Persécution des chrétiens

 

 

Algérie : Zoom sur l'Église persécutée

Publié le 24 mai 2019

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Église protestante en Algérie




L’émission Présence Protestante de France2 a diffusé le dimanche 19 mai un reportage sur la situation des chrétiens en Algérie. Ce documentaire très réaliste donne la parole à cette communauté souvent marginalisée par la société. Dans le documentaire «Les chemins de la Foi, Protestants d’Algérie» paru sur France2, Chris Huby, le réalisateur nous amène à la découverte d’hommes et de femmes de foi qui témoignent à cœur ouvert.On redécouvre les épreuves imposées aux chrétiens, comme l’explique dans le reportage Achida Aoudi, une banquière algérienne:«Je ne sais pas pourquoi, mais lorsqu’on choisit d’épouser une autre foi que l’islam on est perçu comme des étrangers.»Un autre témoignage, celui d’un algérien d’âge mûr se fait entendre comme un cri du cœur: «On en a marre d’être humilié et d’avoir honte parce qu’on prie notre Dieu, c’est le Dieu de la vérité!»

Dans son Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2019, Portes Ouvertes classe l’Algérie en 20e position. Depuis novembre 2017, l’association observe un regain de la pression administrative contre les églises de l’Église Protestante d’Algérie (EPA). Des propos qui sont relatés par différents pasteurs dans ce documentaire.

Par exemple, Moustafa Krim, pasteur dans une église en Kabylie et ancien président de l’EPA, témoigne à propos d’une église mise sous scellés: «On a fait des démarches en justice pour faire valoir nos droits(…) il n’y a pas de volonté politique pour rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. À deux reprises c’est passé en justice, le juge s’est déclaré incompétent et l’affaire est à la cour suprême depuis 5 ans. On attend toujours. Il n’y a toujours rien qui bouge et on ne sait pas comment cela finira.»L’ordonnance 06-03, une épée de Damoclès sur les chrétiensL’ordonnance 06-03 fixant les conditions et règles d’exercice des cultes autres que musulman adoptée en février 2006 restreint considérablement la liberté de religion des chrétiens: l’exercice de culte ne peut, par exemple, avoir lieu que dans des édifices destinés à cet effet.

Dans la pratique, les autorités n’ont presque jamais répondu aux demandes d’autorisations d’églises.Une réalité également reportée par le réalisateur, qui montre la détermination des chrétiens à continuer leur culte, quitte à se retrouver sous une grande tente, montée juste à côté de leur église qui a été fermée en juillet 2018 par ordre administratif. Un pasteur témoigne: «Quoi que tu te fasses, à la fin ton église n’est pas conforme. Ils ont un double discours. À l’extérieur ils disent qu’ils prennent soin des minorités mais ici on nous "matraque". Ils viennent à l’improviste, ils procèdent à la fermeture.»Des difficultés qui se sont multipliées depuis 5 ansLe gouvernement algérien décrit sa population comme étant «algérienne, musulmane et arabe».
  Les difficultés rencontrées dans la vie d’église se sont multipliées alors que la pression communautaire s’alourdit avec régularité.
La situation des chrétiens a clairement empiré depuis 5 ans.Dans le documentaire, Slimane Bouhafs, qui a fait de la prison et qui est désormais sorti témoigne de la dureté de la justice à son égard: «Le juge m’a dit: "Tais-toi!" Si on appliquait une loi juste dans ce pays, tu aurais été lapidé.»

 

 

Burkina Faso : six morts, dont un prêtre, dans une attaque contre une église

https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Burkina-Faso-six-morts-dont-pretre-attaque-contre-eglise-2019-05-12-1201021224

La Croix avec AFP, 
Le 12/05/2019 à 16:52 

 

Les attaques se multiplient ces dernières semaines au Burkina Faso.LUDIVINE LANIEPCE/AP

 

Un groupe d’une vingtaine d’hommes a tiré sur des fidèles pendant la messe, dimanche 12 mai dans une commune du nord du Burkina Faso.

 

Six personnes, dont un prêtre, ont été tuées dimanche 12 mai matin lors d’une attaque contre une église catholique à Dablo, commune de la province du Sanmatenga, dans le nord du Burkina Faso, a-t-on appris de sources locales et sécuritaires.
« Vers 9 heures, au cours de la messe, des individus armés ont fait irruption dans l’église catholique. Ils ont commencé à tirer alors que les fidèles essayaient de s’enfuir », a déclaré à l’AFP le maire de Dablo, Ousmane Zongo. Les assaillants « ont pu immobiliser certains fidèles. Ils ont tué cinq (personnes).
Le prêtre qui célébrait la messe a également été tué, portant à six le nombre de morts ». Selon une source sécuritaire, l’attaque a été menée par un « groupe d’hommes armés estimé entre vingt et trente ».

 

Au Burkina Faso, les attaques des djihadistes se multiplient

Explication 
Des hommes armés ont tué six personnes, dont un pasteur, à l’issue du culte dominical. Chrétiens et enseignants sont la cible des extrémistes.

Laurent Larcher


https://img.aws.la-croix.com/2019/04/29/1201018651/burkina-croix_0_278_284.jpg

C’était la fin de la matinée, le culte était presque fini, ce dimanche 28 avril, dans l’église protestante de Silgadji, à 60 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, dans le nord du Burkina Faso. C’est alors que des hommes armés, bondissant de leur moto, ont ouvert le feu dans l’assemblée, ne laissant aucune chance aux fidèles surpris en plein office. Le pasteur Pierre Ouedraogo, deux de ses fils et trois autres fidèles sont tués, selon la BBC, qui cite des autorités locales.

Les chrétiens de plus en plus ciblés :
Tuer des chrétiens pendant un office religieux est une première au Burkina Faso depuis le début de l’insurrection djihadiste, en 2015. Mais ce n’est pas la première fois qu’ils sont la victime des terroristes. Depuis quelques semaines, on assiste même à une multiplication des attaques contre eux. Le 17 mars, c’est l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, qui avait été enlevé. Selon les médias burkinabés, son cadavre aurait été retrouvé près de Djibo. Une information cependant démentie par Mgr Laurent Dabiré, évêque du diocèse de Dori.


« Les attaques djihadistes ont entraîné la fermeture de 216 écoles dans le nord du Burkina Faso »

« Les attaques djihadistes ont entraîné la fermeture de 216 écoles dans le nord du Burkina Faso »

 

Un mois plus tôt, le 15 février, c’est le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole qui a été tué lors d’une attaque armée à Nohao, dans le centre-est du Burkina. Et le P. Pierluigi Maccalli, membre italien de la Société des Missions africaines, a été enlevé le 17 septembre 2018. Le pasteur Pierre Boena, de Béléhouro avait également été enlevé puis remis en liberté, en juin 2018.Attaque contre les enseignantsCette attaque de l’église de Silgadji fait suite à celle de l’école de Maïtaougou, dans la province du Koulpélogo, dans la région du Centre-Est, vendredi 26 avril. Six personnes, dont cinq enseignants, ont été tués par des hommes armés venus, eux aussi, en moto. Depuis 2017, les enseignants sont directement visés par les djihadistes dans le nord du Burkina Faso.

Nouvelle tuerie dans le nord du Burkina Faso

 

 

Nouvelle tuerie dans le nord du Burkina Faso

 


« En s’attaquant aux écoles, ils s’en prennent à l’éducation, à ceux qui contrarient la diffusion de leurs idées et de leur mode de vie. Sans l’école, ils pensent que la population sera plus vulnérable à leurs idées et à leur conception du monde. Ils savent qu’une personne instruite et éclairée est plus difficilement manipulable qu’une personne sans éducation »
, expliquait à La Croix il y a quelques mois, Oumarou Traoré, inspecteur au ministère de l’éducation nationale du Burkina Faso et conseiller technique de l’association Asmae.

L’échec de l’opération Otapuanu

Cette série d’attaques survient après la vaste opération antiterroriste lancée par l’État burkinabé dans les régions de l’Est et du Centre-Est. Baptisée « Otapuanu » (foudre en gulmacéma, langue parlée dans la région de l’Est), cette opération s’était soldée officiellement par l’arrestation d’une centaine de djihadistes et par la mort de sept soldats, ainsi que la réouverture de plus de 200 écoles sur plus d’un millier fermé à la suite des menaces terroristes, dont l’école de Maïtaougou. Mais entre le 31 mars et le 2 avril déjà, 62 personnes dont un imam et son fils ont trouvé la mort lors d’une attaque djihadiste à la frontière du Mali.

Une étude avance que les  chrétiens seraient près de subir un « génocide »

Domitille Farret d'Astiès | 09 mai 2019
https://fr.aleteia.org/2019/05/09/un-rapport-britannique-avance-que-les-chretiens-dans-le-monde-seraient-pres-de-subir-un-genocide/

 
EGLISE PROFANEE

© ESB Professional - Shutterstock

Selon un rapport rédigé par Philip Mounstephen, l'évêque anglican de Truro (Royaume-Uni) et publié le 2 mai 2019, la religion chrétienne serait de loin la plus persécutée dans le monde puisque les chrétiens représenteraient 80% des croyants persécutés en raison de leur foi.

« On estime qu’un tiers de la population mondiale souffre d’une forme de persécution religieuse, les chrétiens étant le groupe le plus persécuté ». C’est ce que révèle la première version d’un rapport indépendant sur la persécution des chrétiens publiée le 2 mai dernier. Commandé par Jeremy Hunt, secrétaire d’État des Affaires étrangères au Royaume-Uni, sa rédaction a été dirigée par Philip Mounstephen, l’évêque anglican de Truro (Royaume-Uni). Et s’il ne s’agit que d’une version provisoire, elle met déjà le doigt sur des points fondamentaux. L’étude révèle que « la persécution fondée sur la foi religieuse est un phénomène mondial qui prend de l’ampleur et de l’intensité » et qui « pèse sur les sociétés du monde entier ». Selon le think thank américain Pew Research Center, en 2016, les chrétiens étaient ciblés dans 144 pays alors qu’ils ne l’étaient que dans 125 en 2015. Un chiffre à la hausse. Le niveau et la nature des persécutions à l’encontre des populations chrétiennes seraient même « sur le point de correspondre à la définition internationale du génocide, selon celle adoptée par l’ONU ».

« Supprimer toutes les preuves de la présence chrétienne »

Les persécutions touchent de nombreux pays comme ceux du Moyen-Orient mais aussi l’Inde, le Myanmar, l’Ouzbékistan. Au total, « environ 245 millions de chrétiens vivant dans les 50 plus grands pays » souffriraient « de persécution ou pire ». Si les types de persécutions sont variés — retrait des croix, destruction de bâtiments et de symboles de l’Église, meurtre et enlèvement de membres du clergé, emprisonnement, interdiction de se réunir entre chrétiens, déni du droit d’inhumation — ces actes manifestent « l’intention de supprimer toutes les preuves de la présence chrétienne », en particulier en Syrie, en Irak, en Égypte, au nord-est du Nigeria et aux Philippines où sévissent des groupes extrémistes. Nombre de ces actes ont pour conséquence l’exode des populations chrétiennes. Selon le rapport, « le christianisme risque maintenant d’être anéanti dans les régions du Moyen-Orient où ses racines remontent le plus loin ». Chiffres à l’appui : en Syrie, la population chrétienne est passée de 1,7 million en 2011 à moins de 450.000 tandis qu’en Irak, on est passé de 1,5 million de chrétiens avant 2003 à moins de 120.000 selon les dernières recensions. « Le christianisme risque de disparaître, ce qui représente un revers considérable pour la pluralité dans la région », indique le texte. L’étude se poursuivra au cours des deux prochains mois pour un rapport final publié au cours de l’été

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Un chrétien sur neuf est persécuté dans le monde

Par Thomas Oswald | 16 janvier 2019

https://fr.aleteia.org/2019/01/16/un-chretien-sur-neuf-est-persecute-dans-le-monde/

CHURCH ATTACK

STEFAN HEUNIS / AFP

Une église au Nigeria après une attaque.

L'association protestante Portes Ouvertes publie ce 16 janvier son Index mondial 2019 de persécution des chrétiens. Il met en évidence une aggravation des atteintes à la liberté religieuse.
Michel Varton, directeur de Portes Ouvertes France commente la sortie de l’Index mondial de persécution des chrétiens 2019 : « Les persécutions contre les chrétiens s’aggravent pour la septième année consécutive ! Si l’on devait les comparer à un lac, il se serait à la fois élargi et approfondi ». D’après cet Index, en 2018, quelque 245 millions de chrétiens auraient été « fortement persécutés » en raison de leur foi, soit un chrétien sur neuf. Globalement, l’indice de persécution établi par l’ONG augmente de 2,7% entre 2018 et 2019.

Aggravation rapide en Afrique

Le « lac » dépasse manifestement ses frontières habituelles notamment en Afrique, où de plus en plus de pays sont touchés par l’extension d’un islam radical et intolérant. C’est notamment le cas au Mali, au Niger et en Centrafrique. Le Nigeria, quant à lui, connaît une explosion de violence dans un contexte de conflit entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs chrétiens.

NIGERIA CONFLICT MUSLIM CHRISTIAN FARMS

PIUS UTOMI EKPEI / AFP

Des dizaines de cercueils alignés sur une place de la capitale de l'État de Benue, au Nigeria.

 

3.731 chrétiens ont été tués en raison de leur foi en 2018, contre 2.000 en 2017. Encore ces nombres ne concernent-ils que les faits attestés et vérifiables, prévient l’équipe de Portes Ouvertes présentant l’Index. En effet, le nombre de chrétiens assassinés en raison de leur foi serait supérieur.

Dans beaucoup de pays abonnés aux places de cancres de l’Index annuel, les organismes internationaux rencontrent de grandes difficultés à chiffrer les exactions. À commencer par la Corée du Nord, où résideraient entre 200.000 et 400.000 chrétiens, toujours selon Portes Ouvertes. Numéro un des pays les plus répressifs depuis 18 ans, il ne connaît pas d’ouverture sur le plan intérieur, malgré les récents échanges encourageants avec la Corée du Sud.


Chine et Inde, leviers de la persécution religieuse

Mais les deux pays qui « creusent le lit du lac » continue Michel Varton sont les deux plus peuplés au monde, l’Inde et la Chine. Le christianisme y est vu comme un élément étranger à l’identité nationale, qu’il convient de réprimer, voire d’éradiquer. Portes Ouvertes dit avoir cessé de présenter les visages des chrétiens indiens qui témoignent sur son site web.

CHINESE CATHOLIC CHURCH


Zhao Jianpeng | Imaginechina | AFP :  
Une église en Chine.

Le gouvernement indien, géré par les nationalistes hindous du parti BJP, emploie d’après elle le traçage biométrique pour retrouver les chrétiens. Les prochaines élections, en mai-juin 2019, apportent peu d’espoir de changement, puisque le parti au pouvoir est en tête des sondages. Sans compter que des chrétiens constatent avoir été gommés des listes électorales.

Il y aurait pourtant une façon optimiste de lire cet Index alarmant, à savoir que si beaucoup de chrétiens sont persécutés en raison de leur foi, c’est parce qu’ils sont de plus en plus nombreux. Cette argumentation pourrait par exemple se fonder sur les étonnantes réussites des Églises protestantes en Iran et en Algérie où des dizaines de milliers d’anciens musulmans se tournent vers le Christ.

 

Des signes d’espoir

Pourtant, prévient Claire Lacroix, la responsable de l’information de Portes Ouvertes France, « cette vision optimiste est démentie par plusieurs exemples, comme celui de la Somalie. Ce pays, que nous classons à la troisième place de notre Index, derrière l’Afghanistan et la Corée du Nord, ne connaît aucune augmentation du nombre de chrétiens, mais ils sont encore plus persécutés qu’auparavant ! »


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Toutefois, des signes d’espoirs viennent, d’une façon inattendue, du Moyen-Orient. En Égypte et en Irak, la situation des chrétiens s’est sensiblement améliorée, selon les évaluations des équipes de Portes Ouvertes. Mais comme le conclut Claire Lacroix : « Le meilleur espoir ne réside pas dans des chiffres, mais dans des témoignages tels que celui de Samiha Tafik ». Cette Copte a été défigurée par l’explosion d’une bombe au Caire, mais elle parcourt le monde pour délivrer son message de paix : « Je ne veux pas me venger. Je prie pour les responsables de cette explosion, que Dieu leur montre le chemin. »

 

Quand un touareg rencontre Jésus

Sylvain Dorient | 26 novembre 2018

https://fr.aleteia.org/2018/11/26/quand-un-touareg-rencontre-jesus/

Moussa a livré son témoignage lors de la présentation du rapport de l'AED sur la liberté religieuse dans le monde.

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Musulman radical, qui avait choisi la voie du djihad, Moussa a été converti par une rencontre avec un chrétien qu'il était sur le point d'assassiner.

Voici son témoignage.


La lumière du jour permettait de lire le Coran, la nuit m’obligeait à exercer ma mémoire, alors que je le récitais, du fonds de ma tente. Il n’y avait aucun doute que la succession du soleil et des étoiles sur le désert, où progressaient nos dromadaires de leurs pas chaloupés avait été organisée par Dieu lui-même dans ce but. Dieu nous enseignait, Dieu éprouvait notre foi. À 6 ans, je connaissais les textes sacrés par cœur.

Dieu dirigeait nos troupeaux dans ma région natale, du nord du Mali, et j’étais dans sa main. Moi, Moussa, le fils aîné d’un dignitaire, d’un imam très respecté, qui avait un rôle prépondérant dans notre communauté de quelques centaines de Touaregs. Ensemble, nous parcourions notre terre selon un rythme immémorial. J’allais prendre la succession de mon père aussi sûrement que nous trouvions notre chemin sur les pistes du Sahel.


 

Dans cet univers inébranlable, une rumeur terrible couru de tente en tente. L’un des notre, Alou avait trahi Dieu. Il avait rejoint les chrétiens ! Je le connaissais un peu, bien qu’il ne fût pas de mon campement. La nouvelle de sa trahison avait été colportée par sa propre famille, qui demandait haut et fort à tout bon musulman de débarrasser le monde de cet apostat. Cette histoire me pesait. Elle intervenait parfois à l’improviste, dérangeant le cours de mes cinq prières de musulmans, que je récitais fidèlement.

Départ en djihad

J’avais seize ans. Il était quatre heures du matin, l’heure de la première prière, et nous étions réunis avec mes pairs, honorant Dieu. Sa présence était aussi évidente que celle des étoiles qui semblaient proches à nous toucher. Devant la majesté de la Création, le souvenir de la trahison d’Alou me gifla. C’était comme une tâche au milieu de la splendeur divine. Je pris la résolution de l’effacer. J’allais prendre la voie du djihad, et envoyer l’apostat en enfer.
C’était une affaire entre Allah et moi. Je suis parti seul, le matin même, avec le pistolet que je m’étais acheté à l’âge de 14 ans. Je partais pour la ville, car je savais que j’y trouverai Alou. Il y avait 400 km à parcourir, que je faisais à pied. Pour les Touaregs, les moyens de transports et les chameaux sont réservés aux enfants et aux vieux. Arrivée à la ville, je dû prendre le bus pour la première fois, afin de trouver la maison de mon oncle, car je ne savais pas m’orienter dans l’environnement urbain. J’ai vécu chez lui, et j’allais à l’école, mais en même temps, je me renseignais pour trouver l’apostat.Je finis par apprendre qu’Alou lui aussi étudiait, dans une mission. Je l’ai attendu devant la porte. Quand il en est sorti, il m’a salué, et m’a laissé l’emmener à l’écart. Il m’a dit : « Je sais ce que tu veux faire. Tu veux me forcer à prononcer la chahada (profession de foi islamique). Et si je ne le fais pas tu vas me tuer. » Je n’avais même pas encore sorti mon pistolet. Il a continué : « C’est le mieux que tu puisses faire pour moi, me tuer. Tu vas me confirmer dans ma foi. » J’étais coincé, piégé, et il m’a dit : « Avant cela, je veux que tu saches qu’il y a quelqu’un qui t’aime. C’est Issa. »Je connaissais Issa, Jésus en arabe, grand prophète du Coran, mais il m’a parlé de lui en des termes très étranges. Son Issa donnait sa vie pour nous, comme un martyr. Son discours me plongeait dans la perplexité, et il le voyait. Il m’a dit pour conclure : « Écoute, repense à tout ça, et revient me voir »

 

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De retour chez mon oncle, je me mis à vivre dans le doute. J’ai cessé de prêcher, moi qui étais très écouté à la mosquée, en tant que fils de dignitaire. Je négligeais ma prière. Mon oncle est venu me voir et m’a demandé ce qui n’allait pas. J’ai répondu que je ne croyais plus en Dieu, et il est entré dans une colère terrible : « Comme tu portes le même nom que mon père, je ne vais pas te tuer. Sors de chez moi ! Je vais dire à ta famille que tu es devenu chrétien ! »

Rejeté par les siensJ’ai pris le chemin du retour et j’ai fini par retrouver ma famille, après être passé de campement en campement. Le soir, on prépara un grand feu. Je m’en réjouissais car c’était synonyme de célébrations, mais je vis vite que l’ambiance n’était pas à la fête. Mes parents, oncles, grands-parents, 200 personnes en tout m’entouraient. Le grand père à pris la parole :

« Est-ce que c’est vrai que tu as embrassé la religion des blancs ?
-Non, je ne crois plus en Dieu, c’est tout.
-Prononce la chahada !
-Non, je ne crois plus ! »Les hommes ont fondu sur moi, m’ont déshabillé et ligoté à un arbre.

Je porte encore la marque des liens sur mes poignets. Je suis resté là dans le froid de la nuit pendant 5 jours. Le cinquième jour, à six heures du matin, un cousin a coupé mes liens et m’a donné un pantalon. Il m’a dit :
" Ils vont te tuer, fuit ! Mais ne passe pas par les campements Touaregs."

Je suis parti, logeant chez des Peuls, et je suis retourné à l’école de la ville. Je dormais sur un banc et mangeais à la cantine.

Mystérieux bienfaiteursInexplicablement, je recevais des lettres à l’école. Elles contenaient des documents de l’Aide à l’Église en Détresse qui m’apprenaient les souffrances de chrétiens dans le monde. Des souffrances qui ressemblaient aux miennes, et cela me touchait.

J’ai rencontré Jésus souffrant pour nous pendant cette période, avant même d’avoir accès aux Évangiles.


Un jour, une belle voiture s’est arrêtée à ma hauteur et une femme blanche que je ne connaissais pas m’a dit :
« Venez avec vous, votre famille vous a trouvé et ils vont vous tuer ».
Je suis parti dans la voiture, qui m’a conduit à l’ambassade de la Suisse au Mali. L’ambassadrice en personne m’a permis d’obtenir un passeport diplomatique pour fuir mon pays. Je fus merveilleusement accueilli en Suisse, et découvrais une Église qui priait pour les chrétiens persécutés, et qui se démenait pour eux. Je l’ai rejointe, et je suis retourné au Mali dès que j’ai pu, afin de devenir à mon tour un missionnaire.

Comme ceux qui m’avaient aidé clandestinement, et avec une parfaite discrétion, quand j’étais moi-même dans le besoin.

Ma vie ne m’appartenait plus. Je pouvais être tué à tout moment, aussi j’ai décidé de ne pas me marier pour ne pas laisser de veuve et d’orphelin. Au Mali, j’ai travaillé comme éducateur, et j’ai envoyé mon premier salaire à mes parents, comme le veut la coutume chez nous.
Mais l’argent m’est revenu. Ma mère m’a écrit que j’étais mort pour eux. Cela a été une souffrance terrible, qui m’affecte encore. Tous les soirs, je prie pour eux, et tous les soirs je leur pardonne, depuis vingt-cinq ans.

 

Carte : les pays qui persécutent les chrétions

https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens

 

Persécution des chrétiens dans le monde