Middle East Quarterly
Hiver 2010 Volume 17: Number 1
JANUARY 01, 2010
https://www.meforum.org/articles/2010/la-taqiyya-et-les-regles-de-la-guerre-islamique
L'islam doit
apparaître aux non-musulmans comme une religion bien paradoxale. D'un côté, on
ne cesse de la présenter comme la religion de la paix et, de l'autre, ses
membres sont responsables de la majorité des actes terroristes dans le monde.
Les apologistes de l'islam soulignent que cette foi se fonde sur une grande
exigence éthique. Les autres constatent qu'il s'agit d'une religion légaliste.
La dualité des critères de vérité et de fausseté dans l'islam révèle une nature
paradoxale : car si le Coran est contre les croyants qui trompent d'autres
croyants (en vertu du fait que « Allah ne guide pas celui qui est outrancier et
menteur » (1), la tromperie aux dépens des non-musulmans, généralement appelée,
en arabe, taqiyya, reçoit également
l'approbation coranique et fait partie des actes légalement permis aux
musulmans.
La tromperie
musulmane peut être considérée comme un moyen, qui manque, certes, de noblesse,
au service de la fin glorieuse que constitue l'hégémonie islamique de la chariah, considérée comme favorable aux musulmans et aux
non-musulmans. En ce sens, il s'agit d'un mensonge altruiste, ce qui est
autorisé. L'imam Mahmoud al-Masri a récemment donné
en exemple une histoire où un musulman raconte un mensonge à un Juif pour le
forcer à la conversion, et dont il parle comme d'une « magnifique tromperie ».
La taqiyya a deux utilisations principales. La
plus connue consiste à masquer ses convictions religieuses par crainte de
persécutions. Il s'agit là de pratiques historiques de la taqiyya au sein de la communauté chiite, dans
tous les cas où leurs rivaux sunnites étaient plus nombreux et constituaient
une menace. Inversement, les sunnites, loin d'être persécutés, ont toujours
pratiqué quand c'était possible une forme de taqiyya au
service du djihad contre les incroyants, faisant de la taqiyya une
pratique non plus seulement de dissimulation, mais de tromperie active. En
fait, le mensonge, qui a, dans l'islam, un fondement doctrinal, est souvent
présenté comme égal, et parfois supérieur, aux autres vertus guerrières que
sont le courage, la détermination, ou le sacrifice.
On pourra se demander
comment il se fait que les musulmans soient à la fois exhortés à la sincérité
et encouragés à la tromperie, et que cette dernière soit non seulement
dominante mais bénéficie aussi de l'approbation divine.
Qu'est-ce au juste
que la taqiyya? Comment les théologiens,
ainsi que ceux qui en font usage, la justifient-ils ? Comment s'inscrit-elle
dans l'éthique islamique, notamment dans son rapport avec les non-musulmans ?
Et, plus précisément, quelles sont les implications de la taqiyya pour toutes les relations entre
musulmans et non-musulmans ?
LA DOCTRINE DE LA TAQIYYA
Selon la charia, c'est-à-dire
l'ensemble des règles qui définissent le comportement d'un musulman dans toutes
les circonstances de la vie, la tromperie est non seulement permise dans
certaines circonstances mais peut être considérée comme obligatoire.
Contrairement à la tradition chrétienne primitive, les musulmans contraints de
choisir entre reniement de l'islam et persécution avaient la permission de
mentir et de feindre l'apostasie. D'autres juristes ont décrété que les
musulmans étaient obligés de mentir afin de se préserver (2), en se fondant sur
les versets coraniques qui interdisent aux musulmans de concourir à leur propre
mort (3).
Telle est la
définition classique de la taqiyya.
Construit sur un mot arabe connotant la crainte, le terme de taqiyya passe (notamment auprès des chercheurs
occidentaux) pour une stratégie à laquelle on peut avoir recours en cas de
persécution religieuse, ainsi que les groupes minoritaires chiites l'ont fait
quand ils vivaient au sein de majorité sunnites hostiles (4). La taqiyya a ainsi permis fréquemment aux chiites
de masquer leur appartenance religieuse face aux sunnites, non seulement en
remisant leurs convictions religieuses à la clandestinité, mais en priant et en
se comportant comme des sunnites.
Cependant, l'un des
rares ouvrages consacrés à ce sujet, At-Taqiyya
fi'l-Islam (« De la dissimulation dans
l'islam ») dit clairement que la taqiyya ne
se limite pas à la dissimulation par crainte de persécutions. Son auteur, Sami Mukaram, ancien professeur d'études islamiques à l'université
américaine de Beyrouth, qui a écrit environ vingt-cinq ouvrages sur l'islam,
démontre clairement la variété des applications de la taqiyya :
« La taqiyya est d'une importance fondamentale dans
l'islam. Pratiquement toutes les factions islamiques la reconnaissent et la
pratiquent (…) On peut même dire que la pratique de la taqiyya fait
partie de la norme de l'islam, et que les rares factions qui ne la pratiquent
pas sont justement en dehors de la norme musulmane. La taqiyya est
dominante dans la politique islamique, en particulier durant la période moderne
» (5).
La taqiyya n'est donc pas, comme on le suppose
souvent, un phénomène exclusivement chiite. Bien sûr, en tant que minorité
dispersée au sein de communautés sunnites ennemies, les chiites ont historiquement
plus de raisons de pratiquer la dissimulation. Inversement, l'islam sunnite
ayant rapidement dominé de vastes empires, de l'Espagne à la Chine, ses membres
ne devaient rien à personne et n'eurent pas à faire allégeance à d'autres, ni à
se cacher face à des incroyants infidèles (l'Espagne et le Portugal de la
Reconquista sont les rares exceptions où les sunnites ont dissimulé leur
identité religieuse (6)). Ironiquement, les sunnites qui vivent en Occident se
trouvent désormais dans la situation qui était celle des chiites, puisqu'ils
vivent comme une minorité encerclée par ses ennemis traditionnels, les
chrétiens infidèles. Ces derniers, à la différence des chrétiens de la
Reconquista, se comportent rarement en adéquation avec cette inimitié historique,
et la reconnaissent encore moins. En fait, les sunnites se retrouvent dans les
circonstances générales qui ont fait de la taqiyya un
élément important du chiisme mais sans risquer la menace physique qui en avait
été initialement la source.
LES FORMULATIONS DE LA TAQIYYA
Le verset 3:28 du
Coran est souvent considéré comme le premier qui admet la tromperie envers les
non-musulmans :
« Que les croyants ne
prennent pas pour alliés des infidèles au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit
la religion d'Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d'eux » (7).
Muhammad ibn Jarir at-Tabari (mort en 923), auteur d'un commentaire du
Coran, qui fait autorité, explique ainsi le verset 3:28 :
« Si vous [les
musulmans] êtes sous l'autorité de non-musulmans et craignez pour vous-mêmes,
conduisez-vous avec une apparence de loyauté envers eux, par la parole, tout en
conservant votre hostilité à leur égard par devers vous (…) [sachez que] Allah
a interdit aux croyants de se montrer amical ou intime avec les infidèles, sauf
si les infidèles les dominent. Dans ce cas précis, qu'ils se comportent
amicalement avec eux tout en préservant leur religion » (8).
Toujours à propos de
ce verset du Coran, Ibn Kathir (mort en 1373), qui
est une autre grande autorité coranique, écrit :
« Quel que soit le
lieu ou le moment, quiconque craint des tourments [venant de non-musulmans]
peut se protéger en donnant le change ».
Il en veut pour
preuve une citation d'Abu Darda, proche compagnon de Mahomet, enjoignant d'«
arborer un large sourire face à certaines personnes tandis que notre cœur les
maudit ». Un autre compagnon, connu sous le nom d'Al-Hasan, a dit que « la
pratique de la taqiyya est
acceptable jusqu'au jour du jugement » (c'est-à-dire jusqu'à la fin des temps)
(9).
D'autres savants
importants, comme Abu 'Abdullah al-Qurtubi (1214-73)
et Muhyi 'd-Din ibn
al-Arabi (1165-1240), ont étendu la taqiyya jusqu'à
l'appliquer à de nombreuses actions. En d'autres termes, les musulmans peuvent
se conduire comme des infidèles ou même pire, par exemple en se prosternant et
en adorant des idoles et des croix, en portant de faux témoignages, ou même en
montrant les faiblesses d'autres musulmans à l'ennemi infidèle — tout est
permis sauf tuer un autre musulman :
« la taqiyya, même si elle est pratiquée sans contrainte, ne
mène pas à un statut d'infidèle, même si elle peut mener à des péchés méritant
le feu de l'enfer » (10).
LA TROMPERIE DANS LES EXPLOITS GUERRIERS DE MAHOMET
Mahomet — qui
constitue [pour le musulman] l'exemple de l'être humain parfait, dont la
conduite doit être imitée dans les moindres détails — avait une conception
pragmatique du mensonge. Il est notamment bien connu qu'il permettait de mentir
dans trois situations : pour réconcilier entre deux parties, ou plus, qui sont
en conflit, pour calmer sa femme, et à la guerre (11). Selon un manuel de droit
arabe consacré au djihad tel qu'il est défini par les quatre écoles du droit
islamique,
« les
ulémas [savants] considèrent que la tromperie en temps de guerre est légitime
(…) la tromperie est une forme de l'art de la guerre » (12).
De plus, selon Mukaram, cette tromperie est classée comme taqiyya:
« la taqiyya servant à duper l'ennemi est permise » (13).
Plusieurs ulémas
estiment que la tromperie fait partie intégrante de l'art de la guerre. Ibn
al-'Arabi déclare, par exemple :
« dans
les hadiths [citations et actions de Mahomet], le mensonge en temps de guerre
est bien attesté. En fait, le mensonge est davantage souligné que l'obligation
de courage ».
Ibn al-Munir (mort en
1333) écrit :
« La guerre est
tromperie, la guerre la plus parfaite qu'un saint guerrier puisse faire est une
guerre de tromperie et non de confrontation, car la confrontation comporte des
risques, tandis que l'on peut obtenir la victoire par traîtrise et sans risque
pour soi ».
Quant à Ibn Hajar
(mort en 1448), il conseille aux musulmans d'adopter
« une
attitude très prudente dans la guerre, tout en se lamentant [publiquement] et
en portant le deuil de manière à tromper les infidèles » (14).
Cette conception
musulmane de la guerre comme tromperie renvoie à la bataille du Fossé (627),
qui opposa Mahomet et ses disciples à plusieurs tribus non musulmanes, connues
sous le nom de Al-Ahzab. Parmi ces derniers, Na'im ibn Mas'ud se rendit dans
le camp musulman et se convertit à l'islam. Quand Mahomet s'aperçut que les Ahzab n'étaient pas au courant de la conversion de Mas'ud, il lui conseilla de retourner auprès d'eux et de
les décider à lever le siège. C'est à cette occasion que Mahomet est censé
avoir émis l'adage célèbre, « car la guerre est tromperie ». Mas'ud retourna auprès des Ahzab
sans qu'ils sachent qu'il avait changé de camp et, de son côté, il donna des
informations fausses à ses anciens amis et alliés. Il s'efforça également de
générer des querelles entre les différentes tribus jusqu'à ce que, pleines de
méfiance les unes envers les autres, elles finissent par se séparer et lever le
siège, sauvant ainsi les musulmans de la destruction dans cette période encore
embryonnaire [de l'islam] (15).
Plus récemment, des
complices de l'attentat du 11-Septembre, tel Khalid Sheikh Muhammad, ont
invoqué, dans leur défense, comme raison de leur rôle dans la conspiration,
l'argument du prophète selon lequel « la guerre est tromperie ».
On trouve une autre
expression encore plus puissante de la légitimité qu'il y a à tromper des
infidèles, dans l'anecdote suivante. Un poète, Ka'b
ibn Ashraf, avait offensé Mahomet, lequel s'était exclamé « Qui tuera cet homme
qui a blessé Allah et son prophète ? ». Un jeune musulman nommé Muhammad ibn Maslama s'était porté volontaire, à condition que pour
s'approcher de Ka'b afin de l'assassiner, il ait la
permission de lui mentir. Mahomet lui donna son accord. Ibn Maslama
alla voir Ka'b et commença à dire du mal de l'islam
et de Mahomet. Il continua ainsi jusqu'à ce que ses paroles soient assez
convaincantes pour que Ka'b se fie à lui. Ibn Maslama ne tarda pas alors à se présenter avec un autre
musulman et à tuer Ka'b qui ne se méfiait plus (16).
Mahomet a pris
d'autres positions qui font de la tromperie une action positive, comme
lorsqu'il dit :
« Allah m'a commandé
de parler de façon équivoque parmi les peuples, au même titre qu'il m'a
commandé d'édicter des obligations [religieuses] » .
Ou encore :
« J'ai été envoyé
dans des conditions impénétrables ».
Et :
« Celui qui vit dans
la dissimulation meurt en martyr » (17).
Bref, les premières
sources historiques de l'islam attestent clairement de l'importance suprême de
la taqiyya comme d'une forme
islamique de guerre. De plus, les premiers musulmans sont souvent décrits comme
capables de se sortir de situations difficiles grâce au mensonge, notamment en
reniant ou en insultant l'islam et Mahomet avec l'approbation de ce dernier -
son seul critère étant que leurs intentions (niya)
soient pures (18). Au cours des guerres contre les chrétiens, à chaque fois que
les chrétiens avaient le pouvoir, la pratique de la taqiyya devint
même plus totale. Ainsi que l'affirme Mukaram :
« La taqiyya était utilisée comme un moyen, pour les
musulmans, de repousser le danger, en particulier aux moments critiques où
leurs frontières étaient l'objet de guerre avec les Byzantins, et, plus tard,
l'objet des raids [croisades] des Francs et des autres » (19).
LA TAQIYYA DANS LA RÉVÉLATION CORANIQUE
Le Coran lui-même
apporte d'autres témoignages concernant la taqiyya.
Puisque Allah est censé être la source de ces versets révélés, il est considéré
comme étant Lui-même implicitement le perpétrateur absolu du mensonge, ce qui
n'a rien de surprenant puisque il est décrit dans le Coran comme étant le
meilleur makar, c'est-à-dire fourbe,
trompeur (par exemple : 3:54, 8:30, 10:21).
Alors que les autres Ecritures saintes contiennent des contradictions, le Coran
est le seul texte à propos duquel les commentateurs ont développé une doctrine
pour rendre compte des changements visibles d'une injonction à une autre. Un
lecteur attentif ne peut manquer de remarquer les versets contradictoires du
Coran, notamment la façon dont les versets de paix et de tolérance se
retrouvent quasiment côte à côte avec des versets de violence et d'intolérance.
Les ulémas furent embarrassés, au départ, pour décider à partir de quels
versets codifier l'ordre social de la chariah : celui
qui affirme que la religion ne peut exercer de coercition (2:256), ou celui qui
ordonne aux croyants de combattre tous les non-musulmans jusqu'à leur
conversion, ou au moins leur soumission à l'islam (8:39, 9:5, 9:29) ? Pour
résoudre ce dilemme, les commentateurs ont développé la doctrine de
l'abrogation, qui, en gros, stipule, quand il y a contradiction, que les
versets révélés à Mahomet tardivement prennent le pas sur ceux formulés au
début de sa vie. C'est ainsi que, pour déterminer quel verset abroge quel
autre, une science théologique consacrée à la chronologie des versets du Coran
a été créée (on l'appelle an-Nasikh wa'l Mansukh - ce qui
abroge et ce qui est abrogé).
Mais pourquoi y
aurait-il une contradiction ? La réponse classique est que, dans les premières
années de l'islam, Mahomet et sa communauté étant largement inférieurs en
nombre aux infidèles avec lesquels ils étaient en concurrence et qui vivaient
avec eux à la Mecque, un message de coexistence pacifique était de rigueur.
Cependant, après l'exil des musulmans à Médine, en 622, et le développement de
leur force guerrière, les versets les incitant à l'offensive leur furent
progressivement « révélés », c'est-à-dire en principe envoyés par Allah, à
mesure que la puissance des musulmans augmentait. Dans les textes juridiques, ces
versets sont classés en différentes catégories : passivité face à l'agression ;
permission de répliquer face à des agresseurs ; commandement incitant à
combattre les agresseurs ; commandement incitant à combattre tous les
non-musulmans qu'ils aient été initialement agresseurs ou pas (20). Le
développement de la puissance musulmane est la seule variable fournie pour
expliquer ces changements graduels de politique.
D'autres érudits
renforcent cette conception en soulignant que sur une période de 22 ans, le
Coran a été révélé petit à petit et a d'abord privilégié des versets ne
réclamant pas d'action et restant de nature spirituelle avant de passer ensuite
à des prescriptions et des injonctions réclamant de diffuser la foi par le
djihad et la conquête, et ce de manière à ne pas rebuter les premiers convertis
musulmans face aux devoirs qui sont ceux de l'islam, et éviter qu'ils ne soient
découragés par les obligations importantes qui n'apparaîtront que dans les
versets plus tardifs (21). Ces versets – tel celui qui dit : « Il vous est
prescrit de combattre, même si cette prescription, vous l'avez en horreur »
(22), auraient été déplacés à un moment où la guerre n'était pas pensable.
Quelles que soient
les interprétations de l'abrogation dans le Coran, l'opinion commune sur la
question des versets concernant la guerre et la paix est que, quand les
musulmans sont en position de faiblesse, ou minoritaires, ils doivent prêcher
et être fidèles à l'éthique des versets mecquois (paix et tolérance) ; alors
que, lorsqu'ils sont en position de force, ils doivent passer à l'offensive sur
la base des commandements figurant dans les versets de Médine (guerre et
conquête). Les avatars de l'histoire islamique témoignent de cette dichotomie
et se reflètent dans le proverbe communément admis parmi les musulmans et qui
se fonde sur un hadith, selon lequel le djihad doit être réalisé par la main
(par la force), ou sinon, par la langue (par le prêche), et si cela n'est pas
possible, par le cœur ou par les intentions secrètes de chacun (23).
LA GUERRE EST ÉTERNELLE
Que l'islam légitime
la tromperie dans le cadre de la guerre n'a, bien sûr, rien d'étonnant. Après
tout, comme l'a formulé un auteur élisabéthain, John Lyly, « tout est bon, en
amour comme à la guerre » (24). D'autres philosophes ou stratèges non
musulmans, comme Sun Tzu, Machiavel et Thomas Hobbes, ont justifié la tromperie
dans la guerre. Tromper l'ennemi dans le cadre de la guerre relève du bon sens.
La différence cruciale avec l'islam, c'est que la guerre contre l'infidèle est
considérée comme permanente, et dure, selon le Coran, jusqu'à ce que « cesse
tout chaos et que toutes les religions appartiennent à Allah » (25). Dans son
article sur le djihad de l'Encyclopaedia of
Islam, Emile Tyan
remarque :
« Le devoir de jihad existe
aussi longtemps que la domination universelle de l'islam n'a pas été atteinte.
La paix avec les nations non musulmanes n'est donc que provisoire, et seul le
hasard des circonstances peut la justifier de manière provisoire » (26).
De plus, et pour en
revenir à la doctrine de l'abrogation, des érudits musulmans comme Ibn Salama
(mort en 1020) s'accordent pour dire que le verset 9:5 du Coran, connu sous le
nom de ayat as-sayf,
ou verset du sabre, abroge environ 124 des versets mecquois plus pacifistes,
car cela inclut « tous les versets coraniques qui prêchent autre chose qu'une
offensive totale contre les non-croyants » (27). En fait, les quatre écoles de
la jurisprudence sunnite sont d'accord pour dire que
« Le djihad consiste
à faire la guerre aux infidèles qui, après qu'on leur ait
enjoint d'embrasser l'islam, ou au moins de payer une [jizya]
et de vivre soumis, ont refusé de le faire » (28).
Le caractère
obligatoire du djihad est clairement exprimé par la vision du monde dichotomique
qui oppose le « royaume de l'islam » au « royaume de la guerre ». Le premier
s'appelle, dar al-Islam, ou « règne de la soumission », et
représente le monde où domine la chariah. Le
second, dar al-Harb, ou règne de la guerre, représente le monde
non-islamique. Le combat se perpétue jusqu'à ce que le règne de l'islam
engloutisse le monde non-islamique. Cet état de fait est celui qui existe
encore aujourd'hui. Le très célèbre historien et philosophe musulman, Ibn Khaldun, (mort en 1406) formule clairement cette opposition
:
« Dans la communauté
musulmane, le djihad est un devoir religieux en raison de l'universalisme de la
mission musulmane et de l'obligation de convertir tout le monde à l'islam par
la persuasion ou par la force. Les autres groupes religieux n'avaient pas une
mission universelle et le djihad n'était pas un devoir religieux pour eux,
excepté pour des raisons défensives. Mais l'islam est obligé de conquérir le
pouvoir contre les autres nations » (29).
Enfin, indépendamment
de tous les faits avérés, il est bon de noter — à moins qu'on puisse encore
trouver déraisonnable qu'une foi ayant un milliard d'adeptes oblige à
déclencher en son nom des guerres sans raison — que l'expansionnisme djihadiste
est considéré comme un acte altruiste, un peu à la manière de l'idéologie du «
fardeau de l'homme blanc » au XIXe siècle. Selon cette logique, que le monde
vive en démocratie sous le socialisme, le communisme ou tout autre système de
gouvernance, il vit inévitablement enchaîné dans le péché, car le bien suprême
de l'humanité réside dans l'accord avec la loi d'Allah. Dans ce contexte, la
tromperie musulmane peut être considérée comme un moyen, légèrement inférieur
en noblesse, dans un but glorieux : l'hégémonie islamique du règne de la chariah, en tant qu'elle est bonne pour tous, musulmans
comme non-musulmans.
Cette conception n'a
en fait rien de neuf. Peu après la mort de Mahomet, en 634, avec la déferlante
de guerriers du djihad, venue de la péninsule arabique, un commandant perse,
qui ne devait pas tarder à succomber à l'invasion, demanda aux musulmans ce
qu'ils désiraient. La réponse – mémorable - fut la suivante :
« Allah nous a
envoyés ici afin que nous puissions libérer ceux qui le désirent de la
servitude de leurs maîtres terrestres et en faire les serviteurs d'Allah, afin
de transformer leur misère en richesse et les libérer de la tyrannie et du
chaos des [fausses] religions et leur apporter la justice de l'islam. Il nous a
envoyés pour apporter sa religion à toutes ses créatures et leur lancer un
appel pour qu'ils rejoignent l'islam. Tous ceux qui accepteront cet appel
seront saufs et nous les laisserons en paix. Mais quiconque refuse cet appel
sera combattu jusqu'à ce que nous accomplissions la promesse d'Allah » (30).
Mille quatre-cent ans
plus tard, en mars 2009, le juriste saoudien, Basem
Alem, se fit l'écho de cette conception :
« En tant que membre
de la vraie religion, j'ai davantage de droit à envahir les autres afin
d'imposer un certain mode de vie [la chariah], dont
l'histoire a démontré qu'il était le meilleur et le plus juste parmi toutes les
civilisations. Tel est le véritable sens du djihad offensif. Quand nous nous
engageons dans le djihad, ce n'est pas pour convertir les gens à l'islam, mais
pour les libérer du sombre esclavage dans lequel ils vivent » (31).
Et il va sans dire
que la taqiyya au service d'un tel
altruisme est permise. Par exemple, très récemment, après avoir raconté une
histoire où un musulman force un Juif à se convertir à l'islam en lui disant
que s'il renonçait à l'islam, les musulmans le tueraient pour apostasie, l'imam
Mahmoud al-Masri a parlé d'une « magnifique tromperie
» (32). Après tout, d'un point de vue islamique, c'est le Juif qui a été le
bénéficiaire de cette tromperie puisqu'elle l'a fait entrer dans l'islam.
TRÈVES ET TRAITÉS
La nature perpétuelle
du djihad est soulignée par le fait, soutenu par les juristes, que 10 ans est
la durée maximale de paix pour les musulmans avec les infidèles. Une fois que
le traité a expiré, la situation doit être réévaluée. Ils s'appuient sur le
traité de paix d'Hudaybiya ratifié en 628 par Mahomet
et ses ennemis Quraysh à la Mecque. L'exemple de
Mahomet qui brisa ce traité au bout de deux ans (en prétextant une infraction
des Quraysh) montre que la seule fonction d'une trève est de permettre aux musulmans s'ils sont affaiblis
de gagner du temps et de se regrouper avant une nouvelle offensive (33) :
« Par leur nature
même, les traités doivent avoir une durée temporaire, car, dans la théorie
juridique musulmane, les relations normales entre territoires musulmans et
non-musulmans ne sont pas pacifiques mais guerrières » (34).
En se fondant sur ce
point,
« Les fuqaha [juristes] sont d'accord pour considérer une trêve
illimitée comme illégitime, si les musulmans sont en position assez forte pour
repartir en guerre contre les non-musulmans » (35).
Bien que la chariah demande aux musulmans d'honorer les traités, il
existe donc une sortie possible qui est propice aux abus : si les musulmans
pensent, même sans preuves solides, que leurs ennemis vont rompre le traité,
ils peuvent le briser les premiers. De plus, certaines écoles de droit
islamique, comme celle des Hanafites, affirment que les responsables musulmans
peuvent abroger les traités tout simplement si cela semble être à l'avantage de
l'islam (36). Cela n'est pas sans rappeler le hadith canonique
suivant :
« Si tu fais serment
de procéder à une action et que tu te rends compte, plus tard, qu'une autre
action est meilleure, alors tu devras renier ton serment et faire ce qui est
mieux » (37).
Et qu'y a-t-il de
mieux et de plus altruiste que de rendre la parole d'Allah dominante en
déclenchant à nouveau le djihad dès que possible ? Traditionnellement, les
dirigeants musulmans lançaient un djihad au moins une fois par an. Ce rite est
particulièrement remarquable chez les sultans ottomans, qui passaient la moitié
de leur vie sur le champ de bataille (38). Le devoir de djihad était tellement
important, que les sultans n'avaient pas le droit d'effectuer le pèlerinage à
la Mecque - qui est pourtant un devoir individuel pour chaque musulman. C'est
leur prise en main du djihad qui a permis à ce rite collectif de perdurer,
autrement, il serait tombé en désuétude (39).
Pour résumer, le
prérequis pour la paix ou la réconciliation est que les musulmans aient
l'avantage. C'est ce que démontre un texte sunnite qui fait autorité, Umdat as-Salik,
écrit par un érudit égyptien du XIVe siècle, Ahmad Ibn Naqib
al-Misri :
« On doit trouver un bénéfice [maslaha] à la trêve,
autre que le seul statut quo, car [il est écrit] :
"Ne soyez pas
pusillanimes en offrant la paix à l'ennemi quand vous êtes les plus forts
!" [Coran, 47:35] » (41).
On rappellera un
épisode plus récent, et qui est d'une importance majeure pour les dirigeants
occidentaux qui recommandent la coopération avec les islamistes. Yasser Arafat
venait de négocier un traité de paix qui avait été vivement critiqué comme
concédant trop de choses à Israël. Il s'adressa alors à une assemblée musulmane
dans une mosquée de Johannesburg, et se justifia en ces termes :
« Je considère cet
accord au même titre que l'accord signé par notre prophète Mahomet et les [Banei] Quraysh de la Mecque »
(42). En d'autres termes, comme Mahomet, Arafat n'avait donné sa parole que
pour la renier une fois que la situation le permettrait, c'est-à-dire quand les
Palestiniens seraient à nouveau en position de passer à l'offensive et de
reprendre la route de Jérusalem. Dans d'autres contextes, Hudaybiya
a fait figure de mot-clé pour les islamistes radicaux. Le Moro Islamic Liberation Front avait
trois camps d'entraînement au sein du complexe d'Abu Bakar dans les Philippines
et l'un d'eux s'appelait Camp Hudaybiya (43).
L'HOSTILITÉ SOUS LES TRAITS DE LA RÉCRIMINATION
Dans les discours à
destination des opinions publiques européennes ou américaines, les islamistes
soutiennent que le terrorisme qu'ils exercent contre l'Occident n'est que la
réciprocité de décennies d'oppression occidentale ou israélienne. Mais dans les
écrits qui s'adressent aux autres musulmans, cet esprit vindicatif n'est pas
présenté comme la réaction à une provocation militaire ou politique, mais comme
le produit d'une obligation religieuse.
Par exemple, quand il
s'adresse au public occidental, Ousama ben Laden
dresse la liste des récriminations qui justifient sa guerre contre l'Occident,
depuis l'oppression des Palestiniens jusqu'à l'exploitation de la femme par
l'Occident, ou même le fait que les Etats-Unis n'ont pas signé le protocole de
Kyoto, ce qui constitue des arguments audibles pour l'opinion occidentale.
Jamais il ne justifie les attaques d'Al-Qaïda contre les cibles occidentales
par le simple fait que les nations non musulmanes sont par définition des
entités infidèles qui doivent être soumises. En fait, il va jusqu'à faire
précéder ses messages à destination de l'Occident de phrases comme « la
réciprocité fait partie de la justice », ou « paix à tous ceux qui suivent une
voie droite » (43), même si ce que le public occidental comprend par là est sans rapport avec ce qu'il met derrière les mots
« paix », « justice » ou « droiture ».
C'est quand Ben Laden
s'adresse aux autres musulmans que la vérité ressort. Quand un groupe de
musulmans de premier plan avait écrit au peuple américain, peu de temps après
les attentats du 11-Septembre, pour affirmer que l'islam cherche à coexister
pacifiquement (44), Ben Laden avait pris la plume pour les remettre à leur
place :
« En ce qui concerne
les relations entre musulmans et infidèles, elles sont résumées par ce mot du
Très-Haut : 'Nous vous renions, et désormais l'inimitié et la haine nous
séparent jusqu'à ce que vous croyiez en Allah seul » [Coran 60:4]. Il y a donc
une inimitié dont la preuve est l'hostilité farouche ancrée dans nos cœurs. Et
cette hostilité farouche, c'est-à-dire cette guerre, ne cessera que si
l'infidèle se soumet à l'autorité de l'islam ou qu'il est interdit de faire
couler son sang [c'est-à-dire s'il est dhimmi, ou minorité protégée], ou
si les musulmans sont, à un moment donné, dans une situation de faiblesse qui
les empêche d'agir. Mais si la haine s'éteint de nos cœurs, il s'agit alors
d'une très grande apostasie ! (…) Telle est la base et le fondement des
relations entre l'infidèle et le musulman. Guerre, animosité, haine, infligées
par le musulman à l'infidèle, tel est le fondement de notre religion. Et nous
considérons que nous faisons ainsi un acte de justice et de bonté à leur égard
» (45).
Les quatre écoles
classiques de jurisprudence islamique soutiennent cette conception du monde,
faite d'hostilité, en parlant des infidèles en termes similaires. Quand Ben
Laden s'adresse à l'Occident en parlant de paix et de justice, ce sont des
exemples typiques de taqiyya. Non
seulement il s'est engagé dans un djihad physique, mais aussi dans une guerre
de propagande, ou, en d'autres termes, une guerre de tromperie. S'il parvient à
convaincre l'Occident que le conflit actuel est entièrement dû à l'Occident, il
pourra gagner à sa cause une plus grande sympathie. Parallèlement, il sait que
si les Américains se rendaient compte que rien hormis leur totale soumission ne
peut ramener la paix, sa campagne de propagande serait rapidement compromise.
D'où ce besoin constant de masquer ses objectifs et de mettre en avant des
récriminations, car, comme le dit le prophète de Ben Laden, « la guerre est
tromperie ».
IMPLICATIONS
La taqiyya pose un ensemble de problèmes éthiques.
Quiconque croit véritablement que Allah justifie, et même, par l'exemple de son
prophète, encourage la tromperie, n'aura aucun scrupule éthique à mentir.
Prenons le cas d'Ali Muhammad, le premier « formateur » de Ben Laden et
longtemps agent d'Al-Qaïda. Egyptien, il a d'abord
fait partie du Jihad Islamique et a servi dans le renseignement militaire de
l'armée égyptenne. Après 1984, il a travaillé un
temps avec la CIA en Allemagne. Quoique considéré comme peu fiable, il a réussi
à aller en Californie, où il s'est enrôlé dans l'armée américaine. Il est
vraisemblable qu'il a continué à travailler, à un titre ou un autre, pour la
CIA. Il a ensuite entraîné des djihadistes aux Etats-Unis et en Afghanistan et
est responsable de plusieurs opérations terroristes en Afrique. Les gens qui le
connaissaient avaient pour lui
« De la crainte et du
respect pour son incroyable assurance, l'impossibilité qu'il avait d'être
intimidé, la détermination absolue qu'il avait de détruire les ennemis de
l'islam, et sa foi zélée dans les credos du
militantisme islamique fondamentaliste » (46).
De fait, cette phrase
résume tout : car une croyance zélée aux fondements de l'islam, qui légitime la
tromperie pour faire triompher la parole d'Allah, aura sans nul doute un impact
considérable sur la capacité à développer cette « incroyable assurance » pour
mentir (47).
Pourtant, la plupart
des Occidentaux continuent de croire que les mœurs, les lois et les contraintes
éthiques musulmanes sont à peu près identiques à celles de la tradition
judéo-chrétienne. Avec naïveté ou arrogance, les grands avocats du
multiculturalisme projettent leur propre conception du monde sur les islamistes
et pensent qu'une poignée de main et un sourire autour d'une tasse de café,
assortis de nombreuses concessions suffiront pour démanteler la puissance de la
parole de Dieu et des siècles de tradition immuable. Les faits sont têtus : le
bien et le mal dans l'islam ont peu à voir avec les critères universels et
restent fonction des enseignements propres à l'islam, dont la majeure partie
est en opposition totale avec les normes occidentales.
Il faut donc
admettre, en contradiction avec des croyances savantes depuis longtemps
établies, que, chez les musulmans, la doctrine de la taqiyya va
bien plus loin que la seule dissimulation religieuse afin de préserver son
existence et concerne le fait de tromper l'ennemi infidèle de manière plus
large. La taqiyya étant une seconde
nature du chiisme, ce phénomène devrait apporter un contexte éloquent au zèle
chiite iranien pour se procurer la puissance nucléaire, tout en insistant sur
ses objectifs pacifistes.
La taqiyya ne concerne pas seulement les affaires
internationales. Walid Phares, de la National Defense
University, s'est déjà plaint de voir des islamistes
américains actifs sur le sol américain, et ce sans la moindre entrave, grâce à
leur utilisation de la taqiyya :
« Est-ce que notre
gouvernement est au courant de cette doctrine et, ce qui est encore plus
important, est-ce que les autorités font quelque chose pour que notre système
de défense s'adapte à cette menace dormante et invisible qui se développe en
notre propre sein ? » (48).
A la lumière du massacre de Fort Hood, quand Nidal Malik Hasan - musulman
américain qui montrait de nombreux signes d'islamisme, qui n'ont pas été pris
au sérieux - a tué treize de ses collègues, il faut bien malheureusement
répondre par la négative.
Le problème est donc
le suivant. La loi islamique divise sans aucune ambiguïté le monde en deux
parties perpétuellement en guerre — le monde islamique et le monde non
islamique — et il considère que la volonté divine est de voir le premier
vaincre le second. Si la guerre contre l'infidèle est un état perpétuel, si la
guerre est dissimulation et que la fin justifie les moyens, un certain nombre
de musulmans concluront naturellement qu'ils ont le droit — d'origine divine —
de mentir, tant que c'est utile, selon eux, pour aider l'islam « jusqu'à ce que
le chaos cesse et que toutes les religions appartiennent à Allah » (49).
De plus, une telle
dissimulation sera considérée comme le moyen d'une fin altruiste. Les ouvertures
au dialogue et à la paix ou même à des trêves temporaires doivent être
envisagées en fonction de cette doctrine, ce qui n'est pas sans rappeler les
observations pratiques faites par le philosophe James Lorimer, il y a plus d'un
siècle :
« Tant que l'islam
continue d'exister, la réconciliation de ses partisans, même avec les Juifs et
les chrétiens, et plus encore avec le reste de l'humanité, restera un problème
insoluble » (50).
On peut conclure que
face à l'opposition naturelle entre guerre et paix, qui existe dans le cadre
occidental, il est plus approprié de parler d'une opposition entre guerre et
dissimulation dans le cadre islamique. Car, selon le point de vue islamique,
les périodes de paix, qui n'ont lieu que quand l'islam est plus faible que ses
rivaux infidèles, sont des périodes de paix simulée et de dissimulation, bref
de taqiyya.
Notes
(1) Coran 40:28.
(2) Fakhr ad-Din ar-Razi, At-Tafsir
al-Kabir (Beirut: Dar al-Kutub al-'Ilmiya, 2000), vol. 10, p. 98.
(3) Coran 2:195, 4:29.
(4) Paul E. Walker, The Oxford Encyclopedia of
Islam in the Modern World,
John Esposito, ed. (New York: Oxford University
Press, 2001), vol. 4, s.v. "Taqiyah,"
pp. 186-7; Ibn Babuyah, A Shi'ite
Creed, A. A. A. Fyzee, trans.
(London: n. p., 1942), pp. 110-2; Etan Kohlberg,
"Some Imami-Shi'i
Views on Taqiyya," Journal
of the American Oriental
Society, 95 (1975): 395-402.
(5) Sami Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam (London: Mu'assisat at-Turath ad-Druzi, 2004), p. 7.
(6) Devin Stewart,
"Islam in Spain after the Reconquista", Emory University, p. 2, accès au
site, le 27 nov. 2009.
(7) Voir aussi Coran 2:173, 2:185, 4:29, 16:106, 22:78, 40:28, versets cités
par les juristes musulmans comme légitimant la taqiyya.
(8) Abu Ja'far Muhammad at-Tabari, Jami' al-Bayan 'an ta'wil ayi'l-Coran al-Ma'ruf: Tafsir at-Tabari(Beirut: Dar Ihya' at-Turath al-'Arabi,
2001), vol. 3, p. 267.
(9) 'Imad ad-Din Isma'il
Ibn Kathir, Tafsir al-Coran
al-Karim (Beirut: Dar al-Kutub al-'Ilmiya, 2001), vol. 1, p. 350.
(10) Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam, pp. 30-7.
(11) Imam Muslim, "Kitab
al-Birr wa's-Salat, Bab Tahrim
al-Kidhb wa Bayan al-Mubih Minhu," Sahih
Muslim, rev. ed., Abdul Hamid Siddiqi, trad.
(New Delhi: Kitab Bhavan,
2000).
(12) Ahmad Mahmud Karima, Al-Jihad fi'l
Islam: Dirasa Fiqhiya Muqarina (Cairo: Al-Azhar, 2003), p. 304.
(13) Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam, p. 32.
(14) Raymond Ibrahim, The Al Qaeda Reader (New York: Doubleday, 2007), pp. 142-3.
(15) Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam, pp. 32-3.
(16) Ibn Ishaq, The Life of Muhammad (Karachi: Oxford University Press, 1997), pp.
367-8.
(17) Shihab ad-Din Muhammad
al-Alusi al-Baghdadi, Ruh
al-Ma'ani fi Tafsir al-Coran
al-'Azim wa' l-Saba' al-Mithani (Beirut: Dar al-Kutub
al-'Ilmiya, 2001), vol. 2, p. 118.
(18) Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam, pp. 11-2.
(19) Ibid., pp. 41-2.
(20) Ibn Qayyim, Tafsir, in Abd al-'Aziz bin Nasir
al-Jalil, At-Tarbiya al-Jihadiya
fi Daw' al-Kitab wa 's-Sunna (Riyahd: n.
p., 2003), pp. 36-43.
(21) Mukaram, At-Taqiyya
fi 'l-Islam, p. 20.
(22) Coran 2: 216.
(23) Yahya bin Sharaf ad-Din
an-Nawawi, An-Nawawi's Forty
Hadiths, p. 16, accès au site, le 1er août, 2009.
(24) John Lyly, Euphues: The Anatomy of Wit (London, 1578), p. 236.
(25) Coran 8:39.
(26) Emile Tyan, The
Encyclopedia of Islam (Leiden: Brill, 1960),
vol. 2, s.v. "Djihad", pp. 538-40.
(27) David Bukay, "Peace or Jihad?
Abrogation in Islam", Middle East Quarterly, Fall 2007, pp.
3-11, f.n. 58; David S. Powers, "The Exegetical Genre nasikh
al-Coran wa-mansukhuhu",
in Approaches to the History of the Interpretation of
the Coran, Andrew Rippin, ed.
(Oxford: Clarendon Press, 1988), pp. 130-1.
(28) Jalil, At-Tarbiya al-Jihadiya
fi Daw' al-Kitab wa ' s-Sunna, p. 7.
(29) Ibn Khaldun, The
Muqadimmah. An Introduction
to History, Franz Rosenthal,
trad. (New York: Pantheon, 1958), vol. 1, p. 473.
(30) Hugh Kennedy, The Great Arab Conquests (Philadelphia: Da Capo, 2007), p. 112.
(31) "Saudi Legal Expert Basem Alem: We Have
the Right to Wage Offensive
Jihad to Impose Our Way of Life", TV
Monitor, clip 2108, Middle East Media Research Institute, trad., mar.
26, 2009.
(32) "Egyptian Cleric
Mahmoud Al-Masri Recommends Tricking
Jews into Becoming
Muslims," TV Monitor, clip 2268, Middle East Media Research Institute, trans.,
Aug. 10, 2009.
(33) Denis MacEoin, "Tactical Hudna and Islamist Intolerance", Middle
East Quarterly, Summer 2008, pp. 39-48.
(34) Majid Khadduri, War
and Peace in the Law of
Islam (Baltimore: The Johns Hopkins Press, 1955), p. 220.
(35) Ahmad Mahmud Karima, Al-Jihad fi'l
Islam: Dirasa Fiqhiya Muqarina, p. 461.
(36) Ibid., p. 469.
(37) Muhammad al-Bukhari, "Judgements (Ahkaam)" Sahih al-Bukhari,
book 89, M. Muhsin Khan, trad., accès au site, le 22 juillet 2009.
(38) Michael Bonner, Jihad in Islamic History: Doctrines and Practice (Princeton:
Woodstock Publishers, 2006), p. 148.
(39) Ahmed Akgündüz, "Why Did the Ottoman Sultans Not Make Hajj (Pilgrimage)?" accès au site,
le 9 nov. 2009.
(40) Ahmad Ibn Naqib al-Misri, Reliance
of the Traveller: A Classic
Manual of Islamic Sacred
Law(Beltsville: Amana Publications, 1994), p.
605.
(41) Daniel Pipes, "Lessons from the Prophet Muhammad's Diplomacy", Middle
East Quarterly, Sept. 1999, pp. 65-72.
(42) Arabinda Acharya,
"Training in Terror", IDSS Commentaries, Institute of Defence
and Strategic Studies, Nanyang Technological
University, Singapore, May 2, 2003.
(43) "Does hypocrite have a past tense?", for clip of
Osama bin Laden, accès au site, le 1er août, 2009.
(44) Ibrahim b. Muhammad al-Shahwan, et al., "Correspondence with Saudis: How We Can Coexist", AmericanValues.org,
connection du 28 juillet 2009.
(45) Ibrahim, The Al Qaeda Reader, p. 43.
(46) Steven Emerson, "Osama bin Laden's Special
Operations Man", Journal of Counterterrorism
and Security International, Sept. 1, 1998.
(47) Pour une liste des infiltrés dans les organisations américaines, voir
Daniel Pipes, "Islamists Penetrate Western Security", Mar. 9, 2008.
(48) Walid Phares, "North Carolina: Meet Taqiyya
Jihad", International Analyst Network, July
30, 2009.
(49) Coran 8:39.
(50) James Lorimer, The Institutes of the Law of Nations: A Treatise of the Jural Relations of Separate Political Communities (Clark,
N.J.: The Lawbook Exchange, Ltd., 2005), p. 124.