Algérie : mobilisation massive après le féminicide d'une jeune femme de 19 ans 

Par Pauline Weiss

 

Publié le 12/10/2020

https://www.marieclaire.fr/feminicide-algerie,1358754.asp  

Début octobre, le corps de Chaïma Saadou, âgée de 19 ans, violée et brûlée vive, a été retrouvé dans une station essence à l'Est d'Alger. Ce féminicide a déclenché une grande mobilisation à travers le pays et sur les réseaux sociaux, relançant les débats sur la peine de mort.
Le 1er octobre, Chaïma, une jeune Algérienne de 19 ans a été kidnappée, violée, frappée et brûlée vive. Son corps a été laissé au bord d'une station essence abandonnée, à Thénia, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Alger, et retrouvé le lendemain. 
Selon les informations transmises par la mère de la victime, elle était partie régler une facture de téléphone. Le suspect a été arrêté et a avoué les faits. Il est poursuivi pour "viol et homicide volontaire avec préméditation et guet-apens en utilisant la torture", relaie Franceinfo. Il avait déjà tenté de violer la jeune fille en 2016, qui avait déposé plainte. Aucune mesure n'avait été prise par la police.

 

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Des rassemblements dans tout le pays

À la suite de l'assassinat de la jeune femme, des rassemblements ont été organisés dans tout le pays par des collectifs féministes, à Alger, Bejaia, Constantine, Oran et Tizi Ouzou. Devant la faculté d'Alger, elles étaient une centaine à réclamer justice pour Chaïma, et pour leurs "soeurs assassinés", rapporte TV5 Monde.

Ce gouvernement n'offre aucun refuge ni mécanisme pour protéger les victimes de leurs tortionnaires.

Le peuple algérien dénonce l'inefficacité de la police et des autorités, incapables de protéger Chaïma, alors qu'elle avait déjà porté plainte contre son assassin. "Ce gouvernement n'offre aucun refuge ni mécanisme pour protéger les victimes de leurs tortionnaires. Ce gouvernement dit qu'il a des lois, mais en réalité on demande aux femmes de pardonner à leur agresseur, que ce soit leur frère ou leur père ou qui que ce soit d'autre", ont dénoncé les manifestantes à Alger, relate Le Point.

En France aussi, des actions ont eu lieu pour dénoncer ce féminicide. Le 9 octobre, les Femen ont protesté en dévoilant le message "Justice pour Chaïma". La veille, un sit-in a eu lieu devant le consulat d'Algérie, à Paris, selon les informations du Point. 

Mobilisation sur Internet pour l'exécution du coupable

Une vidéo de la mère de la victime diffusée sur les réseaux sociaux a été largement reprise par les télévisions algériennes. À genoux, elle demande au président algérien Abdelmadjid Tebboune l'application de la peine de mort pour l'assassin de sa fille. Bien qu'elle ne soit pas encore abolie en Algérie, elle n'a pas été utilisée depuis 1993.

Selon les médias locaux, le président a demandé "l'application des peines maximales, "sans possibilité d'allègement ou de grâce".

Sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter, le hashtag #JeSuisChaïma a été utilisé par de nombreux internautes, accompagné du message "Je suis Chaïma, j’ai été violée en 2016 et j’ai eu le courage de déposer plainte dans une société conservatrice. Je suis toujours Chaïma, on est en 2020 et j’ai été violée une nouvelle fois par le même violeur qui m’a poignardée et brûlée."

Plus de 39 féminicides depuis le début de l'année en Algérie

D'après la page Facebook Féminicides Algérie, il s'agirait du 39e féminicide depuis le début de l'année en Algérie. Ce chiffre serait sous-estimé, ont expliqué les militantes féministes en charge de la page à Franceinfo. "Ce chiffre représente les cas recensés après une recherche quotidienne dans les médias et sur les réseaux sociaux", ont-elles précisé.

À la date du 12 octobre, la page Féminicides Algérie en comptabilisait 41.

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