On trouve derrière ces affaires « des profils variés, des gens radicalisés, mais
aussi des personnes qui souffrent de troubles mentaux ou qui envoient un message
sans mesurer sa gravité », ainsi que « des jeunes », note le procureur de Paris,
Rémy Heitz.
Par Le Figaro avec AFP
Publié le 7 novembre 2020
Au lycée François-Magendie de Bordeaux, le 2 novembre. PHILIPPE
LOPEZ / AFP
Au niveau national, près de 200 enquêtes ont été ouvertes au cours de la
dernière semaine d'octobre pour apologie du terrorisme, menaces de mort, injures
ou provocations à la haine en lien avec la décapitation de Samuel Paty le 16
octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
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mois ferme puis expulsion pour avoir «glorifié» l'assassinat de Samuel Paty
La Chancellerie, qui confirme ce chiffre avancé par France Info, précise qu'il
est «à appréhender avec prudence, dans la mesure où il n'y a pas de point de
comparaison nationale» et n'a pas souhaité actualiser ce bilan.
«Ça explose! On a beaucoup de menaces qui visent des personnalités publiques,
le Président de la République, le Premier ministre, plusieurs ministres, des
députés, des enseignants», détaille une source judiciaire, qui y recense
beaucoup d'allusions plus ou moins directes «à des menaces de décapitation».
70 enquêtes
Au parquet de Paris, qui centralise une grande partie des procédures, environ 70
enquêtes ont été ouvertes notamment pour « apologie du terrorisme » et «
menaces de mort ou de violences » depuis la décapitation du professeur
d'histoire-géographie qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet à ses
élèves lors de cours sur la liberté d'expression.
«Toute plainte ou signalement fait automatiquement l'objet d'une ouverture
d'enquête», assure à l'AFP le procureur de Paris, Rémy Heitz. «Dès lors
qu'il y a une connotation terroriste ou une apologie de terrorisme, les faits
sont systématiquement signalés au parquet national antiterroriste»,
précise-t-il. On trouve derrière ces affaires «des profils variés, des gens
radicalisés, mais aussi des personnes qui souffrent de troubles mentaux ou qui
envoient un message sans mesurer sa gravité», ainsi que «des jeunes»,
note le procureur.
Mesure éducative
Lundi, lors de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires,
l'Education nationale a recensé «environ
400 violations de la minute de silence, dans des formes parfois légères, parfois
lourdes», a indiqué vendredi matin sur RTL le ministre Jean-Michel
Blanquer. « Chacune de ces violations est suivie de poursuites disciplinaires
», et parfois de «poursuites pénales», a-t-il précisé. Certains
élèves ont siffloté pendant l'hommage, d'autres ont ri, relate le parquet d'Evry
qui a reçu « énormément de signalements » pour des comportements qui ne
constituent toutefois pas une infraction pénale.
A Paris, une collégienne de 15 ans a été mise en examen pour « apologie de
terrorisme » après avoir accablé Samuel Paty. Elle a écopé d'une réparation
pénale, mesure éducative qui prévoit notamment une réflexion du mineur sur son
délit. Dans un lycée de Caluire-et-Cuire (Rhône), un élève de 15 ans a menacé un
professeur de lui « couper la tête ». A Gisors (Eure), une fille de 12
ans a diffusé une photo de la tête décapitée du professeur à ses camarades.
Quatorze procédures ont été ouvertes lundi et mardi contre des mineurs pour «
apologie du terrorisme » dans des établissements scolaires en marge de
l'hommage, selon la Chancellerie.
Jeudi matin à Albertville (Savoie), ce sont même quatre élèves de 10 ans qui ont
été arrêtés à leur domicile, puis entendus par la police, selon le parquet de
Chambéry. Une action « disproportionnée » selon leurs proches, membres de
la communauté turque, mais justifiée par le ministère de l'Intérieur dans une
vidéo.
Au lendemain de la mort de Samuel Paty, le ministre de la Justice a demandé aux
procureurs généraux la plus grande fermeté dans le traitement des comportements
incitant à la haine ou appelant à commettre des crimes ou délits, plus
particulièrement s'ils visent des enseignants, des agents du service public ou
des forces de l'ordre.
Des peines conséquentes sont ainsi tombées cette semaine : six mois de prison
ferme et dix ans d'interdiction du territoire français mercredi à Pontoise
(Val-d'Oise) pour un Algérien de 34 ans qui avait «glorifié» l'assassinat
de Samuel Paty, et
un an de prison ferme avec incarcération immédiate jeudi à Versailles (Yvelines)
pour un homme qui avait menacé de décapitation un professeur
d'histoire-géographie de l'Isère.
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