Premier exemple :  Le courage de quitter l'islam

Le courage des ex-musulmans - Jamal : L'amour d'une famille musulmane

 

Ils ont choisi le Christ


Témoignage : "Pourquoi j’ai quitté l’islam ?"

Margaux Schild (st.) |

Publié le 19 avril 2017 | Mis à jour le 19 avril 2017

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En rupture avec l'islam, les ex-musulmans de Belgique se dévoilent pour livrer leur apostasie. | © Flickr - Mrehan

 

Si le texte du Coran ne prévoit aucune sanction, renier l’islam reste un phénomène minoritaire dans la religion musulmane. En rupture avec cette croyance, les ex-musulmans de Belgique s’organisent pour livrer leur apostasie. Yasser (nom d’emprunt) est l’un d’entre eux.

 

L’islam coule dans son sang. L’islam reste sa chaire. Et pourtant. Issu d’une famille islamo-conservatrice, Yasser, 27 ans, a décidé de quitter la religion d’Allah en 2009. Pour parler de son passage à l’apostasie (ndlr : attitude d’une personne qui renonce à une religion), ce jeune Belgo-Marocain a choisi un endroit à l’abri des musulmans : « Je ne veux pas créer le débat, je sais ce que l’on pense vu que je me suis trouvé de l’autre côté. Et puis, ça pourrait arriver jusqu’aux oreilles de mes parents ». « Musulman » modèle devant ses proches et véritable « mécréant » au quotidien, le jeune homme joue une partie de cache-cache depuis huit ans. « Je mène une double vie. Je n’oserais pas dire à ma famille que j’ai quitté l’islam car pour eux, être musulman est la chose la plus précieuse. Ils peuvent tout entendre, je pourrais être gay ou me prostituer, mais pas renier l’islam » confie Yasser.

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« Je pourrais être gay ou me prostituer, mais pas renier l’islam »

Dès le plus jeune âge, Yasser est bercé dans la foi mahométane (ndlr : qui professe la religion de Mahomet). Prier cinq fois par jour, invoquer Allah, aller à la mosquée, parler arabe… son quotidien est réglé en fonction de l’islam, et très vite, ses parents l’inscrivent dans un centre culturel islamique pour y apprendre l’arabe et l’islam. Mercredis après-midi, week-ends, jours fériés, vacances scolaires : les temps libres de Yasser sont réservés à la religion, au détriment d’autres activités. « Je ne pouvais pas participer aux voyages, je devais éviter de sortir, ne pas avoir d’amis d’origines diverses. Dans cette religion, il y a beaucoup d’interdits et de menaces par rapport à l’enfer post-mortem, et j’ai été éduqué dans la répression et dans la peur ». 

La peur ? La pression de ne pas être un bon musulman ? Yasser ne la connaît que trop bien. Le jeune homme se râcle la gorge, et revient sur son parcours à l’école coranique islamique. La pédagogie l’a toujours pesé : « À la différence de l’école obligatoire, les professeurs avaient tous les droits. S’ils estimaient que je n’étais pas assez obéissant ou que je commettais des erreurs d’apprentissage, il est arrivé qu’ils portent atteinte à mon intégrité physique, et avec le consentement de mes parents ».

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Dans ces institutions, l’apprentissage du livre sacré est de mise « Les professeurs s’axaient principalement sur la stricte mémorisation du Coran, que j’apprenais sans en comprendre un traître mot. La remise en question des textes était proscrite. Les imams m’avaient enseigné toutes les clés du comment : comment faire, comment pratiquer, comment penser, que dire, comment réciter, mais jamais pourquoi ». 

Et c’est le pourquoi du comment qui va pousser Yasser à l’âge de seize ans à rompre petit à petit avec sa foi. Dans un premier temps, il convainc ses parents d’arrêter l’école coranique et se libère de toute autorité religieuse. Les questions sur l’islam qu’il se posait enfant lui reviennent comme un boomerang. « J‘avais toujours une sorte d’image faussée du prophète dans mon esprit. J’ai donc entrepris des recherches dans des livres, mais aussi sur internet. Cela a été comme la boîte de Pandore car j’y ai découvert des écrits islamiques que je ne connaissais pas du tout » poursuit l’ex-musulman.

Je n’acceptais pas qu’on puisse salir ma religion et je suis devenu pendant trois ans une sorte d’avocat de l’islam.

 

L’élément déclencheur

Sur la toile, Yasser trouve de tout, aussi bien des prosélytes que des détracteurs de l’islam. Jamais il n’avait vu autant de commentaires, d’ouvrages, de témoignages qui critiquaient la religion d’Allah. C’est en colère qu’il se lance dans la recherche du pourquoi et entre en débat sur différents forums et réseaux sociaux. « Je me cultivais davantage sur ma confession pour trouver des réponses aux critiques. Je n’acceptais pas qu’on puisse salir ma religion et je suis devenu pendant trois ans une sorte d’avocat de l’islam ». 

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En tombant sur un hadith – tradition relative aux actes et paroles de Mahomet compilée dans un ou plusieurs recueils – Yasser éprouve pour la première fois de la haine envers le prophète. « Le passage qui explique le nettoyage de tâches de sperme par Aïcha, mariée à 6 ans au prophète, sur le vêtement de Mahomet, m’a répugné. J’ai eu du mal à ce moment, de me mentir à moi-même, cette religion était pour moi dégueulasse et ne correspondait pas aux valeurs humanistes. Je ne me rendais pas compte que la première personne que je cherchais à convaincre durant tous ces débats était moi-même ». Ses doutes refoulés émergent tout à coup, et c’est à 19 ans, que Yasser décide de quitter la confession musulmane. Au départ, il est toujours contraint de poursuivre intégralement sa vie de mahométan et les rites qu’elle implique. Mais il en est persuadé : le Coran ne vient pas d’un Dieu. Il se met à relever ce qu’il a appelé des « contradictions et des erreurs scientifiques, historiques, théologiques ».

« L’islam m’a détruit »

Pour Yasser, quitter l’islam ne se fait pas du jour au lendemain. Rejeter sa religion, c’est abandonner une partie de soi et être persuadé que l’islam n’est pas une religion véridique. « L’islam m’a détruit, a bousillé ce que j’étais pendant des années. Après m’être détourné de Mahomet, j’ai été athée par défaut pendant quelques temps. Maintenant, je philosophe plus sur le sens de la vie, sur l’existence. J’ai appris à me reforger une éthique, une morale et je me suis débarassé de toute superstition islamique ».

Aujourd’hui, le jeune homme ose parler de son apostasie, mais continue de porter un masque devant les membres de sa famille. « J’essaye d’épargner mes proches et je pense aux conséquences si mes parents apprenaient que je suis apostat. Dans le moindre mal, je serais banni », et le pire des cas, Yasser rétorque : « connaissant mes parents, je pense que ça pourrait aller jusqu’à la persécution morale ou physique. Je sais que pour eux, l’apostat mérite même la mort, car l’islam est plus important ».

Je sais que pour eux, l’apostat mérite la mort.

Mais Yasser n’est pas seul. Au seins des ses proches, l’ex-musulman a un allié : son frère. Au cours de ces derniers mois, leur père a failli le renier à cause de son épouse, peu pratiquante. Menacé, le cadet de la famille s’est alors lui aussi détourné de l’islam. « On se consulte tout le temps pour cacher notre apostasie. On doit agir, penser, pratiquer l’islam de la même manière pour dissimuler les doutes. Quitter l’islam est considéré comme une véritable trahison, et on sait comment les infidèles sont traités… Moi, pour le moment, je suis épargné ! »

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L’esprit libre

Pour Yasser, abandonner l’islam, c’est redémarrer sa vie. L’ex-musulman affirme que l’apostasie a changé le regard qu’il portait sur le monde. « Je me sens enfin libre et en accord avec moi-même ». Dans la vie pratique, il ne se sent plus oppressé par les  « interdits » de l’islam. « Je travaille avec des musulmans, cela m’est déjà arrivé de vanter les mérites d’un bon vin » lance-t-il.

Yasser fait aujourd’hui partie de l’association des ex-musulmans de Belgique créée en 2011. Il y a de plus en plus de témoignages et d'associations des ex-musulmans :

Voir aussi : les ex-musulmans sur YouTube.

 

Les deux objectifs principaux de ce mouvement sont de défendre les intérêts des apostats et d’apporter une critique raisonnée de l’islam qui n’a rien à voir avec le racisme ou les activités de l’extrême droite. Si l’ex-musulman s’est libéré de sa religion, il ne veut pas pour autant convaincre les croyants. « Si je lui montre des textes, le musulman va nier l’authenticité ou va jouer sur la traduction de l’arabe, une langue magique. Et puis, je respecte la foi des autres. Pour l’instant, j’apporte mon aide à ceux qui voudraient quitter l’islam. Parce qu’ils ne sont pas seuls ».