Par Elisabeth Lévy - 9 décembre 2019
https://www.causeur.fr/antisionisme-antisemitisme-assemblee-nationale-169841
Le Président du CRIF Francis Kalifat et le députe LREM Sylvain Maillard, en 2018 © Erez Lichtfeld/SIPA Numéro de
reportage: 00848498_000035
« De l’encre et du temps
parlementaire dépensés pour rien » : Barbara Lefebvre a parfaitement résumé l’affaire. Le texte adopté
le 3 décembre par l’Assemblée nationale (par 154 voix contre 72), qui fait de
l’antisionisme une des formes de l’antisémitisme, est parfaitement inutile
puisqu’il n’a aucune valeur contraignante ou normative. Le festival de tribunes
publiées à son sujet a en outre permis, à un certain nombre d’intellectuels juifs,
de laver de tout soupçon d’antisémitisme des islamo-gauchistes dont beaucoup
d’ailleurs, ne voient même pas que leur haine d’Israël, comme celle des «
capitalistes » aboutit presque toujours à désigner des juifs, puis les juifs,
comme coupables de multiples maux.
Défendue par le député LREM Sylvain Maillard,
la résolution 361 (publiée sur le site de l’Assemblée nationale avec la mention
« petite loi ») a semble-t-il été voulue par le Président de la République.
L’objectif louable de ses promoteurs est d’enrayer la progression des actes
antijuifs, dont le nombre a augmenté de 74% en 2018 – sans oublier que, depuis
2006, 11 Français ont été tués parce qu’ils étaient juifs. La résolution, qui
se réfère à la définition de l‘antisémitisme adoptée par l’Institut
international pour la mémoire de l’Holocauste), n’emploie pas le mot
« antisionisme » mais évoque les « manifestations de haine à l’égard
de l’État d’Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme
collectivité juive ». Définition qui a donné lieu à un malentendu intéressé,
les adversaires du texte feignant d’y voir la négation de l’existence des 20 %
de citoyens israéliens qui ne sont pas juifs.
A lire aussi: 7% des musulmans ont été agressés en
raison de leur religion et 34% des juifs
Il ne s’agit nullement, donc, de douter de la
bonne volonté de Sylvain Maillard, François Pupponi
ou Eric Ciotti qui ont tous trouvé le ton juste pour
évoquer ces juifs qui ont perdu confiance dans leur pays. Reste que ce débat
avait quelque chose de surréaliste. L’émergence et la propagation, dans nos
Territoires perdus, de ce qu’on a appelé le nouvel antisémitisme, datent des
années 2000. Après les attentats de 2015, il était même devenu possible de le
nommer et de dire qu’il ne venait pas de l’extrême droite mais du
fondamentalisme islamique. Si des juifs ont quitté la Seine Saint-Denis ou la
France, ce n’est pas par peur de l’extrême droite mais parce qu’ils ne se
sentaient plus en sécurité dans les quartiers islamisés. La Palestine faisant
par ailleurs partie de la panoplie obligatoire des bonnes causes extrême
gauchistes, elle est le point de rencontre idéal entre gauchistes et
islamistes, autrement dit, l’un des meilleurs ciments de la mouvance
islamo-gauchiste. Ajoutez à ce brouet idéologique une bonne dose de haine des
riches, et vous avez des Gilets jaunes qui dénoncent le « complot sioniste ».
Comme le dit Guillaume Erner, pour pas mal de gens
(qui n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe en Israël), le « sioniste »
est pire qu’un vampire.
C’est ainsi que, comme l’a raconté François Pupponi, Eva Sandler, dont le mari et deux enfants ont été
assassinés en 2012 (avec une autre petite fille) par Mohamed Merah, a, deux ans
plus tard, entendu passer, sous sa fenêtre, à Sarcelles, une manifestation où
l’on criait : « Mort aux juifs ! Mort à Israël ». Et c’est ainsi qu’en février
dernier, Alain Finkielkraut a été agressé par un islamiste qui a hurlé : « Sale
sioniste de merde ! » Même les sourds ont entendu qu’il voulait dire « sale
juif ».
Que, dans ce climat, la « lutte du peuple palestinien » soit devenue l’alibi idéal pour haïr les juifs-sionistes, il faut vraiment des œillères idéologiques pour ne pas le voir – rappelons-nous le parti antisémi… pardon antisioniste de Dieudonné.
À lire
aussi, Elisabeth Lévy: On ne refera France ni par la
violence, ni par la complaisance
Bien entendu, les adversaires du texte ont eu
beau jeu de brailler qu’on voulait museler la critique d’Israël. Ce qui est
presque comique, comme l’était le titre d’un livre de Pascal Boniface : A-t-on le
droit de critiquer Israël ? Il serait en effet plus pertinent de se
demander si on a le droit de ne pas le critiquer. Israël est l’un des rares Etats dont la remise en cause du droit à exister soit le
cœur d’une doctrine politique (si tant est que l’antisionisme mérite ce
qualificatif). Dans maints cas, il ne s’agit plus de critique mais de haine.
Quand on compare Gaza à Auschwitz, non seulement on commet un crime contre la
vérité, mais on installe dans les esprits faibles la conviction que tous les
juifs qui aiment Israël sont complices des assassins.
https://www.causeur.fr/allemagne-antisemitisme-scolaire-israel-170345
Manifestation à Bonn contre l'extrémisme et
l'antisémitisme, suite aux violences de Halle et Zulpich, Auteurs : Lidia Mukhamadeeva
/ SOPA Images/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA30185397_000012.
Un rapport commandité par l’université
technique de Berlin et l’université Justus Liebig de Giessen et publié en
janvier 2019 (1) établissait
un constat sans appel : les actes antisémites dans les écoles allemandes sont
en constante augmentation et, fait relativement nouveau depuis quelques années,
ils émanent de plus en plus d’élèves issus de la communauté musulmane. Constat
qui corrobore hélas les observations faites chez leurs voisins européens.
Le sujet a pris parfois localement une telle ampleur qu’il a poussé certaines
autorités locales, jusqu’aux gouvernements des Länder(2), à se pencher sérieusement sur la
question et à engager des réflexions de fond à l’attention des enseignants, des
familles et des élus.
Rien que pour l’année 2019, de nombreux cas
d’agressions ont été recensés(3),
notamment dans les quartiers dits « sensibles », tels que Neukölln
ou Siemensstadt à Berlin, ou encore Offenbach en
banlieue de Francfort, pour ne citer que ceux-là. Harcèlement, insultes,
brimades, jusqu’aux attaques physiques – les enseignants et directeurs
d’établissement tirent la sonnette d’alarme.
Les agressions physiques ou verbales ad hominem
ne sont d’ailleurs pas les seules expressions de ce fléau. Les provocations
gratuites sont en effet légion. Un cas récent fait par exemple état, en Hesse
cette fois-ci, de trois adolescents contre lesquels leur collège a porté
plainte après que ces derniers ont ostensiblement joué depuis leurs téléphones
portables de la « musique antisémite » lors d’une visite du camp de concentration
de Buchenwald(4).
Il est désormais très clair qu’une certaine culture du rap de cour d’école («
fais toi du cash comme les Rothschild » scande le rappeur berlinois Ufo361 dans
un clip de 2018 ; ses homologues Celo & Abdi
n’étant pas en reste avec des clips plus que douteux raclant les vieux clichés
sur les fortunes juives, ou supposées telles) empêche parfois toute tentative
sereine de dialogue, comme l’ont constaté et vécu personnellement de nombreux
enseignants et associations de parents d’élèves. L’insulte « Sale juif »
devient d’ailleurs monnaie courante dans certains quartiers, y compris envers
des personnes non juives(5).
Susanne Eisenmann, ministre (CDU) de l’Education du land de Bade-Wurtemberg, fait partie de ceux
qui ont compris l’ampleur du problème : selon elle, non seulement
l’antisémitisme scolaire est bien évidemment une attaque frontale envers les
écoliers de confession juive, mais il menace plus généralement l’équilibre du
système scolaire. « L’antisémitisme met en péril la coexistence des élèves dans
les établissements et dans la société ; c’est pourquoi le combattre est-il un
devoir à la fois des institutions publiques et de la société tout entière ».
Alexander Dobrindt
(chef du groupe CDU-CSU au Bundestag) prône lui la tolérance zéro face à ce
qu’il nomme « l’islamisme de cour d’école »(6). Une réalité très protéiforme,
puisqu’elle va des insultes au harcèlement, en passant par l’échange de vidéos
de l’Etat Islamique ou des provocations répétées
lorsque l’Holocauste ou le journal d’Anne Frank sont traités en classe
d’Histoire. Selon Dobrindt, il n’y aura pas de
progrès sans la mise en place de mesures disciplinaires fortes pour combattre
ces phénomènes. Comme d’autres (notamment Christian Jung du parti libéral FDP),
il dénonce le fait que bien souvent, les victimes sont poussées à changer
d’école alors que leurs agresseurs restent au sein de l’établissement concerné,
en écopant d’une sanction souvent inadaptée.
L’un des points qui revient constamment chez
les spécialistes de ce phénomène est le rôle que jouent les poncifs sur la
politique israélienne, qui ont créé une véritable obsession anti-Israël chez de
nombreux jeunes musulmans (qu’ils soient issus de familles pratiquantes ou
non). C’est ce qu’a pu observer le politologue israélien David Ranan dans son livre L’antisémitisme musulman(7).
L’auteur s’est en effet entretenu avec 70 jeunes musulmans (principalement en
Allemagne mais aussi à travers l’Europe) et a constaté à quel point l’État
d’Israël prenait une place centrale dans leur discours anti-juif. Ranan fait d’ailleurs partie de ceux qui considèrent que
cette fixation obsessionnelle est la cause primaire de leur préjugés tenaces
(quand il ne s’agit pas purement de haine), en contestant l’idée que l’islam
lui-même puisse intrinsèquement les mener vers l’antisémitisme. Vaste débat qui
fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins comme ailleurs. Au demeurant, à
l’instar de Corbyn ou Mélenchon, certains politiques
de la gauche allemande n’hésitent pas à mettre de l’huile sur le feu, tel
Sigmar Gabriel qualifiant l’état hébreu de « régime d’apartheid », aussitôt
applaudi par certains jeunes de culture musulmane(8). Des poncifs éculés qui prennent
souvent leur source dans une méconnaissance totale de l’Histoire, à commencer
par chez les écoliers, comme le rappelait récemment le journaliste et
enseignant Rainer Werner dans le quotidien Die Welt(9).
Pour Ahmad Mansour, arabe israélien d’origine
et établi en Allemagne depuis 2004 où il enseigne la psychologie et la
sociologie, la tâche est immense – mais pas impossible. Lui-même ancienne
victime d’un imam radicalisé, et auteur de Génération Allah(10), il
connait bien les rouages de la haine antisémite. Selon lui, le problème va
au-delà de la détestation d’Israël. « Il est très utopique de penser que
l’antisémitisme musulman ne concerne que la politique au Moyen-Orient. Je
connais des jeunes qui viennent d’Afrique, qui n’ont en fait rien à voir avec
Israël, et qui me disent: « Le Coran dit que Dieu a maudit les Juifs et
donc nous devons les maudire. » Et j’entends toujours des théories du
complot sur « les Juifs qui gouvernent le monde ». Les jeunes sont
donc facilement influençables sur cette haine des juifs »(11). Selon Mansour, au-delà d’une
nécessaire réforme des programmes scolaires allemands, la clé est dans
l’émancipation des jeunes musulmans, (notamment les réfugiés) qui doivent
pouvoir s’affranchir d’une culture « patriarcale ». « Les migrants ne
connaissent pas Kant (…) ni la Révolution française. Ils ne sont par conséquent
par conscients de la manière dont les occidentaux chérissent et protègent la
liberté ». Vaste programme.
Face aux attentats, violences et tensions qui
traversent notre société, le Président de la république n’a pas été avare de
plans. On nous a d’abord vendu en fanfare des plans contre la radicalisation,
on les a même relancés. Sans succès. On nous a dit alors qu’on allait voir ce
qu’on allait voir et que le gouvernement allait lancer un plan contre le communautarisme.
On n’a rien vu. Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience le nouveau nouveau plan. Contre le séparatisme cette fois-ci. Le
problème c’est que pour l’instant toutes ces annonces n’impulsent aucune
dynamique et n’obtiennent pas de résultats. Au moins l’analyse du bilan
n’est-elle pas épuisante : ces plans sont en général des coquilles vides qui ne
servent qu’à mettre en scène une volonté politique, celle-ci tenant lieu
d’action concrète et permettant de faire durer l’immobilisme comme de faire
patienter le peuple jusqu’au prochain attentat, au prochain meurtre, au
prochain scandale, à la prochaine adolescente chassée de son lycée par une
meute fanatisée…
Radicalisation, communautarisme, séparatisme… L’impossibilité à déterminer le vocabulaire le plus approprié témoigne de la superficialité des analyses comme de la réticence à agir réellement. Les changements sémantiques ne sont jamais innocents. Les errements sémantiques non plus. Ils révèlent l’absence de doctrine, autrement dit de vision partagée sur un sujet entraînant des logiques d’action. En d’autres mots : « ce qui se pense clairement s’énonce clairement » et non seulement les mots pour le dire « viennent aisément » mais ils permettent surtout d’entreprendre, de créer et d’accomplir.
Là ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que le
président de la République fait tout pour éviter le seul terme qui explicite ce
que nous affrontons en tant que peuple et société politique : l’islamisme. Il
faut à tout prix éviter le mot avec « islam » dedans. Les termes
radicalisation, communautarisme et séparatisme visent à s’en approcher sans
l’assumer totalement. Ils avaient vocation à envoyer un double signal : dire à
la société française qui depuis 2015 connait les assassinats de masse liés
au jihad et les revendications agressives liées à
l’islamisation des quartiers que leurs dirigeants n’étaient pas totalement
déconnectés, et en même temps, en évacuant le terme islam, préserver ses
relations clientélistes dans les quartiers et avec les leaders de l’islam
politique ou consulaire (CFCM, Musulmans de France (ex UOIF), CCIF…).
Le problème c’est que la stratégie de
l’autruche et la légitimation des islamistes au nom de la protection des
musulmans a certes obtenu des résultats, mais que ce ne sont pas ceux espérés.
Loin de reculer, l’influence des islamistes s’est étendue et approfondie, les
tenants d’un islam plus traditionnel ont adopté certains de leurs codes
(voiles, obsession du hallal), la violence antisémite a exposé, les
atteintes à la religion chrétienne explosent, le rejet de l’universalisme s’est
répandu et on assiste à l’émergence d’une culture de la haine raciale et
confessionnelle où se faire traiter de « Français » ou de Blancs, quand ce
n’est pas de « croisés », est une mise en danger dans certains environnements.
Dans la situation de tension sociale où nous
sommes arrivés, qu’un gouvernement ait peur qu’en identifiant explicitement
l’islamisme comme une menace contre ce que nous sommes sur notre propre sol,
cela ait des conséquences sur les musulmans, n’est pas indécent. En revanche,
si placé en face du fait que l’immobilisme renforce les dangers pour tous et
fait de la communauté musulmane la première cible des islamistes (car leur
objectif est d’abord la réislamisation de leurs coreligionnaires), il reste
dans le flou et l’expectative, là nous avons un gros problème.
Bien sûr, reprendre en main le territoire ne se
fera pas sans tensions, ni violences, la lâcheté du gouvernement donne aux
islamistes toutes les audaces et les rend fascinants : ils sont ceux devant qui
les puissants s’inclinent, dernièrement ils ont réussi à rétablir le délit de
blasphème au pays de la liberté d’expression, pas en droit mais dans les faits.
Et comme eux, leurs militants et ceux qui sont dans leur zone d’influence ne
reconnaissent que la force, toute soumission les renforce. C’est dire si la
stratégie du gouvernement est la pire.
Et pourtant il y aurait des choses à faire.
Lutter contre le séparatisme, c’est commencer à empêcher la création d’une
société hallal, visant à distinguer les purs (islamistes) des
impurs, (tous les autres). Car aujourd’hui le hallal n’est
plus une question d’abattage de la viande mais un mode de vie, comme
l’explique Florence Bergeaud-Blackler,
spécialiste de ces questions. Le but du jeu est de se distinguer en tout point
des mécréants, ces maudits, dans tous les aspects de la vie. Le voile est un de
ces éléments discriminants. La distinction doit porter sur tout ce qui se voit
bien sûr mais derrière il y a aussi l’idée du jihad économique:
l’argent des musulmans doit alimenter la puissance de l’ oumma, de
la communauté, ne plus partir chez les kouffars.
Or l’AMIF, cette association pour un islam de France voulu par Emmanuel Macron
et dirigée par Hakim El Karoui (un de ses proches) a
notamment pour fonction de mettre en place une taxe, une certification hallal,
autrement dit le meilleur outil pour mettre en place le séparatisme, d’abord au
niveau de la nourriture, puis des vêtements, cosmétiques, loisirs, services… Si
Emmanuel Macron veut lutter contre le séparatisme islamiste, la première des
choses est d’arrêter de créer des monstres, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait
pour le CFCM et comme on recommence à le faire avec l’AMIF. Ceux-ci ne font
qu’accentuer les tensions et distiller leur logique déstabilisatrice : la mise
en place d’une taxe ou certification hallal au sein de l’AMIF
est une des pires idées que l’on puisse avoir.
Autre annonce faite par le gouvernement : sa
confiance affirmée au CFCM dont le délégué général avait été en dessous de tout
dans l’affaire Mila et dont le président avait été très ambigu avant qu’il ne
finisse par soutenir sans détour la jeune Mila au prix sans doute de quelques
remontées de bretelles tant l’élan ne paraissait pas spontané. Quand on veut
affirmer les principes de la démocratie, de la république et défendre les
libertés publiques, on ne s’appuie pas sur les religieux, mais sur ses propres
forces, une histoire, une vision, un projet.
Des actions à réaliser, il y en a : de la déchéance
de nationalité à celle de la mise en place d’une procédure d’indignité
nationale, il est temps que ceux qui s’excluent de la communauté nationale en
paient le prix. Il y a une réflexion à mener sur la double nationalité quand il
y a incompatibilité de valeurs entre les pays, particulièrement sur la question
de l’égalité femmes/hommes. Il faut arrêter les baux emphytéotiques pour les
constructions de mosquées, remettre en place dans les préfectures des contrôles
ciblés des salles de prières et associations mêlant cultuel et culturel, il
faut contrôler les subventions et sanctionner les organismes noyautés en leur
supprimant les subventions et les accréditations pour intervenir en milieu
institutionnel (Ligue de l’enseignement, LDH, Planning familial, FCPE), il faut
simplifier les licenciements pour ceux qui refusent des se conformer à notre
constitution et combattent l’égalité femmes/hommes, il faut porter un regard
attentif sur les associations sportives, les organisations de pèlerinage vers
la Mecque et de rapatriement de corps, il faut assumer d’arrêter les ELSCO,
enseignement dispensés sur notre sol par des pays étrangers dans le but de
garder le lien avec leurs ressortissants, car c’est un message d’exigence
d’intégration que nous devons porter.
Des choses à faire, il y en a donc beaucoup,
les pistes sont très nombreuses tant le mal est profond dans la société
française. C’est la volonté et le courage qui manquent. Et je crains que de
passer de communautarisme à séparatisme ne suffise pas, si nos dirigeants
continuent à éviter les mots avec islam dedans.
Le Marché halal ou
l'invention d'une tradition
https://www.causeur.fr/macron-freres-musulmans-cfcm-mamou-173153
L’IFCM et la Grande mosquée, à Lyon © KONRAD
K./SIPA Numéro de reportage: 00924322_000036
Feu le célèbre islamologue Bernard Lewis
racontait dans un de ses livres que le Président Nasser avait demandé à des
militaires pakistanais d’auditer ses forces armées. Nasser voulait connaître
les forces et faiblesses du dispositif militaire égyptien. Quelques semaines
plus tard, la commission pakistanaise pliait bagages en laissant le message
suivant : « monsieur
le président, une armée ou le soldat ment au sergent, ou le sergent ment au
lieutenant, ou le lieutenant ment au capitaine, ou le capitaine ment au colonel
qui ment à son tour au général qui ment à l’état-major lequel délivre de
fausses informations au pouvoir politique pose un problème qu’il n’est pas dans
notre compétence d’analyser et de résoudre ».
Quiconque auditerait les relations de la France
face à l’islam et l’islamisme, quitterait le territoire au bout de quelques
semaines en laissant un message similaire à celui des militaires pakistanais. Sauf qu’en France, le mensonge ne part pas du bas de la
société ; il est secrété par le bloc élitaire (classe
politique-multinationales-médias) pour intoxiquer l’ensemble de la société.
Ainsi, pour la justice et la police, les
djihadistes ne sont pas les guerriers de l’islam mais des
« déséquilibrés » et dans le meilleur des cas des « loups
solitaires ». Pour la classe médiatique, les fanatiques musulmans qui ont
chassé la jeune Mila de
son école et l’ont menacée de mort sont des « victimes » offensées
par le vocabulaire violent de la jeune fille, et les « hidjabistes »
(pour reprendre le terme de Zineb el Razhoui) qui
hantent nos rues sont pour les Dominique Sopo et
autres Yassine Belattar, des militantes des droits de
l’homme. Il n’est donc pas étonnant qu’à Mulhouse, le 18 février,
Emmanuel Macron ait jugé « stigmatisant » de reconnaître que la
France avait un problème avec l’islam.
Pour ne pas avouer à l’opinion publique que
l’immigration musulmane de masse génère d’insolubles problèmes de sécurité,
d’inégalités, d’incivilités, le président s’est livré à un subterfuge. Emmanuel
Macron a développé l’idée que les Français musulmans sont bons par nature, mais
qu’une influence étrangère travaillait à les pervertir. Trois mesures phares du
programme de Mulhouse sont donc destinées à restaurer en France, un islam à
l’état de nature, c’est-à-dire un islam bon, débarrassé d’influences
extérieures malignes :
La première concerne le financement des
mosquées par des puissances étrangères. « Des mesure fortes seront prises pour mieux contrôler les
financements étrangers des lieux de culte, pour garantir leur pleine
transparence. Nous avons besoin de transparence sur les origines et les
finalités ». Pas question de tout interdire, mais une loi
prochainement votée ouvrira les portes à plus transparence.
La seconde, concerne les Elco,
(enseignements en langues et cultures d’origine étrangère). Ces enseignants
venus de l’étranger, qui ne parlent pas le français et qui, dans le cadre de
l’éducation nationale – mais sans que l’éducation nationale ait un droit de
regard sur leur activité – ont la main sur 80 000 élèves français
d’origine algérienne, tunisienne ou turque. Dire qu’une menace
« séparatiste » voire djihadiste s’exerce depuis 1977, date de
création des Elco est un euphémisme.
La troisième pernicieuse influence étrangère
concerne « le système des imams détachés » et autres « psalmodieurs » qui sont accueillis spécifiquement
chaque année lors du ramadan. Trois cent imams étrangers ne parlant pas le
français cesseront de venir prêcher un islam étranger et peut être dangereux en
France.
Ces trois mesures marquent la sortie de ce
mensonge que notre président appelle l’ « islam consulaire »
mais qui est en réalité la conséquence de quatre décennies de Dialogue
Euro-Arabe (DEA). L’historienne britannique Bat Ye’or
a parfaitement analysé dans Eurabia (Ed Jean-Cyrille Godefroy) la
succession d’alliances et d’allégeances qui a amené l’Union européenne a
discrètement s’inféoder aux pays arabes : en échange d’hydrocarbures et de
marchés, l’Europe a accepté de s’ouvrir à toujours plus d’immigration, à
toujours plus de concessions sur la langue arabe, à toujours plus de mosquées
et à toujours moins d’intégration des travailleurs immigrés musulmans.
Le séparatisme islamique auquel Emmanuel Macron
a annoncé vouloir s’attaquer est la conséquence de quatre décennies de cette
discrète politique d’accueil et d’autonomisation de migrants musulmans en
France et en Europe. Discrète, car bien sûr les peuples européens n’ont jamais
été consultés ni sur l’immigration musulmane de masse, ni sur cette calamiteuse
« alliance » euro-arabe qui a eu pour effet de chasser les classes
populaires françaises des banlieues des grandes villes, de chasser les élèves
juifs des écoles de la République dans les quartiers sensibles et de réprimer
la liberté d’expression chaque fois que quelqu’un a tenté de poser le débat de
la place de l’islam et de la place des musulmans dans la République.
Le mensonge n’est pas (seulement) qu’à Mulhouse
Emmanuel Macron ait masqué tout cet arrière-plan historico-diplomatique entre
l’Europe et le monde arabe, le mensonge est dans la solution qu’Emmanuel Macron
a mis en place pour remplacer l’islam consulaire défaillant.
Les sociétés arabes étant elles-mêmes
travaillées et disloquées par les courants islamistes, les pays d’Europe
pourraient reprendre leur indépendance et commencer à intégrer leurs
populations musulmanes avec un savant mélange de carotte et de bâton. Mais ce
n’est pas la voie choisie par Emmanuel Macron. Le tuteur consulaire faisant
aujourd’hui défaut – ou se révélant dans le cas de la Turquie plutôt menaçant –
, le président de la République a choisi de confier les Français musulmans à un
autre tuteur mensongèrement présenté comme authentiquement national.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM),
cette créature hybride inventée par Nicolas Sarkozy en 2003, est présenté comme
LA solution franco-française pour incarner un islam de France débarrassé des
influences étrangères. Or le CFCM, depuis les origines, est une structure sous
contrôle des Frères Musulmans. Et les Frères Musulmans sont une confrérie
islamiste internationale, qui n’a aucune tradition sur le sol français, qui
voile les femmes musulmanes partout où elle s’implante, pratique le terrorisme
quand cela fait avancer ses plans, et qui est interdite partout au Moyen-Orient
sauf au Qatar et à Gaza.
Le CFCM, dont le bilan politique depuis 2003
est proche de zéro, est donc sommé par le Président « de prendre ses
responsabilités et de formuler des propositions rapides et claires pour assurer
l’exercice en France d’un islam dont toutes les pratiques doivent se conformer
aux lois de la République ». Par quel miracle le CFCM
pourrait-il répondre aux attentes présidentielles ? Par le miracle des
dons dont la fée République l’a doté ! L’Association pour l’islam de
France (AMIF) que dirige Hakim el Karoui mettra à la
disposition du CFCM des centaines de millions d’euros collectés dans la poche
des Français musulmans (taxe halal, pélerinages…). A ces centaines de millions s’en ajouteront des centaines
d’autres piochés dans la poche des non-musulmans : subventions aux
associations des quartiers sensibles, crédits à l’emploi, crédits de la
politique de la ville (« le réinvestissement de l’Agence nationale de
rénovation urbaine avec là aussi un réinvestissement inédit depuis la première génération »)…
Où qu’ils se tournent (pèlerinage, travail,
logement…), les Français musulmans auront les Frères pour interlocuteurs. Cette
organisation que Donald Trump envisage de placer sur la liste des organisations
terroristes, cette confrérie qui prône la charia, qui pratique en France le
djihad judiciaire (procès contre Houellebecq, Zemmour, Charlie Hebdo,
Bensoussan…), qui a soutenu les jeunes fanatiques qui ont chassé Mila de son
école, a pour mission de « clientéliser » tous les Musulmans de
France !
Il est hors de question de penser qu’Emmanuel
Macron « ignore », « ne sait pas », « évalue
mal » … toutes expressions que les lanceurs d’alerte utilisent depuis deux
décennies pour masquer leur perplexité face aux errements du pouvoir. Emmanuel
Macron sait ce qu’il fait et agit en conscience, bien que le mot
(« conscience ») ne soit pas adéquat. Faut-il voir dans cette étrange
et calamiteuse politique la volonté d’un « deal » entre les Frères et
Emmanuel Macron qui sécuriserait son deuxième mandat à la présidence de la
République ? Comme l’écrit Céline Pina à propos des maires de Roubaix et
Maubeuge, « on
aimerait savoir si c’est le clientélisme qui les empêche de voir ou si le
pouvoir les aveugle au point que seul leur intérêt particulier les
guide ».