ISLAMISATION DE LA FRANCE
Amar Lasfar : stratégie d'islamisation
Amar Lasfar est le Président de l'Union des Organisation Islamiques de France ( U.O.I.F).
Dans ce prêche, il définit la stratégie que doivent suivre les musulmans pour islamiser la France :
Analyse du Figaro
L'islam à Saint-Denis
Par Louis
Hausalter
Publié le 15/10/2018 à 17:11
"Marianne" a lu "Inch’allah",
l’enquête dirigée par les journalistes du "Monde" Gérard Davet et Fabrice Lhomme
sur la progression en Seine-Saint-Denis d’un islam en rupture avec la société
française. Un livre rigoureux, mais qui documente une réalité sur laquelle de
nombreux témoins lancent l’alerte depuis longtemps.
C’est un livre aussi passionnant qu’inquiétant.
Pendant près d’un an, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, enquêteurs connus et
reconnus du Monde, ont
dirigé cinq étudiants en journalisme qui ont arpenté la Seine-Saint-Denis.
Leur mission : déceler les traces concrètes de l’islamisation du département le
plus pauvre de France, un sujet qui « se prête à tous les raccourcis, à tous les
amalgames » et qui « effraye les tenants du politiquement correct », comme
l’admettent volontiers Davet et Lhomme. L’initiative est partie de l’une des
confidences retentissantes de François Hollande aux deux journalistes dans Un
président ne devrait pas dire ça : « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est
vrai. Nul n’en doute. »
Saluons-le d’emblée : l’enquête est remarquable par
son contenu et sa rigueur, servie par une galerie d’acteurs et de témoins qui
ont accepté de parler sans réclamer l’anonymat. De cette directrice d’école qui
se bat face aux tentatives d’intrusion religieuse à cette gynécologue atterrée
par l’obscurantisme de ses patientes, de ces élus qui se livrent à toutes les
compromissions pour s’attirer les faveurs des électeurs musulmans à ce
syndicaliste qui réclame des salles de prière dans les dépôts de la RATP, le
tableau dressé est édifiant. Les auteurs l’écrivent d’ailleurs noir sur blanc
: « Oui, l’islamisation est à l’œuvre en Seine-Saint-Denis ». Dans ce
département où, selon les estimations officieuses, une bonne moitié de la
population est musulmane, une contre-société s’installe, avec ses codes et ses
valeurs propres, en rupture avec la République.
"Des quartiers complets sont sous la coupe du
halal"
Même la préfète à l’Egalité des chances du 93, Fadela Benrabia, le décrit avec une sincérité désarmante : « Quand on se lève le matin, on va faire son petit chemin pour conduire ses enfants à l’école, qu’est-ce qu’on voit ? On passe devant le kebab du coin qui est fermé parce qu’on sait que le responsable s’est fait arrêter, ensuite la première boucherie halal, la deuxième boucherie halal, la troisième boucherie halal, ensuite la libraire religieuse et le muslim style qui vend des niqabs… Qu’est-ce que ça fabrique ? Des normes. Des quartiers complets sont sous la coupe du halal. »
LIRE AUSSI :
Fondamentalisme islamique : des dérives à
l'école inquiètent les services de renseignement
Nul doute que l’intérêt porté par Davet et Lhomme à ce
sujet brûlant attirera les projecteurs, et c’est tant mieux. Ce lundi 15
octobre, le duo était invité dans la matinale de France Inter et a pu évoquer, à
une heure de grande écoute, ce risque de sécession que refusent de voir ceux qui
franchissent rarement le périphérique. Mais en lisant cet ouvrage survient la
désagréable impression que les sommités du Monde sont plus écoutées que ceux qui
tirent la sonnette d’alarme depuis des années. Pourquoi ces résistants de
terrain - dont certains sont si bien décrits dans ce livre - n’ont-ils pas eu
droit à la même attention ? Pourquoi les professeurs qui alertaient dès 2002,
dans les
Territoires perdus de la République, sur la
montée de l’antisémitisme et du sexisme dans des établissements scolaires
franciliens, n’ont-ils pas été plus écoutés à l’époque ? Pourquoi les enquêtes
sur les
dérives communautaristes et clientélistes qui
rongent certaines banlieues suscitent-elles aussi peu de réactions pour inverser
la donne sur le terrain ?
On peut d’autant plus le regretter que le temps perdu
joue pour les islamistes, et donc contre la France. Car à la lecture de cette
enquête implacable, on réalise l’immense poids des lâchetés et abandons
successifs, et peu de solutions pour les surmonter surgissent. Comme s’il était
déjà trop tard.
LIRE AUSSI :
À Aulnay-sous-Bois, une école musulmane hors
contrat très soutenue par le maire LR Bruno Beschizza
>> Inch’allah
: l’islamisation à visage découvert, sous la direction de Gérard Davet et
Fabrice Lhomme, Fayard, 300 pages, 20 €, parution le 17 octobre.
Les jeunes journalistes auteurs de l'enquête sont
Ivanne Trippenbach, Célia Mebroukine, Romain Gaspar, Hugo Wintrebert et Charles
Delouche.
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“Inch’allah” : une enquête choc dénonce l’islamisation de la Seine-Saint-DenisPar Auteur valeursactuelles.com / Mardi 16 octobre 2018 à 07:57
Image d'illustration. Photo © SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA
Révélations. Le rapport des deux journalistes du
Monde décrit un islam en rupture avec la société française et ses valeurs, dans
un département dont la moitié de la population est musulmane.
Est-ce là l’enquête qui mènera à une véritable prise
de conscience de la part de nos politiques ? On ne peut que l’espérer. Gérard
Davet et Fabrice Lhomme, grands reporters au journal Le Monde, étaient les
invités de France
Inter lundi 15 octobre. L’occasion pour eux
d’évoquer les conclusions de leur enquête, intitulée « Inch’allah », sur
l’islamisation rampante en Seine-Saint-Denis. Les révélations sont effarantes.
« Des quartiers complets sont sous la coupe du halal »
« La troisième boucherie halal, ensuite la librairie religieuse et le muslim style qui vend des niqabs… Qu’est-ce que ça fabrique ? Des normes. Des quartiers complets sont sous la coupe du halal », déplore ainsi la préfète à l’Égalité des chances de Seine-Saint-Denis, Fadela Benrabia.
« Il y a une volonté, dans une petite partie de ces musulmans, d'imposer l'islam comme norme sociale dans la vie publique », confirme Fabrice Lhomme lors de son passage à France Inter .
Selon son collègue de travail,
Gérard Davet, « pour les municipales de 2020, les élus vont devoir composer avec
ce terreau islamisant ».
Pour mener leurs investigations, les deux reporters se
sont appuyés sur les travaux de cinq étudiants en journalisme, qu’ils ont
envoyés arpenter le département francilien en quête des symptômes d’une
sécession avec la République française. Il y en a pléthore, relève Marianne,
qui a consulté le livre enquête. Parmi tant d’autres, on retrouve ainsi le
témoignage d’une directrice d’école qui lutte face aux tentatives d’intrusion
religieuse, celui d’une gynécologue atterrée par l’obscurantisme de ses
patientes ou encore celui d’un syndicaliste, qui réclame des salles de prière
dans les dépôts de la RATP. « Oui, l’islamisation est à l’œuvre en
Seine-Saint-Denis », écrivent les auteurs de l’enquête, qui précisent que la
moitié des habitants du département seraient musulmans.
Fabrice Lhomme et Gérard Davet sur France Inter :
Fabrice Lhomme : "Il y a une volonté, dans une petite partie de ces musulmans, d'imposer l'islam comme norme sociale dans la vie publique"
Gérard Davet : "Pour les municipales de 2020, les élus
vont devoir composer avec ce terreau islamisant"
SUR LE MÊME SUJET Islamisation de la France : quand la charia crée ses ghettos
Faut-il avoir peur de l’islam ?
ARTICLE | 13/11/2018 | Numéro 2131 | Par Charles-Henri d'Andigné
https://www.famillechretienne.fr/filinfo/faut-il-avoir-peur-de-l-islam-244495#commentaires
Présentation de burkinis lors d'une RAMF (rencontre annuelle des musulmans de
France)
©L.ABIB-SIGNATURES
MAGAZINE – Quelle est la réalité de l’islam en France ? Des journalistes
d’investigation mènent l’enquête en Seine-Saint-Denis, tandis que Jean-Frédéric
Poisson tire la sonnette d’alarme sur la volonté de conquête de cette religion.
« Le nombre de gamines qui remettent le voile à la sortie du collège, ça a
explosé. Tout est hallalisé » Qui parle ? Éric Zemmour ? Marine Le Pen ? Un
nostalgique de la « douce France » façon Trénet ? Vous n’y êtes pas.
Celle qui s’exprime ainsi s’appelle Fadela Benrabia, préfète déléguée à
l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis. D’origine kabyle, elle évoque sans
fard l’évolution religieuse du département. « Ici, les filles portaient le
foulard, et puis le foulard est devenu noir, et puis c’est devenu le niqab.
C’est allé très vite. La population a complètement été transformée. Les Blancs
s’en vont, les Arabes non musulmans aussi. Restent ceux qui acceptent de vivre
avec pas de charcuterie, pas de possibilité pour les femmes de se promener dans
l’espace public, etc. »
C’est l’une des nombreuses scènes choc d’Inch’Allah, le
livre que publient ces jours-ci Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes
d’investigation au Monde. Sous leur houlette, cinq jeunes journalistes du
Centre de formation des journalistes (CFJ) ont mené l’enquête sur un sujet
brûlant : l’islamisation de la Seine-Saint-Denis. D’emblée, ils précisent le
sens du mot « islamisation », extrait du Larousse : « Action d’islamiser »,
c’est-à-dire de « convertir à l’islam » et ou d’« appliquer la
loi islamique dans divers secteurs de la vie publique et sociale ».
Le résultat fait froid dans le dos. Les lieux visités, les deux cents entretiens
effectués avec des islamologues, des hauts fonctionnaires, des policiers, des
magistrats, des responsables communautaires vont tous dans le même sens. « L’islamisation
progressive de la Seine-Saint-Denis est bien une réalité. » D’abord, il y a
le spectacle de la rue, avec son cortège de femmes voilées, du simple voile au
hijab, qui cache entièrement les cheveux mais laisse voir le visage, en passant
par le niqab qui ne laisse qu’un petit espace pour les yeux. Ce dernier est
interdit, en principe, du coup certaines femmes portent des masques
chirurgicaux, certificat médical à l’appui – le même type de certificat qui sert
à « prouver » l’allergie au chlore, pour éviter de se montrer à la piscine en
maillot de bain. Dans la rue également, les produits « halal », qui se vendent
un peu partout, voire s’imposent quasiment comme une obligation. Et à la
devanture des librairies, des livres qu’on ne voit que dans ces quartiers, du
style J’aime mon mari, où l’on apprend aux femmes à obéir en tout point
et en tout temps à leur seigneur et maître.
Des conducteurs de bus choisis suivant leur couleur
À l’école, au réfectoire, les élèves s’organisent spontanément en tables « pures »
et « impures », les musulmans d’un côté et les autres à part, et refusent
de manger de la viande s’ils n’ont pas la certitude qu’elle est halal. « Ils
sont tétanisés, raconte une directrice d’école. J’ai vu des mômes de 8 ou
9 ans vomir... » Au groupe scolaire Al Andalus, école hors contrat pour
filles, les enseignantes sont en jilbab noir – comme leurs élèves dès
l’adolescence –, les poupées n’ont pas de visage, en raison de l’interdit
portant sur la représentation des êtres humains, et la musique est bannie, les
salafistes ayant décrété qu’elle était bonne pour les singes et les porcs.
Au dépôt RATP des Pavillons-sous-Bois, célèbre « repaire de barbus », le
principe officiel de neutralité est quotidiennement bafoué. Certains refusent de
conduire juste après qu’une femme a tenu le volant. Et les conducteurs sont
choisis en fonction de leur couleur de peau : « Pour conduire un bus dans un
quartier où il n’y a que des Arabes, on fait conduire le bus par un Arabe. Un
bus qui doit circuler dans un quartier où il n’y a que des Noirs, on le fait
conduire par un Noir », résume crûment un agent.
▶
À
LIRE AUSSI : Malik
Bezouh : « Il faut faire aimer la France aux salafistes ! »
Sans oublier les gynécologues à qui l’on demande la réfection de l’hymen des
jeunes filles afin qu’elles arrivent « vierges » au mariage, les « mariages »
temporaires pour avoir une relation sexuelle autorisée, les réunions « non
mixtes » à la fac où l’on tient une parole « non blanche », la polygamie qui
théoriquement n’existe pas mais sur laquelle certains intellectuels réclament un
« débat »... Voilà, très rapidement résumée, la situation sur le terrain.
Comment en est-on arrivé là ?
Le livre de Davet et Lhomme esquisse quelques pistes d’explications. Il en
ressort que les islamistes n’ont pris que la place qu’on leur laisse. Ils
contreviennent à la loi, mais la loi, le plus souvent, n’est pas appliquée. Ils
rentrent comme dans du beurre dans une société atomisée dont les responsables,
notamment politiques et éducatifs, n’ont qu’une idée en tête : pas de vague !
Ils se servent de nos faiblesses et de nos dérives comme d’une arme : quand le
lobbyiste M’hammed Henniche défend le droit d’épouser plusieurs femmes, il
lance : « On a eu un débat sur le mariage gay, la polygamie peut donc être un
débat. » Que répondre ?
Les islamistes rentrent comme dans du beurre dans une société atomisée dont les
responsables, politiques et éducatifs, n’ont qu’une idée en tête : pas de
vague ! Toutes les compromissions faites pour améliorer le « vivre ensemble »,
sont, pour les musulmans, autant de pas vers l’installation de la charia.
Les auteurs affirment se contenter des faits, loin de toute idéologie. Or, de
l’idéologie, ils en font, comme tout le monde, lorsque, par exemple, ils
écrivent que 40 % des musulmans français considèrent, à tort, que le halal est
un pilier de l’islam. Pourquoi « à tort » ? Parce que ce n’est pas l’un des cinq
piliers officiels de l’islam ? Force est de constater que beaucoup de musulmans
y attachent une très grande importance. « À tort », si l’on se réfère à un islam
modéré, doux et sympathique, qui n’existe que dans notre imagination. Ce que
devrait être l’islam selon nous, Occidentaux, chrétiens ou ex-chrétiens...
Les « accommodements raisonnables »
Pour une véritable analyse de l’islam, il faut se reporter au livre de
Jean-Frédéric Poisson, L’Islam
à la conquête de l’Occident. Le
président du parti chrétien-démocrate a saisi la véritable nature de ce système
global, à la fois spirituel, juridique et politique, conquérant par nature.
Contrairement à Davet et Lhomme, il a compris que ce que les Canadiens appellent
les « accommodements raisonnables » avec l’islam – les menus halal dans
les cantines, les horaires réservés aux femmes dans les piscines, les aides
publiques pour les centres « culturels », la tolérance envers les prières de
rue, la mise à la poubelle par le maire du Havre (aujourd’hui Premier ministre)
de huit mille portions de mousses au chocolat parce qu’elles contiennent de la
gélatine de porc –, bref toutes ces compromissions faites pour améliorer le
« vivre ensemble », sont interprétées par les musulmans comme autant de
victoires, autant de pas supplémentaires vers l’installation de la charia.
Jean-Frédéric Poisson analyse dans son livre un document intitulé « Stratégie
de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique ». Adoptée
en 2000 par l’Organisation de la coopération islamique (OCI), cette charte est
destinée aux communautés musulmanes installées dans les pays non musulmans, en
vue de les renforcer. Son ambition, explique-t-il, est de « profiter de la
sécularisation des sociétés occidentales et de la faiblesse qui en découle pour
implanter l’islam, le propager petit à petit, et le proposer [...] comme un
nouveau modèle social ».
Une « volonté de domination sur le reste du monde »
Pourquoi faut-il faire connaître un tel document ? Parce qu’il est officiel,
analyse l’auteur, émanant d’instances représentatives du monde musulman ; parce
qu’il est inconnu ; parce que c’est un plan d’action précis et concret ; et
parce qu’il exprime clairement la « volonté de domination sur le reste du
monde ». Que dit le document ? Que la présence des musulmans en terre non
islamique « à titre permanent et durable » est un événement « encourageant »,
car il donne à la volonté d’expansion de l’islam des bases géographiques
solides ; que les Occidentaux ne connaissent pas l’islam, animés qu’ils sont par
l’intention de lui faire la guerre ; que les sociétés occidentales vont devenir
de plus en plus « multiraciales et multi-culturelles » et donc ont un
devoir d’« accorder à la présence de l’islam en Occident toute la sollicitude
qu’elle mérite ». En clair, c’est à l’Occident de s’adapter aux communautés
musulmanes, et pas aux musulmans de s’intégrer à la vie occidentale et à ses
contraintes.
En conclusion, Jean-Frédéric Poisson s’interroge sur la modernisation de
l’islam, en soulignant que c’est aux musulmans de s’y atteler et à personne
d’autre. « Les “portes de l’interprétation” doivent être rouvertes »,
écrit-il. Le problème, c’est qu’elles ont été fermées au Xe siècle
par un calife abbasside, et qu’on ne voit guère aujourd’hui qui aurait la
stature pour essayer de les rouvrir.
·
Par Paul
Sugy
·
Mis à jour le 08/10/2018 à 09:38
· Publié le 05/10/2018 à 20:27 FIGAROVOX/GRAND
ENTRETIEN - Alors que l'existence de tensions communautaires a été reconnue par
Gérard Collomb lui-même, le journaliste Yves Mamou accuse les élites françaises
de s'être coupablement désintéressées de l'immigration, et d'avoir fermé les
yeux sur l'islamisation du pays.
Yves Mamou est un ancien journaliste du Monde. Il a également collaboré au
Canard Enchaîné, à Libération et à La Tribune. Collaborateur régulier du site
américain The Gatestone Insitute, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont
Hezbollah, dernier acte (éd. Plein jour, 2013) et Le
Grand abandon. Les élites françaises et l'islamisme (éd.
L'Artilleur), paru le 25 septembre 2018.
FIGAROVOX.-
Selon vous, l'immigration et l'islamisation auraient pour conséquence d'empêcher
les Français de «faire nation»? Quel lien faites-vous entre la supposée
émergence perturbatrice de l'islam et la supposée désagrégation de la nation
française?
Yves MAMOU.- Le
Grand Abandon est
une tentative de reconstitution. J'ai essayé de savoir pourquoi et comment, à
côté de la nation française, une nation islamique avait pu progressivement se
constituer. Les déclarations fracassantes de Gérard Collomb, ex-ministre de
l'Intérieur, au matin de sa passation de pouvoir à Edouard Philippe, Premier
ministre, montrent que la juxtaposition de ces deux nations aujourd'hui en
France engendre un risque d'affrontement. Nous sommes aujourd'hui «côte à côte»
(sous-entendu musulmans et non-musulmans) a dit Gérard Collomb, mais rien ne
garantit que demain nous ne serons pas «face à face». Cet avis de guerre civile
en bonne et due forme a été proféré par l'homme qui, pendant un an et demi,
Place Beauvau, a eu sous les yeux, au quotidien, tous les rapports de police et
de gendarmerie.
Gérard Collomb est partie prenante de l'élite politique française. Il abandonne
son poste en informant que la guerre civile est à nos portes. Une fuite qui à
elle seule justifie mon titre «Le Grand Abandon». L'avertissement aurait eu plus
de force s'il avait été proféré par un ministre en exercice. L'avoir prononcé
sur le pas de la porte a fait que certains médias ne l'ont même pas repris.
La
guerre civile se définit comme le déchirement d'une nation. Je ne sais pas si
cette guerre aura lieu, mais il m'a semblé utile de m'interroger sur la présence
de deux nations sur le même territoire national. Parfois, ce sont des frontières
mal tracées qui créent les conditions d'un affrontement entre deux nations. Mais
en France, la nation islamique a été fabriquée de toutes pièces. Elle est le
résultat d'une politique. Les élites françaises, c'est-à-dire les grands corps
de l'État, les partis politiques, les experts, les magistrats, les médias, les
élites culturelles… ont, pour de multiples raisons, plusieurs décennies durant -
et encore aujourd'hui - encouragé et légitimé l'immigration musulmane.
Cette préférence des élites pour l'islam a produit un fossé abyssal entre la
France d'en haut et la France d'en bas. Le Baromètre de la Confiance que le
Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po, publie année après année,
illustre parfaitement le phénomène: la majorité de la population française
témoigne à l'égard de sa classe politique d'une gamme de sentiments qui va de
l'écœurement au dégoût, en passant par le rejet et l'indifférence. Et sur quoi
se cristallise cette rupture entre le haut et le bas de la société? Sur l'islam
jugé trop invasif et l'immigration jugée excessive.
Curieusement, ce baromètre du Cevipof sauve la mise de deux institutions,
l'armée et la police qui jouissent d'un taux de confiance de près de 80 %.
Peut-être, mais est-ce suffisant pour affirmer comme vous le faites que
l'islamisme et l'immigrationnisme ont été voulus, théorisés, écrits et préparés
à l'avance?
L'immigration a été voulue et organisée, mais l'islamisation de cette
immigration n'était sans doute pas inscrite au menu. Si l'immigration se
poursuit malgré l'islamisation, c'est sans doute que nos élites la jugent
insignifiante. Ou bien qu'elle leur est indifférente. Et c'est cette
indifférence au risque de guerre civile que j'ai voulu souligner.
La
constance avec laquelle le Conseil d'État a aidé à la constitution d'une nation
islamique en France est sidérante. Je liste dans mon livre tous les arrêts du
Conseil d'État favorables à l'immigration musulmane, favorables au voile,
favorables au burkini, favorables à la burqa, favorables aux familles polygames
et j'en passe. Idem pour le Conseil constitutionnel qui trouve conforme à
l'intérêt général de laisser les écoles salafistes proliférer ou de supprimer,
au nom de la « solidarité », les peines qui frappaient autrefois les délinquants
qui facilitaient l'immigration clandestine. Mon livre passe également au crible
l'étrange aveuglement de l'Observatoire de la laïcité quand il est question
d'islam et l'étrange sensibilité du Conseil supérieur de l'audiovisuel aux
récriminations des téléspectateurs musulmans.
Il existe bel et bien une préférence des élites françaises pour l'islam.
Tout ce que j'avance dans mon livre est sourcé. Le
Grand Abandon est
riche de plus de 700 notes et références. L'ordonnancement et la mise en
relation de ces faits étayés et vérifiés entre eux mettent en lumière une
évidence : il existe bel et bien une préférence des élites françaises pour
l'islam.
Ce
qui nous ramène à votre première question. Ce n'est pas seulement l'islam qui
empêche aujourd'hui de faire nation. Les élites aussi ne veulent plus faire
nation.
«L'antiracisme politique qui sévit aujourd'hui n'a jamais eu pour but de
combattre le racisme.» Que voulez-vous dire?
Je
n'ai pas remarqué de mobilisation des organisations antiracistes contre le
rappeur Nick Conrad qui a chanté le meurtre des Blancs et des enfants blancs
dans les crèches. Ni contre les Indigènes de la République ou le syndicat SUD
Éducation qui ont organisé des séminaires «racisés» fermés aux «Blancs», ni
contre Médine qui rêve de crucifier les laïcards au Golgotha, ni contre Mmes
Ernotte (France Télévisions) et Nyssen (ministère de la culture) qui
souhaitaient voir moins de «Blancs» à la télévision.
En
revanche, quand Éric Zemmour a affirmé que les immigrés étaient surreprésentés
dans les prisons, ou quand Georges Bensoussan a tenté d'expliquer que
l'antisémitisme sévissait dans une large frange de la population musulmane en
France, les associations antiracistes se sont unies pour les traîner devant un
tribunal. Au nom de la lutte antiraciste !
Ces
quelques exemples permettent de situer la zone d'action de l’antiracisme : faire
taire tout critique de la « diversité ». La « diversité » n'est pas un slogan
antiraciste un peu creux. Je démontre dans mon livre que la « diversité » est en
réalité une politique. Et cette politique passe par les organisations
antiracistes subventionnées par l'État, par l'école où l'apprentissage de
l'arabe est proposé aujourd'hui dès le primaire, par une politique du ministère
de la Culture qui subventionne la «diversité» au cinéma et au théâtre, par
l'Afnor qui labellise les entreprises pour plus de «diversité», par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel qui, avec son Baromètre de la «diversité» rêve
d'imposer des quasi quotas ethniques sur le petit écran, et par divers lobbys
comme le Club XXI d'Hakim el Karoui ou l'association Coexister...
Le Grand Abandon démontre
que l'antiracisme politique et le discours diversitaire n'ont pas pour but de
combattre le racisme. Ce sont des outils au service d'une réinitialisation des
consciences. Ils servent à marteler
La gauche clientéliste flatte le communautarisme islamique.
Les immigrés de couleur sont par essence des victimes. Les services du Premier
ministre diffusent actuellement des clips contre les violences sexistes. L'un de
ces clips montre un «Blanc» qui agresse sexuellement une jeune fille d'origine
maghrébine laquelle est défendue par une «Blanche» en couple avec un homme noir.
Ce clip d'État d'une grande pureté idéologique assigne la violence sexuelle aux
hommes Blancs et refuse d'évoquer celle qui peut aussi exister chez les
«victimes» de couleur. J'affirme que cette victimisation forcenée des Français
de couleur participe à la fabrication de la violence d'aujourd'hui.
Quand vous parlez des «élites», qui désignez-vous exactement? Peut-on mettre
tous les responsables politiques, économiques, culturels, médiatiques… dans le
même panier?
Mon
livre passe en revue les partis politiques, le ministère de la justice, les
associations antiracistes, l'université, l'école, les experts, les
intellectuels, le monde du cinéma et du théâtre et de quelques autres encore…
Chacun de ces groupes ou institutions œuvre, dans le champ qui est le sien, à la
promotion de la «diversité» et de son corollaire le «vivre-ensemble». J'ai déjà
évoqué le cas du Conseil d'État, du Conseil constitutionnel et du Conseil
supérieur de l'audiovisuel. Mais je liste également le cas des intellectuels qui
pétitionnent et lynchent médiatiquement toute personnalité publique qui émet des
opinions non conformes aux leurs. L'écrivain algérien Kamel Daoud en a ainsi
fait les frais quand il a expliqué que les viols de masse de Cologne en 2015
étaient dus à l'importation en Allemagne d'une culture patriarcale des relations
entre les sexes. Les experts justifient et encouragent l'immigration au nom de
supposés bienfaits économiques. Le ministère de la justice met à mal la liberté
d'expression des Zemmour et Bensoussan… etc. J'ai 600 pages d'exemples et de
logiques qui s'emboîtent les unes dans les autres et qui tous ensemble
concourent à une révolution, «par le haut».
En
trente ans, la société française a quitté un modèle laïque républicain pour être
projetée dans un modèle multiculturaliste, communautariste et anti-laïque. Il
s'agit d'une authentique révolution qui se poursuit encore aujourd'hui sous nos
yeux. Les élites politiques, économiques et institutionnelles ont balayé le
vieux modèle laïque et républicain sans demander l'avis du reste de la
population. Les élites françaises ont été à l'origine du plus grand casse du
siècle, lequel s'avère être aussi un casse de la démocratie et de la laïcité.
Pour quel profit? Je crains que seul l'islamisme soit à même de tirer les
marrons du feu.
Les politiques ont selon vous une responsabilité toute particulière dans la
diffusion de l'islamisme. Tous, y compris le Front national, pourquoi?
Le
Front national a joué les repoussoirs. Par sa seule présence, le Front national
a empêché l'émergence de tout débat sérieux sur l'islam et l'immigration. Les
éructations de Jean-Marie Le Pen toujours à la limite du racisme et de
l'antisémitisme ont contribué au caractère hégémonique du discours antiraciste.
Marine Le Pen a bien tenté de redresser l'image de son parti, mais le mal était
fait. Et il dure encore.
Quant aux gouvernements de gauche, ils portent une responsabilité historique que
j'expose dans Le Grand
Abandon.
Vous reprochez aux politiques, notamment de gauche («islamo-gauchistes») leur
clientélisme, mais vous le reconnaissez vous-même en introduction, les musulmans
deviennent une composante à part entière de la population: il faut bien que des
politiques leur parlent à eux aussi?
La
gauche clientéliste flatte le communautarisme islamique: baux emphytéotiques
pour la construction de mosquées, heures de piscine réservées aux femmes, etc.,
cela dans le but de recueillir les voix des musulmans. L'islamo-gauchisme
accompagne la violence islamiste pour conquérir le pouvoir. Ce sont deux
démarches différentes, mais les deux instrumentalisent les musulmans comme outil
de conquête du pouvoir.
En trente ans, la société française a quitté un modèle laïque républicain pour
être projetée dans un modèle multiculturaliste, communautariste et anti-laïque.
Cette instrumentalisation de l'islam par la gauche a creusé la tombe de la
laïcité. La laïcité non plus n'est pas un mot creux. C'est l'espace de la
citoyenneté. Et la citoyenneté c'est l'espace du politique parce qu'il est
débarrassé de tous les sujets qui ne prêtent pas à la discussion et à la
négociation. Si la laïcité a cantonné la religion au domicile et aux lieux de
culte, c'est précisément pour les sortir de l'espace politique. En
réintroduisant la religion - et surtout la religion musulmane - dans l'espace de
la politique, la gauche (mais aussi la droite) a disséminé les germes de la
guerre civile.
Une
République laïque ne doit reconnaître que des citoyens et non des communautés,
et moins encore des communautés religieuses. Penser comme le font nos élus de
droite et de gauche que la République doit des mosquées aux musulmans est une
erreur et une trahison. Une erreur parce qu'elle conforte le communautarisme et
le sécessionnisme musulman. Et une trahison parce que ce que la République doit
aux Français, quelle que soit leur confession ou leur couleur de peau, ce sont
des écoles, la liberté de pensée et d'expression.
Vous critiquez beaucoup aussi l'Église. Mais n'est-elle pas dans son rôle
lorsqu'elle exprime une compassion à l'égard des migrants ? Faut-il toujours
tout ramener à une vision politique ?
Le
rôle des journalistes n'est pas de prendre les apparences pour le réel. Quand
Macron va au Collèges des Bernardins et déclare aux plus hautes personnalités du
catholicisme français qu'il faut « réparer » le lien abîmé entre l'Église et
l'État, que croyez-vous qu'il fasse ? Une bonne action ? Non, il fait de la
politique. Il s'adresse à une Église catholique blessée par cent ans de laïcité
et qui souffre d'une hémorragie de fidèles. Il lui dit : oublions la laïcité,
revenez dans le jeu politique. Pourquoi Macron fait-il cela ? Pour se constituer
des alliés dans son grand projet de bâtir ce qu'il appelle l'« Islam de France
». Macron a besoin d'alliés pour se débarrasser de la laïcité. Quel meilleur
allié que l'Église ?
Quant à la compassion de l'Église pour les migrants musulmans, il est bon de
rappeler que cette compassion est sélective. L'Église ne défend pas les Coptes
quand ils sont massacrés en Égypte, elle proteste à peine contre l'authentique
épuration ethnique qui frappe les chrétiens d'Orient, et elle n'a guère eu de
mot charitable pour les Yazidis massacrés par l'État islamique. C'est cette
sélectivité compassionnelle qui interroge. J'essaye de montrer dans mon livre
que la charité affichée de l'Église envers les musulmans est aussi une
politique.
Quant aux médias, pour finir, vous y voyez des « falsificateurs de la vérité »?
Il
y a quelques jours, le Journal télévisé de France 2 a diffusé un reportage sur
l'épidémie d'attaques au couteau qui sévit à Londres. Mais la même épidémie
sévit en France et aucun média ne dresse un tableau de la situation. Il faut
feuilleter la presse de province, journal par journal, pour se rendre compte de
l'ampleur des violences gratuites, souvent mortelles, commises au quotidien.
Quand un journal évoque une attaque au couteau, on ignore le nom de l'agresseur
et ses motivations. Comme s'il y avait une volonté d'anonymiser le «
déséquilibré » ! Les médias, dans leur grande majorité, participent au casse du
siècle. Ils n'informent plus sur les problèmes, ils prêchent la « diversité » et
le « vivre ensemble ».
P
Par Alexandre
Devecchio
· Publié le 16/11/2018 à 19:34
FIGAROVOX/TRIBUNE - Élisabeth Lévy revient sur l'enquête réalisée par les
journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, concernant l'islamisation
de certaines parties du territoire français, et se réjouit qu'une frange de la
gauche ouvre enfin les yeux sur ce phénomène.
Élisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Dans
son dernier numéro, le magazine consacre un dossier à l'islamisation et au livre
de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Inch'Allah.
FIGAROVOX.- Vous consacrez la dernière une de Causeur au livre de deux
journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui décrit l'islamisation
de la société en Seine Saint Denis. Méritaient-ils tant d'honneur? Avez-vous
réellement appris quelque chose de nouveau en lisant leur livre?
Élisabeth LÉVY.- Ne
soyez pas injuste avec les jeunes confrères qui ont mené l'enquête: nous n'avons
évidemment pas été surpris par le tableau d'ensemble ; mais il y a bien sûr
beaucoup de détails que vous et moi ignorions, comme cette affaire de barbecue
annuel de la PJ du 93 où la convivialité est peu à peu minée par des
revendications religieuses. Cela dit, le sujet de notre «une» n'est pas le livre
de Davet et Lhomme en tant que tel, mais le tournant qu'il marque peut-être dans
la prise de conscience d'une islamisation qui menace la cohésion française.
Quand nous proclamons «Le Monde découvre la lune» - en l'occurrence la lune
islamiste, nous nous moquons gentiment de leur retard à l'allumage, mais en même
temps nous saluons le début de la fin du déni. Cela dit, nous sommes encore un
brin optimistes. Certes, beaucoup de journalistes du Monde ont découvert la
lune. Avant Davet et Lhomme, le directeur du Monde des Livres Jean Birnbaum, qui
publie ces jours-ci La
religion des faibles,
un excellent essai sur l'impuissance progressiste, s'interrogeait déjà dans son
précédent livre sur les errements de la gauche, sa famille politique, face à
l'islamisme.
Le Monde a une part de responsabilité dans l'aveuglement face à l'islam radical.
Dans La
Communauté,
paru au printemps, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, autres grandes plumes du
quotidien, ont décrit la descente aux enfers de Trappes dont 67 jeunes sont
partis faire le djihad. Pour autant, ils restent des francs-tireurs dans leur
propre rédaction où visiblement tout le monde n'est pas encore parvenu au même
degré de conscience. Depuis des années, Le Monde a contribué à jeter le soupçon
sur les lanceurs d'alerte. Il a consacré des unes angoissées à la montée «des
idées du Front national» (la première étant l'inquiétude face au
fondamentalisme), mais a toujours trouvé mille excuses et autant de sociologues
pour expliquer que nous étions les principaux responsables de la sécession d'une
partie de notre jeunesse musulmane. Pire, il a tiré à boulets rouges sur Georges
Bensoussan, intellectuel coupable d'avoir parlé sans détours de l'antisémitisme
qui sévit dans les quartiers islamisés, et tressé, à plusieurs reprises, des
couronnes à Marwan Muhammad, l'ex-président du Comité contre l'islamophobie en
France, qui répand dans pas mal de cerveaux ses balivernes sur le racisme d'État
français. Bref, compte tenu de l'influence qu'il exerce encore, au moins dans
une partie des élites, Le Monde a une part de responsabilité dans l'aveuglement
face à l'islam radical (avec France Inter, autre bastion du déni et de la
culpabilisation de l'inquiétude). Si Davet et Lhomme, avec leur prestige de
«tombeurs de François Hollande» (peut-être un peu excessif), contribuent à
ouvrir des yeux, tant mieux!
Ils affirment dans vos colonnes que, depuis la sortie du livre, ils sont
qualifiés d' «islamophobes», de «fascistes» et même de «nazis». Avouez qu'il est
assez ironique de les voir rejoindre ce club! Et ne me dites pas que vous n'avez
pas eu du mal à les plaindre!
L'idéologie a empêché la gauche médiatique, culturelle et, pour l'essentiel,
politique, de voir ce qu'elle voyait.
Nous ne les plaignons pas plus que nous ne voulons être plaints quand on nous
attaque. Mais nous sommes solidaires. Sans la moindre réserve. Ces insultes
posent un problème en soi, pas parce qu'elles affecteraient leurs cibles, mais
parce qu'elles interdisent tout échange d'arguments. Bien sûr, on aurait aimé
que quelques voix médiatiques «de gauche» défendent ces dernières années la
liberté d'Alain Finkielkraut ou de Zemmour, mais le débat public n'est pas une
cour d'école maternelle - ou ne devrait pas l'être. Ricaner sur le mode «à leur
tour maintenant» ne nous avancerait guère. Même la liberté d'expression de
journalistes du Monde doit être défendue ...(Je blague).
Derrière le courage affiché, il y a tout de même beaucoup d'hypocrisie. Gerard
Davet et Fabrice Lhomme se défendent de faire toute idéologie. Les témoignages
des professeurs des Territoires perdus de la République en 2002
étaient-ils plus idéologiques?
Vous êtes d'une surprenante sévérité! Je n'ai pas entendu Davet et Lhomme se
vanter de leur courage, mais oui, il y a un certain courage à aller contre les
opinions dominantes de son milieu professionnel et amical, de sa famille
idéologique et contre ses propres certitudes. Jean Birnbaum évoque avec une
grande justesse le désarroi de l'homme de gauche. Combien en avez-vous rencontré
vous-mêmes, de ces Français qui, issus d'une longue tradition d'espérance
ouvrière, ont eu beaucoup de mal à admettre que l'universalisme dont ils se
réclamaient n'était pas universellement désirable? La peur du racisme, y compris
en soi-même, n'est pas seulement un diktat de médias qui veulent interdire le
débat, elle est aussi, pour une part le fruit de notre glorieux surmoi
humaniste. Il est vrai cependant que, quand nos estimés confrères affirment
«Avant nous, ceux qui parlaient du phénomène étaient des idéologues», ils
charrient. Comme vous le notez, les témoignages des professeurs, les
innombrables enquêtes tribunes, livres, analyses parues au cours des quinze
dernières années, et plus récemment les études de l'Institut Montaigne et du
CNRS, n'avaient rien d'idéologique. En revanche, l'idéologie a empêché la gauche
médiatique, culturelle et, pour l'essentiel, politique, de voir ce qu'elle
voyait. Pas par cynisme, mais par instinct de survie intellectuelle: voir
l'aurait obligé à réviser radicalement sa conception du monde et à admettre que
l'ennemi principal ne venait peut-être pas, comme elle l'avait toujours clamé,
de l'intérieur de nos sociétés - l'hydre capitaliste et/ou la lèpre populiste.
Résultat, pendant des années, elle s'est employée à discréditer le doigt.
Aujourd'hui, l'idéologie ne parvient plus à faire son office d'illusionnisme. Il
devient presque impossible de ne pas voir la lune.
Peut-être, mais Davet et Lhomme refusent de faire le lien entre islamisation et
djihadisme et nous ressortent l'éternelle rengaine des facteurs sociaux!
C'est le véritable point aveugle du livre. Davet et Lhomme ne voient pas le lien
entre l'arbre et la forêt, comme si les djihadistes ne prospéraient pas dans un
environnement particulier.
C'est le séparatisme culturel qui pourrait changer notre pays.
Cela dit, ils ont le mérite de s'intéresser à la forêt. Nombre d'observateurs
commettent l'erreur symétrique et se focalisent sur les terroristes sans jamais
se demander d'où ils sortent. Or, si la violence suscite un effroi légitime,
c'est le séparatisme culturel qui, si nous ne parvenons pas à l'enrayer,
pourrait changer notre pays - et pas pour le meilleur. Du reste, le terrorisme
appelle une réponse policière et sécuritaire sur laquelle il est difficile
d'avoir un avis pertinent. Le combat contre la sécession islamiste exige une
mobilisation de l'État et de la société, en particulier des musulmans eux-mêmes.
Quant à l'explication sociale, je n'ai pas le souvenir qu'elle soit au cœur de Inch'Allah,
tout simplement parce que les deux auteurs se défendent de toute ambition
explicative. Quoi qu'il en soit vous ne pouvez pas éliminer purement et
simplement le social de la liste des causalités. Il est plus difficile
d'échapper à l'emprise du groupe dans certains quartiers…
Le livre est-il, malgré tout, le symptôme d'une évolution plus générale du
paysage médiatique sur ce sujet?
En effet, il est un marqueur d'une de ces évolutions qu'on observe en se
retournant en arrière. Les attentats de 2015 ont constitué une première
secousse. Depuis, le rideau n'a cessé de se déchirer. De nombreux médias, y
compris Causeur et Le
Figaro,
ont abondamment (trop pour certains) raconté et commenté ce qui se passait. Ce
qu'on appelait encore «le peuple de gauche» sous François Hollande sait depuis
longtemps qu'on l'a trompé en lui promettant qu'avec de la croissance et de la
gentillesse tout s'arrangerait. Aujourd'hui, la contradiction s'invite au cœur
du camp du Bien.
Pensez-vous que cela soit suffisant pour ébranler les certitudes d'une certaine
gauche?
Le camp du déni n'a pas complètement désarmé, mais il se réduit de jour en jour.
Le camp du déni n'a pas complètement désarmé, mais il se réduit de jour en jour.
Il me semble avoir entendu parler d'islamisation sur France Culture sans les
pincettes habituelles, c'est dire. Il reste une extrême gauche idéologique,
proche de la mouvance indigéniste, pour qui la convergence des luttes passe par
l'alliance avec les islamistes. Les pleurnicheuses universitaires comme Geoffroy
de Lagasnerie qui voient le fascisme partout sauf là où il se trouve vraiment
continueront à passer pour des cadors de la pensée dans quelques cercles
sociologisants, autour de Normale sup' ou de l'École des hautes études, et on
continuera à se pâmer sur leurs propos indigents et leur sectarisme fanatique
sur France Inter. Jean-Paul Lilienfeld raconte dans Causeur qu'il
a entendu un éditeur bien sous tous rapports parler de Inch'Allah avec
le mépris qui convenait à un livre «digne de Zemmour». Des comédiens et des
amuseurs continueront à dénoncer l'islamophobie du populo et à défendre
l'accueil inconditionnel et illimité des migrants (chez le même populo bien
sûr). Mais ce festival de postures avantageuses a de moins en moins d'influence
sur la société. Et son caractère ridicule saute chaque jour un peu plus aux
yeux.
En leur consacrant la une, vous êtes consciente que cela ne va pas arranger leur
réputation auprès de certains de leurs collègues?
J'ai beaucoup de sympathie pour Plic et Ploc (le surnom affectueux que nous
donnons à Davet et Lhomme) mais ils sont adultes et leur situation au Monde les
regarde. Nous, nous avons fait notre travail, qui était de discuter le leur et
nous l'avons fait avec la bienveillance qu'ils méritent, car je répète qu'ils
font œuvre utile. Je n'ose penser que cette bienveillance critique pourrait leur
valoir des ennuis. Même au Monde, la pensée réflexe - c'est Causeur, c'est réac,
c'est mal - est de moins en moins tendance, non?
Sur le plan politique, on a aussi entendu les déclarations d'Olivier Faure qui
va jusqu'à évoquer une forme de «colonisation à l'envers» …
Et qui s'est bien entendu rétracté après une salve de tweets promptement
baptisée «levée de boucliers». La lucidité n'avance pas de façon linéaire. S'il
y a aujourd'hui un consensus très large sur l'existence d'un danger islamiste,
beaucoup rechignent encore à le connecter aux changements migratoires des
dernières décennies. Or, c'est bien une crise majeure de l'intégration qui voit
des petits-enfants d'immigrés moins intégrés que leurs grands-parents, que nous
vivons.
Finalement, il n'y a peut-être que Macron qui reste désormais sourd à cette
problématique?
Si vous savez ce que pense le président sur la question, je serais ravie de
l'apprendre et vos lecteurs aussi. Je constate avec tristesse et colère qu'il
n'a pas prononcé publiquement le nom Charlie Hebdo depuis son arrivée au
pouvoir, que son «itinérance mémorielle» ne l'a pas mené au Bataclan le 13
novembre et qu'il a pudiquement évoqué devant l'Arc de Triomphe les
«manipulations des religions».
Il est bien trop tôt pour décréter qu'on ne peut rien faire contre la séduction
qu'exercent des islamistes sur une partie de notre jeunesse.
Si on ajoute les projets de révision de la loi de 1905, ou ce qu'on en sait, il
semble que le président assume de plus en plus son penchant multiculturel et
qu'il voudrait bien, comme le Comité des Droits de l'Homme de l'Onu, en finir
avec cette singularité française qu'est la laïcité pour adopter le «chacun fait
ce qu'il lui plaît» du libéralisme des droits contemporain.
Que pensez-vous de la nomination au ministère de l'Intérieur de Christophe
Castaner qui confond «voile catholique» et voile islamique?
Comme vous, que ce n'est pas très encourageant. Cependant, tout le monde peut
changer. Peut-être que le ministre de l'Intérieur lit Le Monde. Plus
sérieusement, on peut craindre qu'en haut lieu, soit on n'ait pas pris la mesure
du problème, soit on croit toujours qu'il se dissoudra dans la croissance. À
moins que, faute de solutions évidentes, on préfère regarder ailleurs.
La prise de conscience de Davet et Lhomme, mais aussi d'une partie de la gauche
politique et médiatique arrive bien tard. Trop tard?
Trop tard, c'est mieux que pas du tout. Et non, il n'est pas trop tard. Il est
bien trop tôt pour décréter qu'on ne peut rien faire contre la séduction
qu'exercent des islamistes sur une partie de notre jeunesse. Le pouvoir de la
raison existe, pour peu qu'on veuille en faire usage. On ne peut pas imposer
durablement à une société un changement dont elle ne veut pas. « Nous vaincrons.
Parce que nous sommes les plus morts», a écrit Muray. Je ne peux m'y résigner et
nous sommes beaucoup (et de toutes origines, religions etc.) dans ce cas, prêts
à mener un combat culturel pour défendre une certaine façon de vivre, de penser
et de faire collectivité. La gauche découvre la lune ? Excellente nouvelle. Nous
n'allons pas perdre les dix prochaines années à ratiociner sur le mode « on vous
l'avait bien dit! ».