Le Conseil Français du Culte Musulman demande aux français de renoncer à certains droits !



"Renoncer à certains droits" : le président du CFCM oppose les caricatures de Mahomet à un "devoir de fraternité"

 


Contorsions

 

Par Magazine Marianne

 

Publié le 27/10/2020

 

https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/renoncer-a-certains-droits-le-president-du-cfcm-oppose-les-caricatures-de-mahomet-a-un-devoir-de-fraternite

 

"Renoncer à certains droits" : le président du CFCM oppose les caricatures de Mahomet à un "devoir de fraternité"

"La volonté délibérée d'offenser les sentiments n'a pas lieu d'être dans un pays où la fraternité est sa troisième tryptique", a affirmé le président du CFCM en réaction à la projection des dessins de Charlie Hebdo par la région Occitanie. (Capture d'écran RMC)

 

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a mis en balance la diffusion des caricatures de Mahomet avec un "devoir de fraternité" mardi 27 octobre sur RMC. Selon lui, il "faudrait mesurer l'usage de ce droit pour que celui qui est en face ne se sente pas comme provoqué, comme offensé".

Comme gêné aux entournures. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a mis en balance la diffusion des caricatures de Mahomet avec la sensibilité des croyants ce mardi 27 octobre sur RMC, suggérant de "renoncer à certains droits (...) par devoir de fraternité". Son argumentation ambiguë s'est ouverte par une charge contre la projection des dessins de Charlie Hebdo sur deux bâtiments de la région Occitanie le 21 octobre, une décision prise en réaction à l'assassinat de Samuel Paty. "Cela est vécu comme une provocation. (...) Je comprends ce sentiment de provocation. Je dis que certes la liberté d'expression elle est là, mais la volonté délibérée d'offenser les sentiments n'a pas lieu d'être dans un pays où la fraternité est sa troisième triptyque", pointe le président du CFCM."Certains ont cette volonté [d'offenser] d'autres souhaitent simplement ne pas renoncer aux appels extrémistes", nuance Mohammed Moussaoui, sans préciser s'il évoque toujours la décison occitane ou la diffusion des caricatures en général. Avant de poursuivre : "Je pense que nous pouvons renoncer à certains droits, pas pour faire plaisir à des extrémistes, mais surtout par devoir de fraternité, par responsabilité. (...) Le droit, par exemple, de caricaturer le prophète de l'islam dans des postures dégradantes", ajoutant toutefois qu'il "n'appelle pas à l'interdiction".

"MESURER L'USAGE"

"Est-ce aux caricaturistes de se censurer, ou aux musulmans de considérer que cela ne les offense pas ?", le relance alors la journaliste de RMC. "Je pense que les deux choses doivent arriver", répond le président du CFCM. "Les musulmans de France doivent ignorer de manière définitive les caricatures", affirme-t-il, invoquant "l'exemple du prophète de l'islam [qui] a été insulté et caricaturé", mais qui "n'a jamais répondu aux provocations".

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Mais il y a des extrémistes qui vont attiser 
(sic) par tous les moyens de montrer ces caricatures comme une offense aux musulmans de France (...) Je pense que pour préserver l'ordre public, parfois on est obligé de renoncer à certains droits", développe Mohammed Moussaoui. Et indique ensuite qu'il "faudrait mesurer l'usage de ce droit pour que celui qui est en face ne se sente pas comme provoqué, comme offensé", sans détailler la portée de cette modération. Tout en précisant que "rien, absolument rien ne saurait justifier l'assassinat d'un homme parce qu'il caricature" et "[qu']avancer les caricatures comme justification de l'assassinat de Paty est une insulte au prophète de l'islam". L'enseignant de Conflans-Sainte-Honorine a été tué un peu plus d'une semaine après avoir montré des dessins de Charlie Hebdo représentant Mahomet à ses élèves.

 

POSITION CHANGEANTE

La position du président du CFCM semble encore plus confuse quant à l'usage des caricatures à l'école. Sur RMC, il apparaît favorable à ce qu'elles soient montrées aux élèves par leurs professeurs : "Si cet acte est accompagné par les enseignants d'une pédagogie nécessaire et utile pour permettre aux enfants d'appréhender ce problème, ça peut être une manière pédagogique parmi d'autres", indique-t-il. Mais dans une interview sur franceinfo ce même jour, il se prononce à l'inverse contre l'usage des dessins en classe. "Je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour expliquer aux enfants la liberté d'expression. Je ne le souhaite pas. (...) Il y a d'autres moyens d'expliquer le respect mutuel, le respect des libertés des uns et des autres. À cet âge-là, il faut respecter le sentiment de ces enfants", affirme-t-il dans cet entretien.

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Mohammed Moussaoui est également revenu sur les campagnes de boycott visant les produits français dans plusieurs pays du Moyen-Orient, à la suite de récentes déclarations d'Emmanuel Macron. "Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent", a notamment affirmé le chef d'État dans son discours d'hommage à Samuel Paty, mercredi 21 octobre. Le président du CFCM a renouvelé son soutien au président français ce mardi auprès de franceinfo, tout en nuançant les propos d'Emmanuel Macron : "Il n'a pas dit qu'il fallait continuer à publier ces caricatures. Il a dit : "Nous ne renoncerons pas aux caricatures". Ce n'est pas tout à fait pareil. (...) À titre personnel, il n'est pas pour porter les caricatures et les publier n'importe où. Il n'incite pas à la publication de ces caricatures". Sur le même sujet, Mohammed Moussaoui avait appelé ce lundi les musulmans de l'Hexagone à "défendre l'intérêt" de la France, "grand pays où les musulmans ne sont pas persécutés".



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