Les désillusions de la France avec «son» islam «modéré»
Par Yves Mamou - 29 juin 2019
https://www.causeur.fr/islam-de-france-modere-162727
A lire aussi : Banlieue lyonnaise: il court, il court le communautarisme islamique
A lire aussi : Enseignants, ne mettez pas les voiles!
Le rapport parlementaire sur l’islamisation des
services publics ne devrait étonner personne. Depuis trente ans, les
pouvoirs publics et les ministres de l’Intérieur successifs ont mis en place
une stratégie délétère vis-à-vis de l’islamisme!Le rapport parlementaire sur
l’islamisation des services publics pose une redoutable question : pourquoi
les élites politiques, médiatiques, universitaires et économiques sont-elles
restées sourdes à tous les avertissements, livres et rapports qui traitaient
de l’islamisation des quartiers et des entreprises ? Pourquoi sont-elles
demeurées aveugles à l’intolérance dans les salles de classe, ou dans la
rue ? Pourquoi sont-elles demeurées indifférentes à la sécession des
banlieues et à la montée de l’antisémitisme dans ces quartiers ?
A lire aussi : Banlieue lyonnaise: il court, il
court le communautarisme islamique
Peut-être doit-on formuler l’hypothèse suivante :
il n’y a pas eu « aveuglement », mais une stratégie dommageable
délibérée. L’islamisme – celui des Frères Musulmans et des salafistes –
n’aurait pu s’installer en France avec une telle facilité s’il n’y avait pas
eu autant de responsables pour lui tenir la porte.
Gauche et droite: bonnet blanc et blanc bonnet.
Tous les gouvernements de gauche et de droite qui
se sont succédé depuis trente ans étaient conscients que la révolution
chiite iranienne en 1979 et la ré-islamisation en retour des populations
arabes sunnites allaient produire leurs effets sur les populations arabes et
africaines musulmanes installées en France.
A lire aussi : Enseignants, ne mettez pas les
voiles!
Tous les gouvernements ont compris très vite que l’échauffement
islamique au Moyen-Orient allait être facteur de troubles sur notre territoire.
Pour y parer, une double stratégie a donc été bricolée, et elle s’épanouit
encore aujourd’hui : le premier axe de cette politique a été de tout faire
pour institutionnaliser l’islam de manière à permettre l’émergence d’un
interlocuteur musulman unique capable de parler aux pouvoirs publics et de
faire passer des messages aux imams. Le second axe a consisté à apaiser la
colère dans les banlieues et ailleurs par une politique de cadeaux financiers,
culturels et institutionnels destinés à prouver la bonne volonté des pouvoirs
publics.
Jusqu’au début des années 1980, les ministres de l’Intérieur
successifs ont considéré que les musulmans de France relevaient, pour toutes
les questions relatives à la religion, des dirigeants de leurs pays d’origine.
Alors que tous les dirigeants arabes étaient déstabilisés par
l’islamisme, Pierre Joxe, Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas
Sarkozy et aujourd’hui Emmanuel Macron se sont échinés à monter de toutes
pièces un « islam de France » pour régler tous les problèmes. Toutes leurs
tentatives (Corif, CFCM, Fondation pour l’islam de
France… et bientôt nomination d’un « grand imam de France ») n’ont
abouti qu’à une chose : installer l’islamisme le plus liberticide (celui
des Frères Musulmans) sous les ors de la République.
C’est en 1997 avec Jean-Pierre Chevènement que l’Etat contournera la laïcité en généralisant les baux
emphytéotiques pour aider à la construction de mosquées sur des terrains
fournis gracieusement par les municipalités. Il s’agissait de lutter contre la salafisation des mosquées des caves, mais cet islam
s’épanouit désormais encore mieux en ayant pignon sur rue.
C’est en 2003 que Nicolas Sarkozy crée le Conseil français du
culte musulman (qui sera pris d’assaut et contrôlé par l’UOIF, alias les Frères
musulmans) comme interlocuteur d’Etat. Sans tirer les
leçons des échecs précédents, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur sous
Hollande, reconduira les bourdes de ses prédécesseurs avec la création d’un
nouvel organisme, la Fondation de l’islam de France, chargée de régler tous les
problèmes qui n’avaient pu l’être depuis 1980. Ce ministre de l’Intérieur a
refusé de comprendre que la « communauté musulmane » n’existe pas. En raison de
la répugnance de ses leaders les plus dynamiques – les islamistes – de prêter
allégeance à l’Etat.
Les ministres de la Justice et le Conseil d’Etat
portent une responsabilité historique dans la dissémination en France des
menées islamistes.
Christiane Taubira, garde des Sceaux, au lendemain de l’attentat
contre Charlie Hebdo, édictera une circulaire liberticide intimant aux différents
parquets de France l’ordre de réprimer toute critique des religions
(sous-entendu toute critique de l’islam, pour éviter de stigmatiser les
musulmans).
L’authentique djihad judiciaire qui s’est ouvert contre diverses
personnalités intellectuelles (Georges Bensoussan, Eric
Zemmour, Mohamed Louizi…) est la conséquence de cette
politique. Le Conseil d’Etat, de son côté, n’a guère aidé
nos politiques à se faire une « religion » sur l’islam en multipliant
arrêts et avis en faveur du voile à l’école, du voile dans la rue, de la burqa
(heureusement bloqué ensuite par une loi), ou en faveur de l’immigration
musulmane ou encore du burqini…
Ces politiques, dans l’idée d’apaiser, ont sapé les fondements
de la laïcité et de la liberté d’expression pour donner des gages aux
islamistes.
Devenu président de la République en 2007, Nicolas Sarkozy crée
un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du
codéveloppement dont il confie le portefeuille à Brice Hortefeux. Ce
dernier s’empressera, l’année de sa nomination, de se rendre au Congo, au
Gabon, au Bénin, au Sénégal, en Tunisie, à l’île Maurice, au Cap-Vert ou au
Burkina Faso pour signer des accords bilatéraux d’immigration. En 2009, Eric Besson, transfuge du PS, qui succède à Brice
Hortefeux, s’empresse de saborder son ministère en déclarant : « La
France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion,
c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de
Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage. »
C’est cette même vision de la France que l’on retrouvera sous
François Hollande et Emmanuel Macron. Comment expliquer autrement les
déclarations d’Emmanuel Macron sur l’identité française ? « Il n’y
a pas de culture française. Il y a une culture en
France. Et elle est diverse ».
Par Aurélien Marq - 1 juillet 2019
https://www.causeur.fr/burkini-grenoble-rosa-parks-zibeb-el-rhazoui-162824
Depuis plusieurs semaines,
Grenoble est le théâtre d’une campagne de pression et de désinformation de la
part d’une association partageant largement l’idéologie des Frères Musulmans. A plusieurs reprises, des groupes de femmes sont entrés
dans une piscine municipale pour s’y baigner en burkini, au mépris du règlement
intérieur et au mépris évident d’un certain art de vivre de l’Occident où elles
ont choisi d’habiter, et de plusieurs des principes fondamentaux de la
République.
Comme souvent, ce qui se cache
derrière le masque des bons sentiments et de la défense des droits n’est qu’une
démonstration de force de l’islamisme. Zineb El Rhazoui
le dénonce et le prouve, soulignant les collusions entre l’association
« Alliance Citoyenne » à l’origine des coups de force de Grenoble,
les Frères Musulmans, et toute une sphère islamiste qui préfère condamner les
victimes des attentats jihadistes que leurs auteurs : le slogan « n’oubliez
pas que c’est Charlie qui a dégainé le premier » est infâme, comme si blesser l’ego
surdimensionné de certains ou froisser leurs tabous personnels était du même
ordre qu’assassiner…
Hier, la journaliste Zineb El Rhazoui a révélé qui était derrière l’affaire du
#burkini à la
piscine de Grenoble.
On apprend qu’il s’agissait de militantes islamistes appartenant au courant des
Frères Musulmans et non de "simples mamans". Il faut toujours
rétablir la vérité.
12:23 - 26 juin 2019
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Christian Romain a très
justement montré l’absurdité de la plupart des arguments
invoqués par « Alliance Citoyenne », même si j’irai plus loin en
rappelant que, tout comme l’habillement ou une cigarette, la religion ne fait
pas partie de l’être d’une personne, contrairement à son ethnie, son sexe ou
son orientation sexuelle. La religion relève de l’intime et touche au cœur les
croyants, certes, mais elle est et demeure un choix. Certains musulmans
choisissent l’islam humaniste, l’islam des théophanies, l’islam d’Abdennour Bidar ou de Maajid Nawaz, et pour paraphraser
Yadh Ben Achour choisissent de prier un Dieu qui
préfère voir l’Homme comme un ami que comme un esclave. D’autres musulmans choisissent l’islam
coranique littéraliste, l’islam des Frères Musulmans, des salafistes, des
wahhabites, ou l’islam de l’État Islamique, et choisissent de s’incliner devant
la puissance arbitraire d’un Moloch qui ne reconnaît à l’Homme ni dignité
intrinsèque ni véritable liberté. Tous choisissent, et doivent tôt ou tard
assumer leurs choix. Trop de fanatiques veulent nier la liberté de conscience,
ne manquons pas une occasion de la réaffirmer : la religion n’est pas une
couleur de peau !
A lire aussi : Burkini
à Grenoble: les fausses discriminées
Malgré les déclarations louables
de Marlène Schiappa, les réactions officielles
restent très insuffisantes : que je sache, il n’est pas envisagé
sérieusement de mettre fin au financement public d’« Alliance
Citoyenne », ni de procéder à sa dissolution administrative. Sans parler
des prises de position d’un ami proche (semble-t-il) du chef de l’État,
qu’Emmanuel Macron n’a pas cru bon de désavouer. Je ne suis moi-même pas
toujours d’accord avec mes amis, loin de là, mais aucun ne se permettrait de se
réclamer de notre amitié pour essayer de promouvoir des idées que je condamne.
Manque-t-il à Yassine Belattar cette élémentaire
honnêteté, ou le président de la République soutient-il ses engagements
communautaristes ?
En outre, même parmi les
adversaires résolus du burkini, une hésitation demeure pour savoir s’il faut le
combattre sur le terrain de la laïcité ou du féminisme. Les deux, tout
simplement.
Laïcité d’abord. Sans le prétexte
religieux, le port du burkini dans les piscines serait interdit pour des
raisons d’hygiène, et nul ne songerait à accorder le moindre crédit à
l’argument du « je m’habille comme je veux ». Or, envisager une exception
à la loi commune pour les prescriptions religieuses est bel et bien une
atteinte à la laïcité. Et même si les questions vestimentaires peuvent sembler
anecdotiques, la gravité d’une telle atteinte ne doit pas être sous-estimée.
Accepter le burkini là où l’on refuse
les shorts de bain, ce serait reconnaître un poids juridique à la règle
religieuse, en l’occurrence à la charia. Aujourd’hui dans les piscines, et
demain ? Jusqu’où cette « tolérance » amènerait-elle l’État à
renoncer à la loi de la République pour se plier à je ne sais quelles lois
révélées ? Lois évidemment opposées les unes aux autres selon les
religions dont elles sont issues. Lois reposant sur des arguments irrationnels
et invérifiables, et donc impossibles à partager entre citoyens de confessions
différentes, ces incompatibilités multiples ne pouvant alors que conduire à la
fragmentation du territoire en enclaves chacune régie par des règles
communautaristes différentes.
Pire encore. Accepter le burkini
sous prétexte que cet « accommodement » serait nécessaire pour que
les musulmanes puissent accéder à la piscine, ce serait donner une légitimité
officielle à l’affirmation délirante selon laquelle une musulmane ne pourrait
pas ôter son voile, par goût personnel ou ne serait-ce que pour respecter la
sensibilité du peuple au sein duquel elle a choisi de demeurer. Ce serait
accepter que la loi religieuse s’impose aux croyants à tout moment, dans chaque
activité, chaque aspect de leur vie, et que la loi républicaine doit renoncer à
s’imposer pour abandonner certains citoyens à cette emprise permanente, qui la
supplanterait et donc supplanterait aussi les libertés qu’elle garantit. Et
c’est bien, là encore, un problème de laïcité.
Mais imaginons que le burkini ne
contrevienne à aucune règle d’hygiène, que son port ne suppose de contourner
aucune loi. Il n’en resterait pas moins une atteinte aux règles fondamentales
de la République, qui ne sont pas toutes écrites, ici aux droits des femmes et
au féminisme républicain.
Précisons d’abord le sens de ce
terme, tragiquement galvaudé et trahi depuis quelques années. Le féminisme
républicain est la reconnaissance publique et la défense résolue de l’égale
dignité intrinsèque entre les sexes, de leur égale liberté et de leurs égales
libertés, de l’identité absolue de leurs droits civiques, et de la mixité de
l’espace public. C’est le féminisme de Simone Veil et Élisabeth Badinter, celui
de Lydia Guirous et de Zineb El Rhazoui,
celui dont témoigne depuis des années Zohra Bitan
avec une force et
une dignité admirable. Et oui, n’en déplaise à
certains, #JeKiffeMonDécolleté est infiniment plus
digne que la prétendue « pudeur » du hijab, de la burqa ou du
burkini !
Coup de gueule de
@ZohraBitan : "Ils
peuvent chialer tout ce qu'ils veulent, appeler à la stigmatisation ou à
l'islamophobie, je n'en ai plus rien à foutre. Je me suis battue pour ne pas
être mariée de force. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va nous imposer des lois
islamiques !"
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Car la dignité, la liberté et la
responsabilité forment un triptyque inséparable. De même que la liberté ne
saurait être le droit d’imposer ses caprices au monde entier au mépris de
l’intérêt général (il manquerait la dignité et la responsabilité), la dignité
n’est en aucun cas l’enfermement dans un corpus rigide de règles « d’honneur
familial » ou de « perle dans son écrin », obsession du paraître
au détriment de l’être, de l’affichage au détriment de l’intériorité. La
dignité véritable est d’oser se tenir debout, regarder ses semblables dans les
yeux, et décider de sa vie par soi-même et non seulement pour soi-même, mais
pour assumer ses responsabilités au service de l’intérêt général sans jamais
renoncer à soi.
Rosa Parks ? Vraiment ?
#Grenoble #islamisme
#RosaParks
Le féminisme républicain est la
reconnaissance de ce triptyque pour tous les êtres humains, puisque les
octroyer aux hommes pour les refuser aux femmes reviendrait à les refuser à la
commune humanité des deux sexes – tout comme le serait le fait de les octroyer
aux femmes pour les refuser aux hommes qui seraient tous des
« porcs », incapables de se maîtriser devant la moindre mèche de
cheveux…. L’apartheid sexuel que veulent les islamistes est une mutilation pour
les deux sexes.
Le triptyque humaniste
« dignité, liberté, responsabilité » est ce qui fonde la possibilité
même du « sapere aude » et
de l’émancipation citoyenne, donc de la démocratie et de la République. Refuser
ce féminisme, c’est refuser la citoyenneté des femmes, c’est refuser la
République. Et j’ajoute qu’au plan religieux, nier la dignité, la liberté et la
responsabilité des femmes sous prétexte de leur féminité, c’est les dénier à la
féminité en tant que telle, et ce mépris est d’une arrogance folle envers le(s)
Créateur(s) de cette féminité. Si l’on y croit, cela constitue aussi un
blasphème incroyable envers la part féminine du Divin – et les Grecs vous
diront qu’un tel hubris finit
toujours par se payer.
Le nouveau puritanisme qui
présente toutes les femmes comme des Saintes Nitouches traumatisées par le
moindre regard masculin n’est pas du féminisme. Le « féminisme
intersectionnel » qui donne la primauté aux injonctions religieuses ou
traditionnelles, aux origines ethniques et aux pressions claniques sur la
liberté de chaque femme, n’est pas du féminisme.
Or, le burkini n’est pas
seulement un signe de foi ou de religiosité, mais l’affichage de l’adhésion à
une vision du monde bien particulière, et résolument anti-féministe.
Car plus encore que le hijab, le burkini proclame « toutes les femmes non
voilées sont impudiques et impures », et c’est bien sur ce double registre
que jouent les campagnes de promotion de ce genre de vêtements (comme le montre l’excellent Naëm Bestandji sur son blog),
dévalorisant systématiquement les femmes aux cheveux libres.
Non seulement le port du burkini
dans une piscine est l’exigence de passe-droits pour raisons religieuses, c’est
la négation ostentatoire et militante de l’un des principaux fondements de la
démocratie républicaine. Pouvons-nous le tolérer ?
Mais si nous répondons
« non », que faisons-nous de la liberté d’expression ?
N’est-elle pas le droit de dire haut et fort ce qui dérange le plus ?
Dit autrement, aurais-je le droit
d’aller dans l’espace public porteur d’un message (sur quelque support que ce
soit : t-shirt, pancarte….) disant « toutes
les femmes non voilées sont impudiques et impures » ? Pour bien
faire, posons-nous aussi la question en remplaçant « non voilées »
par l’une ou l’autre des « minorités opprimées » à la mode….
A lire aussi : Proposition
de loi « contre l’islamophobie » : Avia se fait tirer l’oreille
Ce n’est pas seulement une
question rhétorique. En 2011 déjà, c’est bien au nom de la supposée
« liberté d’expression des femmes voilées » que certains attaquaient
Charlie Hebdo2. De
plus, étant moi-même farouchement attaché à cette liberté, je me dois de la
prendre au sérieux y compris – voire surtout – pour mes adversaires
idéologiques. Même si dire « Charlie a dégainé le premier » pour
ensuite défendre une tenue dont le port est une insulte à tous les féministes du
monde est pour le moins paradoxal !
Si l’idéologie dont le burkini
est le signe se limitait à la sphère privée, l’argument de la liberté
d’expression serait peut-être recevable – encore qu’il faudrait alors aborder
le sujet de la servitude volontaire : dans quelle mesure la République
peut-être laisser un citoyen libre de renoncer à l’un des fondements de sa
citoyenneté ? C’est que celle-ci se compose de droits, mais aussi de
devoirs. A Rome, il était interdit de se vendre
soi-même comme esclave….
Mais le port du burkini (comme du
hijab, d’ailleurs) n’est pas seulement une affaire privée. En France ou
ailleurs, il n’y a aucun exemple d’un endroit où les femmes voilées seraient
majoritaires et où les droits des femmes non-voilées (et tout simplement les
droits des femmes) seraient véritablement respectés. Le port du voile n’est
donc pas seulement un choix individuel. Ce n’est pas l’usage légitime d’une
permission, mais la banalisation d’une prescription, et une pression mise sur
toutes celles qui ne le portent pas, ou voudraient pouvoir enfin l’enlever.
L’idéologie que soutiennent les
porteuses de burkini (par le biais de sa normalisation, de son marquage
territorial, du contrôle social), l’islam littéraliste théocratique, ne se
limite donc pas à un libre choix, ni à la sphère privée. Elle est et s’affirme
un projet total, hégémonique, avide de contrôler chaque aspect de la vie,
privée, civique ou publique, ne respectant pas même le for intérieur. Elle
n’est pas seulement une opinion librement exprimée, elle est la promotion
active d’un agenda sectaire et factieux, le soutien conscient à un
totalitarisme ambitieux et agressif, désireux de s’imposer à tous et par tous
les moyens.
A lire aussi : En
France, l’homosexualité reste une «maladie» ou une «perversion» pour 63% des
musulmans
« Pas d’amalgame »,
certes. Mais enfin, parmi tous les croyants de toutes les religions présentes
sur notre sol, ce ne sont pas les fidèles d’Héraclès et de son amant Hylas qui
se distinguent par leur homophobie persistante. Ce n’est pas au nom d’Amaterasu
que tant d’attentats ont été commis, et un commissariat attaqué il y a quelques
jours. Ce n’est évidemment pas non plus au nom de tous les musulmans, mais
toutes les musulmanes n’exigent pas le burkini.
Porter cet emblème n’est pas
seulement une injure faite à toutes les femmes non voilées, c’est un geste de
soutien à un projet totalitaire visant à les priver de leurs libertés, et de
leur liberté. C’est, aussi, un crachat au visage de toutes celles qui se
battent pour ôter le voile. La situation des pays du Moyen-Orient et du Maghreb
est éclairante : partout où le pouvoir officiel n’impose pas le voile
(sous une forme ou sous une autre), les groupes de pression islamistes se font
de plus en plus actifs et brutaux pour l’imposer par deux-mêmes.
Et il n’y a aucune raison de penser que les choses seront différentes ici si
nous les laissons faire.
À lire
aussi : L’islam de France
est-il (vraiment) différent des autres?
De la loi Pleven de 1972 au dangereux projet de Laetitia Avia, en
passant par les lois mémorielles, notre pays n’a déjà que trop institué de
délits d’opinion (qu’il serait d’ailleurs bon d’abolir, de manière générale).
Mais le burkini ne relève pas de la libre expression d’une opinion, ni du libre
exercice d’un culte (le but est bien de l’arborer en dehors de toute cérémonie
ou célébration religieuse), mais du port du symbole d’un groupe factieux, d’un
acte visant à matérialiser l’emprise de celui-ci sur un territoire, dans le but
en particulier de faire pression sur la population locale pour qu’elle se
soumette aux normes de ce groupe au détriment de la loi républicaine. Voilà la
grille de lecture, aujourd’hui, qui est la mieux adaptée pour comprendre ce à
quoi nous sommes confrontés, et pour y faire face4.
La République peut-elle
interdire, malgré la liberté d’expression, d’appeler à lui déclarer la
guerre ? Peut-elle interdire d’appeler à l’instauration en France d’un
régime théocratique totalitaire ? Peut-elle interdire d’appeler à
supprimer les droits élémentaires de la moitié des citoyens – en l’occurrence
les citoyennes ? Et plus encore que d’appeler à le faire : de
contribuer à le faire, activement, par le biais de la pression communautaire et
du contrôle social ?
Non seulement elle le peut, mais
elle le doit. Et ne nous y trompons pas, c’est bien de cela dont il est
question, à Grenoble et ailleurs, et certainement pas du droit de porter un
costume folklorique à la piscine.
L’offensive du burkini sur les
piscines publiques à Grenoble – et ailleurs – exige des
réponses lapidaires : il faut lui répondre sommairement sans noyer le poisson
dans le mauvais bassin. Bien que l’offensive soit la même, il faut
distinguer la question posée par le burkini sur les plages publiques et dans
les piscines publiques.
Exhiber un burkini sur les plages
publiques appartient à une offensive de nature islamiste. On est en droit
de la combattre au nom seulement de deux raisons suffisantes, sans alléguer à
tort la laïcité:
A lire aussi : Grenoble:
le burkini contre la République
La première raison suffisante est
que quand les nouveaux venus sont porteurs d’une autre culture, il doivent se conformer
aux mœurs du pays d’accueil, étant donné que ces mœurs expriment les valeurs de
cette société. « Faites comme chez nous! » La seconde raison
suffisante de combattre cette offensive est la guerre que nous fait l’islamisme
terroriste, lequel islamisme est associé au mot burqa.
L’offensive du burkini en
direction des piscines prétend qu’il s’agit de lutter contre une
discrimination. L’argument est simplement ridicule : le règlement des piscines
ne vise pas les musulmanes porteuses de burkini puisque ce règlement a été
formulé avant l’apparition de ce vêtement de bain.
Cette offensive est
indiscutablement une exigence de discrimination positive, en faveur des femmes
musulmanes désireuses de porter ce vêtement.
A lire aussi : Burkini
à Grenoble: les fausses discriminées
Cette discrimination positive est
contraire à la laïcité qui protège l’égalité en droits de toutes les
convictions privées, sans discrimination positive ou négative.
Imaginons que le burkini dans les
piscines publiques soit accepté un jour, au nom d’une tolérance libérale sans
bornes, comme étant un aménagement raisonnable. Quelles en seraient les
conséquences ?
Au nom de quel principe
interdirait-on aux naturistes mâles de nager le dos crawlé dans le costume
d’Adam ?
Cette tolérance serait-elle
supportable pour les yeux des porteuses de burkini ?
Comment s’assurer que les
porteuses d’un burkini auront correctement lavé leurs parties intimes avant
d’entrer dans le bain commun, comme cela est exigible des autres nageurs et
nageuses ?
par
- 28 juin 2019
https://www.causeur.fr/burkini-grenoble-piscine-municipale-162744
Voici une bibliothèque
municipale, comme il y en a beaucoup en France. Un homme y entre, cigarette
fumante à la bouche. La personne à l’entrée lui fait remarquer qu’il est
interdit de fumer à l’intérieur de la bibliothèque, pour des raisons d’hygiène,
de sécurité et d’agrément des usagers, et l’invite donc à l’éteindre avant
d’entrer. L’homme sourit, prononce quelques mots d’excuse, éteint sa cigarette
et entre dans la bibliothèque. Une scène banale.
Une
polémique récurrente depuis 2016 : Tous
nos articles sur le burkini
Supposons maintenant que l’homme,
au lieu d’éteindre sa cigarette, se mette à protester, argue du fait que sa
cigarette allumée correspond à un mode de vie qui est le sien, que cette
cigarette qu’il fume participe en quelque sorte de son identité, et qu’un
règlement l’empêchant de fumer où et quand il le veut n’est rien d’autre qu’une
intolérable discrimination à son encontre. Que ferait alors le personnel de la
bibliothèque ?
Le Maire de Grenoble Eric Piolle reste ambigu en
refusant d’entrer dans la polémique… © JEAN PIERRE CLATOT / AFP
Sans doute s’opposerait-il à
l’entrée de l’homme, au nom du respect du règlement intérieur et de la loi sur
l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
A lire aussi : Banlieue
lyonnaise: il court, il court le communautarisme islamique
Supposons alors que notre homme
tente un coup de force et que le lendemain dix à vingt personnes, fumeurs et
fumeuses par lui rameutés, entrent simultanément dans la bibliothèque pour y
stationner, cigarettes et pipes à la bouche, pendant près d’une heure,
présentant leur action comme un acte de « désobéissance civile »
destiné à dénoncer « un traitement discriminatoire », et allant
jusqu’à convoquer pour l’occasion les mânes de Rosa Parks.
Il me paraît clair que cette
argumentation serait rapidement balayée : la proscription d’un acte, d’un
comportement ou d’un accessoire n’est en rien comparable à la proscription
d’une personne. Pour dire les choses simplement : ce n’est pas le fumeur
ou la fumeuse qui sont interdits d’entrée, mais la cigarette – et même, pour
être plus précis, la cigarette allumée. Ce n’est pas le fumeur ou la fumeuse en
tant qu’individus qui sont proscrits, mais le fumeur ou la fumeuse en train de
fumer. Tant que, fumeur ou fumeuse par ailleurs, ils s’abstiennent de fumer
dans la bibliothèque, rien ni personne ne les empêche d’y entrer. Cela n’a rien
à voir avec une interdiction ou une ségrégation portant sur la couleur de la
peau, tant il semble évident qu’il est aussi aisé de jeter sa cigarette que
difficile de modifier la couleur de son épiderme. On ne peut pas mettre sur le
même plan la proscription d’un acte et la proscription d’un être. Il est
relativement aisé de s’abstenir d’un acte ; il est fort malaisé de modifier
son être.
À lire
aussi : R. Enthoven : « Je
ne mets pas la kippa, le voile et la croix sur le même plan »
Lorsque les militantes islamistes de Grenoble dénoncent
une « discrimination » à leur égard et en appellent à Rosa Parks pour
justifier leur opération-commando, elles jouent (sciemment ou pas) sur cette
confusion entre « être » et « faire ». Car dans la réalité,
aucune ni aucun musulman ne s’est jamais vu interdire l’entrée d’une piscine au
motif de sa religion. On n’a jamais vu aucun personnel de piscine dire à qui
que ce soit : « Vous êtes musulman ? Alors, vous n’avez pas le
droit d’entrer. » La vérité, c’est que la question ne se pose jamais – et c’est
bien normal. Mais en revanche, tel accessoire de bain ou tel comportement
peuvent être proscrits, pour des raisons de sécurité, d’hygiène ou d’agrément
des usagers. Le bermuda est proscrit, le short est proscrit, la
baignade nu est proscrite. Affirmer que l’interdiction du burkini est
« une discrimination envers les femmes musulmanes », c’est poser en
principe que le burkini participe de l’identité de la femme musulmane et
constitue pour elle une seconde peau dont il lui est physiquement impossible de
se départir. C’est affirmer que le burkini est partie intégrante de
« l’être » de ces femmes, tout comme sa peau noire était partie
intégrante de l’être de Rosa Parks. C’est évidemment une absurdité.
Donc, répétons-le : interdire
tel ou tel accessoire dans tel ou tel lieu public n’est pas une discrimination
envers une personne. Face à la proscription d’un accessoire ou d’un acte,
chacun est renvoyé à sa liberté comme à sa responsabilité : le fumeur peut
cesser de fumer et entrer dans la bibliothèque, ou vouloir continuer à fumer et
dès lors ne pas entrer. La femme qui voulait se baigner peut choisir de mettre
un maillot autorisé par le règlement, ou décider de ne pas se baigner. Mais ni
le fumeur ni la femme ne peuvent prétendre que le règlement les
« discrimine » en tant que personne ni en raison de leur croyance ou
de leur mode de vie. S’ils affirment cela, ils se trompent ou ils mentent.
Dimanche,
une dizaine de femmes a bravé l’interdiction de se baigner en burkini dans
une piscine municipale du centre-ville de Grenoble. Réaction de Karim Ouchikh pour qui cette action vise à « renverser notre modèle de civilisation ».
Des femmes vêtues d’un
burkini ont forcé une piscine à Grenoble et se sont baignées. Cette tenue a été
jugée illégale et n’est pas la bienvenue dans les piscines municipales.
Comment avez-vous réagi en
voyant cette nouvelle ?
Je suis totalement scandalisé par cette initiative. Elle est
illégale, au regard de la réglementation locale de cette piscine et
parfaitement condamnable d’un point de vue morale.
Nous sommes en présence d’une minorité agissante. Elle agit non seulement à
Grenoble, mais aussi ailleurs sur le territoire français. Dans notre société,
il y a des coutumes et des pratiques. Les femmes ont ici notamment le droit de
se baigner en ne portant pas de vêtements contraires à nos traditions et nos
coutumes. Par ce type d’initiatives, cette minorité tente de déstabiliser notre
modèle de société.
Au motif que les femmes musulmanes devraient avoir le droit de se vêtir comme
elles le souhaitent, nous devrions, en France et partout ailleurs en Europe,
céder sur nos propres principes .
Il y a une volonté très claire de culpabiliser nos compatriotes d’un point de
vue idéologique.
En toile de fond, il y a bien sûr un clientélisme électoral qui pousse ces
minorités agissantes à influer sur les municipalités. À quelques mois des
élections municipales, ces minorités agissantes souhaitent arracher des
concessions que nos compatriotes refusent pourtant unanimement.
Sur Twitter, les femmes
montraient leur décolleté pour montrer qu’elles étaient fières de s’habiller
comme elles le voulaient sans se faire agresser dans la rue.
Et en même temps, cette
affaire du burkini arrive.
Est-ce le même
sujet ? Leurs corps, leurs choix. On pourrait être tenté de relativiser…
Dans un premier cas, nous sommes en présence de femmes qui
revendiquent de pouvoir se vêtir librement en portant un décolleté. Et cela
correspond à nos traditions et à nos coutumes.
On sait bien que la civilisation européenne a permis depuis des siècles de
mettre en valeur le corps féminin et la beauté féminine. Nous sommes pleinement
dans ce cas dans le cadre de coutumes qui sont les nôtres. Elles ne sont
aucunement étrangères à notre mode de vie.
Dans le deuxième cas, nous sommes en présence de revendications visant à
imposer, en France et ailleurs en Europe, des coutumes qui sont radicalement
étrangères à notre civilisation.
En France et en Europe, nous n’avons jamais observé un accoutrement pareil pour
aller barboter dans une piscine.
Malheureusement, nous sommes en présence d’une forme de terrorisme islamique de
basse intensité par opposition au terrorisme sanglant. Nous sommes confrontés à
des pratiques qui visent à vouloir bouleverser notre modèle de civilisation.
Elles sont le fait d’une minorité agissante, mais très active.
Autrement dit, je ne mettrai jamais sur le même plan les revendications
féminines visant à respecter les coutumes et les traditions qui sont les nôtres
depuis des siècles avec d’autres traditions complètement étrangères à notre
modèle de société qui visent à nous culpabiliser et imposer un modèle qui n’est
pas le nôtre.
Les municipales
approchant, ces initiatives vont-elles se multiplier ?
Il est certain que dans les communes où la communauté musulmane
est fortement présente, on doit craindre la multiplication de ce type
d’initiatives. Ils savent parfaitement que le bulletin de vote est une arme. La
menace d’utiliser le bulletin de vote d’une manière ou
d’une autre est une façon de faire pression sur les listes municipales et de
peser sur les scrutins à venir. Certaines minorités musulmanes joueront de ce
vote pour pousser les communes à céder sur ces revendications. Nous sommes en
présence d’une forme de clientélisme électoral à peine masqué. Le contexte
électoral qui se présente n’est pas du tout indifférent à l’émergence de ce
type d’initiatives brutales. Pour ma part, je les considère parfaitement inacceptables.
Publié
Antoine
Menusier. Helene Bamberger
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Alors que la polémique
sur le burkini a refait surface en France, Antoine Menusier
dresse un état des lieux de l’imprégnation de l’islam politique dans les
quartiers. Selon l’ancien rédacteur en chef du Bondy Blog, la stratégie de ces
militants est de faire de l’islam politique un combat pour la justice sociale.
Antoine Menusier est auteur de l’essai Le livre des indésirés: une
histoire des Arabes en France, (éditions du Cerf, janvier 2019).
FIGAROVOX.- Comme chaque année
maintenant, le burkini revient dans l’actualité. Que pensez- vous
des actions d’Alliance citoyenne dans les piscines de Grenoble? Cette
association qui prétend défendre la liberté des femmes ne cache-t-elle pas en
réalité un agenda islamiste?
Antoine MENUSIER.- La grande affaire,
ou si l’on préfère, le grand agenda, c’est la convergence des luttes entre
«Blancs» et «basanés», entre «périphéries» et «quartiers». Non tant contre le
Rassemblement national que contre «l’élite bourgeoise mondialisée»,
incarnée entre autres par l’actuel Président de la République. En 2016, l’homme
de télévision Mouloud Achour, qui passe pour un défenseur des quartiers, dont
il est une sorte d’ambassadeur plus ou moins discret, avait reçu sur Canal + le
géographe Christophe Guilluy, théoricien et défenseur
de la France périphérique. Achour, qui avait reçu sur son plateau peu après Guilluy le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie, l’un des penseurs de la gauche radicale et
alter ego du romancier Edouard Louis, avait à l’époque déjà bien compris
l’enjeu populaire des banlieues.
Tout au long de la crise des «gilets
jaunes», des militants inscrits dans l’histoire des banlieues, issus de
l’immigration maghrébine ou subsaharienne, souvent proches de la France
insoumise, ont vu dans ce mouvement qui ne leur était pourtant pas toujours
favorable, une opportunité qui ne se représenterait peut-être pas de sitôt. La
jonction, du moins sur le papier, est faite entre d’une part une gauche
anarchiste mordant sur la banlieue et, d’autre part, comme une nouvelle
chouannerie des anciennes provinces, ainsi qu’en témoigne la présence de
drapeaux fleurdelisés dans les cortèges.
Le but pour les promoteurs du burkini
dans les piscines publiques est d’en faire une cause populaire.
Islamisme, dites-vous, à propos du
burkini? Je préfère le terme d’islam politique, qui est un synonyme d’islamisme
mais qui charrie dans l’imaginaire moins de séquences violentes et permet
davantage de se parler. Il y a islam politique quand on essaie de mettre
l’islam à l’agenda de la loi et de la coutume, soit de manière pro-active, soit
de manière réactive. Évidemment, le burkini ne parle pas aux «Blancs», ils y
seraient même plutôt hostiles, auront du moins tendance à juger cette
combinaison un peu, voire franchement ridicule. Le but pour les promoteurs et
promotrices de la place du burkini dans les piscines publiques, là où le peuple
se baigne, avant même de parler de «droit à», est précisément de faire de cette
cause une cause populaire.
Association de «locataires», ce qui
indique une forme d’égalité - on est tous sur le même palier, on vit tous les
mêmes galères -, l’Alliance citoyenne se présente sur la page d’accueil de son
site comme «l’organisation des gens qui se battent contre toutes les injustices».
Tout, ici, est dans le «toutes», qui renvoie à l’idéologie de
l’intersectionnalité, selon laquelle la religion serait à mettre sur le même
plan que les affaires sociales. Idéologie selon laquelle, par conséquent, la
religion est une affaire sociale, dont découleraient toutes les autres, le
temps de travail, les relations de couple, l’environnement, etc. Ce que la
religion n’est en principe pas, puisqu’elle relève de la croyance et non de
l’expérience.
Mais précisément, et c’est là qu’on
en vient à l’islamisme ou à l’islam politique: pour les tenants de cette
approche «globale» de l’islam, en vogue chez les fréristes,
tout ce qui est social est nôtre, pour paraphraser l’Action française. La
plupart des partis islamistes dans le monde ont dans leur acronyme le mot de
«justice», ce qui montre bien leur volonté d’ancrage social, soit par le bas (à
l’échelon sociétal), soit par le haut (à l’échelon des institutions)… soit même
les deux en même temps.
L’initiatrice de l’évènement, Taous Hammouti, porte-parole de
l’Alliance citoyenne, est une grande admiratrice de Tariq Ramadan, relaie les
publications du CCIF et celles de Marwan Muhammad qui longtemps présida ce
lobby. Après la tuerie de Charlie Hebdo, elle a affirmé: «ce sont eux qui ont
dégainé les premiers»… Ces associations sont-elles réellement représentatives
de la majorité des musulmans en France?
De la majorité, à mon avis, non. D’un
état d’esprit, peut-être. Cet islam-là est très peu religieux, il est identitaire.
N’oublions pas que l’islamisme est, dans l’histoire des idées, un progressisme,
qu’il se présente comme tel, qu’il a longtemps été vu sous ce jour par des
intellectuels occidentaux. Cela a donné d’abord l’islamo-marxisme, avec
Khomeiny, l’islamo-gauchisme par la suite
côté sunnite. Mais allons plus au fond de la question. Pour un certain
nombre de Français musulmans, qui ne se diront pas islamistes, qui sont même
tout à fait éloignés de telles thèses, le combat contre l’islamophobie, compris
comme un racisme antimusulman, l’emporte sur la lutte contre l’islam politique,
qui n’est souvent pour eux qu’une forme de défense de bon aloi de ce qu’ils
pensent être le droit le plus strict pour tout musulman d’être musulman.
Beaucoup de musulmans trouvent
ridicule ce maillot de bain quasi intégral.
Ensuite, dans les quartiers
populaires, on est socialement de gauche et religieusement conservateur, pour
aller vite. Comme au Maghreb, du reste, où l’islam participe d’une décence
commune contre la «perversité des élites corrompues», où il est par
ailleurs un acquis identitaire, de type anticolonialiste et révolutionnaire.
Une partition que n’ont cessé de jouer des partis islamistes au Maghreb,
relayés en France et ailleurs en Occident par des intellectuels tiers-mondistes,
universitaires ou journalistes.
On entend tout de même peu de voix
pour dénoncer ce type d’actions. Celles qui s’expriment sont généralement
solidaires…
En réalité, beaucoup de musulmans, de
culture ou de croyance, j’en ai la conviction, trouvent ridicule ce maillot de
bain quasi intégral. Mais vous avez raison, dans l’ensemble, peu voire aucun
média dit communautaire, pour prendre ce vecteur d’opinion, ne se positionne
contre le burkini. Toutefois il me semble que les militantes pro-burkini en
piscines ne bénéficient pas d’un soutien dans ces mêmes médias, qui ont évolué,
les attentats faisant prendre conscience de la fragilité du corps social, et
au- delà de l’aspect sécuritaire, de la nécessité de «spiritualiser» ou de
«respiritualiser» l’islam afin de le sortir des griffes d’une hyper-norme en
totale contradiction avec le mode de vie réel de la plupart des musulmans.
Au-delà du phénomène de l’islamisme,
n’y a-t-il pas un phénomène de repli identitaire très profond? Un ressentiment?
D’où vient-il?
Partons à nouveau du cas posé par le
burkini. Le responsable d’un site communautaire musulman me disait que son
média est contre le burkini, mais qu’il ne l’écrira pas, car son adversaire
principal est ce qu’il nomme la «fachosphère» vent debout contre le burkini,
justement. Dénoncer le burkini serait donc pour ce média donner raison à
l’adversaire, pour ne pas dire l’ennemi. Nous le voyons bien ici, nous ne
sommes plus du tout dans le domaine ni de la foi, ni de la théologie, mais en
effet dans celui, sinon du repli, de moins d’une identité musulmane qui peut
donner l’impression de faire bloc.
Le repli que vous évoquez est avant
tout une affirmation. On assiste à des choses très baroques. Ainsi du côté de
la base musulmane, où des athés d’origine maghrébine
entretiennent des relations, certes distantes, avec des rigoristes issus du
salafisme des quartiers: leur fond sociologique et historique est le même. Si
les premiers interagissent de temps à autre avec les seconds, c’est avant tout
parce que l’islam y est perçu comme une juste compensation existentielle, comme
un refuge face à un État ou une société jugés hostiles à cette religion. Son
apparence conservatrice tient au fait qu’il importe ici de garder intacte la
religion venue des parents, par la suite augmentée, charpentée essentiellement
par des traditionnalistes et des Frères musulmans - d’où l’islam politique.
Certains craignent d’être accusés de
traitrise par leur «camp» s’ils critiquent l’islam politique.
Il s’agit de ne pas dénaturer un
legs. Il faut au contraire l’entretenir, le développer, de façon à vivre enfin
sans complexe un islam que les parents n’ont pas eu la possibilité de vivre
(ramadan aléatoire, tête baissée devant l’autorité française, le voisin
français...). C’est toute une partie du «Livre des indésirés: une histoire des
Arabes en France»: la deuxième génération, née «vernie» en France en dépit de
discriminations, chanceuse par rapport aux conditions de vie dans les pays
d’origine, s’est infligé des épreuves et des mortifications, notamment
religieuses, comme une dette à payer envers leurs parents restés sans défense
face à «l’ État français», colonial il n’y a pas si longtemps encore et qui le
restait vis-à-vis d’eux et de leur descendance - tel est l’un des récits fondateurs
de la deuxième génération.
Si beaucoup encore hésitent à
critiquer l’islam politique, c’est parce qu’ils craignent, en prenant la
parole, d’être accusés de traitrise par leur «camp», sans garantie, en plus,
d’être acceptés par le camp d’en face. Ils adhèrent donc à ces théories
nouvelles d’intersectionnalité, mêlant religions, genres, revenus salariaux. On
pense de cette façon sauver les apparences.
Le ressentiment contre la France vient
de ce que l’on veut lui faire payer la honte que certains, dans la deuxième
génération, ont ressentie à l’égard de leurs parents. Mais ne pouvant
humainement en vouloir aux parents qui leur apportaient la nourriture et la
liberté, ils jettent leur boule de remords à la face de l’«Etat
colonial». Houria Bouteldja, la figure tutélaire des
Indigènes de la République, se confie là-dessus dans son essai «Les Blancs, les
juifs et nous: vers une politique de l’amour révolutionnaire» (La Fabrique,
2016).
Que vous inspire l’étude de l’Ifop qui indique que 63 % des personnes de confession
musulmane interrogées perçoivent l’homosexualité comme «une maladie» ou «une
perversion sexuelle», contre 20 % chez les catholiques pratiquants et 10 % chez
les «sans religion»? Cela traduit-il une fracture culturelle entre une partie
des «musulmans» et le reste de la population?
La norme «gay» serait le cheval de
Troie de l’Occident en croisade contre l’islam.
Je ne crois pas du tout à une
génétique musulmane qui ferait que les musulmans sont par nature plus
homophobes que d’autres. Les résultats de ce sondage s’inscrivent dans une
problématique identitaire et territoriale. Le «quartier», lieu refuge selon des
musulmans, doit être tenu le plus possible à l’écart de ce qui, encore une
fois, pourrait dénaturer l’islam. La norme «gay», avec tout ce que cela
comporte de féminisation des attitudes, selon une vision machiste de quartier
où le jeune homme doit donner au groupe des gages de virilité, serait le cheval
de Troie de l’Occident en croisade contre l’islam, ou si l’on veut, la tête de
pont de la France néo-coloniale.
Déviriliser la banlieue serait selon
les Indigènes de la République une manière de la castrer socialement. Notons
que, sur ce point, des personnes très «banlieues friendly»
comme Geoffroy de Lagasnerie et Edouard Louis, sont
en désaccord avec Houria Bouteldja. Mais sur la
question de l’homosexualité, il faut bien voir que les débats houleux en
banlieue, entre militants «arabes» et «noirs» de la cause LGBT et les «jeunes»,
ne sont pas bien différents de ceux qui ont lieu au Maghreb. Le rapport à la
liberté sexuelle est indiscutablement un indicateur de l’absence ou de la
présence d’esprit démocratique, ce que nous appelons la tolérance.
L’imam de Brest, celui qui dans ses
prêches affirmait entre autre que «celui qui écoute de
la musique sera transformé par Allah en porc ou en singe», a été blessé par
balle. Son changement récent d’attitude aurait fait de lui une cible de Daech.
N’aurait-il pas dû être expulsé pour ses prêches? Comprenez-vous que ce type de
règlements de compte interreligieux et intercommunautaire soient insoutenables
pour nombre de Français, y compris musulmans?
On ne sait pas grand-chose de cette
attaque, sinon le déroulement des faits. J’y vois pour ma part des «citations»,
comme disent les critiques de cinéma comparant des films sortants à des films
plus anciens. Sauf que nous ne sommes pas ici dans la
fiction mais dans un réel tragique. Citations, alors, tout à la fois à
l’assassin de John Lennon, aux égorgeurs de Daech, aux suprémacistes blancs qui
veulent tuer des musulmans. L’imam de Brest en tout cas a beaucoup changé
depuis ses prêches controversés.
De nombreux prédicateurs ont tourné
pour ainsi dire casaque après les attentats, notamment sur la question de la
sexualité, qui pouvait nourrir d’affreux dilemmes chez de jounes
ouailles tiraillées entre l’ «Occident impur» et la «pureté islamique».
Concernant l’imam Rachid Eljay, l’histoire des
enfants transformés en porcs et en singes s’ils écoutent de la musique, propos
tenus avant les attentats de 2015, me paraît moins grave que ce qu’il a dit un
jour, avant les attentats là aussi, sur les femmes risquant le viol si elles se
montraient non voilées dans l’espace public. Il ne dit plus cela désormais.
Aujourd’hui, des musulmans présumés
prennent la défense de l’«imam de Brest» face à ses opposants qui affirment de
leur côté qu’il l’a bien cherché. Rappelons tout de même qu’à l’époque, les
plus virulents contre l’imam étaient des musulmans. Chez les classes
populaires, la crainte était grande que les enfants rejoignent l’Etat islamique. Ils étaient paniqués.
Expulser l’imam, à l’époque, pour ses
prêches? La chose était de toute façon impossible. Rachid Eljay
est moins critiquable que ceux qui, filles et garçons, musulmans de foi ou de
culture et ne pensant pas un traitre mot de ce que cet imam pouvait dire, étant
eux-mêmes parfaitement occidentalisés, ont un temps fait cause commune avec des
équivalents musulmans d’intégristes chrétiens. Il faut urgemment passer à autre
chose. Heureusement, des figures musulmanes comme les Français Rachid Benzine
et Farid Abdelkrim, le Belge Ismaël Saidi, dont je parle dans mon livre, le
groupe Facebook «Le débat continu» animé par un Belge là aussi, s’y emploient
très sérieusement et par moment avec l’humour qui convient aux sujets sérieux.
Chacun a le choix entre œuvrer à la
véritable déradicalisation, celles des affects, ou continuer de se mentir.
La majorité des musulmans belges considèrent les règles religieuses
comme plus importantes que la loi.
Selon
le résultat d’une étude du « Berlin Social Science Center », 70% des
musulmans belges considèrent les règles religieuses comme plus importantes que
la loi.
Le
«Berlin Social Science Center » a sondé 9.000 musulmans et chrétiens dans six
pays de l’Union européenne (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, France, Suède et Autriche).
1.200 personnes, principalement d’origine turque et marocaine, qui se
considèrent comme musulmanes ont été interrogées sur notre territoire.
L’enquête,
publiée par le « Journal of Ethnic and Migration Studies », relayée par le quotidien néerlandophone De
Morgen, révèle que la moitié des musulmans belges sont considérés comme
fondamentalistes. Pour en arriver à cette conclusion, les personnes interrogées
ont répondu par « oui » ou par « non » à trois affirmations :
·
Les
musulmans doivent retourner vers les racines de la foi.
·
Il
n’y a qu’une seule interprétation du Coran. Chaque musulman doit s’y tenir.
·
Les
règles religieuses sont plus importantes que les lois.
Le
panel interrogé en Belgique montre ainsi que la première affirmation recueille
66 % de « oui », la seconde 82,2 % et la troisième 69,6 %. Plus de la moitié
des musulmans questionnés (52,5 %) ont répondu « oui » aux trois affirmations
et sont donc considérés comme « fondamentalistes ». Seule l’Autriche compte
davantage de musulmans dits « fondamentalistes » en termes de proportion (55,2
%) que la Belgique.
Résultats
du sondage auprès des musulmans en Europe |
Les
musulmans doivent retourner vers les racines de la foi |
Il n’y
a qu’une seule lecture du Coran |
Les règles
de la religion sont plus importantes que la loi |
Chaque
cinquième jeune musulman suisse est en faveur de la charia
43%
des jeunes musulmans sont péjoratifs des sociétés occidentales. Près de 21%
pensent même que la Suisse devrait se soumettre à la charia, c'est-à-dire
aux lois islamiques, selon lesquelles, par exemple, l'adultère ou
l'homosexualité sont punis de manière draconienne.
Les
chiffres proviennent d'une étude de la ZHAW dans laquelle plus de 8 000
jeunes âgés de 17 à 18 ans ont participé à dix cantons. Environ 670
musulmans ont été interrogés sur leur attitude :
Selon Dirk Baier, co-auteur de l'étude et professeur à la ZHAW, ce n'est
généralement pas une vision du monde solide lorsque les jeunes musulmans
expriment leur accord sur ces points: "D'une part, ils expriment
certainement des idées et des convictions, qui viennent de parents ou
d’autres adultes de la région. D'autre part, il exprime une certaine
distance de la démocratie, ce qui peut être dû au fait que les jeunes ont
également des expériences négatives - par exemple des expériences de
discrimination - avec la Suisse. "Dans une société islamique, la jeunesse
musulmane combinerait l'espoir que de telles expériences négatives être fait
moins.
"Certains Suisses vont probablement se demander comment ils peuvent vouloir
une telle forme de société", a déclaré Baier. "Cela pourrait augmenter la
distance par rapport aux musulmans, ce qui pourrait à son tour amener les
musulmans à continuer à adhérer à ces orientations." Il serait beaucoup plus
important d'avoir un dialogue afin de déterminer les raisons de cette
situation. Pourquoi une partie des musulmans fuient-elle vers de telles
orientations? "Une telle attitude ne peut être réduite que par le contact et
des expériences positives. Cela signifie qu'il doit s'agir de réunir des
enfants et des adolescents musulmans de jeunesse avec des jeunes d'autres
religions ou origines. »
·
21,7% pensent que la loi islamique basée sur la charia est bien meilleure
que la loi suisse.
·
21,4% des jeunes musulmans estiment que la Suisse a besoin d'un dirigeant
qui gouverne conformément à la loi islamique.
·
33,7% pensent que seul l’islam est capable de résoudre les problèmes de
notre temps.
Selon 26,1%, les femmes dans des pays comme la Suisse ont beaucoup trop de
libertés.
·
29,3% trouvent le style de vie des gens du monde occidental répugnant
(notamment porter des vêtements coûteux ou une sexualité déclarée).
·
26,1% pensent que l'islam est la seule vraie religion et que toutes les
autres valent moins.
·
42,6% pensent qu'il n'y a plus de moral dans les pays occidentaux.
·
60,9% des jeunes musulmans pensent qu'il y a de la violence et de la guerre
dans les pays islamiques uniquement parce que le monde occidental les
exploite et les opprime.
·
63,4% pensent que les musulmans sont opprimés par l'Occident.
Seulement 5,9% des adolescents déclarent qu’ils sont d'accord pour être
battus parce qu'ils ne sont pas musulmans.
L'avocat
zurichois Emrah Erken, qui
montre sur la page Facebook "Avant la charia tout
gâchée" dans de nombreux pays musulmans avant le retour des normes
sociopolitiques de la charia, a déclaré: "En Suisse, il existe des
musulmans très différents et structures sociales. Certains d'entre eux
rejettent les valeurs occidentales et les considèrent comme inférieures aux
valeurs islamiques ".
Il
a une opinion claire sur les jeunes musulmans qui veulent la charia en Suisse:
"Les jeunes qui expriment de tels points de vue sont clairement des
extrémistes. Puisque tout le monde sait que les musulmans constituent une
petite minorité en Europe, une introduction généralisée de la charia ne
pourrait se faire que par la violence. Les adolescents qui font de telles
demandes l'accepteront probablement au moins comme une approbation. Les
conséquences seraient également recherchées. »
Quiconque
voudra utiliser le programme complet de la charia rejettera de force les
valeurs occidentales: "Si nous examinons les règles, elles sont en partie
et, à mon avis, dans des domaines sensibles en opposition totale avec les
valeurs qui existent dans nos sociétés libérales occidentales. C’est le cas,
par exemple, de l’égalité des sexes (les héritiers masculins en reçoivent deux
fois plus), de l’égalité humaine (les musulmans valent plus que les
non-croyants), de la liberté de religion (n’existent pas en Islam) ou de la
moralité sexuelle de l’islam ( code vestimentaire).
Avocat
Erken dans les écoles: "Nous devrions commencer
dès que possible les valeurs occidentales de nos enfants, la Constitution,
l’importance de l’égalité des sexes et de la démocratie, constitue la plus
grande occasion d’inspirer les jeunes musulmans pour une vision du monde
occidental." Il était troublé par le fait que certains hommes politiques
viseraient exactement le contraire: "La reconnaissance de l’islam va trop
loin et fait le contraire. Les associations islamiques, qui ont souvent des
vues conservatrices et représentent des valeurs anti-occidentales, gagnent en
influence. Cela concerne notamment l'éducation des enfants musulmans. »
Le
résultat de l'étude ne surprend pas Farhad Afshar, président de la Coordination des organisations
islamiques en Suisse. "Depuis 20 ans, l'Arabie saoudite a consacré des
milliards de dollars à la propagation du wahhabisme." À la suite de
l'infiltration, des imams étrangers diffusaient des enseignements radicaux.
"C'est comme ça qu'ils entrent dans la tête des étudiants."
Contrairement
à Erken, il plaide en faveur d'une reconnaissance
publique de l'islam: le fait que l'islam ne soit pas reconnu en Suisse entraîne
une dépendance à l'égard des pays étrangers. "Les organisations musulmanes
n'ont pas de ressources et sont débordées." Afshar
appelle les écoles à agir: "La xénophobie est en augmentation en Europe.
Il faut beaucoup plus de leçons pour éclairer les différentes religions.
Pour
le président des enseignants, Beat Zemp, cette étude
n’est qu’un aperçu à mettre en perspective: "De nombreux jeunes de cet âge
remettent fondamentalement en question les valeurs universellement valables de
la société. Cela fait partie du processus de développement. La plupart des
jeunes qui ont lutté contre l'art et le capitalisme établis dans les années 80
lors de crunches à l'opéra sont maintenant des professionnels bien payés et se
traitent parfois comme des événements culturels. "
Cependant,
il pense qu’une partie importante de la jeunesse islamique voulait transmettre
la charia au système juridique suisse: "Cela pourrait aussi être une
réaction à la propagande populiste contre l’islam en tant que religion. Parce
que les jeunes alors affectés réagissent avec une attitude plus radicale à
l’égard des valeurs occidentales ", a déclaré Zemp.
"C'est pourquoi nous devons renforcer l'éducation politique dans les
écoles et mettre l'accent sur les avantages de notre système juridique sans
pour autant diaboliser l'islam." Cela a été négligé parce qu'il n'y a pas
eu de leçon à tirer. "Mais avec le programme 21, cela va changer. Des
sujets tels que <Education politique> et <Education pour le développement durable> traitent
exactement de ces sujets. »
Sondage du JDD sur l'islam en France : l'échec de l'intégration
culturelle
Par Frédéric
Saint Clair
Publié le
19/09/2016 à 12:14
·
FIGAROVOX/TRIBUNE - Le JDD publie une enquête sur
le rapport des musulmans à la laïcité et à la République. Pour Frédéric Saint
Clair, les chiffres de cette étude révèlent une sociologie inquiétante de
l'islam en France.
Frédéric
Saint Clair est analyste en stratégie et en communication politique. Il a été
chargé de mission auprès du Premier ministre Dominique de Villepin. Son
livre, La refondation de la droite, vient de paraître aux éditions Salvator.
Une bombe! L'enquête publiée par le JDD ce dimanche
a fait l'effet d'une bombe, et, autant dire que les secousses ne sont pas
prêtes de s'estomper. Les chiffres révèlent une sociologie de l'islam en France
que beaucoup d'idéologues préféraient nier car ils mettent à mal leur désir de
construction d'une société multiculturelle apaisée. Ces chiffres sont pourtant
utiles. Car la France qui s'enorgueillit d'être le pays des Lumières, c'est à
dire celle du raisonnement et du discernement, celle du positivisme, de la
pensée scientifique, produit des statistiques sur toutes sortes d'objets,
d'individus, de catégories sociales, professionnelles, sanitaires, etc., mais
refuse d'ouvrir les yeux sur la réalité ethnico-religieuse de sa population. En
résulte des tensions sociales de plus en plus fortes, et une coupure entre une
population sans cesse confrontée à la réalité et une élite déconnectée qui nie
cette réalité sous prétexte de préserver la paix civile.
Notons, en préambule, un point extrêmement
important. L'Institut Montaigne a fait preuve d'un grand discernement, et l'Ifop qui a réalisé le sondage également: pas de mélange
entre islam et islamisme terroriste. Cette étude s'intéresse à la sociologie
des musulmans de France ; elle évacue l'ersatz perturbateur qui ensanglante
notre pays. Pas d'amalgame donc. Le constat est clairement posé, il concerne la
vie civile. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que cette enquête est
détonante, car elle est centrée sur la partie des musulmans qui sont
ordinairement qualifiés de «modérés», et non sur la partie radicalisée violente
qui commet les attentats, et qui, de l'avis de tous, n'a rien de commun avec
l'islam.
Parmi ces musulmans que la gauche bien-pensante
qualifie de «modérés» et de «respectueux des valeurs de la République», 29%
estiment que la loi islamique, la charia, est plus importante que la loi de la
République. Près du tiers. Ce chiffre est considérable ; c'est une gifle à tous
les idéologues qui accablent les ondes de leurs discours lénifiants depuis près
de deux ans. Nous lisons également que parmi ces musulmans qui ont été
qualifiés de modérés, 25% des hommes et 44% des femmes refusent de se rendre
dans une piscine mixte ; 23% des hommes et 41% des femmes refusent de faire la
bise à une femme/un homme. On apprend également que 60% des musulmans estiment
que les filles devraient avoir le droit de porter le voile au collège et au
lycée ; c'est à dire que 60% des musulmans estiment que cette loi de 2004 qui
sanctuarise l'école du point de vue de la laïcité et qui est si importante pour
les français est en fait contraire à leur inclination naturelle. Ces chiffres
disent aux hérauts de l'intégration et du multiculturalisme la chose suivante:
Votre modèle ne marche pas! Non seulement les Français n'en veulent pas, mais
les musulmans non plus. Vous croyez que les musulmans s'intègrent au modèle
occidental, mais la vérité c'est qu'ils s'y sentent mal à l'aise, et qu'une proportion
importante d'entre eux le rejette radicalement.
Nous avons, dans l'ouvrage qui vient de
paraître, La refondation de la droite , refusé de souscrire au mythe de cette «grande
majorité de musulmans modérés respectueux des valeurs de la République»,
préférant repenser la répartition des musulmans de France sous trois
catégories: sécularisés, modérés et orthodoxes, cette dernière catégorie
concernant ceux qui estiment devoir extérioriser leur foi, d'une manière ou
d'une autre, par un signe religieux. Nous n'avions cependant pas de chiffre à
produire pour chaque catégorie. L'Institut Montaigne et Ifop
les offrent. Ils reprennent la catégorie des sécularisés (à l'intérieure de
laquelle ils incluent les modérés) et l'estiment à 46%. Ils découpent les
orthodoxes en deux catégories: les «fiers de leur religion» ou «islamic pride» et les «ultras»,
qui comptent respectivement pour 25% et 28%, soit 53%. Par ce chiffre, ils
expliquent le sentiment de malaise de la population française qui voit,
impuissante, les voiles de toutes tailles se multiplier dans les rues de ses
villes, hidjab, jilbab, abaya, sans que le pouvoir politique s'en soucie le
moins du monde. Plus de la majorité des musulmans - ce qui est gigantesque et
contraire à tout ce qui a été répété dans les média
jusqu'à aujourd'hui - revendique l'expression de leur foi dans l'espace public.
C'est à dire que plus de la majorité des musulmans estiment que l'expression de
leur foi mérite d'être affichée, au mépris à la fois de l'esprit de la laïcité,
et surtout au mépris de la tradition française qui n'a jamais été fécondée par
le culte islamique, qui est étrangère historiquement et culturellement à ce
culte.
Si ces chiffres sont intéressants c'est qu'ils
évacuent la notion de trouble à l'ordre public, comme l'affaire du burkini
avait semblé le suggérer, et d'instrumentation salafiste qui fleurit ici ou là
depuis quelque temps, et recentrent la question islamique autour de ce qu'elle
est majoritairement: un problème d'intégration culturelle. Ces chiffres
attestent que des individus de culture musulmane se révèlent, dans des
proportions non négligeables - puisque les chiffres oscillent entre 29% et 53%
- en décalage voire opposé à la culture du pays d'accueil. Ces chiffres
montrent par ailleurs, de manière dépassionnée, que le soi-disant rejet de
l'islam par les français - accusés régulièrement d'islamophobie - n'est que peu
de chose en comparaison du rejet de la culture, des traditions, de l'héritage
français, et parfois de la loi républicaine, par cette fraction des musulmans
oscillant entre 29% et 53%, c'est à dire supérieure au million d'individus.
Ceci devrait inciter nos dirigeants politiques à reconsidérer à la fois leur
modèle d'intégration, manifestement en échec, et leurs politiques d'immigration
; car le défaut de prise en compte de la dimension conservatrice, indispensable
dans l'évaluation de la capacité des entrants à embrasser la culture
occidentale, se révèle aujourd'hui avec force
Musulmans de France: pour 29% des sondés, la charia
est plus importante que la loi de la République
18/09/2016
à 10h52
https://www.bfmtv.com/societe/islam-francais-un-rapport-accablant-1038242.html
Un
rapport inédit esquisse un portrait et une réorganisation de "l'islam
français" - Patrick Kovarik - AFP
"Un
islam français est possible", tel est le nom d'une étude inédite, dévoilée
ce dimanche par le JDD et l'AFP. Si elle bat en brèche plusieurs
clichés négatifs, certains chiffres inquiètent. Ainsi, 28% des interrogés
adoptent des valeurs jugées "incompatibles" avec celles de la
République.
Un
rapport esquisse un portrait des musulmans de France à rebours de certaines
idées reçues et esquisse des pistes de réorganisation de "l'islam
français", afin de le couper des influences étrangères et de mieux l'armer
face au fondamentalisme.
Cette étude de
l'Institut Montaigne, "think
tank" d'obédience libérale, a été publiée ce dimanche par le JDD et transmise à
l'Agence France-Presse (AFP). Elle s'adosse à une enquête
"inédite" de l'Ifop*, réalisée alors que la
vague d'attentats jihadistes depuis 2015 et l'approche de la présidentielle
enflamment les débats sur la place
de l'islam.
Le
rapport, intitulé "Un islam français est possible", avance que les
musulmans comptent pour 5,6% des habitants de métropole, soit un pourcentage
"moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres
fantaisistes", souligne en avant-propos Hakim El Karoui,
ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et ex-président de
l'Institut des cultures d'islam. Mais ils sont 10% des moins de 25 ans,
"signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès
des jeunes générations".
Surreprésentés
dans les milieux populaires ou éloignés de l'emploi, les musulmans interrogés -
aux trois quarts de nationalité française - se hissent pourtant à des niveaux
de qualification proches de la moyenne nationale.*
Quelle
est leur religiosité? L'Ifop a calculé que 46% sont
"soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur
intégration" sans renier leur religion. Un deuxième groupe, représentant
25%, est plus pieux et plus identitaire tout en rejetant le voile intégral.
Le
dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des
croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux
valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société".
Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus
disposés à adhérer à ce modèle.
Dans
le détail, comme le met en exergue Le JDD, 29% des interrogés se sont également déclarés
"d'accord" à l'affirmation suivante: "La loi islamique (charia)
est plus importante que la loi de la République".
Mais
une écrasante majorité des musulmans interrogés ne refusent pas la mixité,
acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) ou de serrer la main d'une
personne (88%) du sexe opposé.
Côté pratiques, la première est alimentaire: 70% des répondants
déclarent "toujours" acheter de la viande halal.
La
question du voile est plus clivante: si 65% se déclarent favorables au port du
foulard (et 24% à celui du niqab), seules 37% des personnes de culture
musulmane considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile
au collège et au lycée.
La
fréquentation des 2.500 mosquées est plus faible qu'on ne le pense souvent: 30%
du millier de musulmans interrogés ne s'y rendent jamais, et autant ne le font au
mieux que lors des grandes célébrations du ramadan.
En résumé, "la question sociale est la priorité des musulmans
interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires". Il
n'y a pas de "communautarisme musulman unique et organisé".
Et "pour éviter de tomber dans le piège tendu par les
extrémistes, le discours politique doit s'appuyer" notamment "sur la
majorité silencieuse, insérée avec succès dans la société française",
conclut le rapport.
En
outre, une nouvelle organisation de l'islam, "financée par de l'argent
français" et s'appuyant "sur des femmes et des hommes nouveaux",
est nécessaire, alors que le Conseil français du culte musulman (CFCM), symbole
d'un "islam des consulats", n'est vu comme représentatif que par...
9% des interrogés. Quand 37% se déclarent proches de l'islamologue Tariq
Ramadan, considéré comme proche de l'islam politique des Frères musulmans.
"Il
faut engager des changements profonds dans l'organisation de cette religion pour
lui donner les moyens de lutter contre le fondamentalisme religieux",
estime Hakim El Karoui, l'un des signataires du
récent "Appel des 41" musulmans décidés à prendre leurs
"responsabilités".
Le
rapport formule plusieurs recommandations censées y contribuer, comme la
nomination d'un "grand imam de France" pour exprimer une doctrine
républicaine, la création d'un secrétariat d'Etat aux
affaires religieuses et à la laïcité, ou encore un enseignement renforcé de
l'arabe à l'école publique.
*Ce sondage a
été conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane
(dont 874 se déclarant musulmanes), extraites d'un échantillon de 15.459
métropolitains âgés de 15 ans et plus.