Le président de la fondation de l'Islam de France se déchaîne à son tour contre l'imam Chalghoumi

 

Par Martine Gozlan - Publié le 18/11/2020

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Le président de la fondation de l'Islam de France se déchaîne à son tour contre l'imam Chalghoumi

Ghaleb Bencheikh
MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Ghaleb Bencheikh, le président de la Fondation de l’Islam de France, multiplie les accusations contre l’imam Hassen Chalghoumi à un moment où ce religieux républicain est menacé de mort.

Mais qu’est-ce qui leur prend aux très respectables membres de la Fondation de l’Islam de France ? Après Bariza Khiari, dont Marianne avait relevé les emportements malvenus contre Hassen Chalghoumi, l’imam très républicain de Drancy menacé de mort, c’est au tour de Ghaleb Bencheikh, le propre président de cette Fondation, de se déchaîner dans les colonnes du site algérien TSA ( Tout sur l’Algérie).

Selon cette sommité, que l’on se réjouissait de voir prêcher la tolérance et l’altérité, les musulmans de France seraient « humiliés de voir un benêt ânonnant des mots convenus, le plus souvent sans finir ses phrases, parler en leur nom et présenté comme leur représentant. Ce n’est pas normal ! Sait-on qu’il a un effet repoussoir auprès des jeunes musulmans ? »

C’est sans doute à dessein que Bencheikh reprend le terme «  repoussoir » utilisé par Bariza Khiari  et dénonce, dans le sillage de sa collègue de la Fondation, l’« omniprésence dans les médias » de cet imam qui leur cause apparemment tant de soucis.

"HAINE CONTRE LES MUSULMANS"

Celui qui fut aussi le président de la « Conférence mondiale des religions pour la paix » regrette-t-il de passer un peu moins sur les plateaux ? On n’en finira jamais avec les effets délétères du ressentiment…

Poursuivant sur sa lancée, et très inspiré par l’empathie que lui manifeste le site algérien, Ghaleb Bencheikh se livre ensuite à une fine analyse de la situation française : « Il y a véritablement en France une haine contre les musulmans en tant que personnes, assène-t-il. C’est une attitude de défiance, d’hostilité et de détestation à leur encontre qui se manifeste dans la vie réelle, sur les réseaux sociaux et sur certaines chaînes de télévision… » Et de plaider ensuite pour « une instance qui absorberait l’émotion des musulmans discriminés et qui canaliserait leur colère… Une instance qui prendrait en charge la souffrance des musulmans dans un cadre républicain… »

UN PACTOLE DE 10 MILLIONS POUR LES INITIATIVES DE LA FONDATION DE L'ISLAM DE FRANCE

Autrement dit, le président de la Fondation de l’Islam de France adopte dans une première phrase (et phase) exactement le même discours que celui du Qatar, du Pakistan et d’un bon nombre de nations islamiques qui prêchent la haine de la France « ennemie de l’islam » et déforment les déclarations du président Macron sur la défense de la liberté d’expression.

Ce même Macron qui, le 2 octobre dernier, avait annoncé un pactole de 10 millions pour les initiatives futures de la Fondation. L’Élysée va-t-il s’en inquiéter ? Quelqu’un, dans l’entourage du président, a-t-il lu l’interview recueillie par le site algérien ? Sinon, merci d’aller le lui porter. Ou bien relèvera-t-on seulement la deuxième phrase (et phase) de la puissante réflexion de Ghaleb Bencheikh ? Celle où il plaide pour la création de cette instance si compréhensive pour « la souffrance des musulmans » ? C’est beau comme de l’Edwy Plenel ! Macron n’a qu’à encaisser la première salve et passer directement au financement – coûteux de la vaste cellule psychologique d’assistance aux musulmans persécutés.

"AVÈNEMENT D'UNE NOUVELLE ÈRE"

La conclusion de cet entretien édifiant vaut son pesant de langue de bois : « La dernière séquence qu’a pu connaître la nation française doit être subsumée, pontifie Bencheikh. C’est l’occasion d’affirmer qu’elle est en devenir et aura un avenir. Il nous incombe à nous tous, qui nous disons hommes et femmes de bonne volonté, de faire en sorte que cet avenir soit radieux et que l’effusion de sang d’êtres innocents ne soit pas vaine. Ce sera l’avènement d’une nouvelle ère où les difficultés liées à la question épineuse islamique en France seront aplanies. » Un langage de Trissotin, onctueux à souhait. De quoi graisser les gonds de la grande porte par laquelle rêvent de s’engouffrer nos apparatchiks pressés de représenter ces « musulmans souffrants » qui, grâce à leurs bons soins et beau langage, resteront « républicains ».

De quoi s’inquiéter, en réalité, pour tous les citoyens français, quelle que soit leur religion ou irréligion, des intentions réelles des personnalités à la tête de la Fondation de l’Islam de France…

 

Quand la Fondation de l'islam de France adoube l'islamisme saoudien

 

Par Hadrien Mathoux

Publié le 

 

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En co-organisant une conférence avec la Ligue islamique mondiale, Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'islam de France, a créé l'inquiétude voire la colère chez les laïques. Il nous explique faire le pari d'une évolution de l'organisation phare de diffusion de l'islam wahhabite.

C'est peu de dire que Ghaleb Bencheikh a surpris son monde. L'islamologue de 60 ans, qui préside la Fondation de l'islam de France (FIF) après avoir succédé à Jean-Pierre Chevènement en décembre 2018, passe pour un irréprochable républicain soucieux de "réconcilier la nation française avec sa composante islamique". Pourquoi, alors, risquer de se compromettre avec le bras non-armé du wahhâbisme saoudien ? Ce mardi 17 septembre, la FIF co-organisait, au Palais-Brongnart de la Bourse de Paris, une "conférence internationale pour la paix et la solidarité" avec la Ligue islamique mondiale (LIM). Or, la LIM et son secrétaire général, Mohammed Al-Issa, sont venus précédés d'une réputation plus que douteuse.

Fondée en 1962 par le prince Fayçal d'Arabie saoudite, la LIM est une organisation phare de financement du salafisme et du djihadisme, un outil de soft power qui a servi à diffuser dans le monde entier, à grands coups de pétrodollars (près de 100 milliards investis), la vision rétrograde, misogyne et violente de l'islam plébiscitée par le régime saoudien. L'objectif de la Ligue, depuis sa création, est de "propager l'islam" et "d'entreprendre des projets en matière de propagande islamique, d'éducation et de culture" : construction d'écoles et de centres culturels, distribution et traduction d'ouvrages fondamentalistes, activisme judiciaro-politique... En 2006, la LIM s'était ainsi associée à l'UOIF (branche française des Frères musulmans) pour porter plainte contre Charlie Hebdo après la publication de caricatures de Mahomet. Parfois, cela va plus loin : Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT), a révélé que la LIM avait "financé des camps d’entraînement d'al-Qaïda en Afghanistan selon l'ONU, les services américains, espagnols et français".