Le 3 mars
2018, l'ambassade de France était attaquée, à Ouagadougou, ainsi que le siège
des armées. (photo d'illustration)
(AP Photo/ Ludivine Laniepce)
31 MAI
2020 Mise à jour 31.05.2020 à
17:41
"Ils (les
assaillants) ont fait irruption dans le marché sur des motos et ont commencé à
tirer, surtout sur les gens qui tentaient de fuir" a affirmé dimanche à
l'AFP un habitant, chiffrant le bilan à une "trentaine
de morts". "Un groupe (d'assaillants)
a procédé à des fouilles de ceux qui étaient restés sur place tandis qu’un
autre groupe a poursuivi ceux qui ont fui", a-t-il poursuivi.
"C’est difficile de
dire combien de personnes ont été tuées. Il y avait des corps au niveau du
marché, d’autres dans la brousse. Plus d’une trentaine de corps ont été
rassemblés hier", a témoigné un autre habitant, "sans
nouvelles" de son frère présent au marché lors de l’attaque.
Une source sécuritaire, qui s'est refusée à donner un bilan,
a confirmé que "l’attaque a été menée sur le marché de
bétail, qui se tient habituellement les samedis" par "des éléments des groupes armés terroristes
venus à bord de motocyclettes".
Un élu local de la province de Kompienga, parle de "plusieurs dizaines de morts, notamment des commerçants et
des habitants de la localité".
Cette attaque meurtrière survient après celle d'un convoi de
commerçants qui a fait 15 morts vendredi dans le Nord (Loroum) et a été
également attribuée à des groupes jihadistes.
L’Est et Nord du Burkina Faso sont les régions les plus
touchées du pays par les exactions jihadistes qui ont fait plus de 900 morts et
860.000 déplacés depuis cinq ans.
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l'ordre du
Burkina, pays pauvre d'Afrique de l'ouest, n'arrivent pas à enrayer la spirale
de violences jihadistes, malgré l'aide de forces étrangères, notamment de la
France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane.
Les violences jihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires,
qui touchent le centre du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au
Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l'ONU.
Ce lourd tribut payé par
les chrétiens du Burkina Faso
BILAN. Selon le
gouverneur de la région du Sahel, la nouvelle attaque qui a visé l'église du
village de Pansi, dans le nord-est, a
fait 24 morts et 18 blessés.
Publié le 17/02/2020 à
16:42 | Le Point.fr
Un
automobiliste passe devant une église à Ouahigouya, dans le nord du Burkina
Faso, en octobre 2018.
© Issouf
Sanogo / AFP
Dans la journée de dimanche, « un groupe armé terroriste » a
fait irruption dans le village de Pansi, dans la
province de Yagha (nord-est), et « a attaqué les paisibles populations de
la localité après les avoir bien identifiées et séparées des
non-résidents », a écrit le colonel Kaboré dans un communiqué
transmis à l'AFP.
Le précédent bilan de sources de sécurité, qui faisait état d'au
moins 10 tués dans cette attaque djihadiste présumée au moment du
culte dominical, est donc revu à la hausse. On dénombre désormais 24 morts
et 18 blessés. Pour l'heure, l'attaque n'a pas été revendiquée, mais
les groupes djihadistes sont pointés du doigt.
Une attaque à l'heure
du culte
« Les blessés ont été évacués à Sebba et
Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le
même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages
voisins », a ajouté le gouverneur. « Des recherches sont en cours
pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté. L'attaque de Pansi intervient quelques jours après celle perpétrée dans
la localité voisine de Sebba. Le 10 février, un
groupe armé avait fait irruption dans la ville, capitale de la province, avant
d'enlever sept personnes au domicile d'un pasteur. Trois jours plus tard, cinq
de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres,
des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.
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prospère-t-il autant ?
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des terroristes
Des assaillants,
selon les témoins, mais pas de revendications
Les attaques attribuées à des groupes djihadistes, contre les églises ou
des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina. L'église des
Assemblées de Dieu de Silgadji, dans la province du
Soum, les églises catholiques de Dablo et de Toulfé ou
encore l'église protestante d'Hantoukoura, à
l'est, font partie des cibles récentes.
D'après l'Index mondial de persécution des
chrétiens 2020 réalisé par l'ONG protestante Portes
ouvertes, les chrétiens subissent une « très forte persécution »
au Burkina Faso. Alors même que le pays est
réputé pour la sérénité avec laquelle vivent les différentes communautés religieuses
entre elles. « Le domaine de la violence a augmenté soudainement suite à une vague d'attentats terroristes visant
spécifiquement les chrétiens », affirme le rapport.
Des « assassinats » qui « ont traumatisé les communautés
chrétiennes, créant un climat d'insécurité et renforçant la pression dans tous
les domaines de vie », expliquent les auteurs. Aux côtés des
victimes chrétiennes s'ajoutent également plusieurs imams, assassinés
eux aussi par les djihadistes dans le nord du Burkina. Selon des sources
sécuritaires, ceux-ci étaient « considérés comme pas assez radicaux »
par les djihadistes ou « accusés de collaborer avec les autorités ».
Au total, en trois ans, les attaques
djihadistes au Burkina ont fait plus de 700 morts, selon un décompte
de l'AFP, et plus de 600 000 déplacés internes et réfugiés, d'après les
Nations unies.
Malgré l'aide militaire extérieure, le pays
peine à enrayer la spirale de violences dans laquelle il est pris depuis
fin 2015. Les conséquences humanitaires, elles, sont très lourdes.
D'après l'Unicef, près de 5 millions d'enfants auront besoin d'aide
humanitaire au Burkina, au Mali et au Niger,
les pays voisins touchés eux aussi par les attaques,
qui ont fait 4 000 morts.