Tués dans une église, à Nice : Le nouvel attentat islamiste qui pousse la France à bout

 

La France vit l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice comme l’épreuve de trop, qui déclenche des réactions politiques d’une rare virulence.

Alain Rebetez, Paris

Publié le 28 octobre 2020

 

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Des policiers devant l’entrée de la basilique Notre-Dame de Nice, après l’attentat survenu à l’intérieur et aux abords de l’édifice.

Des policiers devant l’entrée de la basilique Notre-Dame de Nice, après l’attentat survenu à l’intérieur et aux abords de l’édifice.

AFP

C’est un sentiment de répétition qui étreint le pays au cœur. Après le carnage du 14 juillet 2016 à Nice et ses 86 morts, après l’attentat de la rue Nicolas-Appert et ses deux blessés le 25 septembre, après la décapitation du professeur Samuel Paty il y a deux semaines, voici un nouvel acte d’horreur dans la basilique Notre-Dame, à Nice. Trois morts. Cette fois-ci, ce n’est pas la fête, la liberté d’expression ou la laïcité qui sont attaquées, mais la communauté catholique.

« Nous sommes visés en tant que chrétiens. On s’est trop longtemps voilé la face, on ne peut plus le faire »

Laura, une paroissienne de la basilique Notre-Dame

Le choc est terrible et quelques heures plus tard, un glas sonné aux églises du pays en donne la mesure. Deux fidèles de la paroisse, Laura et sa fille de 28 ans Séphora, ont accouru, une croix de bois sur la poitrine, dans le désir de témoigner: «Nous sommes visés en tant que chrétiens. On s’est trop longtemps voilé la face, on ne peut plus le faire», dit la mère. «Vincent était un homme costaud et sportif, je suis sûre qu’il a cherché à s’interposer», pleure la fille. Elle parle du sacristain.

Selon le procureur antiterroriste Jean-François Picard et d’après les images vidéo, l’assaillant est entré dans l’église à 8 h 29, peu après son ouverture. En une demi-heure, il agresse trois personnes: une femme de 60 ans retrouvée égorgée près de l’entrée, le sacristain dénommé Vincent, 55 ans, et enfin une femme de 44 ans qui s’enfuit de la basilique à 8 h 54 pour trouver refuge dans un restaurant. Elle y décédera malheureusement de ses blessures.

Avertie par des riverains, la police municipale arrive à 8 h 57 sur les lieux et entre dans la basilique. À Nice, cette police est armée et c’est elle, avant l’arrivée de la police nationale ou du Raid, qui neutralise l’agresseur. L’individu se précipite sur les quatre policiers en criant «Allah akbar», ils tentent de le maîtriser avec un pistolet électrique avant de lui tirer dessus. Selon le témoignage du maire de Nice Christian Estrosi, l’agresseur ne cessait de crier «Allah akbar» alors que, grièvement blessé, il était pris en charge par le personnel sanitaire.

«Trop c’est trop. Il est temps maintenant que la France s’exonère des lois de la paix pour anéantir définitivement l’islamo-fascisme»

Christian Estrosi, maire de Nice

Il s’agit d’un Tunisien de 21 ans, arrivé le 20 septembre à Lampedusa et passé le 9 octobre par Bari. Entré clandestinement en France, il est inconnu des services de police. Près de lui on a retrouvé un Coran, un couteau avec une lame de 17 cm, et un sac avec ses effets personnels.

Dans toute la France, qui vit ce jeudi-là ses dernières heures de vie normale avant le retour du confinement à minuit, c’est un mélange de stupeur, de dégoût et de découragement. Quand donc cela cessera-t-il? Le maire Christian Estrosi, le premier à se rendre sur place pour une déclaration, donne le ton: «Trop c’est trop, il est temps maintenant que la France s’exonère des lois de la paix pour anéantir définitivement l’islamo-fascisme de notre territoire.» Il appelle à «nous exonérer de ce que beaucoup de «droits-de-l’hommistes» exigent en permanence, c’est-à-dire de s’abriter en permanence derrière la Commission de l’informatique et des libertés ou des lois absurdes»…

 

La stupeur des passants aux abords de la basilique Notre-Dame de Nice.

La stupeur des passants aux abords de la basilique Notre-Dame de Nice.

keystone-sda.ch

 

À l’Assemblée nationale, le premier ministre Jean Castex, qui était venu présenter les détails du confinement, annonce la nouvelle. Tous font une minute de silence, mais aussitôt après la parole retrouve ses droits, déchaînée. Éric Ciotti, un des leaders républicains connu pour ses positions sécuritaires explose: «Une véritable guerre nous est déclarée, il faut vraiment changer de cadre, […] arrêter avec cette pseudo-défense des libertés individuelles qui ne servent qu’à protéger les terroristes.» Il appelle à l’expulsion des «4000 étrangers fichés radicalisés» et cite les «2540 détenus islamistes qui sont sortis ou vont sortir de prison».

«Si nous sommes attaqués une fois encore, c’est pour les valeurs qui sont les nôtres, pour notre goût de la liberté»

Emmanuel Macron

Plus pondéré, l’ancien président Nicolas Sarkozy appelle la France à «faire preuve d’une détermination sans faille et d’un grand sang-froid afin de ne pas tomber dans le piège dans lequel les ennemis de la démocratie veulent nous attirer». Au même moment, on apprend qu’un vigile a été attaqué au couteau devant le consulat de France de Djeddah, en Arabie saoudite. Jean Castex place le pays en alerte attentat générale et Emmanuel Macron, venu à Nice pour témoigner de la solidarité de la nation, annonce qu’il a porté de 3000 à 7000 le nombre de soldats engagés dans l’opération Sentinelle, notamment pour «protéger les lieux de culte».

«Si nous sommes attaqués une fois encore, c’est pour les valeurs qui sont les nôtres, pour notre goût de la liberté», souligne le président. Pendant ce temps l’après-midi avance, et à Nice comme dans le reste de la France, terrasses et magasins sont bondés dans les dernières heures avant le confinement. La vie, envers et malgré tout.