"C'est le hashtag #SignaleUnMusulman qui confond islamistes et musulmans"
POLITIQUE :
Analyse
Propos recueillis par Natacha
Polony
Après l’intervention de Christophe Castaner donnant devant l’Assemblée des
exemples de comportements qui devraient donner lieu à un signalement pour
radicalisation religieuse, les réseaux sociaux ont vu apparaître le hashtag
#signaleunmusulman.
Une façon de dénoncer par la dérision les propos du ministre, que nous avons
soumise à Zineb El Rhazoui.
Marianne :
Ce hastag #Signaleunmusulman a été le ralliement de ceux qui estiment que ce
qu’a décrit le ministre Castaner, comme le port de la barbe ou le refus de
serrer la main des femmes, seraient de simples éléments de pratique de l’islam
et non de radicalisation, et qu’il s’agirait donc d’une suspicion généralisée
contre les musulmans dans leur ensemble. Est-ce un risque ?
Zineb El Rhazoui : Il
n’y a que les islamistes européens pour nous expliquer que la barbe salafiste et
l’apartheid sexuel sont des usages normaux. Dans la société marocaine où j’ai
grandi, où quasiment tout le monde est musulman, la sagesse populaire ne s’y
trompe pas : lorsqu’un homme se laisse pousser la barbe et qu’il cesse de saluer
les femmes, on l’appelle un « Ikhwani », un frériste (en référence à
l’organisation des Frères musulmans). On appelle aussi « ikhwaniya »
toute femme qui porte le voile. Le hashtag #signaleunmusulman donne libre cours
aux pires procédés victimaires, de façon infondée et volontairement fallacieuse.
J’y vois défiler des étoiles jaunes sur lesquelles il est écrit « Muslim », ce
qui n’est rien de moins qu’une insulte à la mémoire des Juifs exterminés pendant
la Seconde guerre mondiale. Qui peut prétendre que les Français de confession
musulmane, qui jouissent de la pleine citoyenneté et de l’égalité des droits,
seraient aujourd’hui une cible d’extermination ? D’autant que la seule idéologie
génocidaire qui sévit aujourd’hui en France et qui continue de faire quelques
morts par ci et quelques dizaines de morts par là, c’est justement l’idéologie
islamiste qui appelle à exécuter les mécréants, les homosexuels, les Juifs et
les chrétiens. Ce hashtag honteux nous dit en substance : Mickaël Harpon n’était
pas un égorgeur islamiste, mais un musulman.
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Il nous dit aussi que dénoncer les islamistes, c’est s’en prendre à tous les
musulmans. Et ce sont les mêmes qui osent par la suite nous accuser de faire un
amalgame entre islam et terrorisme ? Ce hashtag participe du chantage victimaire
indispensable aux islamistes pour faire avancer leur idéologie fascisante. Comme
tous les fascismes, le fascisme islamique a besoin de faire croire à ses
adhérents et sympathisants qu’ils appartiennent à une communauté persécutée
courant un péril imminent, et qui doit donc se relever et répliquer à
l’agresseur. Cette dialectique essentialiste est un piège classique de
l’islamisme : à chaque fois qu’un attentat islamiste fait couler le sang, ils
accourent pour crier « ce n’est pas ça l’islam », mais si vous dénoncez
l’idéologie qui génère ses attentats, ils vous accusent de vous en prendre à
tous les musulmans.
Est-ce que le problème ne vient pas du fait que, depuis le début de cette vague
d’attentats islamistes, les politiques entretiennent un flou sur la question de
l’islam radical ? Ils apportent une réponse sécuritaire aux attentats à travers
le renseignement et les opérations de police, mais ils ne savent pas comment
traiter le séparatisme qui fracture la société française même quand il ne
débouche pas sur des délits ou des crimes ?
Est-ce qu’ils ne savent pas le traiter, ou est-ce qu’ils ne veulent pas le
traiter ? Comment ne pas se poser la question lorsque l’on nous parle de lutte
sans merci contre le terrorisme d’une part, et que l’on voit les mêmes
responsables politiques qui tiennent ce discours s’acoquiner avec les pires
figures de l’islamisme par ailleurs ? Il est certain que l’État français a un
problème de doctrine, il prétend lutter contre le terrorisme, mais continue à
laisser sévir les prêcheurs de l’islamisme, voire leur cède des terrains pour
construire des mosquées et subventionne leurs associations. Il n’est pourtant
pas compliqué de comprendre que les attentats terroristes sont des crimes
idéologiques, et qu’il ne sera pas possible de les faire cesser tant que les
écosystèmes associatifs qui promeuvent cette idéologie n’ont pas été éradiqués.
Lorsque l’Europe a voulu se dénazifier après la seconde guerre mondiale, ses
dirigeants ne se sont pas contentés de juger les nazis coupables de crimes de
sang comme des criminels de droit commun, ils ont aussi traqué l’idéologie
nazie, interdit sa littérature, ses ligues et associations. Nous en sommes loin
aujourd’hui, car non seulement l’État français rechigne encore à interdire
l’organisation des Frères musulmans et sa branche française l’UOIF rebaptisée
Musulmans de France (dont l’imam de la mosquée de Gonesse Hassan el Houari est
un cadre), mais il continue de considérer de nombreux membres de cette
organisation comme des interlocuteurs respectables (certains sont même décorés
de la Légion d’Honneur). Par ailleurs, tant que cette dangereuse dérive sectaire
nommée salafisme continuera à être considérée comme une pratique « normale » de
l’islam, des milliers de Mickaël Harpon continueront à évoluer sous notre nez
sans que l’on n’ait le moindre outil juridique pour les mettre hors d’État de
nuire. Comment voulez-vous en effet que l’État puisse lutter contre quelque
chose de légal ?
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Si Mikaël Harpon avait fait l’objet d’une radiation ou même d’une mise à l’écart
pour ses propos sur Charlie Hebdo ou son refus de serrer la main d’une
femme, il se serait immédiatement trouvé une cour de justice pour le réintégrer.
Une société fondée sur la liberté d’opinion dans la limite du droit peut-elle
trouver des armes pour se protéger ?
Ah mais le CCIF et ses acolytes en auraient fait une affaire d’État ! Toutes ces
officines qui font du jihad judiciaire, cachées sous la bannière de
l’antiracisme, et qui n’ont pour objectif que d’inscrire le délit de blasphème
(pour l’islam exclusivement) dans nos lois, ces nouvelles ligues d’extrême
droite islamique, auraient fait pleurer dans les chaumières sur ce pauvre
policier discriminé parce que converti à l’islam, handicapé et d’origine
antillaise. Il se serait trouvé des chroniqueurs, des hommes politiques et des
journalistes qui, voulant prouver qu’ils font partie du camp du bien, auraient
défendu celui qui allait égorger ses collègues plus tard parce que Kuffars.
D’ailleurs, ces associations qui sèment la division, qui persécutent des
intellectuels français et instrumentalisent la justice française au profit de
leur agenda identitaire, ne devraient plus avoir le droit de se constituer
partie civile. Seules les associations qui luttent contre tous les racismes, y
compris celui des islamistes, devraient avoir le droit d’intenter ce type de
procès.
Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! Ceci devrait être la devise des
pouvoirs publics français dans les années à venir.
On ne compte plus les égorgements de rue perpétrés par des islamistes présentés
par le personnel politique de la France maastrichtienne comme des épiphénomènes
à ranger dans la rubrique des faits divers.
Très vite, les journalistes, les éditorialistes, les parleurs ayant leurs ronds
de serviette sur les plateaux de télé des chaînes d’information continue,
invoquent des problèmes avec l’alcool, la drogue, les antidépresseurs, la
famille explosée, ils glosent abondement sur « les antécédents
psychiatriques » -tout est fait, et dit, pour éviter que le réel soit vu en
face. Or ces
attentats ne sont pas des faits divers conjoncturels mais des actes de
guérilla structurels conduits par des gens dont l’horizon
idéologique et politique est d’affaiblir d’abord puis d’abolir ensuite la
démocratie et la république en France afin d’y faire avancer la cause de la
charia.
L’islamo-gauchisme ne concerne pas, hélas, que les gauchistes. Ce serait
tellement simple si cette frange antisémite de la gauche était la seule à
trouver systématiquement des excuses aux égorgeurs! Car, dans l’extrême gauche
historique, je songe aux trotskistes, on assimile Israël, l’argent, le capital,
le capitalisme, le sionisme et les Etats-Unis afin de compagnonner avec
l’islamisme sous prétexte qu’il serait la nouvelle avant-garde éclairée sur
laquelle il faudrait s’appuyer afin d’en finir avec le capitalisme. L’islamiste
d’aujourd’hui serait le prolétaire d’avant-hier. Si les seuls gauchistes
pensaient ainsi, ce serait quantité négligeable.
Mais l’islamo-gauchisme concerne hélas une grande partie de La France insoumise.
Dans ce parti, certains justifient et légitiment la cause islamiste puis
s’opposent aux souverainistes républicains et laïcs qui ont mon soutien, mais
que Mélenchon vire comme des malpropres -je songe aux récentes évictions de
Djordje Kuzmanovic et de François Cocq, membre fondateur du Parti de gauche.
Le PCF, pour ce qu’il en reste, entre un récent tropisme LGBT (qui lui fait
désormais justifier la marchandisation des utérus et la vente des enfants) et
l’amnésie concernant son soutien au nazisme, eu égard au Pacte
germano-soviétique entre 1939 et 1941, se retrouve sur la ligne du compagnonnage
avec la cause islamiste.
On trouve également la même complaisance pour cette cause chez la quasi totalité
des socialistes qui ont abandonné le peuple à la famille Le Pen depuis des
années. L’instrumentalisation mitterrandienne du Front national pour casser la
droite traditionnelle en deux afin d’assurer une réélection en 1988 qui, sinon,
se serait trouvé bien difficile, suivie de l’instrumentalisation de Carpentras
afin de faire descendre un parti que Mitterrand avait fait monter trop haut,
montre aujourd’hui ses limites. C’est François Hollande lui-même qui,
s’épanchant dans le giron de deux journalistes du Monde, entre une tranche de
saucisson et un verre de vin rouge en regardant un match de foot (véridique,
lisez Un président
ne devrait pas dire ça…), annonce que la partition est assez
probablement le devenir du pays qu’il n’a pas su diriger pendant cinq ans.
Ajoutons à ces benêts de l’extrême gauche, d’une frange de La France dite
« insoumise », du Parti communiste français, de la plupart des socialistes,
l’essentiel de ceux qui défendent le projet maastrichtien: car, qu’est-ce qui
distingue Besancenot et Raffarin, Hollande et Sarkozy, Juppé et Macron,
Mélenchon et Edouard Philippe, Olivier Faure et Fabien Roussel -respectivement
les noms des patrons du PS et du patron du PCF pour ceux qui l’auraient
oublié…-, et Alain Juppé ou Gérard Larcher sur la question qu’on dira par
facilité islamo-gauchiste?
Je regardais une chaîne d’information continue qui commentait l’attentat de la
préfecture de police de Paris. Nous étions dans les premières heures et on
savait sûrement qu’un homme avait égorgé et tué quatre policiers à l’arme
blanche dans le bâtiment et qu’il s’était converti à l’islam dix-huit mois plus
tôt (disait-on alors -en fait une dizaine d’années). Le modus operandi de
l’égorgement au couteau, les cibles républicaines, la conversion à une religion
qui semble bien être la seule en France depuis des années à revendiquer des
attentats mortels et à fournir le contingent de leurs acteurs -il n’y a en effet
ni catholiques, ni juifs, ni protestants, ni bouddhistes, ni témoins de Jéhovah,
ni sikhs, dans la liste des auteurs d’attentats qui ensanglantent le pays depuis
des années -tout ceci ne suffisait pas: les journalistes, les éditorialistes se
refusaient à l’évidence que tout cela ressemblait fort à un attentat terroriste.
Quand le Rassemblement national a dit sur ce sujet ce que le bon sens imposait
qu’il fut dit, l’habituel panoplie des insultes est arrivé -récupération
indigne, fond de commerce de politique politicienne, discours de haine, sans
parler de l’inévitable islamophobie bien sûr…
Je suis toujours stupéfait de constater les ravages effectués par l’idéologie en
vertu de laquelle on ne voit pas ce qu’il y a à voir mais on voit ce qu’on veut
voir. Les compagnons de route de l’islamo-fascisme refusent de croire ce qu’ils
voient parce qu’ils voient ce qu’ils croient -on pourrait même dire: ils ne
voient que ce qu’ils croient. Normalement, en toute bonne logique: conversion à
l’islam + couteau + égorgement + cibles républicaines = suspicion d’attentat
terroriste. Et bien non… La logique ne fait plus la loi dans un régime libéral
où le slogan a remplacé la réflexion.
Cette crainte de passer pour islamophobe quand on dit qu’un attentat a été
commis par un islamiste qui a crié « Allahu akbar » -autrement dit: qu’on se
contente de dire ce qui a eu lieu, d’énoncer un fait…- inhibe toute
intelligence, toute réflexion, tout bon sens même. Si l’islamophobie est
étymologiquement peur de l’islam, l’usage de cette épithète infamante génère la
peur de passer pour quelqu’un qui n’aimerait pas l’islam -péché mortel en régime
idéologique islamo-gauchiste. Or, il n’y a aucun jugement de valeur dans le fait
de dire, quand un musulman radicalisé égorge au nom de sa religion, qu’un
musulman radicalisé a égorgé au nom de sa religion.
L’un des signes du régime totalitaire, c’est que l’idéologie qui le sous-tend
réussit à abolir le réel auquel on lui préfère une fiction. Le musulman
radicalisé qui a égorgé au nom de sa religion n’est pas un musulman, il n’est
pas radicalisé, il n’a pas égorgé et son geste n’a pas été perpétré au nom de sa
religion. Il s’en faut de peu qu’avec force sophisme et effets de rhétorique,
les journalistes et les éditorialistes recyclent l’image de Lichtenberg et
parlent avec conviction d’un couteau sans manche auquel il manque la lame
utilisée par un homme dont le suivi psychiatrique atteste qu’il avait perdu tout
discernement lors de son geste et que, bien qu’il ait crié en arabe « Dieu est
Grand », la religion n’entre en rien dans ce fait divers qu’il faut classer le
plus rapidement possible. Il ne s’agirait donc pas, selon ceux qui nous
gouvernent, d’une guérilla perpétuelle contre laquelle les politiques ne peuvent
rien mais une série de faits divers hétérogènes.
Cette cécité est visible, si je puis dire, quand on apprend que l’égorgeur de la
préfecture de police de Paris était un Antillais connu pour s’être converti à
l’islam (1), qu’il avait fait savoir publiquement sa satisfaction lors de
l’attentat de Charlie Hebdo (2), qu’il refusait de serrer la main des femmes
dans son service (3), qu’il avait été condamné pour violence à l’endroit de son
épouse (4), qu’il fréquentait une mosquée à laquelle il se rendait habillé avec
le vêtement des radicalisés (5), qu’il était en contact avec des islamistes (6)!
Qu’aurait-il fallu de plus au ministère de l’Intérieur pour retirer son
accréditation secret défense à cet homme qui travaillait expressément au
renseignent à la préfecture de police de Paris? Quoi d’autre? Quoi de plus?
Quatre personnes sont mortes. On ne sait combien cela fait de veuves, de veufs
et d’orphelins, de familles et de parents dont la vie s’est arrêtée ce jour
funeste.
Mâchoire serrée, Emmanuel Macron pourra aller aux obsèques, accrocher une
breloque sur les drapeaux tricolores qui recouvriront le cercueil. Il y aura des
gros plans sur son visage lors de la cérémonie retransmise sur les chaines
d’information continue. Il lira un discours, écrit par un autre, rempli de bons
sentiments, de prêchi-prêcha, de dénégation, de politiquement correct, de
catéchisme idéologique maastrichtien. Puis un mort chasse l’autre, jusqu’au
prochain. On oubliera.
Qui saurait dire au pied levé combien il y a eu d’attentats de ce genre en
France depuis le début de l’année? Et combien de victimes?
Article publié le 06.10.2019
La comparaison est saisissante. D’un côté, le Collectif contre l’islamophobie en
France (CCIF) communique sur une grande victoire : le rectorat de Créteil
désavoue la direction d’un établissement scolaire en autorisant une mère
voilée à accompagner une sortie scolaire. De l’autre, le ministre de
l’Éducation Jean-Michel
Blanquer,
qui incarne la défense de la laïcité dans un gouvernement multiculturaliste,
dans une
réponse orale au Sénat le 19 avril 2018,
« recommande » aux directeurs d’école et chefs d’établissement de
« recommander » aux parents accompagnateurs la neutralité, s’appuyant « sur un
avis du Conseil d’État de 2013 ». La recommandation n’a aucune valeur juridique,
contraignante, mais correspond à l’air mièvre et lâche ambiant. […]
Assumer la fermeté, quitte à supprimer les sorties
[…] « l’accompagnement des sorties scolaires par les parents d’élèves ne
constitue pas un droit ». C’est une opportunité. Or les activistes islamistes en
font un casus
belli pour normaliser le port du voile comme pratique culturelle
ordinaire. […]
La réglementation ne vise pas les femmes voilées. La nouvelle orthopraxie
islamiste entre en contradiction avec la réglementation et l’intérêt des
enfants. Il faut poser comme principe que l’Éducation Nationale est un service
public particulier. Et créer un statut particulier pour les parents
accompagnateurs.
Il n’est pas anodin que le rectorat de Créteil ait cédé. Quand les territoires
sont à ce point devenus des ghettos ethniques et sociaux, exiger des
accompagnateurs neutres, c’est compromettre les sorties. […]
Dans ces quartiers, il faut assumer de ne pas faire de sorties scolaires plutôt
que de banaliser une ultra-orthodoxie qui subordonne les femmes. […] Une sortie
n’est pas une simple promenade : elle est d’abord et toujours pédagogique, et le
plus souvent porteuse d’ouverture culturelle.
Rappelons cette idée développée par un penseur du multiculturalisme, Brian
Barry : les croyances religieuses et le choix d’une orthopraxie relèvent du
libre-choix des individus. C’est ce que ces derniers ne cessent de clamer. Soit
: qu’ils en tirent les conséquences : il n’y a pas d’inégalité, de racisme
d’État, d’injustice, quand le non accès à une ressource ou à une opportunité
(économique, politique, de loisir ou une sortie scolaire) découlent de
l’adhésion volontaire à cette ultra-orthodoxie.
« Quel enseignement une maman voilée qui accepterait d’enlever son voile le
temps d’une sortie scolaire transmettrait-elle aux enfants ? Que l’on n’en meurt
pas. Que l’on est tout autant musulmane sans, et que la foi ne se réduit pas au
voilement. »
C’est au pratiquant d’assumer les conséquences de son choix. Ce n’est donc pas à
la société de s’adapter à ces demandes particulières. N’inversons pas les
responsabilités. Ce sont les orthodoxes religieux qui seront responsables de
l’abandon des sorties scolaires. Et pas seulement au nom du respect de la
religiosité, mais parce qu’un bras de fer est organisé contre notre modèle
d’État-Nation.
Le voile se banalise et se normalise. Une amie directrice d’école primaire a
ainsi entendu des élèves de maternelle reprocher à une de leurs camarades le
fait que sa mère ne portait pas le voile : « Ta mère n’est pas une vraie
maman ». […]
La norme s’installe. La pression s’installe. La primauté du religieux
s’installe. Qu’attendre alors de ces enfants ainsi cylindrés, une fois adultes ?
Quel rapport au règlement d’une entreprise ?
[…]
[…] une décision intéressante de la Cour Constitutionnelle turque, confirmée par
la Grande Chambre de la CEDH dans son arrêt Leyla
Sahin contre la Turquieet donnant raison à la fermeté de l’État turc
sur la laïcité : « Selon les juges constitutionnels, chacun peut s’habiller
comme il le veut. Il convient aussi de respecter les valeurs et traditions
sociales et religieuses de la société. Toutefois, lorsqu’une forme de tenue est
imposée aux individus par référence à une religion, celle-ci est perçue et
présentée comme un ensemble de valeurs incompatible avec les valeurs
contemporaines. […]
Tout est dit et clairement dit, notamment sur la contrainte exercée sur les
autres femmes. Les islamistes et les indigénistes y verraient un abus de pouvoir
islamophobe et colonialiste. Et nous piégeons les enfants dans cette surenchère
de la vertu et de la piété, l’alternative entre les bons musulmans et les
mauvais. La CEDH met surtout l’accent sur le « signe extérieur fort » que
représentait le port du foulard par une enseignante et s’interroge sur l’effet
du prosélytisme que peut avoir le port d’un tel symbole sur les enfants, le
voilement étant imposé aux femmes « par un précepte difficilement conciliable
avec le principe d’égalité des sexes ».
Ces femmes tenant à ce point à leurs voiles me font penser à ces croyants plus
sensibles à la promesse de l’ouverture d’une mosquée qu’à celle de formation et
d’emplois pour leurs enfants. Ils pensent accomplir un acte de foi. Il se fait
aux dépens de l’intérêt de leurs enfants. […]
Source : Revue
des deux mondes via Résistance
républicaine