Nouvel antisémitisme: les députés découvrent la lune

 

Par Elisabeth Lévy - 

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Le Président du CRIF Francis Kalifat et le députe LREM Sylvain Maillard, en 2018 © Erez Lichtfeld/SIPA Numéro de reportage: 00848498_000035


Les textes en vigueur suffisent. Il serait contre-productif de légiférer contre l’antisionisme.


« De l’encre et du temps parlementaire dépensés pour rien » : Barbara Lefebvre a parfaitement résumé l’affaire. Le texte adopté le 3 décembre par l’Assemblée nationale (par 154 voix contre 72), qui fait de l’antisionisme une des formes de l’antisémitisme, est parfaitement inutile puisqu’il n’a aucune valeur contraignante ou normative. Le festival de tribunes publiées à son sujet a en outre permis, à un certain nombre d’intellectuels juifs, de laver de tout soupçon d’antisémitisme des islamo-gauchistes dont beaucoup d’ailleurs, ne voient même pas que leur haine d’Israël, comme celle des « capitalistes » aboutit presque toujours à désigner des juifs, puis les juifs, comme coupables de multiples maux.

Quand l’antisémitisme se cache derrière l’antisionisme…

Défendue par le député LREM Sylvain Maillard, la résolution 361 (publiée sur le site de l’Assemblée nationale avec la mention « petite loi ») a semble-t-il été voulue par le Président de la République. L’objectif louable de ses promoteurs est d’enrayer la progression des actes antijuifs, dont le nombre a augmenté de 74% en 2018 – sans oublier que, depuis 2006, 11 Français ont été tués parce qu’ils étaient juifs. La résolution, qui se réfère à la définition de l‘antisémitisme adoptée par l’Institut international pour la mémoire de l’Holocauste), n’emploie pas le mot « antisionisme » mais évoque les « manifestations de haine à l’égard de l’État d’Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme collectivité juive ». Définition qui a donné lieu à un malentendu intéressé, les adversaires du texte feignant d’y voir la négation de l’existence des 20 % de citoyens israéliens qui ne sont pas juifs.

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Il ne s’agit nullement, donc, de douter de la bonne volonté de Sylvain Maillard, François Pupponi ou Eric Ciotti qui ont tous trouvé le ton juste pour évoquer ces juifs qui ont perdu confiance dans leur pays. Reste que ce débat avait quelque chose de surréaliste. L’émergence et la propagation, dans nos Territoires perdus, de ce qu’on a appelé le nouvel antisémitisme, datent des années 2000. Après les attentats de 2015, il était même devenu possible de le nommer et de dire qu’il ne venait pas de l’extrême droite mais du fondamentalisme islamique. Si des juifs ont quitté la Seine Saint-Denis ou la France, ce n’est pas par peur de l’extrême droite mais parce qu’ils ne se sentaient plus en sécurité dans les quartiers islamisés. La Palestine faisant par ailleurs partie de la panoplie obligatoire des bonnes causes extrême gauchistes, elle est le point de rencontre idéal entre gauchistes et islamistes, autrement dit, l’un des meilleurs ciments de la mouvance islamo-gauchiste. Ajoutez à ce brouet idéologique une bonne dose de haine des riches, et vous avez des Gilets jaunes qui dénoncent le « complot sioniste ». Comme le dit Guillaume Erner, pour pas mal de gens (qui n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe en Israël), le « sioniste » est pire qu’un vampire.

L’agression d’Alain Finkielkraut à Paris

C’est ainsi que, comme l’a raconté François Pupponi, Eva Sandler, dont le mari et deux enfants ont été assassinés en 2012 (avec une autre petite fille) par Mohamed Merah, a, deux ans plus tard, entendu passer, sous sa fenêtre, à Sarcelles, une manifestation où l’on criait : « Mort aux juifs ! Mort à Israël ». Et c’est ainsi qu’en février dernier, Alain Finkielkraut a été agressé par un islamiste qui a hurlé : « Sale sioniste de merde ! » Même les sourds ont entendu qu’il voulait dire « sale juif ».

Que, dans ce climat, la « lutte du peuple palestinien » soit devenue l’alibi idéal pour haïr les juifs-sionistes, il faut vraiment des œillères idéologiques pour ne pas le voir – rappelons-nous le parti antisémi… pardon antisioniste de Dieudonné.

 

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Bien entendu, les adversaires du texte ont eu beau jeu de brailler qu’on voulait museler la critique d’Israël. Ce qui est presque comique, comme l’était le titre d’un livre de Pascal Boniface : A-t-on le droit de critiquer Israël ? Il serait en effet plus pertinent de se demander si on a le droit de ne pas le critiquer. Israël est l’un des rares Etats dont la remise en cause du droit à exister soit le cœur d’une doctrine politique (si tant est que l’antisionisme mérite ce qualificatif). Dans maints cas, il ne s’agit plus de critique mais de haine. Quand on compare Gaza à Auschwitz, non seulement on commet un crime contre la vérité, mais on installe dans les esprits faibles la conviction que tous les juifs qui aiment Israël sont complices des assassins.

Un texte inutile

En somme, la résolution Maillard est dans le vrai : l’antisionisme est le plus souvent le cache –sexe de l’antisémitisme.
Cette résolution est pourtant non seulement inutile, mais dangereuse.
Inutile parce que tout d’abord, répétons-le, il s’agit d’une pure pétition de principe dont la seule vertu est de faire plaisir à ses promoteurs – et à une partie des Français juifs –, et qu’ensuite, la loi française sanctionne déjà l’appel à la haine que ce soit envers les Patagons, les Israéliens ou les pêcheurs à la ligne transgenres.Elle est dangereuse parce qu’elle nourrit la compétition victimaire et le parallèle délétère entre juifs d’hier et musulmans d’aujourd’hui – ainsi que le sentiment qu’il « n’y en a que pour les juifs ».

Elle permet en outre aux islamo-gauchistes qui assimilent toute critique de l’islam à de la haine (tout en faisant passer la haine d’Israël pour de la critique), de s’emparer de l’étendard de la liberté d’expression. Le regretté professeur George Steiner a pensé toute sa vie que la solution nationale n’était pas la bonne pour les juifs – ce qui faisait de lui un antisioniste au sens strict du terme. Il ne souhaitait évidemment pas la disparition d’Israël. Et puis, à tout prendre, mieux vaut laisser passer des discours douteux et leur répondre par l’argumentation que courir le risque, si minime soit-il, de censurer des opinions légitimes, fussent-elles blessantes ou choquantes pour les uns ou les autres.
Cependant, rassurons-nous.
Le lendemain de l’adoption de la résolution, histoire de satisfaire tout le monde, Christophe Castaner a annoncé la création d’un « bureau national contre la haine ». Interdire la haine, rien que ça. Il y a quelque chose de touchant dans cette naïveté administrative. À défaut d’extirper le mal du cœur des hommes, il existe des lois censurant, plus modestement, non pas la haine elle-même mais ses expressions les plus dangereuses. Et en tout état de cause, il devrait être possible, encore plus modestement, de faire appliquer les textes qui répriment les agressions.


En Allemagne, des voix s’élèvent contre « l’islamisme de cour d’école »

 

Par Valentin Chantereau - 30 décembre 2019

 

https://www.causeur.fr/allemagne-antisemitisme-scolaire-israel-170345


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Manifestation à Bonn contre l'extrémisme et l'antisémitisme, suite aux violences de Halle et Zulpich, Auteurs : Lidia Mukhamadeeva / SOPA Images/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA30185397_000012.


Plusieurs cas d’agressions d’écoliers juifs ont ravivé outre-Rhin le débat sur l’antisémitisme en milieu scolaire


Un rapport commandité par l’université technique de Berlin et l’université Justus Liebig de Giessen et publié en janvier 2019 (1) établissait un constat sans appel : les actes antisémites dans les écoles allemandes sont en constante augmentation et, fait relativement nouveau depuis quelques années, ils émanent de plus en plus d’élèves issus de la communauté musulmane. Constat qui corrobore hélas les observations faites chez leurs voisins européens.
Le sujet a pris parfois localement une telle ampleur qu’il a poussé certaines autorités locales, jusqu’aux gouvernements des Länder(2), à se pencher sérieusement sur la question et à engager des réflexions de fond à l’attention des enseignants, des familles et des élus.

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Rien que pour l’année 2019, de nombreux cas d’agressions ont été recensés(3), notamment dans les quartiers dits « sensibles », tels que Neukölln ou Siemensstadt à Berlin, ou encore Offenbach en banlieue de Francfort, pour ne citer que ceux-là. Harcèlement, insultes, brimades, jusqu’aux attaques physiques – les enseignants et directeurs d’établissement tirent la sonnette d’alarme.

Une sous-culture de haine

Les agressions physiques ou verbales ad hominem ne sont d’ailleurs pas les seules expressions de ce fléau. Les provocations gratuites sont en effet légion. Un cas récent fait par exemple état, en Hesse cette fois-ci, de trois adolescents contre lesquels leur collège a porté plainte après que ces derniers ont ostensiblement joué depuis leurs téléphones portables de la « musique antisémite » lors d’une visite du camp de concentration de Buchenwald(4). Il est désormais très clair qu’une certaine culture du rap de cour d’école (« fais toi du cash comme les Rothschild » scande le rappeur berlinois Ufo361 dans un clip de 2018 ; ses homologues Celo & Abdi n’étant pas en reste avec des clips plus que douteux raclant les vieux clichés sur les fortunes juives, ou supposées telles) empêche parfois toute tentative sereine de dialogue, comme l’ont constaté et vécu personnellement de nombreux enseignants et associations de parents d’élèves. L’insulte « Sale juif » devient d’ailleurs monnaie courante dans certains quartiers, y compris envers des personnes non juives(5).

Susanne Eisenmann, ministre (CDU) de l’Education du land de Bade-Wurtemberg, fait partie de ceux qui ont compris l’ampleur du problème : selon elle, non seulement l’antisémitisme scolaire est bien évidemment une attaque frontale envers les écoliers de confession juive, mais il menace plus généralement l’équilibre du système scolaire. « L’antisémitisme met en péril la coexistence des élèves dans les établissements et dans la société ; c’est pourquoi le combattre est-il un devoir à la fois des institutions publiques et de la société tout entière ».

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Alexander Dobrindt (chef du groupe CDU-CSU au Bundestag) prône lui la tolérance zéro face à ce qu’il nomme « l’islamisme de cour d’école »(6). Une réalité très protéiforme, puisqu’elle va des insultes au harcèlement, en passant par l’échange de vidéos de l’Etat Islamique ou des provocations répétées lorsque l’Holocauste ou le journal d’Anne Frank sont traités en classe d’Histoire. Selon Dobrindt, il n’y aura pas de progrès sans la mise en place de mesures disciplinaires fortes pour combattre ces phénomènes. Comme d’autres (notamment Christian Jung du parti libéral FDP), il dénonce le fait que bien souvent, les victimes sont poussées à changer d’école alors que leurs agresseurs restent au sein de l’établissement concerné, en écopant d’une sanction souvent inadaptée.

La détestation d’Israël comme toile de fond

L’un des points qui revient constamment chez les spécialistes de ce phénomène est le rôle que jouent les poncifs sur la politique israélienne, qui ont créé une véritable obsession anti-Israël chez de nombreux jeunes musulmans (qu’ils soient issus de familles pratiquantes ou non). C’est ce qu’a pu observer le politologue israélien David Ranan dans son livre L’antisémitisme musulman(7). L’auteur s’est en effet entretenu avec 70 jeunes musulmans (principalement en Allemagne mais aussi à travers l’Europe) et a constaté à quel point l’État d’Israël prenait une place centrale dans leur discours anti-juif. Ranan fait d’ailleurs partie de ceux qui considèrent que cette fixation obsessionnelle est la cause primaire de leur préjugés tenaces (quand il ne s’agit pas purement de haine), en contestant l’idée que l’islam lui-même puisse intrinsèquement les mener vers l’antisémitisme. Vaste débat qui fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins comme ailleurs. Au demeurant, à l’instar de Corbyn ou Mélenchon, certains politiques de la gauche allemande n’hésitent pas à mettre de l’huile sur le feu, tel Sigmar Gabriel qualifiant l’état hébreu de « régime d’apartheid », aussitôt applaudi par certains jeunes de culture musulmane(8). Des poncifs éculés qui prennent souvent leur source dans une méconnaissance totale de l’Histoire, à commencer par chez les écoliers, comme le rappelait récemment le journaliste et enseignant Rainer Werner dans le quotidien Die Welt(9).

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La nécessaire émancipation des jeunes allemands de culture musulmane

Pour Ahmad Mansour, arabe israélien d’origine et établi en Allemagne depuis 2004 où il enseigne la psychologie et la sociologie, la tâche est immense – mais pas impossible. Lui-même ancienne victime d’un imam radicalisé, et auteur de Génération Allah(10), il connait bien les rouages de la haine antisémite. Selon lui, le problème va au-delà de la détestation d’Israël. « Il est très utopique de penser que l’antisémitisme musulman ne concerne que la politique au Moyen-Orient. Je connais des jeunes qui viennent d’Afrique, qui n’ont en fait rien à voir avec Israël, et qui me disent: « Le Coran dit que Dieu a maudit les Juifs et donc nous devons les maudire. » Et j’entends toujours des théories du complot sur « les Juifs qui gouvernent le monde ». Les jeunes sont donc facilement influençables sur cette haine des juifs »(11). Selon Mansour, au-delà d’une nécessaire réforme des programmes scolaires allemands, la clé est dans l’émancipation des jeunes musulmans, (notamment les réfugiés) qui doivent pouvoir s’affranchir d’une culture « patriarcale ». « Les migrants ne connaissent pas Kant (…) ni la Révolution française. Ils ne sont par conséquent par conscients de la manière dont les occidentaux chérissent et protègent la liberté ». Vaste programme.

 

“Séparatisme”, “communautarisme”… Et si on parlait simplement d’islamisme?

Par Céline Pina - 

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Trèbes le 29 mars 2018, avec le premier ministre Edouard Philippe, des proches pleurent Jean Mazi, victime du terroriste Radouane Lakdim, marocain naturalisé en 2004 © Fred Lancelot/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22183922_000008

Le changement sémantique voulu par Emmanuel Macron démontre que les dirigeants français errent complètement, alors que monte la menace islamiste sur notre sol. L’analyse de Céline Pina.


Face aux attentats, violences et tensions qui traversent notre société, le Président de la république n’a pas été avare de plans. On nous a d’abord vendu en fanfare des plans contre la radicalisation, on les a même relancés. Sans succès. On nous a dit alors qu’on allait voir ce qu’on allait voir et que le gouvernement allait lancer un plan contre le communautarisme. On n’a rien vu. Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience le nouveau nouveau plan. Contre le séparatisme cette fois-ci. Le problème c’est que pour l’instant toutes ces annonces n’impulsent aucune dynamique et n’obtiennent pas de résultats. Au moins l’analyse du bilan n’est-elle pas épuisante : ces plans sont en général des coquilles vides qui ne servent qu’à mettre en scène une volonté politique, celle-ci tenant lieu d’action concrète et permettant de faire durer l’immobilisme comme de faire patienter le peuple jusqu’au prochain attentat, au prochain meurtre, au prochain scandale, à la prochaine adolescente chassée de son lycée par une meute fanatisée…

Un errement sémantique qui en dit beaucoup

Radicalisation, communautarisme, séparatisme… L’impossibilité à déterminer le vocabulaire le plus approprié témoigne de la superficialité des analyses comme de la réticence à agir réellement. Les changements sémantiques ne sont jamais innocents. Les errements sémantiques non plus. Ils révèlent l’absence de doctrine, autrement dit de vision partagée sur un sujet entraînant des logiques d’action. En d’autres mots : « ce qui se pense clairement s’énonce clairement » et non seulement les mots pour le dire « viennent aisément » mais ils permettent surtout d’entreprendre, de créer et d’accomplir.

  

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Là ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que le président de la République fait tout pour éviter le seul terme qui explicite ce que nous affrontons en tant que peuple et société politique : l’islamisme. Il faut à tout prix éviter le mot avec « islam » dedans. Les termes radicalisation, communautarisme et séparatisme visent à s’en approcher sans l’assumer totalement. Ils avaient vocation à envoyer un double signal : dire à la société française qui depuis 2015 connait les assassinats de masse liés au jihad et les revendications agressives liées à l’islamisation des quartiers que leurs dirigeants n’étaient pas totalement déconnectés, et en même temps, en évacuant le terme islam, préserver ses relations clientélistes dans les quartiers et avec les leaders de l’islam politique ou consulaire (CFCM, Musulmans de France (ex UOIF), CCIF…).

Nous avons bien un gros problème

Le problème c’est que la stratégie de l’autruche et la légitimation des islamistes au nom de la protection des musulmans a certes obtenu des résultats, mais que ce ne sont pas ceux espérés. Loin de reculer, l’influence des islamistes s’est étendue et approfondie, les tenants d’un islam plus traditionnel ont adopté certains de leurs codes (voiles, obsession du hallal), la violence antisémite a exposé, les atteintes à la religion chrétienne explosent, le rejet de l’universalisme s’est répandu et on assiste à l’émergence d’une culture de la haine raciale et confessionnelle où se faire traiter de « Français » ou de Blancs, quand ce n’est pas de « croisés », est une mise en danger dans certains environnements. 

Dans la situation de tension sociale où nous sommes arrivés, qu’un gouvernement ait peur qu’en identifiant explicitement l’islamisme comme une menace contre ce que nous sommes sur notre propre sol, cela ait des conséquences sur les musulmans, n’est pas indécent. En revanche, si placé en face du fait que l’immobilisme renforce les dangers pour tous et fait de la communauté musulmane la première cible des islamistes (car leur objectif est d’abord la réislamisation de leurs coreligionnaires), il reste dans le flou et l’expectative, là nous avons un gros problème. 

Et si Macron avait la pire stratégie?

Bien sûr, reprendre en main le territoire ne se fera pas sans tensions, ni violences, la lâcheté du gouvernement donne aux islamistes toutes les audaces et les rend fascinants : ils sont ceux devant qui les puissants s’inclinent, dernièrement ils ont réussi à rétablir le délit de blasphème au pays de la liberté d’expression, pas en droit mais dans les faits. Et comme eux, leurs militants et ceux qui sont dans leur zone d’influence ne reconnaissent que la force, toute soumission les renforce. C’est dire si la stratégie du gouvernement est la pire. 

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Et pourtant il y aurait des choses à faire. Lutter contre le séparatisme, c’est commencer à empêcher la création d’une société hallal, visant à distinguer les purs (islamistes) des impurs, (tous les autres). Car aujourd’hui le hallal n’est plus une question d’abattage de la viande mais un mode de vie, comme l’explique Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste de ces questions. Le but du jeu est de se distinguer en tout point des mécréants, ces maudits, dans tous les aspects de la vie. Le voile est un de ces éléments discriminants. La distinction doit porter sur tout ce qui se voit bien sûr mais derrière il y a aussi l’idée du jihad économique: l’argent des musulmans doit alimenter la puissance de l’ oumma, de la communauté, ne plus partir chez les kouffars. Or l’AMIF, cette association pour un islam de France voulu par Emmanuel Macron et dirigée par Hakim El Karoui (un de ses proches) a notamment pour fonction de mettre en place une taxe, une certification hallal, autrement dit le meilleur outil pour mettre en place le séparatisme, d’abord au niveau de la nourriture, puis des vêtements, cosmétiques, loisirs, services… Si Emmanuel Macron veut lutter contre le séparatisme islamiste, la première des choses est d’arrêter de créer des monstres, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait pour le CFCM et comme on recommence à le faire avec l’AMIF. Ceux-ci ne font qu’accentuer les tensions et distiller leur logique déstabilisatrice : la mise en place d’une taxe ou certification hallal au sein de l’AMIF est une des pires idées que l’on puisse avoir.

La double-nationalité, dénoncée depuis des années, on en parle ?

Autre annonce faite par le gouvernement : sa confiance affirmée au CFCM dont le délégué général avait été en dessous de tout dans l’affaire Mila et dont le président avait été très ambigu avant qu’il ne finisse par soutenir sans détour la jeune Mila au prix sans doute de quelques remontées de bretelles tant l’élan ne paraissait pas spontané. Quand on veut affirmer les principes de la démocratie, de la république et défendre les libertés publiques, on ne s’appuie pas sur les religieux, mais sur ses propres forces, une histoire, une vision, un projet. 

Des actions à réaliser, il y en a : de la déchéance de nationalité à celle de la mise en place d’une procédure d’indignité nationale, il est temps que ceux qui s’excluent de la communauté nationale en paient le prix. Il y a une réflexion à mener sur la double nationalité quand il y a incompatibilité de valeurs entre les pays, particulièrement sur la question de l’égalité femmes/hommes. Il faut arrêter les baux emphytéotiques pour les constructions de mosquées, remettre en place dans les préfectures des contrôles ciblés des salles de prières et associations mêlant cultuel et culturel, il faut contrôler les subventions et sanctionner les organismes noyautés en leur supprimant les subventions et les accréditations pour intervenir en milieu institutionnel (Ligue de l’enseignement, LDH, Planning familial, FCPE), il faut simplifier les licenciements pour ceux qui refusent des se conformer à notre constitution et combattent l’égalité femmes/hommes, il faut porter un regard attentif sur les associations sportives, les organisations de pèlerinage vers la Mecque et de rapatriement de corps, il faut assumer d’arrêter les ELSCO, enseignement dispensés sur notre sol par des pays étrangers dans le but de garder le lien avec leurs ressortissants, car c’est un message d’exigence d’intégration que nous devons porter.

Des choses à faire, il y en a donc beaucoup, les pistes sont très nombreuses tant le mal est profond dans la société française. C’est la volonté et le courage qui manquent. Et je crains que de passer de communautarisme à séparatisme ne suffise pas, si nos dirigeants continuent à éviter les mots avec islam dedans.

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Macron, le mensonge et les Frères Musulmans

Par Yves Mamou  - 

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L’IFCM et la Grande mosquée, à Lyon © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage: 00924322_000036


Constatant que l’islam « consulaire » est gravement défaillant, Macron charge les Frères de clientéliser les Français musulmans. Une inquiétante manœuvre politique, selon Yves Mamou.


Feu le célèbre islamologue Bernard Lewis racontait dans un de ses livres que le Président Nasser avait demandé à des militaires pakistanais d’auditer ses forces armées. Nasser voulait connaître les forces et faiblesses du dispositif militaire égyptien. Quelques semaines plus tard, la commission pakistanaise pliait bagages en laissant le message suivant : « monsieur le président, une armée ou le soldat ment au sergent, ou le sergent ment au lieutenant, ou le lieutenant ment au capitaine, ou le capitaine ment au colonel qui ment à son tour au général qui ment à l’état-major lequel délivre de fausses informations au pouvoir politique pose un problème qu’il n’est pas dans notre compétence d’analyser et de résoudre ».

Ne surtout pas stigmatiser les musulmans, attention!

Quiconque auditerait les relations de la France face à l’islam et l’islamisme, quitterait le territoire au bout de quelques semaines en laissant un message similaire à celui des militaires pakistanais. Sauf qu’en France, le mensonge ne part pas du bas de la société ; il est secrété par le bloc élitaire (classe politique-multinationales-médias) pour intoxiquer l’ensemble de la société.

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Ainsi, pour la justice et la police, les djihadistes ne sont pas les guerriers de l’islam mais des « déséquilibrés » et dans le meilleur des cas des « loups solitaires ». Pour la classe médiatique, les fanatiques musulmans qui ont chassé la jeune Mila de son école et l’ont menacée de mort sont des « victimes » offensées par le vocabulaire violent de la jeune fille, et les « hidjabistes » (pour reprendre le terme de Zineb el Razhoui) qui hantent nos rues sont pour les Dominique Sopo et autres Yassine Belattar, des militantes des droits de l’homme.  Il n’est donc pas étonnant qu’à Mulhouse, le 18 février, Emmanuel Macron ait jugé « stigmatisant » de reconnaître que la France avait un problème avec l’islam.

Trois influences extérieures malignes identifiées

Pour ne pas avouer à l’opinion publique que l’immigration musulmane de masse génère d’insolubles problèmes de sécurité, d’inégalités, d’incivilités, le président s’est livré à un subterfuge. Emmanuel Macron a développé l’idée que les Français musulmans sont bons par nature, mais qu’une influence étrangère travaillait à les pervertir. Trois mesures phares du programme de Mulhouse sont donc destinées à restaurer en France, un islam à l’état de nature, c’est-à-dire un islam bon, débarrassé d’influences extérieures malignes :

La première concerne le financement des mosquées par des puissances étrangères. « Des mesure fortes seront prises pour mieux contrôler les financements étrangers des lieux de culte, pour garantir leur pleine transparence. Nous avons besoin de transparence sur les origines et les finalités ». Pas question de tout interdire, mais une loi prochainement votée ouvrira les portes à plus transparence.

La seconde, concerne les Elco, (enseignements en langues et cultures d’origine étrangère). Ces enseignants venus de l’étranger, qui ne parlent pas le français et qui, dans le cadre de l’éducation nationale – mais sans que l’éducation nationale ait un droit de regard sur leur activité – ont la main sur 80 000 élèves français d’origine algérienne, tunisienne ou turque. Dire qu’une menace « séparatiste » voire djihadiste s’exerce depuis 1977, date de création des Elco est un euphémisme.

La troisième pernicieuse influence étrangère concerne « le système des imams détachés » et autres « psalmodieurs » qui sont accueillis spécifiquement chaque année lors du ramadan. Trois cent imams étrangers ne parlant pas le français cesseront de venir prêcher un islam étranger et peut être dangereux en France.

Et si on demandait leur avis aux peuples européens?

Ces trois mesures marquent la sortie de ce mensonge que notre président appelle l’ « islam consulaire » mais qui est en réalité la conséquence de quatre décennies de Dialogue Euro-Arabe (DEA). L’historienne britannique Bat Ye’or a parfaitement analysé dans Eurabia (Ed Jean-Cyrille Godefroy) la succession d’alliances et d’allégeances qui a amené l’Union européenne a discrètement s’inféoder aux pays arabes : en échange d’hydrocarbures et de marchés, l’Europe a accepté de s’ouvrir à toujours plus d’immigration, à toujours plus de concessions sur la langue arabe, à toujours plus de mosquées et à toujours moins d’intégration des travailleurs immigrés musulmans.

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Le séparatisme islamique auquel Emmanuel Macron a annoncé vouloir s’attaquer est la conséquence de quatre décennies de cette discrète politique d’accueil et d’autonomisation de migrants musulmans en France et en Europe. Discrète, car bien sûr les peuples européens n’ont jamais été consultés ni sur l’immigration musulmane de masse, ni sur cette calamiteuse « alliance » euro-arabe qui a eu pour effet de chasser les classes populaires françaises des banlieues des grandes villes, de chasser les élèves juifs des écoles de la République dans les quartiers sensibles et de réprimer la liberté d’expression chaque fois que quelqu’un a tenté de poser le débat de la place de l’islam et de la place des musulmans dans la République.

Le mensonge n’est pas (seulement) qu’à Mulhouse Emmanuel Macron ait masqué tout cet arrière-plan historico-diplomatique entre l’Europe et le monde arabe, le mensonge est dans la solution qu’Emmanuel Macron a mis en place pour remplacer l’islam consulaire défaillant.

La menace CFCM

Les sociétés arabes étant elles-mêmes travaillées et disloquées par les courants islamistes, les pays d’Europe pourraient reprendre leur indépendance et commencer à intégrer leurs populations musulmanes avec un savant mélange de carotte et de bâton. Mais ce n’est pas la voie choisie par Emmanuel Macron. Le tuteur consulaire faisant aujourd’hui défaut – ou se révélant dans le cas de la Turquie plutôt menaçant – , le président de la République a choisi de confier les Français musulmans à un autre tuteur mensongèrement présenté comme authentiquement national.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM), cette créature hybride inventée par Nicolas Sarkozy en 2003, est présenté comme LA solution franco-française pour incarner un islam de France débarrassé des influences étrangères. Or le CFCM, depuis les origines, est une structure sous contrôle des Frères Musulmans. Et les Frères Musulmans sont une confrérie islamiste internationale, qui n’a aucune tradition sur le sol français, qui voile les femmes musulmanes partout où elle s’implante, pratique le terrorisme quand cela fait avancer ses plans, et qui est interdite partout au Moyen-Orient sauf au Qatar et à Gaza.

Le CFCM, dont le bilan politique depuis 2003 est proche de zéro, est donc sommé par le Président « de prendre ses responsabilités et de formuler des propositions rapides et claires pour assurer l’exercice en France d’un islam dont toutes les pratiques doivent se conformer aux lois de la République ». Par quel miracle le CFCM pourrait-il répondre aux attentes présidentielles ? Par le miracle des dons dont la fée République l’a doté ! L’Association pour l’islam de France (AMIF) que dirige Hakim el Karoui mettra à la disposition du CFCM des centaines de millions d’euros collectés dans la poche des Français musulmans (taxe halal, pélerinages…). A ces centaines de millions s’en ajouteront des centaines d’autres piochés dans la poche des non-musulmans : subventions aux associations des quartiers sensibles, crédits à l’emploi, crédits de la politique de la ville (« le réinvestissement de l’Agence nationale de rénovation urbaine avec là aussi un réinvestissement inédit depuis la première génération »)…

Où qu’ils se tournent (pèlerinage, travail, logement…), les Français musulmans auront les Frères pour interlocuteurs. Cette organisation que Donald Trump envisage de placer sur la liste des organisations terroristes, cette confrérie qui prône la charia, qui pratique en France le djihad judiciaire (procès contre Houellebecq, Zemmour, Charlie Hebdo, Bensoussan…), qui a soutenu les jeunes fanatiques qui ont chassé Mila de son école, a pour mission de « clientéliser » tous les Musulmans de France !

Il est hors de question de penser qu’Emmanuel Macron « ignore », « ne sait pas », « évalue mal » … toutes expressions que les lanceurs d’alerte utilisent depuis deux décennies pour masquer leur perplexité face aux errements du pouvoir. Emmanuel Macron sait ce qu’il fait et agit en conscience, bien que le mot (« conscience ») ne soit pas adéquat. Faut-il voir dans cette étrange et calamiteuse politique la volonté d’un « deal » entre les Frères et Emmanuel Macron qui sécuriserait son deuxième mandat à la présidence de la République ? Comme l’écrit Céline Pina à propos des maires de Roubaix et Maubeuge, « on aimerait savoir si c’est le clientélisme qui les empêche de voir ou si le pouvoir les aveugle au point que seul leur intérêt particulier les guide ».

 

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Le grand abandon: Les élites françaises et l'islamisme