Pascal Praud réagit aux menaces portées contre lui par des rappeurs
VIDÉO. Insulté et violemment
ciblé dans un clip des rappeurs Sneazzy et Nekfeu, le journaliste ne devrait pas
porter plainte pour éviter d'alimenter la polémique.
Garder son sang-froid face à la bêtise et l'intolérable. Voilà la ligne de
conduite choisie par Pascal Praud après avoir découvert avec stupéfaction qu'il
était la cible de paroles menaçantes dans le dernier clip « Zéro détail » des
rappeurs Sneazzy et Nekfeu. « Les journalistes salissent l'islam/ sont amateurs
comme Pascal Praud », lancent notamment les deux anciens du groupe 1995. Avant
de franchir la ligne jaune : « Ça mérite une balle dans le cervelet, le canon au
fond de la bouche. » L'intéressé est tombé des nues en entendant de tels propos.
Adepte du parler vrai, animateur de L'Heure
des pros sur CNews,
Pascal Praud est connu pour ne pas manier la langue de bois, mais de là à
susciter de telles réactions haineuses… « C'est une méthode de discussion assez
expéditive qu'ils me proposent là », a-t-il réagi lundi matin dans son émission,
en confiant qu'il avait reçu « une tonne de SMS de personnes qui ont témoigné
leur soutien et leur affection ». Plusieurs journalistes ont en effet
officiellement manifesté leur solidarité avec notre confrère, à l'image de
Philippe Corbé de RTL, Ivan Rioufol du Figaro,
Jean-Michel Aphatie, Françoise Laborde, Éric Naulleau, tous condamnant cet appel
au meurtre glissé dans un morceau de musique.
Nekfeu récidive
Le
plus intolérable dans cette histoire, c'est de voir Nekfeu récidiver dans
l'outrance : il avait déjà appelé
en 2013 à un « autodafé
pour ces chiens de Charlie
Hebdo » dans
un refrain, soit deux ans avant les attentats contre le journal. Le rappeur
avait par la suite exprimé son malaise et ses regrets, mais cette nouvelle
violence verbale prouve qu'il a du mal à tirer les leçons du passé… De son côté,
Pascal Praud disait hésiter sur la suite à donner. « On me dit que ces paroles
tombent sous le coup de la loi et que les menaces de mort proférées sont punies
sévèrement par 5 ans de prison et 45 000 euros d'amende, expliquait-il sur le
plateau de L'Heure
des pros. J'ai
deux positions possibles, la première est de dire qu'on n'en parle pas, car ce
serait faire de la publicité à ces gens-là et ça n'en vaut pas la peine. La
deuxième est de dire qu'il ne faut pas laisser passer ça. Dans les deux options,
il y a des arguments qui se défendent… » C'est finalement la première option qui
risque de l'emporter. Comme le journaliste l'a confié à Télé
Loisirs, il
ne devrait pas personnellement porter plainte contre les deux rappeurs, pour
éviter « de leur faire de la pub » et alimenter la polémique. En espérant juste
que la justice se saisisse elle-même de l'affaire, comme cela avait été le cas
lorsque Alain Finkielkraut avait été violemment insulté l'an dernier en marge
d'une manifestation des Gilets jaunes – le parquet avait ouvert une enquête pour
« injure publique ». Le groupe Canal+, qui évoque des « mots terribles »,
pourrait également porter l'affaire devant la justice.
Menaces contre Pascal Praud : le parquet ouvre une enquête.
Une enquête a été ouverte après la diffusion d'un titre de Sneazzy dans lequel
il menace l'animateur et les policiers. Le rappeur plaide la mauvaise
interprétation.
Ça sent le roussi pour Sneazzy et Nekfeu qui ont violemment ciblé les forces de
l'ordre et le journaliste Pascal Praud dans leur clip au titre évocateur Zéro
détail… Selon L'Express,
le parquet a ouvert une enquête pour « provocation non suivie d'effets à la
commission d'un crime ou d'un délit par moyen de communication au public par
voie électronique ». Dès samedi, après les premières diffusions du clip, les
investigations auraient été confiées à la brigade de la répression de la
délinquance contre la personne, précise le magazine.Dans leur nouveau
titre, les deux rappeurs n'ont pas fait dans la dentelle : « Les hommes en bleu
sèment la terreur/n'ont aucun cœur comme collabo/Les journalistes salissent
l'islam sont amateurs comme Pascal Praud/Ça mérite une balle dans le cervelet/le
canon au fond de la bouche/J'suis musulman et fier de l'être/On va jamais
m'traîner dans la boue. ». Sans oublier une insulte à l'adresse de Pascal Praud,
traité de « salope » par Nekfeu quand son nom est scandé…
Sneazzy, l'auteur incompris
On n'a pas saisi le vrai message, a expliqué, après coup, Sneazzy pour tenter
d'éteindre l'incendie… « Je suis rappeur, je jongle avec les mots/maux pour
faire passer des messages et des émotions personnelles à travers des
punchlines », a-t-il expliqué sur son compte Twitter. Et de se lancer dans une
explication fumeuse en affirmant que le « ça » de sa fameuse phrase « Ça mérite
une balle dans le cervelet » ne faisait pas référence à l'action des policiers
ni à celle de Pascal Praud, mais renvoyait, en réalité, à sa religion, l'islam.
« J'exprime ici la haine qui peut exister contre les musulmans et la volonté de
les faire taire, le tout imaginé par la métaphore de la balle dans le cervelet
(pour dire n'y pensez plus) et du canon dans la bouche (pour dire ne parlez
plus) ». Bref, d'agresseur le voilà soudain victime d'un mauvais buzz, fondé sur
l'incompréhension de son œuvre.À ce stade-là, soit Sneazzy tente de
se raccrocher aux branches par tous les moyens, soit il n'a pas su traduire
clairement sa pensée en chanson. Ce sera à la justice de trancher et de donner
une suite ou non à la diffusion de ce texte pour le moins litigieux.En
attendant, Universal Music, qui a l'habitude de lire et de comprendre des
chansons, a envoyé un rappel à l'ordre à son artiste Nekfeu, invité dans le
clip, en lui faisant savoir que les paroles de Sneazzy étaient
« inadmissibles », a rapporté un porte-parole au Figaro. Quant au fameux
clip, YouTube a décidé de le supprimer des plateformes pour non-respect des
règles concernant le harcèlement ou l'intimidation.
Blanquer : « Nous devons nous organiser face aux adversaires de la laïcité »
Le ministre de l'Éducation nationale assistait lundi à la présentation du livre
#JeSuisMila #JeSuisCharlie #NousSommesLaRépublique, préfacé par Zineb El
Rhazoui.
À peine l'affaire
Mila, du nom de cette jeune fille menacée et déscolarisée pour avoir
critiqué l'islam, avait-elle éclaté, que la
militante associative Zohra Bitan prenait l'initiative de mobiliser
en une quinzaine de jours une cinquantaine de personnalités, pas toutes
françaises, pour défendre la laïcité et la liberté d'expression. Lundi soir, les
éditions Seramis présentaient #JeSuisMila #JeSuisCharlie
#NousSommesLaRépublique, un ouvrage préfacé par Zineb El Rhazoui (*). « Par
ce livre, nous disons à Mila et à tous ceux qui pensent comme elle qu'ils ne
sont pas seuls, que leur liberté est notre sacerdoce », écrit la journaliste et
essayiste.Jean-Michel Blanquer s'est invité lundi soir à cette petite
réception qui réunissait une cinquantaine de personnes. « Nos adversaires sont
organisés. Malgré leur faiblesse intellectuelle, ils ne cessent de gagner du
terrain, dans les milieux culturels, dans les milieux universitaires, dans les
milieux médiatiques. Nous devons nous aussi nous organiser face aux adversaires
de la laïcité. L'heure n'est plus à la défensive, comme si nous étions
minoritaires, mais à l'offensive », a lancé le ministre de l'Éducation
nationale, martelant qu'il n'avait « aucun respect pour les positions d'en
face ». Lire aussi Affaire
Mila : « Qu'elle ne compte pas sur nous ! »
L'argent du Qatar contre la laïcité
Jean-Michel Blanquer a toutefois reconnu que les adversaires de la laïcité sont
très nombreux à l'échelle mondiale. Qu'il s'agisse du Qatar et de son argent,
comme de certaines universités américaines qui défendent la pensée
« décoloniale ». Selon la chercheuse Sylvie Taussig, la « colonialité » serait,
pour ces universitaires, « le maintien d'une inégalité sociale et culturelle sur
une population au-delà de la décolonisation et l'intériorisation de cette
prétendue infériorité ». Pour certains universitaires américains, l'islam serait
même devenu le « décolonisateur » du monde. Le ministre a également dénoncé
certains programmes subventionnés par l'Union européenne, alors qu'ils font la
promotion d'« idées communautaristes ».Évoquant le calvaire enduré
par Mila à 16 ans, Zineb El Rhazoui lâche : « Des hommes et des femmes
politiques ont préféré souligner sa prétendue vulgarité pour ne pas avoir à
reconnaître que la terreur meurtrière de l'islam s'abat sur toute personne qui
ose rappeler qu'il ne s'agit pas d'une religion de paix et d'amour comme il est
devenu de bon ton de déclamer. » Parmi les auteurs, le philosophe Pascal
Bruckner, le médecin urgentiste Patrick Pelloux, l'éditeur François
Saint-Exupéry ont participé à la rédaction de cet ouvrage.
Née
dans une famille maghrébine, la Belge Fadila Maaroufi, porte-parole de
l'Observatoire des fondamentalistes à Bruxelles, raconte : « On m'avait promis
un futur meilleur mais, dans la rue, des yeux se posaient sur mon corps d'adulte
prisonnier des versets murmurés dans les têtes des garçons. La raison les avait
quittés, ne leur laissant que l'amertume, la frustration, la haine et la colère.
Les étoiles avaient quitté leurs yeux, un voile s'y était installé. »(*)
« 50 personnalités s'expriment sur la laïcité et la liberté d'expression »,
Éditions Seramis, 144 pages, mars 2020.
Praud menacé de mort, Le Monde l’enfonce
Au secours, des polémistes droitiers osent s'exprimer à la télévision!
Semaine éprouvante pour Pascal Praud ! Tandis que le journaliste de Cnews est
menacé de mort dans un morceau de rap, Le Monde s’inquiète: « les
ultraconservateurs sont souvent majoritaires » dans nombre d’émissions.
L’actualité fait parfois l’objet de fâcheuses coïncidences. Tandis que dans un
clip, les rappeurs Sneazzy et Nekfeu menaçaient de mort le journaliste Pascal
Praud pour crime d’islamophobie, le journal Le Monde consacrait une
double-page sur un nouveau fléau contemporain bien connu: la montée
du populisme dans les médias. Parmi les nombreuses cibles, un article est
presque exclusivement réservé à CNews, la chaîne de Vincent Bolloré où officie
justement Pascal Praud dans son émission quotidienne à succès, L’heure des
pros.Pas
d’amalgame, bien sûr, mais tout de même, ce climat de dénonciation envers les
journalistes qui critiquent la montée de l’islamisme en France est troublant.
Le Monde mettrait
bien Cnews en quarantaine
Le procureur de Paris a d’ailleurs fini par ouvrir
une enquête sur les injures des artistes: « Les journalistes
salissent l’islam, sont amateurs comme Pascal Praud, ça mérite une balle dans le
cervelet, le canon au fond de la bouche ». On a eu les excuses des rappeurs
mais on attend toujours le communiqué de soutien de la société des journalistes
du Monde.Samedi
7 mars, alors que la polémique enfle sur Twitter, Pascal Praud doit au contraire
subir un énième papier dénonçant le choix de ses chroniqueurs. Sous le titre « Des
polémistes droitiers omniprésents sur les chaînes d’info », Nicolas Truong
enfonce le clou et fait appel à l’expertise d’un « critique télévisuel pour
Télérama » afin d’appuyer sa démonstration.Malheureusement
l’intéressé, Samuel Gontier, ne fait pas dans la dentelle. La neutralité qu’on
aurait pu attendre d’un expert manque cruellement : « par cynisme,
clientélisme ou idéologie, la mouvance extrême droitière est souvent majoritaire
dans nombre d’émissions de chaîne d’info ». Comme il faut bien être précis,
quelques noms sont alors jetés en pâture: « Sur les plateaux de Laurence
Ferrari ou de Pascal Praud sur CNews, le rapport entre progressistes et
réactionnaires est de 1 pour 4« . « Le problème, c’est que ces débats
répétés ad nauseam sur l’islam font de l’audience » déplore le chroniqueur
télé de Télérama. Tous ces Français qui regardent Zemmour, Praud et Lévy
salir l’islam, comment est-ce Dieu possible en 2020? Il faudrait les faire
taire, mon bon Monsieur !
Le « national-populisme » serait à la manœuvre dans des médias français
autrefois paisibles
« Façonnage des consciences? » se demande faussement le plumitif du Monde auprès
de « la polémiste » Elisabeth Lévy [directrice de Causeur NDLR], laquelle
« ironise » sur ces « représentants du camp du bien tellement habitués à
débattre entre eux qu’ils n’en sont toujours pas revenus que leurs
contradicteurs aient le droit de s’exprimer ».Visiblement
peu amusé par le trait d’humour, Nicolas Truong se tourne vers la très objective
Audrey Pulvar (actuellement en campagne pour Anne Hidalgo, mais il est sans
doute inutile de la préciser aux abonnés du Monde) afin de décrypter la
situation. Pour l’ancienne compagne d’Arnaud Montebourg et ex-journaliste à
I-télé, Patrick Buisson, Étienne Mougeotte et Charles Villeneuve sont trois
hommes de médias « aux idées droitières et aux valeurs masculinistes, à la
manœuvre. » Cela se confirme, nous serions bien manipulés par les médias
français machistes.Mais
ce n’est pas terminé. Pour Samuel Gontier: « il y a d’évidence un effet de
milieu social. Ces polémistes se confortent idéologiquement et se cooptent dans
des émissions qui sont des tremplins professionnels« . Complotisme un peu
cocasse de la part d’un journaliste de Télérama qui parle au Monde.Mais
le mot de la fin est réservé à Jean-François Kahn, ancien directeur de Marianne:
« Le néofascisme est sans doute plus médiatique qu’intellectuel ». Que faut-il
comprendre exactement ? Nicolas Truong a-t-il bien compris le sens de la phrase
citée ? Et si le « néo-fascisme » médiatique, ce n’était pas trois
éditorialistes réacs qui font de l’audience sur CNews (dont JFK) mais
les journalistes obsessionnels qui cherchent à faire taire les voix discordantes
partout ailleurs?