Le christianisme en feu, les églises d’Europe attaquées

Indifférence et perte du sens du sacré

Par Samuel Gregg  - 

https://www.causeur.fr/eglises-incendie-europe-profanation-171727

Notre-Dame de Paris après l'incendie, 15 mai 2019. © Philippe LOPEZ/ AP/ SIPA

En 2017, 878 actes de vandalisme ont été commis contre des lieux de culte chrétiens. Les attaques d’églises, les destructions de statues, les vols d’œuvres d’art ne cessent de croître, dans une grande indifférence des autorités politiques et de la population civile. En ressort une perte du sens du sacré et une indifférence de plus en plus grande à l’égard du christianisme.

Je ne prends pas les théories du complot au sérieux. Mais lorsque les flammes ont englouti la cathédrale Notre-Dame de Paris le soir du 15 avril 2019, mon esprit s’est momentanément engagé dans cette voie. Après tout, les tentatives d’incendie, de vandalisme, de vol d’églises et de sanctuaires chrétiens sont devenues monnaie courante en France au cours de ces trois dernières années. Arriver à une conclusion plus sinistre pourrait nous être pardonné.

Rien qu’en 2017, selon le ministère français de l’Intérieur, 878 actes de vandalisme ont été commis envers des lieux de culte, des cimetières et des sanctuaires chrétiens. C’est une moyenne de près de deux sites et demi qui sont visés chaque jour.

Les responsables gouvernementaux minimisent le problème. Comme me l’a dit un évêque français, ils pensent qu’en attirant l’attention sur les incendies et les vols d’églises, on encourage les imitateurs. Mais, a-t-il ajouté, ils craignent aussi que la « publicité » ne fasse qu’alimenter au sein des populations la peur d’un État qui n’a aucun contrôle sur la loi et l’ordre. Cette perception se manifeste par des cas de figure comme les zones interdites à la police dans certaines villes françaises et les actes continus de gilets jaunes. La plupart des journaux français ne cherchent pas à briser le silence. Il faut donc se tourner vers des organisations comme l’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens en Europe, localisé à Vienne, pour découvrir ce qui se passe.

 

Relire notre ancien numéro: Causeur: Explosion des actes antichrétiens

 

Compte tenu de la montée du terrorisme djihadiste dans toute la France à partir de 2012, il est tentant d’accuser les islamistes de cet assaut d’attentats. Il y a des exemples clairs où, en effet, c’est le cas. En mai dernier, « Allahu Akbar » était griffonné sur la porte de Notre-Dame du Taur à Toulouse. En juillet 2018, les mêmes mots ont été découverts sur les murs brûlés de Saint-Pierre du Martroi à Orléans après l’acte de pyromanes.

On ignore si ces attaques ont été planifiées par des professionnels ou s’il s’agit simplement d’actes spontanés commis par des musulmans français malheureux de leur situation sociale mais les djihadistes du XXIe siècle comprennent l’impact psychologique des agressions contre les symboles nationaux. L’histoire religieuse, si particulière à la France, signifie que toute campagne de ce genre impliquerait inévitablement son patrimoine chrétien.

Le djihadisme n’est pas le seul fléau

Dans d’autres cas, les agressions ont d’autres causes, moins faciles à catégoriser. Prenez l’incendie de Saint-Sulpice, la deuxième plus grande église de Paris, le 17 mars 2019, qui a endommagé ses portes, un bas-relief, un vitrail et un escalier. La police n’a pas hésité à qualifier l’incendie « d’incendie criminel ». Un prêtre de l’église a depuis dit que l’incendie avait été déclenché par un sans-abri. Si cela est exact, il est peu probable qu’il cherchait à faire valoir un point de vue anti-chrétien, et encore moins à envoyer un message politique, étant donné les taux élevés de toxicomanie et de maladie mentale qui affligent les sans-abris dans les sociétés occidentales.

Une autre motivation peut-être le vol. En 2018, 129 églises ont été cambriolées en France. Il n’est pas difficile d’entrer dans les églises françaises, surtout dans les zones urbaines. Le clergé catholique essaie de faire en sorte que ses églises soient accessibles et à la disponibilité des gens afin qu’ils puissent prier ou simplement prendre un moment de contemplation en présence de beaux-arts et d’une belle architecture.

Malheureusement, cela rend les églises vulnérables. Ceux qui veulent voler des artefacts de valeur trouvent la porte grande ouverte. En 2018, une bande de voleurs roumains s’est montrée très habile pour subtiliser des peintures et des objets contenant des métaux précieux dans une église française. L’absence de caméras de sécurité dans toutes les églises de France…

 

La marche tranquille de l'islamisme

Paris Match | Publié le 19/01/2020 à 08h55 

Emilie Blachère 

https://www.parismatch.com/Actu/Societe/La-marche-tranquille-de-l-islamisme-1669436

Dans de multiples cités, les salafistes prennent peu à peu possession des rues, des commerces, des écoles… Sous l’Œil inquiet de nombreux musulmans selon Paris-Match.

Le groupe scolaire s’appelle Al-Andalus, du nom donné à la péninsule ibérique sous domination musulmane. C’est aussi le nom qu’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) a choisi pour sa filiale de communication sur Internet. Cette école privée à Saint-Denis, sous la direction de l’association du Centre d’enseignement génération avenir (Cega), est gérée par Mustapha Halloumi. L’imam salafiste, « défavorablement connu » des services de renseignement, a été écarté de sa mosquée, en 2012, par la mairie d’Epinay. Quatre ans plus tard, l’Education nationale lui a délivré un agrément…

 

16 h 20, le 4 janvier. Ce couple s’apprête à récupérer son enfant à la sortie de l’école Al-Andalus, à Saint-Denis.

16 h 20, le 4 janvier. Ce couple s’apprête à récupérer son enfant à la sortie de l’école Al-Andalus, à Saint-Denis.DR

 

Dans de multiples cités, les salafistes prennent peu à peu possession des rues, des commerces, des écoles... Sous l’Œil inquiet de nombreux musulmans.

Le groupe scolaire s’appelle Al-Andalus, du nom donné à la péninsule ibérique sous domination musulmane. C’est aussi le nom qu’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) a choisi pour sa filiale de communication sur Internet. Cette école privée à Saint-Denis, sous la direction de l’association du Centre d’enseignement génération avenir (Cega), est gérée par Mustapha Halloumi. L’imam salafiste, « défavorablement connu » des services de renseignement, a été écarté de sa mosquée, en 2012, par la mairie d’Epinay. Quatre ans plus tard, l’Education nationale lui a délivré un agrément… Il est 16 h 30, les élèves commencent à sortir. Des fillettes voilées courent vers des pères barbus. Ce n’est pas leur barbe – épaisse, longue, parfois teinte au henné – ni leur qamis, longue tunique traditionnelle affectionnée par les salafistes, qui inquiètent le plus, mais leur nombre : « Quand on ne voit plus les mères, c’est qu’il y a un problème d’intégrisme radical », nous explique-t-on.

 

Lire aussi : Reine Jeanne, la cité des salafistes

 

C’est cette islamisation des ghettos urbains, cette « conquête » de l’islam par l’islamisme que dénonce Bernard Rougier, professeur à la Sorbonne-Nouvelle et directeur du Centre des études arabes et orientales (CEAO), dans « Les territoires conquis de l’islamisme » (éd. Puf). « Dans certaines cités, on ne fume plus dans les rues, dénonce une habitante de Saint-Denis. Plus jamais les femmes ne discutent entre elles en bas des immeubles. Les couples ne se tiennent plus la main. On n’entend plus de musique… » Les habitants se retrouvent quasi prisonniers de la « umma », la communauté musulmane. A Trappes, toutes les boucheries sont halal. Même constat dans le quartier de la cité de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois. Ce mardi 31 décembre, jour de marché, les températures sont glaciales, le ciel bleu vif et les femmes voilées. Quelques-unes disparaissent sous le djilbab, qui montre juste leur visage. Dans des effluves de menthe et d’agrumes, les allées sont bordées de stands de vêtements amples, de voiles islamiques et de livres religieux. Des hommes fument devant des bars bondés. A l’intérieur, pas de femme. « L’accès ne leur est pas interdit, dira une Aulnaysienne, mais ici on pense que les femmes n’ont rien à faire dans un café ! »

 

16 h 30, le 4 janvier, à la sortie. Les pères devant la grille et les mères assises sur un muret, chacun à sa place.

16 h 30, le 4 janvier, à la sortie. Les pères devant la grille et les mères assises sur un muret, chacun à sa place.© DR

 

Rougier explique : « Dans les années 1980 et 1990, le monde musulman a connu une révolution silencieuse avec le triomphe d’une version salafiste de l’islam […]. Puis celle-ci s’est exportée. » En France, notamment, où de nombreux militants du Groupe islamique armé (GIA) algérien se sont réfugiés. Aujourd’hui, sur les quelque 4 millions de musulmans français fidèles, environ 50 000 adhéreraient à cette mouvance qui développe une approche littéraliste du Coran. Parmi eux, 12 000 seraient des intégristes virulents : ils n’étaient que 5 000 en 2004. Discrètement, à la fin des années 1990, le salafisme s’est enraciné, a dicté ses règles, avec les notions de pur et d’impur, de légal (halal) et d’illégal (haram). Des quartiers populaires, déjà fragiles, se sont transformés en enclaves militantes, l’État a déserté, les solidarités anciennes se sont volatilisées. « Les milieux salafistes ou apparentés ont pris en charge les mécanismes de sociabilité longtemps structurés par le Parti communiste », écrit Rougier. Des religieux jouent le rôle de « grands frères », conseillers, banquiers, référents. Et, comme à la grande mosquée de Sarcelles, limogent manu militari les réfractaires, souvent âgés. Leurs proies : des jeunes oisifs, sans emploi, en rupture scolaire et sociale, parfois délinquants.
Noam Anouar* est un ancien policier du renseignement territorial en Seine-Saint-Denis. Pendant dix ans, il a alerté sa hiérarchie sur la « montée spectaculaire et progressive du salafisme » dans le département, précisant que « la plupart de ses adeptes sont pacifistes. […] Mais le salafisme exècre toute collaboration avec une autorité autre que théologique. Ses adeptes excluent la moindre forme d’expression républicaine, du vote lors des élections à la scolarisation des enfants dans le public… »

Des prêches enregistrés par des cheikhs étrangers alimentent les réseaux sociaux. Il y aurait encore plus d’une centaine de mosquées salafistes en France. Certaines, équipées de brouilleurs pour déjouer les écoutes. Cette année, l’imam de Champigny a encouragé le viol conjugal, déclarant que « le devoir de la femme est de se soumettre au désir de son mari », et expliquant que les violences conjugales chez les « mécréants » étaient dues aux femmes qui se refusent à leurs maris, ce qui n’arrive pas avec les bonnes musulmanes… Il n’a pas été inquiété. A Mantes-la-Jolie, Aubervilliers, Pantin, les thèmes de l’islamophobie, des discriminations sont abordés avec agressivité. On appelle à ne pas voter ni se soumettre aux lois, à ne pas se mêler aux juifs, aux chrétiens, aux kouffars (les mécréants). Plus inquiétant, selon les spécialistes : « Des leçons religieuses – des dars – inculquées en petit comité. Ni publicité préalable ni affichage, on connaît leur existence grâce au bouche-à-oreille. » Des cheikhs itinérants abordent les sujets tabous : les « frères qui font le métier de chauffeur de taxi » ont-ils le droit de « charger des femmes mal vêtues », voire de les « accompagner dans des lieux qui sont interdits » ? On conseille de ne pas se raser la barbe, de ne pas se laisser pousser la moustache, de ne pas s’habiller « comme eux » ni de célébrer les fêtes chrétiennes ou les anniversaires… Ils sont français donc non expulsables.

 

Les “fréristes” constituent des listes aux municipales, des groupes de pression pour instrumentaliser la justice, des associations de gauche…

Selon Noam Anouar, les recrutements dans les mosquées sont rares. « C’est ailleurs qu’il faut chercher ! Dans les appartements, les halls d’immeuble, les caves, les garages, les écoles coraniques clandestines, les salles de sport… » Via leurs multiples associations, les islamistes distribuent vêtements, nourriture. Sur les terrains de foot, ils offrent des sodas, étendent leur toile dans les lycées, les universités. Mais restent en dehors des mairies… Ils les laissent aux Frères musulmans qui, eux, s’intéressent « à la conquête de l’espace politique institutionnel, explique Bernard Rougier. Les “fréristes” constituent des listes aux municipales, des groupes de pression pour instrumentaliser la justice, des associations de gauche… Leur objectif, c’est la défense d’intérêts communautaires avec comme horizon la transformation du groupe de pression en parti le moment venu. Ils se réclament de la doctrine du “juste milieu”, qui se trouve entre deux abominations équivalentes à leurs yeux : la laïcité d’un côté et le djihadisme de l’autre. […] Et veulent, par une participation prétendument citoyenne, modifier les cultures politiques des Etats de l’Union européenne. »

 

Au marché du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, le 2 janvier.

Au marché du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, le 2 janvier.© DR

 

En 2006, Mohamed Louizi, un ingénieur marocain, ex-président des Étudiants musulmans de France, a quitté le mouvement qui l’avait enrôlé à l’âge de 13 ans. Et publié « Plaidoyer pour un islam apolitique » (éd. Michalon). « C’est les Frères qui vous choisissent, pas l’inverse, nous raconte-t-il. Très vite, on exige que vous prêtiez allégeance à l’idéologie. Votre patrie n’est plus la France ou le Maroc, c’est l’umma. Elle est spirituelle, régie par un guide suprême à qui l’on doit obéissance et soumission. Nos missions sont menées au nom de Dieu. Et Dieu nous regarde… Imaginez cette pression psychologique écrasante pour un adolescent. On oublie de penser. »

Beaucoup de subventions seraient distribuées à des associations culturelles organisant en réalité des activités cultuelles

Mohamed décrypte la stratégie d’islamisation globale des Frères en Europe, révèle comment ils s’infiltrent à des postes stratégiques, dans les entreprises ou les conseils municipaux. Des listes communautaires se multiplient, des noms émergent, dont celui de Samy Debah, professeur d’histoire-géographie et fondateur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). A Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d’Oise, il a créé la surprise en arrivant au second tour des législatives avec 13,94 % de voix. Aux municipales, il espère faire mieux. L’Union des démocrates musulmans français (UDMF), qui se définit comme un « mouvement non confessionnel, laïque et profondément républicain », convoite une cinquantaine de villes, dont Montereau-Fault-Yonne, Mantes-la-Jolie, La Courneuve, Chanteloup-les-Vignes, Villetaneuse, Les Mureaux. Dans le 17e bureau de Maubeuge, aux européennes en 2019, ils ont obtenu 40,94 %. Mais cette performance est à mettre en relation avec un taux d’abstention de 77,14 %. Funeste crédulité ? Ou cynisme électoraliste ?

Car « une partie de la gauche a dit aux islamistes : “D’accord, on vous prend sur nos listes, on fait les accommodements nécessaires avec vous.” », affirme Bernard Rougier. Ce que confirme une ancienne élue de Cergy : « Leurs candidats ciblent des postes précis, essentiels pour conquérir une ville. Comme les associations, les finances, l’urbanisme ou la petite enfance. Les édiles cèdent aux exigences en échange de voix électorales. » Beaucoup de subventions seraient distribuées à des associations culturelles organisant en réalité des activités cultuelles. On prête des salles qui sont transformées en lieux de culte, on cède des terrains avec des baux emphytéotiques pour y construire des mosquées. Le 31 décembre 2015, le maire d’Aulnay-sous-Bois prêtait un gymnase à Espérance musulmane de la jeunesse française (EMJF). L’association a invité trois fondamentalistes, pro-djihadistes, à prêcher devant 700 personnes… Autant d’électeurs ? A trois mois des municipales, la bataille ne fait que commencer.

* Auteur de « La France doit savoir » (éd. Plon).

Depuis qu'elle a critiqué l'islam sur une vidéo Instagram, la jeune Mila reçoit des centaines de menaces de mort. - Capture d'écran Instagram

Mila, 16 ans, menacée de mort pour avoir critiqué l'islam

Par 
Hadrien Mathoux
Publié le 22/01/2020 à 13:00

 

https://www.marianne.net/societe/mila-16-ans-menacee-de-mort-pour-avoir-critique-l-islam

 

Mila, une jeune fille de 16 ans, subit une vague d'insultes homophobes et de menaces physiques depuis qu'elle s'en est pris à l'islam dans une courte vidéo publiée sur Instagram. Elle a dû renoncer à se rendre à son lycée. Prise à partie par des centaines de comptes, l'adolescente a également vu ses informations personnelles divulguées.

La liberté de critique de la religion, fût-elle énergique, est-elle encore garantie en France ? Il est permis d'en douter, au regard du harcèlement que vient de subir Mila, une adolescente de 16 ans, ces derniers jours. Pour avoir publié sur son compte Instagram une courte vidéo dans laquelle elle rejette l'islam, la jeune fille a subi des pluies d'insultes et de menaces de mort. Des informations personnelles comme l'adresse de son lycée ont été divulguées sur les réseaux sociaux. Elle a dû être déscolarisée, pour la préserver de "camarades" prêts à la lyncher pour la "punir" d'avoir insulté leur "communauté". Le tout dans une indifférence quasi-généralisée.

Mila, une adolescente scolarisée en seconde dans un lycée de la région lyonnaise, est passionnée par le chant. Sur son compte Instagram, elle échange avec ses abonnés le 19 janvier, quand l'un d'eux se met à la draguer de manière insistante. Recadré par Mila, il se met à l'insulter, mêlant accusations de racisme et homophobie - l'adolescente est lesbienne et affiche le drapeau LGBT sur son profil : "sale française", "sale pute", "sale gouine"... Les menaces prenant un caractère religieux, Mila poste alors sur sa "story" Instagram un message dans lequel elle rejette toutes les religions, et se fait apostropher par des internautes qui l'accusent d'insulter "notre dieu Allah, le seul et l'unique" en lui souhaitant de "brûler en enfer".

L'adolescente publie à ce moment une vidéo de critique de l'islam, pour le moins vigoureuse : "Je déteste la religion, (...) le Coran il n'y a que de la haine là-dedans, l'islam c'est de la merde, c'est ce que je pense. Je ne suis pas raciste, pas du tout. On ne peut pas être raciste envers une religion. J'ai dit ce que j'en pensais, vous n'allez pas me le faire regretter. Il y a encore des gens qui vont s'exciter, j'en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c'est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir." Dans l'extrait suivant, elle poursuit, s'adressant aux personnes qui la prennent à partie : "Vous m'insultez et vous me menacez de mort, vous n'êtes bons qu'à ça, vous n'avez pas d'éducation, vous êtes nuls, vous servez à rien." Un coup de sang, certes excessif, provoqué par le flot d'insultes que Mila recevait déjà, et qui reste totalement légal : rappelons qu'en France, le "blasphème" ne fait l'objet d'aucune restriction, et la jeune femme ne s'est à aucun moment attaquée à des personnes dans son message en raison de leur appartenance religieuse. C'est ce qu'elle précise dans un témoignage recueilli par Bellica, le site de la féministe identitaire Solveig Mineo : “Je n’ai insulté personne, ni menacé, ni appelé à la violence envers qui que ce soit. Ce que j’ai fait, c’est du blasphème, c’est une critique générale des religions, et rien d’autre.”

 

UN HARCÈLEMENT D'UNE VIOLENCE INOUÏE

C'est pourtant cette vidéo qui donne le coup d'envoi d'un épisode abasourdissant de violence vengeresse. Le message de Mila est enregistré et diffusé sur plusieurs réseaux sociaux : Twitter, Instagram, Snapchat. Sur Twitter, la vidéo est postée avec des messages incitant implicitement à harceler l'adolescente. "Je pense qu’elle se rend pas compte de ce qu’elle dit et de l’ampleur que ça peut prendre" poste ainsi un compte dont le tweet, à l'heure où sont écrites ces lignes, a été retweeté 7.400 fois et "liké" près de 20.000 fois.

Je pense qu’elle se rend pas compte de ce qu’elle dit et de l’ampleur que ça peut prendre

Embedded video

 

Un autre se fait plus explicite : "Svp les gars c'est important ! Une minute de haine envers les religions et surtout envers l'islam, on est en 2020 et la communauté multicolore (LGBT, ndlr) veut se faire respecter, mais continuez de cracher sur les autres (...) ! Signalez son Instagram et son compte Youtube !"

1 min de haine envers les religions et surtout envers l’Islam on est en 2020 et la communauté multicolore veut se faire respecter mais continuer de cracher sur les autres (désolé je généralise comme elle hein)
SIGNALEZ SON INSTA ET SON COMPTE YTB

Embedded video

 

C'est le début du harcèlement. Insultes homophobes (“espèce de pute de LGBT“), menaces physiques, appels au meurtre (“t’es morte on sait où t’habites“)… “Je recevais 200 messages de pure haine à la minute”, confie Mila au site Bellica. L'intimidation se fait plus concrète, monte d'un cran : des internautes divulguent des informations personnelles concernant la jeune fille : son nom complet, son adresse, son numéro de portable. Ses comptes de réseaux sociaux et ses adresses mail sont piratées. Certains prévoient de confronter l'adolescente dans son lycée : “Elle est dans mon lycée, c’est une seconde et lundi on va régler ça“, déclare l'un d'entre eux.

 

DES MESSAGES DE MENACES LIKÉS PAR MILLIERS

Les profils des comptes envoyant les messages interpellent. Sans surprise, ce sont, dans leur grande majorité, des profils revendiquant leur appartenance à l'islam qui crachent leur haine à la figure de Mila. A lire les centaines de menaces, on prend la mesure d'une réalité inquiétante : des milliers de jeunes Français sont prêts à appeler au lynchage d'une jeune femme qui critique leur religion, leur "communauté supposée". Furieux de ne pas entendre la lycéenne reconnaître que l'islam n'est que "paix et amour", ces jeunes radicaux sont prêts à lui promettre la mort en conséquence. Ce phénomène n'est pas marginal : les messages d'insultes et de menaces sont "likés" par centaines, par milliers. Mais ces "musulmans" qui dénoncent "l'islamophobie" ne sont pas les seuls à se livrer au harcèlement. On retrouve aussi des personnalités établies, comme l'humoriste Jérémie Dethelot, qui n'hésite pas du haut de son compte Twitter à 168.000 abonnés à écrire : "Les gens ignares qui insultent en mode vénère d’autres gens qu’ils ne connaissent pas avec insolence et qui s’offusquent après publication de se prendre des retours de flamme, vous êtes magiques. La haine engendre la haine, donc n’en semez pas." Pour beaucoup, ce tribalisme moderne qui intime à chacun de pas offenser les "communautés" est une norme allant de soi.

« Je reconnais m’être emportée » Les gens ignares qui insultent en mode vénère d’autres gens qu’ils ne connaissent pas avec insolence et qui s’offusquent après publication de se prendre des retours de flamme, vous êtes magiques.
La haine engendre la haine, donc n’en semez pas.

pic.twitter.com/Hlf8Y1szHZ
— Jérémie Dethelot (@JeremieDethelot) January 19, 2020

 

On appréhende mal à quel point : des personnes LGBT, ou estampillées "progressistes", ont en effet participé au harcèlement de Mila, au nom de la sacro-sainte lutte contre "l'islamophobie". Ils ont été nombreux à relayer les appels à la violence physique. Un compte LGBT a envoyé un message privé à Mila, lui réclamant de "retirer le drapeau LGBT+" de sa biographie Twitter : "Tu n'as clairement pas l'ouverture d'esprit de faire partie d'une communauté qui prône l'amour et l'acceptation ! Tu fais honte et à mes yeux tu n'es pas différente des gens qui nous harcèlent… Tu ne fais aucun effort pour comprendre l'autre et à mes yeux tu es comme les homophobes sauf que toi tu es islamophobe (...). Ne viens pas au lycée, tu ne survivras pas une semaine." Ce message a servi de support à un compte qui a pris à témoin ses suiveurs : "Sa communauté, son 'orientation sexuelle' comme vous dites, n'est pas du tout d'accord non plus. Donc arrêtez de penser

 

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Triste ironie, une jeune femme qui avait témoigné être victime de harcèlement dans un article consacré aux boîtes de nuit n'a pas hésité à communiquer le compte Instagram et la ville dans laquelle habite la lycéenne, pour la punir de ses "insultes à l’encontre des musulmans". Le harcèlement d'une personne menacée par l'intégrisme religieux, dans le but assumé de lui infliger des violences, est ainsi légitimé et encouragé par des personnes extérieures à la supposée "communauté" offensée.

Ces actes ont déjà eu des conséquences concrètes sur la vie de Mila. Une adolescente, scolarisée dans le même établissement, a écrit sur Snapchat : "Il y a la police au lycée. (...) Tout le monde veut sa mort, on en a même parlé en cours parce qu'elle va se faire tuer." Ces messages, écrits d'un ton badin, ont été accueillis par des centaines de "likes" et d'applaudissements virtuels. Auprès de Bellica, Mila témoigne : “Je peux plus mettre un pied dans mon lycéeet je ne peux même pas changer de lycée parce que c’est la France entière qui veut ma peau”. Elle estime que son "plus grand rêve", devenir chanteuse, a été "brisé. J'aurai une étiquette collée sur le front à jamais. C'est ça qui me fait souffrir le plus." Les observateurs auront noté, alors que le harcèlement de Mila a désormais démarré il y a plusieurs jours, le silence assourdissant des personnalités de gauche, des organisations féministes et des associations de défense des droits LGBT. Une insondable lâcheté qui a probablement permis à un site identitaire comme Bellica d'obtenir en exclusivité le témoignage de cette jeune fille homosexuelle menacée de mort pour avoir critiqué la religion islamique.

 

Éditoriaux - Polémiques - 24 janvier 2020

Après le serre-tête, les lunettes : Aurélien Taché veut qu’on lui montre des demandeurs d’asile délinquants…

https://www.bvoltaire.fr/apres-le-serre-tete-les-lunettes-aurelien-tache-veut-quon-lui-montre-des-demandeurs-dasile-delinquants/

  

Le sujet de cette émission sur LCI était un marronnier : « La hausse de la délinquance ». Pour débattre, Julien Odoul (RN) était opposé au député Aurélien Taché (LREM).

Le premier suggère que l’on cesse de faire venir toujours plus de demandeurs d’asile parce que, dit-il, « cela nourrit l’insécurité ».

« Quel rapport ? » s’indigne Aurélien Taché. « Il y a un demandeur d’asile qui a été arrêté ? On a vu dans un seul de ces faits de délinquance un demandeur d’asile ? Vous êtes un menteur ! Vous stigmatisez les gens, voilà c’est tout ! »

« Vous ne lisez pas la presse », ironise son adversaire. « Donnez-moi des titres de presse qui montrent que des demandeurs d’asile ont fait de la délinquance », rétorque Aurélien Taché… « Mais pas Boulevard Voltaire ni Français de souche, de vrais journaux », lâche-t-il, méprisant.

Parce que, bien sûr, les faux journalistes, dotés d’une fausse carte de presse, du faux Boulevard Voltaire, se grattent tous les matins le menton à la conférence de la fausse rédaction pour imaginer le nouveau faux conte rocambolesque mettant en cause un faux migrant qui fera leur journée sur le faux site que vous êtes en train de lire. Si d’aventure vous n’êtes pas vous-même en toc.

Monsieur est audacieux. Il aurait pu (cela aurait pu passer) minimiser cette implication ou trouver des circonstances atténuantes ou botter en touche en arguant du fait qu’il n’y a pas de statistiques officielles sur le sujet. Mais réfuter le fait même qu’un demandeur d’asile puisse faire l’objet d’un titre de presse pour délinquance… Mazette, il est tombé sur le serre-tête !

Pierre Sautarel, du site Fdesouche – qui ne produit pas lui-même de l’info mais les collecte dans une revue de presse permanente ; autant dire que mettre en cause la véracité de ses publications, c’est accuser tous les médias français -, s’est aussitôt exécuté et empressé de lui envoyer obligeamment ses archives encyclopédiques, issues de tous horizons, presse quotidienne régionale, magazines, mensuels, de gauche, supports de droite, du centre, et parfois de rien du tout, tous ravis d’apprendre ce jour qu’aucun d’entre eux n’est, de facto, un « vrai » canard. Pas un pour rattraper l’autre. Sauf, peut-être, le bulletin de liaison du la section LREM de la 10e circonscription du Val-d’Oise, dont le rédacteur est tout occupé à chanter les louanges de son député : viva Dom Taché, viva notre bienfaiteur !

Aurélien Taché est-il un vrai député rencontrant de temps en temps de vrais Français ? De vraies familles, de vrais policiers, vrais médecins, vrais employés municipaux vivant pour de vrai dans son vrai département du Val-d’Oise ? Agnès Thill, qui l’a approché de près, l’avait qualifié de Fouquier-Tinville d’opérette. Même en procureur, il sonne donc faux. Un Torquemada en papier-Taché.

 

Aurélien Taché : "Donnez-moi les titres de presse qui montrent que des demandeurs d'asile ont fait de la délinquance"

 

 

Mila: comme Asia Bibi, mais… en France !

De rares voix s'élèvent pour défendre l'ado qui a "osé" dire du mal de l'islam

Par Aurélien Marq - 

https://www.causeur.fr/affaire-mia-asia-bibi-blaspheme-islam-171744

Devant la mosquée de Villetaneuse, la ville où était scolarisée Mila, le 28 juin 2015, après l'attentat islamiste de Saint-Quentin-Fallavier © ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Mila va-t-elle devoir demander l’asile à l’étranger ?

Est-il légitime d’appeler à assassiner une adolescente de 16 ans parce qu’elle a blasphémé ? Aujourd’hui, en France, la réponse à cette question n’a plus rien d’évident. C’est pourtant d’elle que dépendra l’avenir de notre Nation. Allons-nous tenir bon face au fanatisme, au relativisme et à la lâcheté, ou allons-nous sombrer dans l’ignominie ?

Une jeune homosexuelle, Mila, a été harcelée sur les réseaux. « Sale française »« sale pute »« sale gouine ». Puis les injures et les menaces prenant un caractère religieux, musulman. Mila affirme sur Instagram rejeter toutes les religions. Les choses empirent, des inconnus lui reprochent d’insulter « notre dieu Allah, le seul et l’unique » et souhaitent qu’elle aille « brûler en enfer ». Sans se démonter, la jeune fille publie une vidéo exprimant sa détestation de la religion au nom de laquelle on la harcèle. « Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. » puis « Vous m’insultez, vous me menacez de mort, vous êtes bons qu’à ça, vous avez pas d’éducation, vous êtes nuls, vous servez à rien. »

L'adolescente menacée Image: capture d'écran Twitter

L’adolescente menacée Image: capture d’écran Twitter

Un internaute en particulier, a diffusé sa vidéo avec le commentaire « Je pense qu’elle se rend pas compte de ce qu’elle dit et de l’ampleur que ça peut prendre. » Pour ma part, j’ai répondu sur twitter le 19 janvier : « Cette « ampleur » ne tendrait-elle pas à lui donner raison ? » Je pensais que ça en resterait là. J’avais tort. Depuis, ce sont des milliers de menaces de mort qui pleuvent sur Mila, des milliers de menaces de viol, d’appels au meurtre, « likés » des dizaines de milliers de fois. Certains diffusent le nom de Mila, son adresse, l’adresse de son lycée. Pour sa sécurité, elle doit d’ailleurs être déscolarisée, et mise à l’abri à une autre adresse. C’est la foule hurlante exigeant la mise à mort d’Asia Bibi, mais c’est chez nous. Oui, la France en est là.

Mila « récupérée » par un site féministe identitaire, et alors?

Le 21, Solveig Mineo publie sur le site de Bellica un excellent article, très fouillé, après avoir pris la peine de rencontrer Mila. Elle lance le hashtag #JeSuisMila. Si la liberté d’expression en France survit à ceux qui voudraient criminaliser le blasphème, c’est en partie à elle que nous le devrons. Et quoi qu’on puisse me dire sur Solveig Mineo, quels que soient les désaccords qui peuvent ou pourront par ailleurs nous séparer, je ne l’oublierai pas.

 

Certains affirment que la liberté d’expression permet de critiquer les religions, mais pas de les insulter, car cela blesse les croyants. Vraiment ? Faut-il encore rappeler qu’il y en a qui se sentent blessés par la moindre critique de leurs tabous religieux, et que dès lors se donner comme limite la susceptibilité subjective des croyants revient à laisser les plus fanatiques fixer les bornes de la liberté?

Puis le 22, MarianneValeurs Actuelles. Un beau texte de Céline Pina. Puis Charlie HebdoTribune Juive. Élisabeth Lévy au micro de Sud Radio. Simultanément les réseaux sociaux, Twitter en particulier, se déchaînent. J’ose croire que je suis l’un de ceux qui y montent au front dignement. #JeSuisMila. En face de nous, des islamistes militants. Mais pas seulement.

Ce n’est pas une petite minorité isolée qui voudrait que Mila soit assassiné. C’est une masse. Des milliers et des milliers de personnes qui la condamnent au nom de l’islam, plus encore qui n’osent pas le faire ouvertement mais multiplient les esquives et les sophismes maladroits pour refuser de condamner ceux qui la condamnent. Qui trouvent que des appels au viol et au meurtre ne sont pas plus graves qu’un blasphème, voire qu’ils sont moins graves. Qu’après tout, elle l’a bien cherché. Et que, bien sûr, s’il y a un problème c’est de la faute du monde entier, sauf de l’islam. Voilà tout ce qui les intéresse : imposer partout leurs petits tabous personnels, empêcher qu’on dise le moindre mal de leurs croyances chéries, pleurnicher parce que l’humanité ne s’incline pas toute entière devant leur susceptibilité exacerbée. Mais la vie d’une adolescente les indiffère, et sa liberté leur fait horreur.

 

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Des musulmans ont défendu Mila. Je pense en particulier à Fatiha Boudjahlat, Mohamed Louizi, Driss Ghali, quelques autres. Trop peu, avouons-le. Mais ils sont là. Et ils sont ce qui retient encore l’islam de sombrer totalement dans les ténèbres. Eux ont le droit de dire que leur islam n’a rien à voir avec la haine, le fanatisme, les ambitions totalitaires. Eux seuls. Parce qu’ils défendent Mila. Ils ont toute ma gratitude, et mon profond respect.

Les autres en revanche, tous ceux qui disent que l’islam est « paix et tolérance » mais ne font rien pour protéger cette jeune fille… Pourquoi n’essayent-ils pas plutôt de convaincre les fanatiques que l’islam leur interdit de tuer, de menacer de mort, de menacer de viol ? N’en seraient-ils pas véritablement convaincus eux-mêmes ? Allons ! S’ils pensent que Mila se trompe au sujet de l’islam, que l’islam n’est pas homophobe, sexiste et haineux pourquoi ne le démontrent-ils pas en condamnant sans ambiguïté les menaces qui lui sont adressées ? Pourquoi consacrent-ils tant d’énergie à essayer de dédouaner l’islam de toute responsabilité dans les crimes commis en son nom, et si peu à mettre fin à ces crimes ? Quand ils s’interposeront entre cette adolescente et ceux qui la harcèlent, ils mériteront le respect. Pas avant.

Un relativisme permanent s’emploie à dédouaner l’islam

Il y a ces musulmans qui tentent de défendre l’islam en exhumant les pires passages de la Bible. Depuis quand « ce texte est mauvais mais d’autres aussi » est-il l’équivalent de «ce texte est bon » ? Haïssable incapacité à raisonner en termes d’éthique, mais seulement en mettant en concurrence des lois prétendument révélées. Comme si en dehors d’une certaine tradition plus ou moins reconnue par l’islam, rien ne pouvait même être pris en considération. Ni les autres religions passées ou présentes, ni les philosophies, ni même tout simplement la conscience morale. Révélateur.

Il y a ceux qui disent que Mila ne serait pas défendue si elle injuriait le christianisme ou le judaïsme, oubliant que dans ce cas elle ne serait surtout pas massivement menacée de mort et de viol, au point de devoir fuir et se cacher. Ce qui fait tout de même une différence majeure ! Reste que le droit au blasphème s’applique naturellement à toutes les religions, et que comme beaucoup d’autres je défends donc le droit d’injurier n’importe quelle religion, même si je ne le fais pas moi-même. D’ailleurs, même au sujet de l’islam je n’aurais pas dit ce qu’a dit Mila, et pourtant je soutiens sans la moindre réserve son droit de le dire.

 

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Il y a, justement, ceux que la grossièreté des propos de Mila empêche de dire #JeSuisMila. Fichtre ! J’aime le beau langage, mais pas au point de conditionner la défense d’une adolescente menacée de mort à l’élégance de son éloquence ! Certains affirment que la liberté d’expression permet de critiquer les religions, mais pas de les insulter, car cela blesse les croyants. Vraiment ? Faut-il encore rappeler qu’il y en a qui se sentent blessés par la moindre critique de leurs tabous religieux, et que dès lors se donner comme limite la susceptibilité subjective des croyants revient à laisser les plus fanatiques fixer les bornes de la liberté ? Galilée aurait-il dû se taire pour ne pas heurter le petit cœur fragile des inquisiteurs ? Faut-il aussi rappeler que le désir de pacifier les rapports au sein de la société ne doit pas se transformer en capitulation systématique devant les exigences des plus virulents ? Esprit de Munich, quand tu nous tiens….

J’évoque Galilée, donc le rapport entre la science et la religion. Ce n’est qu’une anecdote, mais elle est douloureusement révélatrice du climat actuel. A un musulman – visiblement éduqué et cultivé – vantant les révélations scientifiques du Coran « jamais démenties par la science », un contradicteur répond que ce livre affirme tout de même que c’est le Soleil qui tourne autour de la Terre. Réponse immédiate : mais c’est bien le Soleil qui tourne autour de la Terre ! Quand quelques-uns, dont votre serviteur, soulignent qu’une telle affirmation décrédibilise durablement ceux qui la profèrent, le défenseur de l’islam rétorque en disant que « oui mais Einstein a dit que tout est relatif, du point de vue de la Terre c’est le Soleil qui lui tourne autour, donc le Coran a raison, en fait le Coran a anticipé la relativité. » Oui, en 2020, la France en est là.

Il y a une certaine gauche « progressiste », une certaine intelligentsia bobo à la mode qui trouve que, tout de même, Mila savait à quoi s’attendre alors bon, hein. Elle n’avait qu’à faire comme eux, sans doute : se moquer uniquement de ceux qui ne répondent pas à des paroles par la violence, et éviter soigneusement de critiquer les fanatiques. « Qui sème le vent récolte la tempête », comme l’a dit aussi sur les ondes de Sud Radio le délégué général du Conseil Français du Culte Musulman, Abdallah Zekri. Décidément, ces gens ont le niveau de réflexion d’une brute de cour d’école disant à la maîtresse : « mais, madame, il m’a mal parlé alors c’est normal qui je lui casse la figure ! » Eh bien je l’affirme : une religion qui considère qu’une adolescente mérite qu’on appelle à l’assassiner parce qu’elle l’a insultée, est une religion qui mérite d’être insultée.

 

Pontifiante, drapée dans une posture de supériorité morale qui ne parvient plus à masquer son abjection, l’intersectionnalité est un monstre qui préfère laisser rétablir le délit de blasphème plutôt que de protéger la liberté aux côtés des « nauséabonds »

« Il serait étrange que je m’afflige d’une légère injure » disait Cléanthe, « quand Dionysos et Héraclès ne s’irritent point d’être l’objet des railleries des poètes. » Si votre dieu n’est pas à la hauteur des Olympiens, si vous n’êtes pas à la hauteur de Cléanthe, c’est votre problème, pas celui de Mila. 

Silence de lâches

Et il y a les silences. Le silence de la plupart des associations qui font profession de défendre les femmes contre le sexisme – Mila est pourtant une femme harcelée par des hommes qui la menacent de viol. Le silence de la plupart des associations qui prétendent défendre les droits des LGBT – Mila est pourtant homosexuelle. Silence de complices, silence de lâches, silence de mort. Oui, cette semaine l’intersectionnalité est morte. Elle a révélé son vrai visage : veule, servile, à plat ventre devant le fanatisme religieux conquérant des islamistes. Raciste, aussi : Mila est blanche, et il ne faudrait pas se compromettre avec le « féminisme blanc ». Pontifiante, drapée dans une posture de supériorité morale qui ne parvient plus à masquer son abjection, l’intersectionnalité est un monstre qui préfère laisser rétablir le délit de blasphème dans le sang d’une adolescente, plutôt que de courir le risque de la protéger et de protéger la liberté aux côtés des « nauséabonds ».

Il y a le silence du gouvernement. Et ce silence est une démission. Une démission totale, une perte de légitimité absolue. Indifférence ? Chasse aux voix islamistes pour les prochaines élections ? Terreur à l’idée d’être accusé d’islamophobie ? Inadmissible de la part de quiconque prétend nous diriger, ce silence est une trahison. Marlène Schiappa se défend en prétextant que Mila veut éviter toute récupération politique. Lâche prétexte : ne pourrait-elle pas défendre la jeune fille en disant haut et fort qu’elle le fait aux côtés de tous ceux qui partagent ce combat, quelles que soient leurs couleurs politiques ? Cela, et cela seulement, serait digne de ce qui se joue là.

Désormais, avant toute élection il faudra prendre le temps de vérifier soigneusement quels sont les hommes et les femmes politiques qui, eux, ont choisi de dire #JeSuisMila : Georges Kuzmanovic, Aurore Bergé, Joachim Son-Forget, Frédérique Calandra, Lydia Guirous, Valérie Boyer, Marine Le Pen, Jean Messiha…. Malgré ce qui les oppose, avec ce qui les oppose, ils sont les défenseurs de la République. Merci à eux.

 

Ghaleb Bencheikh@BencheikhGhaleb

 

La #liberté d'expression et d'opinion est un droit absolu dans notre pays. Elle ne souffre aucune tergiversation. Menacer une personne de mort est extrêmement grave, en particulier lorsqu'il s'agit d’une mineure. #Mila https://twitter.com/BencheikhGhaleb/status/1220711966592901120/photo/1pic.twitter.com/CdftRsjgLr 

Voir l'image sur Twitter

 

Et il y a l’indignité des instances officielles de l’islam, et des associations islamiques. Leur long silence, d’abord, un autre de ces silences coupables. Pendant des jours, des dizaines de milliers de musulmans, en France, ont appelé au meurtre d’une de nos concitoyennes parce qu’elle aurait blasphémé contre l’islam, et ceux qui prétendent être la voix de l’islam et des musulmans de France se sont tus. Et ceux qui ont parlé, lorsqu’enfin ils ont parlé, sont loin d’avoir été à la hauteur des circonstances, comme de leurs ambitions affichées. Interpellé sur le sujet, le président de l’AMIF Hakim El Karoui n’a pu que répondre à celle qui lui demandait comment il se situait dans cette affaire « parce que vous avez un doute ? » J’avais un effet un doute, et un léger espoir. Mais après cette esquive grossière, je n’ai plus ni l’un ni l’autre. Eva Janadin, qui a ouvert la première mosquée mixte de France, s’est livrée à des contorsions incroyables pour ne pas s’opposer à ses coreligionnaires fanatiques tout en prenant un posture d’offensée parce qu’on osait lui demander de se positionner.

Quant au CFCM, j’ai déjà évoqué les propos de son délégué général, qui condamne machinalement les menaces de viol et de mort, mais s’insurge surtout contre tout ce qu’il perçoit comme une injure à sa religion. « On a le droit de critiquer une religion, mais pas de l’insulter ! » s’écrie-t-il avec force. J’ai donc une question pour lui. Dans les versets 28, 29 et 30 de la sourate 9, le Coran affirme que « les associateurs ne sont qu’impureté », ce qui est passablement insultant, et souhaite l’anéantissement des juifs et des chrétiens, ce qui pour le moins « sème le vent ». Comment dois-je réagir, puisque je suis un associateur et que j’ai des amis juifs et chrétiens ? Puis-je exiger du CFCM qu’il cesse de faire la promotion d’un livre aussi manifestement insultant envers les religions polythéistes, et de ce fait contraire aux principes fermement énoncés par son délégué général ?

 

À lire ensuite: Elisabeth Lévy: Charlie, c’est fini?

 

Parmi les « officiels », seul Ghaleb Bencheikh s’est exprimé en faveur de la liberté d’expression, ce qui mérite d’être souligné, même si on peut regretter que cette prise de position soit tardive et formulée d’une manière qui demanderait à être clarifiée sur certains points.

Quant à toutes ces associations si promptes à prendre la parole pour dénoncer « l’islamophobie » et à se proclamer les représentantes « des musulmans », y compris donc des dizaines de musulmans qui veulent la mort de Mila, elles ont choisi de laisser dire et de laisser faire, du CCIF à L.E.S.Musulmans de Marwan Muhammad. On aurait pu croire, pourtant, que même si le sort de Mila leur était indifférent ils comprendraient que ceux qui, au nom de l’islam, veulent qu’elle soit violée, qu’elle soit tuée, donnent de leur religion l’image d’une horreur sans nom, et de leur dieu l’image d’un tyran sanguinaire bouffi d’orgueil, d’un despote capricieux empli de rage simplement parce qu’il a été injurié par une adolescente. Mais non. Même ce bon sens leur manque. Anesthésié par l’inversion des valeurs et la banalisation du fanatisme.

Mila : notre avenir ?

L’avenir de Mila est celui de la France. Renoncer à défendre sa liberté, ce serait nous agenouiller devant les hordes barbares, devant les assassins de Charlie, devant le fascisme d’aujourd’hui. « La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté » disait Elie Wiesel. Il n’y a pas d’autre alternative. Une pétition salutaire exige que Mila soit placée sous protection policière, et que des sanctions exemplaires soient infligées aux harceleurs, aux auteurs des menaces de mort, de viol, de violences à son encontre, et aux principaux relais de ces menaces sur les réseaux sociaux. C’est bien la moindre des choses. Nous pouvons tous agir : signer, parler, écrire sur les réseaux, envoyer des lettres à nos élus, manifester, voter. Nous pouvons obliger nos ennemis comme ceux qui nous dirigent à prendre conscience d’une chose simple : les Français ne laisseront personne abolir leurs libertés d’expression, de pensée, de conscience. Pas même au nom de l’islam.

Qu’on me permette de terminer par une brève histoire. Puisse-t-elle nous aider à nous souvenir d’où nous venons, et à retrouver qui nous sommes. Puisse-t-elle aider les croyants à méditer sur ce que des Dieux réellement dignes de la vénération des mortels pensent des condamnations pour blasphème.

Dans les montagnes d’Arcadie, rapporte Pausanias, se nichait jadis une petite ville du nom de Condylée. A proximité de cette ville s’épanouissait un bois sacré, et dans ce bois s’élevait un temple consacré à Artémis. En ce lieu, la Déesse avait d’abord été appelée « Artémis Condyléenne ». Mais ce nom fut changé.

Il y a très longtemps, des enfants de Condylée qui jouaient dans la forêt autour du sanctuaire y trouvèrent par hasard une cordelette et, pour s’amuser, la nouèrent autour du cou de la statue de la Déesse dans le temple, disant en plaisantant qu’elle était pendue. Mais les gens de la ville découvrirent ce que les enfants avaient fait. Afin de punir le blasphème et d’éviter le châtiment divin, ils lapidèrent les enfants et abandonnèrent leurs corps aux bêtes sauvages. Bientôt une épidémie frappa la cité. Ni les remèdes des médecins ni les prières n’y pouvaient rien : la maladie emportait toujours plus de victimes. Les habitants de Condylée envoyèrent alors une délégation consulter l’oracle de Delphes, et implorer l’aide d’Apollon. Ils se prosternèrent devant la Pythie, et voici ce que l’oracle leur déclara. Comme ils le craignaient, la colère d’Artémis s’était bel et bien abattue sur la ville. Mais ce n’était pas en raison du blasphème des enfants ! C’était à cause de la réaction des adultes. La Déesse voulait venger la mort injuste de ces enfants, et si elle s’était sentie insultée ce n’était pas par leur jeu, mais par le fait que leurs meurtriers aient prétendu agir en son nom.

Pour expier leur faute, les habitants de Condylée devaient retrouver les corps de leurs victimes, leur élever un mausolée en sépulture, et instaurer un sacrifice annuel en leur honneur. Ils devaient aussi rebaptiser le sanctuaire, pour que le nom de la Déesse ne soit plus associé à celui d’une ville criminelle. Et depuis ce temps, en mémoire des enfants, dans ce temple des montagnes d’Arcadie la Chasseresse n’est plus appelée « Artémis Condyléenne », mais « Artémis la Pendue ».

Mila, si comme je le crois il est en ce monde des Dieux dignes de leur propre divinité, ils sont de ton côté.

Histoire de l'islamisation française 1979 - 2019

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