tweet. Ce jeudi 13 février, la
photo de l’homme politique faisait la une de l’hebdomadaire avec ce titre : «Ces
élus qui ont vendu leur âme».
https://fr.sputniknews.com/france/201910091042236000-islamisme-politiques-ignares-alain-marsaud/
Publié le 09.10.2019
Par Maxime
Perrotin
Pour Alain
Marsaud, ancien juge et chef du service central de lutte antiterroriste, la
France paie dans le sang la «grande lâcheté» de ses hommes politiques face au
fléau qu’est l’islamisme radical. Manque de courage, volonté de ne pas
stigmatiser, crainte de ne pas s’aliéner un électorat contribuent à acter le
recul de la République. Analyse.
«Il va falloir apprendre à souffrir, je peux vous assurer que les générations à
venir vont véritablement souffrir! C’est épouvantable de dire cela en 2019.»
Au lendemain de l’attentat islamiste commis dans le Saint des Saints de la lutte
antiterroriste de la capitale, le constat d’Alain Marsaud, ancien juge et chef
du service central de lutte antiterroriste du parquet de Paris, est sans appel.
«On a commencé par la prudence à l’égard de ces mouvances islamistes radicales,
puis c’est devenu– je pense– de la naïveté et j’ai l’impression que ces deux
sentiments se sont transformés, notamment chez le personnel politique, en une
grande lâcheté!» assène-t-il, amer, au micro de Sputnik.
Soulignant
la «bonne
vingtaine» de lois
antiterroristes –et
leurs réformes– passées depuis 1986, l’ancien magistrat estime que ce ne sont
pas les services de l’État qui doivent se remettre en question, mais les
responsables politiques dans leur ensemble, fustigeant à plusieurs reprises leur
manque de volonté et de courage.
«Ce
ne sont pas les réformes législatives qui sont nécessaires aujourd’hui. Je le
dis très fermement: on a voté tout ce qui pouvait être voté, c’est simplement
avoir le courage de nommer l’ennemi et de prendre toutes les mesures nécessaires
pour le vaincre!»
L’ancien
juge antiterroriste regrettant notamment les « mesurettes »
qui ont suivi la vague d’attentats de 2015, enchaîne :
«Excusez-moi, mais aujourd’hui vous avez une bonne partie des territoires de la
République, autour de la région parisienne, qui sont en train d’échapper à
l’autorité de ladite République.»
Une
référence aux «territoires
perdus de la République», expression consacrée par un ouvrage
éponyme présenté comme visionnaire, notamment après les attentats de Toulouse en
2012. Permettre à la République de recouvrer partout ses droits, «je
ne suis pas certain qu’on en est la volonté ni le
courage» s’inquiète l’ancien juge antiterroriste. Pour lui, «on
doit véritablement s’interroger sur les moyens de les reconquérir, s’il est
encore temps.»
Au-delà du
développement du communautarisme, rappelons que la France est le pays d’Occident
qui compte –et de loin– le plus de victimes d’attentats commis au nom de l’Islam
ces dernières années, 263
depuis 2012 officiellement recensées.
Malgré ce «triste
record», combattre l’islamisme radical semble être de plus en plus
difficile pour la classe politique et les médias. En témoigne la couverture qui
fut faite durant près de 48 heures de l’attentat à la Préfecture de police de
Paris.
«Lorsqu’on n’ose plus nommer l’ennemi, on a peu de chances de le vaincre», se
désole Alain Marsaud. «On n’ose plus parler d’islamisme, cela fait peur, il ne
faut pas stigmatiser, comme on dit, des populations. Du coup, on n’utilise plus
ce terme.»
Pour Alain
Marsaud, s’il existe bien un fatalisme au sein de la population, celui-ci est
davantage provoqué par la passivité de la classe politique face aux attentats
islamistes que par la multiplication de ces derniers.
Une
passivité des autorités que l’ex-député Les Républicains des Français établis
hors de France comprend d’autant moins que 57 chefs d’État, membres de la
Coopération islamique, ont officiellement actée comme objectif l’islamisation
des sociétés européennes en novembre 2000 à Doha. Les moyens d’y parvenir sont
consignés dans la Stratégie
d’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique,
en ligne sur le site de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences
et la culture (ISESCO).
Un document
officiel «de
l’action islamique commune en Occident» qui vise à «l’élaboration
du projet d’une civilisation de substitution qui s’appuie sur l’Islam
authentique […]».
Ce plan
d’action éclaire certaines décisions en France d’un jour singulier. Ainsi,
l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM) a-t-il été inauguré le 19
septembre à Lyon. Après 25 ans de blocage, les attentats de Charlie Hebdo et du
Bataclan auraient, selon le recteur de la mosquée de Lyon, finalement poussé les
autorités à donner leur
feu vert à
la construction de cet imposant centre promouvant un «Islam
ouvert», financé par l’Égypte… et l’Arabie saoudite. Bref, la
réponse des politiques à ces actes barbares consiste notamment à promouvoir
l’Islam et son message civilisationnel… exactement comme le préconisait l’ISESCO
il y a 20 ans.
Un document
de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la culture sur
lequel revenait d’ailleurs récemment Jean-Frédéric Poisson, Président du Parti
chrétien-démocrate (PCD), lors de sa prise de parole à la Convention de la
droite. Il mettait en garde contre la vulnérabilité actuelle de nos sociétés,
résultant notamment d’une certaine passivité face à l’islamisation : «la
première raison de l’essor de l’Islam, c’est que nous ne considérons pas que
nous avons à le contenir».
«Il faut
savoir que l’Islam est avant tout –il faut bien le dire– une religion de
conquête. Il s’agit finalement d’imposer une religion par la conquête, par la
conquête des esprits dans un premier temps», souligne de son côté Alain Marsaud.
Second
facteur de cette poussée de l’islamisation que souligne l’ancien candidat à la
primaire de la droite, la volonté –à travers d’importants financements– d’États
étrangers visant à «renforcer
la prégnance de l’Islam dans certains de nos territoires et à installer la
société communautariste». Jean-Frédéric Poisson évoque notamment le
cas des tribunaux
islamiques en
Angleterre, dont les verdicts sont reconnus par les juridictions britanniques.
«Il faut
quand même se réveiller! J’ai l’impression que nos politiques sont des ignares,
qu’ils ne se tiennent pas au courant de ce qui se passent dans le monde et ne
réagissent pas», s’agace Alain Marsaud.
Une
influence étrangère que l’on retrouve aujourd’hui dans l’éventail des
bienfaiteurs de l’Islam en France: qu’ils s’agissent des Marocains, Algériens,
des Turcs, ou encore des plus controversés wahhabites saoudiens. Sans oublier
les Frères musulmans (Qatar, Koweït et Turquie figurent au nombre de ses
parrains). Diversité que l’on retrouve dans les différentes mouvances qui
animent l’Islam en France, comme le décrié salafisme. Si la DGSI évoquait en
2018 dans plusieurs rapports la montée
du salafisme en France,
cette mouvance rigoriste de l’Islam sunnite présentée comme ni plus ni moins
qu’une «nébuleuse»
fondamentaliste, n’en reste pas moins régulièrement présentée comme «minoritaire».
Un discours
tendant à relativiser l’importance du phénomène, qui inciterait les politiques à
ne pas prendre leurs responsabilités :
«Je
crois qu’il faut les appeler à avoir enfin le courage, à découvrir cette qualité
qu’est le courage et mettre fin à toutes ces lâchetés que nous connaissons
depuis tant d’années», fulmine l’ancien patron de l’antiterrorisme au Parquet de
Paris.
Pour Alain
Marsaud en effet, nombre d’entre eux «ne
prennent pas les mesures, qui consistent tout simplement à protéger les citoyens»,
ce qui est pourtant l’un de leurs rôles-clefs en tant qu’élus.
«L’élu,
une fois élu, ne pense qu’à une chose: c’est de pouvoir renouveler son mandat.
Pour renouveler son mandat, il est souvent prêt à toutes les lâchetés, à toutes
les compromissions, à tous les compromis», regrette Alain Marsaud, «tout cela
n’est pas très réjouissant.»
L’ancien
juge évoque le cas de certaines maires de banlieue qui, face aux revendications
communautaristes, ont «renoncé
à résister», ne voulant pas s’aliéner une partie de leur électorat.
Des édiles de plus en plus confrontés aux pressions, silencieuses ou bien plus
médiatisées, comme l’opération coup de poing du collectif «Rosa
Parks musulmanes» dans une piscine publique de Grenoble cet été,
revendiquant sous couvert de lutte contre le racisme et l’inégalité, le port du
maillot de bain islamique.
Autre
preuve aux yeux d’Alain Marsaud de cette France «de
la lâcheté […] de l’impuissance», le profil d’un imam
de la mosquée de la Fauconnière à
Gonesse où se rendait Mickaël Harpon. Fiché S depuis 2015 pour «fondamentalisme
religieux», année où il fut l’objet d’une obligation de quitter le
territoire français sous 30 jours ainsi que d’une perquisition administrative,
ce Marocain a vu sa carte de séjour renouvelé en juin 2019 au titre de parent
d’enfants français.
Dans la
même ligne, comment ne pas penser au rapatriement de familles de djihadistes
partis rejoindre les rangs de l’État islamiste? Fin 2015, ils étaient près de
2.000 Français à avoir été impliqués dans le djihad au Levant, selon les
services de renseignement français. Au-delà des enfants ou des compagnes, dont
les proches restés en France réclament le rapatriement avec le soutien de l’Onu
et d’ONG, le débat fit également rage autour du sort des djihadistes eux-mêmes
et tout particulièrement de ceux condamnés à mort en Irak. Rappelons qu’en
France, d’ici 2022, pas moins de 254 condamnés
pour terrorisme seront
libérables.
«Ce que
craignent nos services de renseignement, c’est qu’un jour sur un mot d’ordre–
venu éventuellement de l’étranger– à la même heure sur tout le territoire, des
individus déterminés […] se livrent au même moment à des actions homicides. Ce
serait un moment extrêmement grave pour la République, avec même des risques de
guerre civile.»
Par Clément Pétreault
Depuis que Le
Point a
publié l'interview d'Ève Szeftel qui
dénonce le clientélisme municipal à Bobigny, l'ambiance politique est devenue
franchement pesante dans cette partie de la Seine-Saint-Denis. Jean-Christophe
Lagarde, au cœur de l'enquête de notre consœur, a promis d'attaquer en justice. Ces
révélations font aussi des victimes collatérales, désignées à la vindicte
publique par des textos ou des messages sur les réseaux sociaux… À se demander
si une chasse aux prétendus « sources » de l'enquête n'aurait pas été lancée à
Bobigny. Une femme, régulièrement désignée comme « source » par Jean-Christophe
Lagarde et
Christian Bartholmé, a été agressée le soir même de
la publication du numéro du Point qui
les mettait en cause. Elle s'est fait voler à l'arraché le sac qui contenait son
téléphone et les textos qu'elle échangeait avec Ève Szeftel ont
été publiés par un compte anonyme sur Twitter. Régulièrement
cité comme « principale
source » du livre Le Maire et
les Barbares,
le candidat à la mairie de Bobigny Fouad Ben Ahmed voit s'accumuler les
incidents autour de sa campagne : entrave à l'affichage, menaces, incendie
criminel de son local de campagne… À croire qu'une véritable guerre électorale
s'est installée dans cette ville dirigée par des élus condamnés pour violences.
Mais où cela va-t-il s'arrêter ? Le candidat de la société civile dénonce le
climat de violences et riposte.
Interview.
Le
Point :
Jean-Christophe Lagarde vous désigne comme étant à l'origine des révélations qui
l'accusent. Que répondez-vous à cela ?
Fouad Ben Ahmed : Je
n'ai rien à voir avec cette histoire ! Depuis que je suis candidat à l'élection
municipale, je suis jugé responsable de tout ce qui se passe à Bobigny. J'y vois
une forme d'hommage : c'est le signe que Jean-Christophe Lagarde et ses proches
nous considèrent comme un danger pour leur réélection… Ce n'est pas la première
fois que nous avons maille à partir avec cette équipe. Nous avons fait condamner
le maire de Bobigny Stéphane de Paoli à nous verser des dommages et intérêts
pour diffamation, après avoir dénoncé son clientélisme. Nous
avons obligé le premier adjoint Christian Bartholmé à
démissionner de l'intercommunalité d'Est Ensemble. Nous avons forcé le maire et
les bailleurs sociaux à intervenir pour réparer des ascenseurs en panne pendant
des semaines. Alors que nous n'étions pas élus, nous étions la seule force
d'opposition politique à ce pouvoir clientéliste…
Vous dénoncez l'ambiance dans laquelle vous menez campagne. Local incendié,
menaces…, que se passe-t-il à Bobigny ?
Au
début, nous avons rencontré des problèmes d'affichage. On collait des affiches
et les services de la ville venaient décoller nos affiches. Depuis quelque
temps, c'est une société privée qui a été affectée à cette mission. Nous avons
aussi eu la police municipale qui est venue nous empêcher de disposer nos
affiches de campagne sur des tréteaux au marché, nous avons été verbalisés. Plus
grave, notre local de campagne a été incendié. Il y a des gens qui habitent
au-dessus de notre local. Par bonheur, il n'y a pas eu de victime dans cet
incendie criminel. On a aussi retrouvé une trace d'impact dans la vitrine qui
nous laisse penser que nous avons affaire à un impact de balle. Nous craignons
pour notre sécurité, d'autant plus que Jean-Christophe Lagarde fait tourner
l'idée que je serais responsable de ses déboires politiques, avec l'idée de me
faire passer pour « une balance » auprès de l'électorat des quartiers qu'il
fréquente.
Lire
aussi Le
petit guide du parfait élu clientéliste
Avez-vous peur ?
Je
suis parfois inquiet, mais je refuse de céder à la peur. Ils pourront brûler nos
voitures ou notre local de campagne, mais ils ne brûleront pas nos bulletins de
vote… Nous avons l'habitude des intimidations. Lorsque nous avons dénoncé le
clientélisme ambiant, le maire a essayé de nous faire condamner pour
diffamation. Il a finalement perdu après cinq ans de procédures, financées sur
les fonds publics de la ville…
Certains points de votre programme peuvent déplaire…
C'est possible. Nous avons clairement annoncé une remise à plat des embauches
réalisées par cette mandature. Ça ne plaît pas. Nous revérifierons que chaque
poste soit occupé par une personne effectivement qualifiée pour l'occuper. On ne
peut pas avoir un chef de cabinet qui a un brevet technique animation pour seul
bagage professionnel, ça n'est pas possible.
Fouad Ben Ahmed. © Khanh Renaud
Le clientélisme, l'avez-vous vu ?
Oui, c'est une population kidnappée, des communautés stigmatisées et renvoyées
dos à dos pour mieux organiser le braquage électoral. Aucune élection ne mérite
cela et Bobigny mérite mieux ! Nous dénonçons le clientélisme depuis 2014.
Lorsque la secrétaire du maire nouvellement élu obtient un logement en trois
mois sans habiter la ville, je m'interroge et je comprends que les habitants ont
du mal à l'accepter. Nous avons aussi dénoncé le recrutement d'agents sans les
qualifications ou les compétences requises sur des postes stratégiques. Ces
nominations discrétionnaires discréditent et découragent les agents qui
travaillent depuis de nombreuses années pour la collectivité et qui se voient
privés de perspectives de carrière pour satisfaire des promesses électoralistes.
Lisez le rapport de la chambre régionale des comptes, c'est édifiant. Si le
phénomène avait déjà commencé avec les communistes, il a été décuplé sous
l'actuelle mandature.
Ils pourront brûler nos voitures ou notre local de campagne, mais ils ne
brûleront pas nos bulletins de vote.
Pensez-vous que l'on peut gagner Bobigny sans se compromettre dans des alliances
douteuses ?
Oui, car l'équipe actuelle a clientélisé des minorités. Nous, on ne promet pas
de trouver un emploi à tout le monde, mais on va favoriser les embauches
locales, notamment dans les offres de marchés publics. On va aussi travailler
sur le logement de manière transparente, régler les problèmes de crèche et de
dépendance. Avec 400 millions d'euros de travaux sur le centre de la ville, on
veut attirer des pépinières d'entreprises sociales et solidaires. L'idéologie
communiste était de s'occuper des pauvres, y compris en attirant ceux qui ne
sont pas sur la commune. La stratégie de l'UDI était
celle des communautés d'intérêt sans ADN idéologique. Nous, nous proposons de
protéger « nos pauvres », tout en fidélisant des cadres balbyniens et en
attirant une fiscalité extérieure.