Juifs en terre d’islam : humiliations et violences

Par Geneviève Harland

 

28 août 2020

https://kabyles.net/juifs-en-terre-dislam-humiliations-et-violences/

 

Il était interdit à un dhimmi d’avoir un domestique musulman : en 1880, au Maroc, à Entifa, dans le district de Marrakech, Jacob Dahan, un juif âgé de 65 ans, fut, sur ordre du gouverneur, cloué au sol, battu à mort et son cadavre traîné dans les rues de la ville par des soldats parce que les autorités s’étaient rendu compte qu’il avait engagé à son service une pauvre femme musulmane. Pour récupérer son corps et l’ensevelir, il a fallu le payement d’une forte rançon aux autorités par la communauté juive. En plus de la mule du défunt son bétail fut également saisi.

Sollicité par les juifs de Fez pour obtenir l’autorisation de construire un bain public (hammam), le sultan Abd ar-Rahman avait rejeté la demande, en 1837, après consultation des ouléma. Car après un examen scrupuleux des textes sacrés et juridiques depuis la création de l’islam jusqu’à l’intégration, par la force, du Maroc en terre d’islam (dar al islam), à l’exception d’un alem qualifié d’âne par ses pairs, ces docteurs de la loi islamique avaient abouti à une conclusion objectant toute possibilité de construction d’un hammam pour les juifs. Ils avaient alors émis une douzaine de fatwas qui interdisaient la construction du hammam pour la simple raison que l’état d’humiliation dans lequel les dhimmis doivent être maintenus ne leur permet pas de jouir des mêmes privilèges que les êtres illustres que sont les musulmans. La construction de ce hammam ferait des juifs les égaux des musulmans et en plus, les sujets tributaires ne peuvent rien construire après la conquête de leur terre par l’islam.

En dehors des droits spécifiés et « protégés » par la loi islamique, le non-musulman, en terre d’islam, n’avait plus aucun autre droit. Le dhimmi était un sous-homme qui devait marcher rapidement lorsqu’il était dans la rue, baisser le regard lorsqu’il croisait un musulman et passer à sa gauche, c’est-à-dire du côté impur. Sa civilisation était, la plupart du temps, détruite par les musulmans, sous prétexte qu’elle est inférieure, avilissante ou idolâtre. Il lui était strictement interdit d’épouser une musulmane, sous peine d’une punition de mort, de contester ou de condamner l’islam ou le « saint Coran », de détourner un « croyant » de sa foi (l’Algérie a voté, en mars 2006, une nouvelle loi réglementant l’exercice religieux pour les non-musulmans et qui rend le prosélytisme passible de peines de prison.)

Le dhimmi ne bénéficiait d’aucune égalité dans le domaine de la justice : son témoignage n’était pas admis par les tribunaux et, à égalité de délit, il écopait d’une sanction plus lourde qu’un musulman. Les dhimmis étaient régulièrement molestés dans les rues, insultés, poussés dans des caniveaux, battus.

« À Alger, un janissaire, selon son inclination, pourrait arrêter et battre le premier juif rencontré dans la rue, sans que ce dernier osât rendre des coups ou s’en protéger. Sa seule ressource était de courir aussi vite qu’il le pouvait jusqu’à ce qu’il puisse se sauver : les plaintes étaient plus mauvaises qu’inutiles, car le cadi, convoquant toujours le janissaire devant lui, lui demandait pourquoi il avait frappé le juif. La réponse était : « parce qu’il a insulté notre sainte religion », sur quoi le janissaire était renvoyé, et le juif mis à mort. Il est vrai que le témoignage de deux musulmans était nécessaire pour prouver que le juif avait insulté leur religion ; mais à de telles occasions, les témoins ne manquent jamais. » On crachait sur eux, en plein visage.

Ils devaient souvent vivre dans des ghettos dont les clôtures étaient fermées le soir. Ils devaient inhumer leurs morts en courant, mais toujours en secret et sans pleurer. L’inhumation d’un rabbin à Bagdad, en 1889, avait provoqué la confiscation du cimetière et le pillage du quartier juif, parce qu’elle fut jugée trop visible.

Il leur était interdit de passer à côté d’une mosquée :

« Ô vous qui croyez ! Les infidèles ne sont qu’impureté. Qu’ils n’approchent pas de la Mosquée sacrée » (Coran 9/28).

Leurs orphelins étaient, la plupart de temps, convertis de force à l’islam, et leurs femmes étaient impunément l’objet d’abus réguliers. La « protection » qui leur était accordé leur faisait jouir d’une paradoxale liberté de culte, prévoyant qu’ils exercent leur religion à condition qu’elle ne fasse pas de l’ombre à l’islam, n’entre pas en concurrence avec lui et que leur doctrine ne soit pas une hérésie au regard de la pensée islamique. Chose évidemment impossible du moment où cela revenait à interdire, par exemple, aux chrétiens de proclamer l’un des thèmes centraux de leur doctrine disant que Jésus est fils de Dieu, le Messie, venu sauver l’humanité. Idée qui, aux yeux de l’islam, est une hérésie. Avec ces mêmes restrictions, les zoroastriens ne pouvaient pratiquer leur culte du feu, l’islam refusant de cohabiter avec tous ceux qui observent des pratiques, à ses yeux, idolâtres telles les pratiques zoroastriennes.

Violences, exécutions sommaires, esclavage, destruction de leurs lieux de culte et humiliations permanentes étaient leur lot quotidien. Il n’était pas rare que des chefs religieux juifs ou chrétiens soient emprisonnés ou battus en public chaque fois qu’une de leurs ouailles commettait un délit. En 1098, tous les chrétiens de Jérusalem seront expulsés par le gouverneur fatimide. Selon Bat Ye’or, la population juive de cette ville n’avait pas le droit, jusqu’au XIXe siècle, de dépasser 2.000 personnes, sous peine d’en éliminer certains. Les juifs étaient obligés de payer les autorités ottomanes pour visiter les tombeaux de leurs patriarches ou empêcher qu’ils soient détruits par des musulmans. Même chose pour prier au Mur des Lamentations ou sur le mont Sion. Chaque juif vivant hors de Jérusalem devait payer des taxes pour entrer et pour sortir de cette ville.

Toutes ces révélations ne constituent en rien une exagération délibérée des faits historiques. C’est la réalité de ce qu’ont vécu la quasi-totalité des non-musulmans en terre d’islam, et telle que racontée par des diplomates, historiens et voyageurs à travers des chroniques, des courriers ainsi que par plusieurs récits de l’époque, écrits soit par des chrétiens vivants en terre d’islam pour relater le sort tragique qui est le leur, soit par des musulmans, eux-mêmes, dans le but d’afficher, dans un orgueil ostentatoire, la supériorité du musulman.

En Algérie, la loi votée en mars 2006 prévoit des peines de 2 à 5 ans de prison et une amende de 500.000 à 1.000.000 de dinars (5.000 à 10.000 euros) contre toute personne qui

« incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion ».

Les mêmes sanctions sont prévues contre toute personne qui

« fabrique, entrepose, ou distribue des documents imprimés ou métrages audio-visuels ou tout autre support ou moyen, qui visent à ébranler la foi musulmane ».

Le texte interdit l’exercice du culte autre que musulman en

« dehors des édifices prévus à cet effet et subordonne l’affectation des édifices pour l’exercice du culte à l’obtention d’une autorisation préalable ».

Selon le ministère des Affaires religieuses, ce texte a pour objectif principal

« l’interdiction du prosélytisme et des campagnes clandestines d’évangélisation ».

Geneviève Harland

Ce texte a été précédemment mis en ligne le 29 mars 2008

 

Propagation de l’islam en Afrique du Nord, en Espagne, etc.

par Geneviève Harland

28 juillet 2020

https://kabyles.net/propagation-de-lislam-en-afrique-du-nord-en-espagne-etc/

 

Héritage des pratiques de Mahomet, les razzias, les raids et les guerres de conversion furent un classique de l’expansion musulmane qui fut tellement rapide qu’elle atteignit l’Afrique du Nord en un laps de temps très court, sous le commandement du redoutable général Amr ibn al-As al-Sahmi (décédé en 663) à la tête de 4.000 combattants soutenus par 5.000 soldats de l’impitoyable Az-Zubayr ibn al-Awwam (mort en 656), tous deux compagnons de Mahomet et cruels chefs de guerre.

Entre 640 et 642, les conquêtes de l’Égypte, épuisée par des oppositions doctrinales chrétiennes, furent d’une atrocité sans précédent. L’évêque copte Jean de Nikiou, raconte que lors de leurs avancées, les envahisseurs pillaient tout sur leur passage :

« Tous ceux qui se rendaient aux musulmans étaient tués : enfants, femmes, hommes et vieillards. »

En 643, la conquête de Tripoli, par Amr ibn al-As al-Sahmi, fut impitoyable pour les populations locales. Après qu’un bon nombre fut massacré, chrétiens et juifs durent se résoudre à céder en esclavage femmes et enfants aux envahisseurs arabes.

L’Ifriqiya (la Tunisie) sera conquise en 670, et ce fut ainsi que sonna le glas de la prospère chrétienté de Carthage. Puis c’est le Maghreb (le Maroc) [Et non l’Afrique Nord appelée à tort par certains « Maghreb »] qui sera envahi, en 680, par cet islam atrocement offensif.

Malgré la coalition regroupant des tribus païennes dirigées par une femme, Kahina, et des tribus christianisées secourues par des forces byzantines, la ville de Kairouan tombera entre les mains arabes en 698. Presque toutes les populations d’Afrique du Nord durent se plier à cette nouvelle religion étrangement guerrière et qui ne se montrait jamais indulgente.

Moussa ibn Nusayr, gouverneur de Tunisie, arrachera les enfants des chefs vaincus. Ils furent par la suite islamisés et reçurent une éducation musulmane. Les nouveaux convertis à l’islam seront enrôlés de force dans les armées arabes où ils étaient placés dans les premiers rangs pour la conquête de l’Espagne, et les conversions de force des chefs nord-africains entraîneront rapidement celles de leurs masses.

Les conquêtes musulmanes continuèrent à être meurtrières. Du côté de l’Orient la ville d’Antioche sera prise en 640 et presque toute l’Assyrie sera dévastée en 642. La population d’Euchaita, en Arménie, sera complètement massacrée. On observera d’abondantes destructions de maisons et lieux de culte chrétiens dans la région de Daron, au sud-ouest du lac Van (dans l’actuelle Turquie), ainsi que de nombreuses exactions se traduisant par des massacres et des mises en esclavage.

La Géorgie sera envahie en 643. En 702, le patriarche orthodoxe d’Antioche sera décapité et, en 705, le calife al Walid ibn Abd al Malik (Walid Ier 673-715) fera brûler vifs des dizaines d’aristocrates rassemblés dans l’église Saint Grégory en Arménie qu’il venait de conquérir. Le calife as-Saffah soumettra, lors de son règne (749-754), les Arméniens à des « scènes horribles de tortures » et imposera « aux prêtres l’infâme supplice de la bastonnade et du fouet », pendant que les populations non-musulmanes étaient frappées d’énormes impôts et chaque non-musulman soumis à porter, au cou, des sceaux de plomb.

Cette soumission avait un double objectif : distinguer les musulmans, considérés comme les « êtres supérieurs », des non-musulmans, « sous-hommes », et pousser les rares non musulmans qui avaient échappé au massacre à se convertir à l’islam.

Dès 754, sous le règne du second calife abbasside, Abou Djaffar Abdallah ben Muhammad al-Mansour (714-775), contre tous les chrétiens arméniens qui n’arrivaient pas à payer ces

« Contributions extrêmement onéreuses (…) On avait dressé partout des potences, des pressoirs et des échafauds ; on ne voyait partout que des supplices affreux et continuels. »[1]

L’islam gagna ensuite la vallée de l’Indus. La ville de Kaboul sera prise en 685. Le bouddhisme disparut de l’Inde, où il est né, après les persécutions musulmanes de 1200, lorsque ce pays fut presque entièrement envahi par l’islam. Mais le véritable déclin du bouddhisme en Inde, commença en 712 avec le début des conquêtes musulmanes particulièrement meurtrières de la province du Sind, orchestrées par le despote al-Haijâj ibn Youssouf al-Thaqafî, gouverneur de l’Irak, et à la pointe de l’épée du brutal commandement Muhammad ibn al-Qâsim qui massacrera, pendant trois jours, environ 11.000 personnes à Brahminabad, dans le port de Debal. Mais l’arrivée des musulmans arabisés dans la vallée de l’Indus avait véritablement commencé en 643, avec les premières incursions dans la province du Sind qui seront suivies par les massacres de 712, les conquêtes musulmanes turques du XIe siècle et Moghols du XVIe siècle.

Ces brutales invasions musulmanes successives, causèrent des victimes bouddhistes et hindoues par millions Les historiens estimeront qu’entre l’an 1000 et 1525, l’Inde aurait perdu plus de 80 millions de ses habitants du fait des conquêtes musulmanes et entraînèrent la destruction de la quasi-totalité des temples hindous et bouddhistes du Nord du pays et des mosquées furent édifiées à leurs emplacements. Les grandes périodes musulmanes en Inde vont de la domination par le Sultanat de Delhi (XIIIe-XIVe siècle)], puis par celle de l’Empire Moghol (XVIe-XVIIIe siècles) et enfin par celle de l’Empire ottoman (XIVe-XXe siècles).

Du côté de l’Europe occidentale, la ville d’Éphèse, en Grèce, est mise à sac, en 781, et près de 8.000 grecs seront mis en captivité et réduits en esclavage. En 903, 22.000 chrétiens de Thessalonique sont partagés entre chefs arabes, et ensuite vendus comme esclaves. Á certains moments, les captifs furent tellement nombreux que pour hâter leur vente, ils furent mis « aux enchères trois fois seulement » et par groupes de cinq et de dix. [2]

Les musulmans prennent la Sicile, en 703, dont la capitale Palerme devient, en 713, une ville truffée de mosquées, et finira par être pillée, en 831, avec la Sardaigne. Les Italiens du Nord, ceux de Rome en l’occurrence, désignent, non sans moquerie, ceux du sud envahi par l’islam, d’“Arabes”. Mais la ville de Rome fut à son tour pillée par les forces musulmanes, au milieu du IXe siècle. L’île de Chypre et de la Crète seront prises en 827, les Baléares et la Corse en 850. La ville de Pise sera détruite par des pirates musulmans en 1004.

Après les premières pénétrations en Italie et en Grèce, c’est au tour de l’Espagne et du sud de la France de subir les conquêtes musulmanes. Dès 710, sous le commandement du général marocain converti à l’islam, Tariq ibn Ziyad, les musulmans pénètreront la péninsule ibérique, à partir de l’île de Gibraltar (djabal al-Tariq, « montagne de Tariq ») grâce à des offensives successives, favorisées par des conflits internes de la monarchie wisigothe, qui leur permettront de prendre, non sans commettre des exactions en tout genre, les villes de Séville, Grenade, Gijon, Valence et Saragosse. Presque au même moment, ils amasseront des richesses immenses, grâce à leur esprit de razzia, qui leur permettra d’assouvir aussi bien leurs objectifs matériels que spirituels. La ville de Tolède sera prise en 711, celle de Cordoue, par les forces Omeyyades, en 756. La pratique de la langue arabe sera imposée à tous les habitants du sud de l’Espagne, indépendamment de leur appartenance ethnique, culturelle ou religieuse. Nord-Africains, Ibères, juifs et chrétiens seront contraints de pratiquer un dialecte, celui de Mahomet, venu de la péninsule arabique, à des milliers de kilomètres de chez eux. La Liturgie catholique, lorsqu’elle n’est pas interdite, ne se dit plus en latin, mais s’écrit et se pratique plutôt en arabe. Les églises et synagogues qui n’ont pas été détruites, et qui ont également échappé à une transformation en mosquée, débordent de décorations de style arabe et musulman. Astreints à un tribut spécifique, les dhimmis (les « protégés », les non-musulmans) devaient payer en nature ou en espèce « l’impôt de protection » sinon, ils s’exposaient à des sanctions particulièrement sévères.

En 716, la grande église Santa Rufina de Séville est transformée en mosquée. En 852, la quasi-totalité des églises de Cordoue sera détruite et, en 853, l’émir de cette ville, Mohammed Ier, projette de vendre comme esclaves, à des musulmans, toutes les femmes chrétiennes, pour permettre l’éradication du christianisme de cette ville ; ses ministres l’en dissuaderont. Au IXe siècle, on assiste à un énième massacre de chrétiens à Séville. La Catalogne sera pillée et sa capitale Barcelone détruite, en 985, par le vizir et chef militaire al-Mansur (« le Victorieux »), Muhammad ibn Abi Amir (938-1002). Dans l’Al-Andalous, al-Mansur maltraite et persécute les Mozarabes, détruit le royaume de Leon, incendie Saint-Jacques-de-Compostelle dont le sanctuaire sera rasé (en 997) et les cloches de l’église emmenées à Cordoue. En 1066, plus de quatre mille juifs de Grenade seront massacrés. En 1126, des milliers de chrétiens seront, à leur tour, déportés au Maroc par les Almoravides. Lorsqu’ils ne se résignaient pas à se convertir à l’islam, la plupart des habitants non musulmans du Sud de l’Espagne furent obligés de fuir l’Al-Andalous, et trouver refuge dans le nord non-musulman.

Geneviève Harland

À suivre…

Notes :

[1] Bat Yé’orJuifs et chrétiens sous l’islam, les dhimmis face au défi intégriste, éditions Berg International, Paris, 1994, page 59.

[2] Bat Ye’or : Les chrétiens d’orient entre jihâd et dhimmitude, VIIe–XXe siècles, les éditions de Cerf, Paris 1991, pages 122.

Article précédemment mis en ligne le 19 juillet 2007