Sami Al Deeb : la Charia
Sami Aldeeb : La partie médinoise du Coran et
les Droits de l’Homme
http://memri.fr/2015/05/20/sami-al-deeb-la-partie-medinoise-du-coran-et-les-droits-de-lhomme/
Dans une nouvelle interview intitulée “Le Coran, un livre de paix ?”, Sami Aldeeb, professeur des universités
suisse palestinien et spécialiste en droit islamique, revient sur la nécessité,
selon lui, d’établir une distinction claire entre la période de Médine,
caractérisée par des massacres, et la période de la Mecque, plus pacifique.
Ci-dessous l’entretien, paru sur son blog « Savoir ou se faire avoir » :
Question : Après la tuerie de Charlie Hebdo, beaucoup ont dit que
ces tueurs sont des extrémistes qui n’ont rien à voir avec le Coran qui est un
livre de paix.
« L’Etat islamique suit l’exemple de la
période médinoise pour justifier ses crimes contre les minorités
chrétiennes et yézidites »
Sami Aldeeb : Toute généralisation est fausse. Je m’explique. Le Coran est composé de
114 chapitres présentés généralement plus ou moins selon l’ordre de leur
longueur, avec quelques exceptions. Mais à l’intérieur de ce Coran on distingue
deux parties :
·
La partie mecquoise : elle
aurait été « révélée » à la Mecque entre les années 610 et 622, et
comporte 86 chapitres. Pendant la période mecquoise, Mahomet était un simple
prédicateur, énonçant des principes moraux d’ordre général et racontant des
histoires reprises de la tradition juive, chrétienne et arabe. Cette partie
peut à la rigueur être qualifiée de pacifique.
·
La partie médinoise : elle
aurait été « révélée » à Médine entre les années 622 et 632, et
comporte 28 chapitres. Pendant cette période, Mahomet devient chef d’État et
chef guerrier. Il se montre implacable avec les polythéistes et ne leur donne
le choix qu’entre l’épée et la conversion à l’islam ; leurs idoles et
leurs temples sont détruits. Quant aux monothéistes (les juifs et les
chrétiens, auxquels sont assimilés les sabéens et les zoroastriens), ils ont eu
le choix entre la conversion à l’islam, le paiement d’un tribut ou l’épée. Les
femmes et les prisonniers sont distribués comme esclaves aux combattants musulmans,
et leurs biens sont confisqués. Cette politique a été suivie pendant des
siècles tant que les musulmans en avaient les moyens. C’est ainsi que les
musulmans ont massacré environ 80 millions d’hindouistes et détruit leurs
temples et leurs divinités. Ce qui constitue le plus grand génocide de
l’histoire.
Et
aujourd’hui l’Etat islamique ne fait que suivre cette
politique, citant des versets du Coran et des récits de Mahomet pour justifier
leurs crimes contre les minorités chrétiennes et yézidites.
Ces derniers étant considérés comme
polythéistes, ils n’ont eu le choix qu’entre la conversion à l’islam ou l’épée,
et leurs femmes ont été vendues comme esclaves. Les chrétiens devaient soit se
convertir à l’islam, soit quitter leurs terres et leurs biens, soit se faire
massacrer. Leurs églises ont fait l’objet de nombreuses destructions, et leurs
biens ont été confisqués par les musulmans, parfois des voisins, des collègues
de travail ou des collègues d’étude.
« La règle veut, en droit musulman, que les versets médinois qui
entrent en contradiction avec des versets mecquois abrogent ces derniers »
C’est
ainsi que les versets tolérants mecquois, souvent cités par la propagande
musulmane, sont caducs et remplacés par les versets médinois violents, même si
les deux se trouvent toujours dans le Coran. Mais comme le Coran n’est pas
publié par ordre chronologique, le lecteur passe souvent d’un verset tolérant à
un verset violent et vice-versa, sans savoir lequel de ces versets reste en
vigueur.
Un autre
problème contribue à la confusion. Les normes islamiques peuvent être
suspendues pendant des longues périodes, sans jamais disparaître. Tout dépend
des forces en présence. C’est ainsi que l’esclavage et le rapt des femmes,
qu’on pensait disparus à tout jamais, ont été réhabilités par l’État
islamique, que ce soit en Syrie, en Irak ou en Afrique, avec le groupe Boko
Haram. De même les sanctions comme la lapidation, la crucifixion, l’amputation
de la main du voleur, la flagellation, la mise à mort de l’apostat, normes
auxquelles de nombreux pays musulmans ont renoncé, mais qui sont de nouveau
réhabilitées, toujours sur la base du Coran et des récits de Mahomet. On
constate le même phénomène avec la destruction des statues de Bouddha en
Afghanistan et des statues assyriennes en Irak. L’Etat
islamique et Boko Haram n’ont rien inventé, et ne font que se conformer
aux normes islamiques, normes qui figurent dans tous les ouvrages de droit
musulman classique (y compris l’ouvrage d’Ibn-Rushd,
le fameux Averroès que les Occidentaux considèrent comme un philosophe
éclairé). Ces normes sont enseignées – encore aujourd’hui – dans les
écoles et universités islamiques comme celles qui dépendent d’Al-Azhar en Egypte.
Les
journalistes, les politiciens et les professeurs d’universités en Occident
ferment totalement les yeux sur ces informations et répètent mensongèrement ou
stupidement que ce que fait l’Etat islamique n’a rien
à voir avec l’islam. Martine Brunschwig Graf,
Présidente de la Commission fédérale contre le racisme, va jusqu’à dire : «
J’ai lu le Coran avec des commentaires. Je n’ai pas vu le rejet des autres
religions ». Est-ce par ignorance ? Par crainte de la réaction des
musulmans ? Par mauvaise foi ? Ou doit-elle changer de lunettes et
consulter un oculiste ? Je laisse les lecteurs juger.
Question : Comment remédier à ce problème ?
« Seule une remise en question en profondeur de l’islam peut
contribuer à résoudre ces problèmes (…) Le
penseur soudanais Mahmoud Muhammad Taha a proposé de s’en tenir au Coran
mecquois »
Sami Aldeeb : Aujourd’hui, l’Occident est confronté à d’énormes problèmes de
sécurité intérieure, notamment à cause des jeunes musulmans qui ont grandi ici
et qui sont allés combattre dans les rangs de l’Etat
islamique et participer à ses crimes en application du droit musulman. Qu’en
sera-t-il si ces jeunes reviennent en Occident bien entraînés au maniement des
armes ? Et comment faire pour que d’autres jeunes ne suivent pas leur
exemple et leur chemin ? D’autres questions se posent encore, auxquelles
les pays occidentaux doivent répondre s’ils ne veulent pas avoir de guerre
civile sur leurs territoires.
Seule une
remise en question en profondeur de l’islam peut contribuer à résoudre ces
problèmes. On doit à cet égard ne pas perdre de vue que les musulmans sont les
premières et principales victimes des normes islamiques. La critique de l’islam
est donc dans leur propre intérêt avant même qu’elle ne soit dans l’intérêt des
pays occidentaux. Encore faut-il que les Occidentaux sachent diagnostiquer le
mal et aient le courage de le traiter. Pour le moment, cela malheureusement
n’est pas le cas. D’où la nécessité d’alerter l’opinion publique afin de
provoquer un sursaut salutaire.
A mon sens, il faut suivre l’idée du
penseur soudanais Mahmoud Muhammad Taha qui a proposé de s’en tenir au Coran
mecquois et de laisser de côté le Coran médinois, celui-ci étant la source de
la violence et des normes contraires aux droits de l’homme. Mais sa position
n’a pas plu aux autorités religieuses musulmanes qui ont exigé du gouvernement
soudanais de le pendre en 1985.
D’autre part, il faudrait prohiber en Suisse et dans les autres pays
occidentaux la vente ou la distribution du Coran dans sa forme confuse
actuelle, et exiger que le Coran soit présenté dans l’ordre chronologique afin
qu’on puisse voir ce qui appartient à la période mecquoise, et ce qui
appartient à la période médinoise. Et il faut indiquer sur les
exemplaires qui circulent que la partie médinoise est contraire aux droits de
l’homme et elle est abrogée. Ceci doit être dit et enseigné partout, y compris
dans les mosquées et les universités.