Par Yves Mamou - 18 février 2020
https://www.causeur.fr/hakim-el-karoui-freres-musulmans-republique-172826
Hakim El Karoui ©
BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00611932_000003
« Moi
un islamiste ? Ah- Ah -Ah, la bonne blague ! » Telle est (en
substance), la réponse d’Hakim el Karoui, président
de l’Association musulmane pour l’Islam de France (Amif)
à la question du journal l’Opinion : est-il oui ou non, « un islamiste
lié aux Frères Musulmans » comme l’en accuse Zineb el Razhoui ?
Hakim
el Karoui répond qu’il n’est pas islamiste et que les
Frères Musulmans qui l’entourent sont de gentils ex-Frères Musulmans :
« certains ont pu être proches de l’UOIF. Mais, ils ont eu le temps de
prouver qu’ils avaient changé ». Quelles sont les preuves de leur désaffiliation ?
On ne le saura pas.
La
proximité d’el Karoui avec les Frères Musulmans ne se
remarque pas aux demi-vérités qu’il profère, mais aux accusations qu’il porte
contre ses contradicteurs. Zineb el Razhoui ferait
ainsi partie d’un club d’islamophobes dont « la solution serait qu’il n’y
ait plus de musulmans et pas d’islam dans notre pays » ; cette
courageuse journaliste qui vit sous protection policière en raison des risques
que les islamistes font peser sur son existence est accusée de pratiquer
un « maccarthysme anti-musulman » et
-pire que tout aux yeux de M. el Karoui, elle serait
objectivement proche d’Éric Zemmour qui ose proférer des énormités telles que
« les musulmans doivent choisir entre la République et l’islam ». On
ne saurait en effet être plus violemment raciste !
À lire aussi, Céline
Pina: “Séparatisme”, “communautarisme”… Et si on parlait
simplement d’islamisme?
Au-delà
de ces approximations et divagations l’intérêt de l’entretien qu’Hakim el Karoui a accordé à l’Opinion réside dans les quelques phrases qui
laissent entrevoir une réalité que le gouvernement connait et cache.
Ainsi,
à propos de l’affaire Mila : « il est extrêmement inquiétant qu’elle
ait dû être placée sous protection ». On n’en saura pas plus.
L’intolérance des musulmans au blasphème, le désir de meurtre qu’ils expriment
et manifestent contre les blasphémateurs seraient-ils des signes de guerre
civile ? M. el Karoui ne dira pas le fond de sa
pensée.
Autre
propos révélateur : « Nous sommes conscients de la montée des périls
et de la confrontation qui arrive ». Hakim el Karoui
dit bien : « la confrontation qui
arrive »… Qu’insinuerait-il ? Au djihad scolaire mené contre la
jeune Mila ? Au djihad au couteau des « déséquilibrés »
musulmans qui attaquent, n’importe où en France, des passants sur un rythme
quasi quotidien ? Au djihad judiciaire mené contre toute personne qui
tiendrait des propos hostiles à l’islam ? Au djihad du voile et du halal qui
s’exprime dans les entreprises ? Toutes ces offensives ne seraient donc
que des prémices ? Une autre confrontation, plus violente et plus globale,
serait donc en gestation ?
À lire aussi, Renée Fregosi: Refuser le concordat et en finir avec les concessions à
l’islamisme
Hakim
el Karoui laisse en tous cas entendre qu’entre les
salafistes qui veulent « faire croire que l’islam, c’est
l’islamisme » et les « enfants et petits-enfants d’immigrés »
qui entendent « relever la tête grâce à (leur) religion », il y a péril en
la demeure.
Mais
que le bon peuple de France dorme tranquille : M. el Karoui
a trouvé la parade. Le pognon ! Le pognon ? Le
pognon des musulmans eux-mêmes !
Taxer
le halal, capter les dons, monopoliser le pèlerinage à La Mecque représentent
une manne de 500 à 700 millions d’euros par an qu’il importe de centraliser.
Pourquoi faire ? Mener « la bataille des idées ». À savoir,
« financer des islamologues et des théologiens, la recherche et la
formation. Nous devons pouvoir salarier des imams ou être présent sur les
réseaux sociaux, sur lesquels il existe une demande de religieux. Il faut donc
pouvoir proposer une offre pour ne pas laisser le champ libre aux islamistes ».
Former
des imams « républicains », élaborer « une offre »
islamique laïque pour lutter contre l’islamisme ? Soit ! Après tout
pourquoi pas ? Mais où trouver ces nouveaux hussards de la République qui
partiraient à l’assaut du salafisme dans les mosquées, les rues et les réseaux
sociaux ?
C’est
ici que nous retombons sur Zineb el Razhoui accusant
Hakim el Karoui d’être un islamiste proche des Frères
Musulmans. El Karoui, Macron ou Castaner
sont bien incapables de « structurer » l’islam de France et de lutter
contre l’islamisme tout seuls. Ils ont besoin d’un tiers sur qui s’appuyer. Et
ce « tiers de confiance » est incarné par les Frères Musulmans, ces
Frères Musulmans à la Abdallah Zekri,
ces Frères Musulmans du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui estiment
que la jeune Mila – chassée de son école et menacée de mort pour blasphème – a
seulement récolté ce qu’elle a semé.
À lire ensuite: Aïd El Kébir: l’Etat doit encadrer
l’abattage rituel
C’est
aux Frères Musulmans que le gouvernement entend confier le magot du halal et du
pèlerinage à la Mecque. À charge pour eux de ramener les salafistes à la raison
et de distribuer des baffes aux « djeunes » de banlieue. Les Frères
joueraient ainsi les grands frères dans les cités et deviendraient l’interlocuteur
choyé de l’État. Et le tour sera joué ! Macron et el Karoui
semblent croire que la paix civile règnera quand l’islamisme « soft »
des Frères aura prépondérance sur l’islamisme « hard » des salafistes
et des banlieues.
Ce
plan de la dernière chance avant la guerre civile, ce plan d’énarques qui
croient que l’islam et l’islamisme sont solubles dans le pognon, n’est en
réalité qu’une démission de la République. Et une erreur stratégique. Les
Frères Musulmans d’aujourd’hui sont les descendants du Grand Mufti de Jérusalem
qui s’est acoquiné avec Adolf Hitler. Ils n’ont pas pour vocation de faire
mumuse avec l’Élysée ou la Place Beauvau. Les Frères Musulmans ont le même but
que les salafistes. Ils veulent dominer le monde. Leur faire la courte échelle
en France comme le fait el Karoui ne peut
qu’accélérer la montée de la violence. En sus, cela porte un nom, la trahison.
«Séparatisme»: Macron joue la carte islam-friendly
Est-il illusionniste ou illusionné?
Par Jacques Tarnero - 25 février 2020
https://www.causeur.fr/macron-separatisme-islam-friendly-173185
Emmanuel Macron à Bruxelles le 20 février 2020
© Olivier Matthys/AP/SIPA Numéro de reportage:
AP22430412_000118
L’enmêmetempstisme a-t-il fait long
feu ? Certes, on ne dit plus « ça n’a rien à voir avec
l’islam », mais en même temps…
Avec la dénonciation du « séparatisme
islamiste » dans les quartiers difficiles où règne la
loi des jeunes issus de la diversité, c’est à une
refonte totale de l’appareil rhétorique de la République que nous invite le
Président de la République. Tous les éléments de langage dont
les communicants sont si friands devront être revisités. La
novlangue du nouveau monde n’en n’est pas avare.
La disparition du N de ENA
D’ailleurs la formation des cadres de la République
devra s’inscrire dans le même dispositif : plus question d’École Nationale
d’Administration mais d’une École d’Administration Publique (on remarquera la
fine nuance) dont la dimension « nationale » disparaît pour
répondre à ce nouveau souci né de cette « diversité » si
problématique dans nos « territoires ».
À lire aussi, Yves
Mamou: Hakim el Karoui prend les
Frères Musulmans pour les nouveaux hussards de la République
On le savait depuis longtemps. « Il faut
que tout change pour que rien ne change » disait déjà le Prince Salina
pronostiquant le nouveau monde né des mutations de l’Italie au XIXe siècle. Ce
qui peut être vrai pour une société marchande mondialisée, au capitalisme
tempéré, peut-il toujours l’être quand la mutation est d’ordre
ethnographique ? Qu’est-ce que désigne le séparatisme stigmatisé
par Macron, sinon l’autre versant du grand remplacement dénoncé
par tous les progressistes ? Y aurait-il un peuple dans le
peuple qui ne souscrirait plus à la loi commune, aux règles de la
République ? L’hexagone devenu archipel obéirait à une tectonique nouvelle
dont les mouvements relèveraient désormais de la sismologie. Quelle est la
nouvelle donne ? Il ne s’agit plus d’intégrer des populations pauvres dont
le socle culturel resterait proche, mais de prétendre intégrer des populations
issues d’une culture donc le socle spirituel prône, entre autres, la guerre
sainte. Nous ne sommes plus dans un projet ou un modèle de société tel que
l’Occident en produit de manière régulière au gré des mutations scientifiques
ou techniques. Le numérique change aujourd’hui la donne sociétale autant que la
machine à vapeur, l’électricité, le chemin de fer, ont su bouleverser les
sociétés européennes au début du XXe siècle. La mondialisation du XXIe siècle
impose ses normes et ses effets dont la propagation du coronavirus est le
corollaire : la mondialisation impose en même temps ses
menaces. Elles fonctionnent à la même vitesse et les unes sont le produit des
autres.
Le nouveau monde « bienveillant » avec l’islam
Peut-on en dire autant de l’islam désormais si
présent autour de nous, chez nous ? Cette religion a-t-elle fait son aggiornamento aux
nouvelles données du monde ? Ce que met justement en cause ce nouveau
virus culturel c’est qu’il perturbe ce nous car il est aussi
chez lui . Le nommer séparatiste est une
erreur d’appréciation et de nomination car l’hydre islamiste n’a
justement pas pour objet de se séparer de son terrain d’accroche. Elle ne va
pas déclarer pour tel ou tel territoire où il serait désormais majoritaire, une
sécession territoriale. La République islamique de Roubaix (si tant est que
certains en aient l’idée) ne demandera pas son indépendance, elle compte bien
plutôt diffuser son ordre culturel à l’ensemble des territoires précédemment perdus
par la République. Qui de Gramsci ou de la takia inspire
la stratégie de la menace à l’œuvre ? Comme l’ancienne, cette
nouvelle taupe creuse un terrain friable qui ne sait pas la
repérer. Le nouveau monde que certains espèrent friendly ne se fera pas ainsi. Il manque
l’appel du sang que le djihad propose. En 2015 ce virus a
frappé ses cibles symboliquement privilégiées : un journal qui ricanait de
son prophète, des Juifs qui lui faisaient obstacle, des cafés où s’attablaient
des femmes en robes légères.
À lire aussi, Céline
Pina: Mila:
qui n’a dit mot consent
Voilà l’illusion que Macron s’acharne à
promouvoir : il y aurait pour préserver la paix civile, un islam friendly compatible, différent de l’islam
séparatiste. C’est ici qu’il se trompe. « Nous autres arabes ne pouvons
être que si l’autre n’est pas » déclarait Ben Bella dans la
revue Politique internationale l’été 1982, vouant Israël à
l’apocalypse nucléaire parce que territoire non musulman en terre d’islam. Quoi
qu’en disent les experts islamologues, le djihad fait partie
de l’ADN islamique. C’est la même logique qui inspire les Frères musulmans qui
ont compris que la conquête passe d’abord par l’imposition de ses signes
islamiques dans l’espace public. Le voile sur la tête des femmes, dès 1989, a
eu cette fonction. Il fallait marquer le territoire conquis dans la rue, à
l’école, dans l’entreprise. Tandis qu’un antiracisme aussi niais que naïf
considérait comme raciste toute opposition à cette agression, la République
pratiquait l’euphémisation de la menace pour ne pas la regarder en face. Depuis
plus de trente ans le déni idéologique du réel a été la règle principale du
pouvoir et des médias. On a fait semblant de ne pas voir le réel quand celui-ci
explosait à la figure de tous les services de l’État : à l’école, à
l’hôpital, dans les services publics etc. Dans la rue, dans les quartiers la
République n’a pas osé le nommer, le qualifier alors que cet ennemi inattendu
la blesse, l’agresse ou l’humilie. La peur d’être taxé d’islamophobe par le
nouvel antiracisme décolonial a
interdit la lucidité. On a psychiatrisé la criminalité islamiste pour éviter
d’avoir à la juger et l’assassin de Sarah Halimi peut cuver son valium en paix,
tandis que la porte-parole des Indigènes de la République peut publier en toute
tranquillité qu’elle est Mohamed Merah. Pourtant cette République
combat au Mali les armes à la main ce même ennemi alors qu’elle n’ose pas chez
elle interdire la présence des divers épigones des Frères musulmans et autres
promoteurs de la charia. Le colonel Arnaud Beltrame, le père Hamel,
sont-ils morts pour rien ? Les enfants juifs de Toulouse, les mitraillés
du Bataclan, ceux de Charlie sont-ils morts pour rien ?
Le prix à payer pour intégrer l’islam
Macron estime-t-il qu’il est
trop tard, que les jeux sont faits et c’est à la France de s’adapter à cette
donne démographique et culturelle nouvelle que nous impose la
mondialisation ? Estime-t-il qu’un modèle pluriculturel soft puisse
faire l’économie du djihad et qu’à terme, malgré quelques
irréductibles islamistes violents attardés, le séparatisme perdra au final, la guerre ? Tel serait le prix à payer pour
pouvoir vivre dans une société apaisée. A quel
prix ? En donnant par ailleurs des gages aux autres minorités cibles des
précédents : les femmes, les Juifs. La Justice protègera mieux les femmes
des violences qui leurs sont faites et les Juifs recevront en gage, des
commémorations de la Shoah encore plus grandioses sans pour autant reconnaitre
que l’ennemi qui menace Israël est identique à celui qui menace la France
aujourd’hui. Les récentes commémorations à Jérusalem des 75 ans de la
libération d’Auschwitz couplées à l’esclandre chiraco-macronien
dans une église française à Jérusalem n’ont pas d’autre sens. Bien au
contraire, pour rêver d’un bienveillant effet-retour sur l’appareil psychique
des jeunes issus de la diversité la politique étrangère de la
France ne sera pas économe de condamnation d’Israël au Conseil des droits de
l’homme de l’ONU et votera aux côtés du Yémen, du Pakistan, de la Syrie, de
l’Algérie des résolutions condamnant le sort fait aux femmes en Israël. Dans
les quartiers difficiles le Quai d’Orsay sera louangé et tout
le monde aura l’illusion d’avoir contribué à l’émancipation du genre humain…
À lire aussi, Hadrien
Desuin: Notre « séparatisme » islamiste à la lumière des
relations franco-arabes
Tancrède avait cette chance de ne pas connaître
l’internet. Son époque ne permettait pas encore aux esprits tordus de destituer en trois jours
quelqu’un parce que sa
libido avaient été livrée au public sous couvert de lutte contre
l’hypocrisie. Le temps disposait d’un espace suffisant pour que des
capacités critiques s’installent dans la durée pour penser le changement. Il
restera à la littérature le rôle de consigner l’époque : Zola pour la
révolution industrielle, Pasternak pour la révolution communiste et Houellebecq
pour la révolution nihiliste mondialisée. Aujourd’hui tout est radicalement
différent : tout change, en apparence, parce que les mots semblent en
retard pour nommer les choses nouvelles. Le réel se métamorphose trop vite, et
sans que l’on s’en rende compte c’est un autre monde (virtuel ?), qui
apparait. Ce n’est pas le séparatisme qui nous menace mais
c’est plutôt la soumission à la vitesse de ce changement.
Au bout de ce conte, avant, ce qui était vraiment
mieux, c’était l’avenir.
À lire ensuite, Lina Murr Nehmé: Facebook m’a accusée de soutenir Daesh
http://www.causeur.fr/auteur/jtarnero
Par Lina Murr Nehmé -
https://www.causeur.fr/facebook-daesh-courbevoie-ali-hassan-rajput-173149
Lina Murr Nehmé
Oui,
Facebook m’a accusée de soutenir Daesh. Il a fermé mon compte, et quand j’ai
fait appel, il m’a écrit : «Nous n’autorisons pas les menaces
crédibles pour faire du tort à autrui, l’appui à des organisations violentes,
ou un contenu très graphique sur Facebook».
Le «contenu
très graphique», c’était une capture d’écran d’un communiqué
de Daesh. C’est très dangereux, la calligraphie, comme vous le savez. Et l’article qu’elle
accompagnait était plus dangereux encore, puisqu’il informait le public que
Daesh avançait vers la Méditerranée, et que son but était d’occuper l’Europe.
Comme vous le voyez, ce sont des «menaces crédibles». Et de mon article
dénonçant Daesh, il conclut que je soutiens Daesh. Soit le modérateur ne connaît
pas le français, soit il fait exprès.
Car en
plus, je suis la seule célébrité au monde à avoir brûlé le drapeau de Daesh à
visage découvert et à en avoir publié la photo. Cela m’a valu des centaines de
menaces de mort de la part de Daesh qui était alors en plein essor. Alors, me
faire accuser de soutenir Daesh !
Je vous
jure que je suis un saltimbanque de l’autocensure. Je ne dénonce un scandale
que lorsque je peux avancer des preuves. Si je n’étais si prudente, je
n’existerais plus après vingt-cinq ans à dénoncer tant et tant d’assassins et
autres criminels qui courent en liberté aujourd’hui et qui ont une latitude de
parole que je n’ai pas(1). Mais
aucun d’eux n’a pu m’intenter un procès.
A lire
aussi: Minorités lyncheuses, « fake
news », Facebook: sale temps pour nos libertés!
Mais je
n’ai pas échappé aux moukhabarate tapis dans l’ombre
de Facebook en France. Pardon, au Maroc. Car Facebook-France est modéré au
Maroc. C’est un genre d’occupation sournoise. Une occupation des cerveaux. Au
lieu des moukhabarate égyptiennes, syriennes,
irakiennes, saoudiennes, les Français ont le bonheur d’avoir les moukhabarate marocaines. C’est kif kif.
Parfait pour vous conditionner et faire de vous un robot intellectuellement. Un
robot programmé pour ne pas déplaire au modérateur qui vous épie dans le
silence, de l’autre côté de la Méditerranée. A noter
que je ne jette pas la pierre au Maroc : un islamiste est le même, en
France ou au Maroc. Mais ce qui est grave, c’est qu’on fasse modérer les
réseaux sociaux par n’importe qui. Et qu’on les oblige à décider, en une minute
et demie, s’ils ont affaire à un terroriste ou non. Les humains ne sont pas des
robots.
Je vais
donner un exemple du danger que cette situation fait courir à toute personne
qui ne pratique pas l’autocensure en France.
Vous
souvenez-vous de ce charmant professeur d’anglais, John
Dowling au Pôle Léonard de Vinci à
Courbevoie ? Il fut assassiné à coups de couteau, début décembre
2018 par son étudiant pakistanais, Ali Hassan Rajput. Celui-ci, qui criait
« Allahou Akbar ! », l’accusait d’avoir dessiné et montré une
caricature de Mahomet en classe (2).
La
procureure Mme Denis, décida d’emblée que ce n’était pas un crime terroriste
parce que les autres étudiants ne se souvenaient pas de la caricature. Mais les
caricatures de Mahomet n’intéressent pas spécialement les jeunes, qui en ont
d’ailleurs vu des masses depuis janvier 2015. Surtout qu’en période de campagne
électorale présidentielle, ils étaient bombardés d’images, d’informations, de
messages et de coups de fil. Tel n’était pas le cas de Rajput : au
Pakistan d’où il venait, on ne voit jamais de caricature de Mahomet, car celui
qui en montrerait une est lynché par la foule ou jeté en prison et condamné à
mort.
En tuant Dowling, Rajput a appliqué la loi pakistanaise en France.
Ce n’était pas sa faute, mais celle des autorités françaises qui fichent S les
Français qui vont au Pakistan, et non les Pakistanais qui viennent en France.
Et c’est très grave. Plus grave encore, c’est qu’on nous impose petit à petit
des lois étrangères qui supplantent la nôtre. Il y a dix ou vingt ans, il
n’aurait pas été normal qu’en France, on puisse tuer un homme pour une
caricature et le dire. Et que les autorités refusent d’y croire en disant que
le professeur n’a pas fait cette caricature. Comme si la loi française ne l’autorisait
pas à dessiner ce qu’il veut.
Ali
Hassan Rajput aurait d’autant plus dû être surveillé qu’il se trouvait au
Pakistan lors de l’exécution de Mumtaz Qadri. Celui-ci était le policier chargé de protéger le
gouverneur du Pendjab. Il le tua parce qu’il avait défendu Asia Bibi. Durant
des années, il y eut en sa faveur au Pakistan des manifestations monstres,
auxquelles Ali Hassan Rajput a peut-être participé. Est-il normal qu’on ne
l’ait pas fiché S parce qu’il avait été soumis, dans ce pays, à ce genre de
propagande ? Sur sa page Facebook, appelée «C’est la Rana», il soutient
Khadim Rizvi qui mit le Pakistan à feu et à sang pour sauver Mumtaz Qadri et tuer Asia Bibi.
Tous ces manifestants gesticulant et criant avec désespoir en brandissant une
photo d’Asia Bibi, c’est le travail de Khadim Rizvi.
Certains
Pakistanais haïssent Mumtaz Qadri
et le méprisent comme l’assassin d’un homme de bien. Les autres l’aiment et
l’admirent comme un héros et un martyr. Ali Hassan Rajput fait partie de ces
derniers. Le 22 novembre 2018, il partagea la photo
de l’assassin en citant un ouléma qui appelait à
l’insurrection, à la révolution, et à «la destruction totale du pouvoir de
l’homme blanc». Quelques jours plus tard, Rajput tua, à Paris, John
Dowling, un homme blanc qui avait eu du pouvoir sur lui
en tant que professeur.
A lire
aussi: Saint-Denis: des salafistes et
agents municipaux s’allient contre les laïques
Comment
Facebook n’a-t-il pas averti la police française des horreurs qu’Ali Hassan
Rajput postait sur Facebook ? Car il est impossible que certaines de ses
images aient échappé aux moteurs de recherche extrêmement perfectionnés de ce
réseau. Il y a par exemple une photo d’égorgement
d’Asia Bibi, des photos d’Hitler
génocideur, d’autres, d’Hitler humiliant
les juifs, ou encore, un photomontage montrant Geert Wilders au
visage percé
par un tournevis. Tous personnages très reconnaissables malgré les
déformations dues au photomontage.
Après
l’arrestation du tueur, son identité Facebook et des captures d’écran ont
circulé grâce
à des lanceurs d’alerte. Moi-même, j’ai fait partie des milliers
d’internautes qui ont pu examiner la page du tueur, qui contient des dizaines
d’appels au djihad contre les Français, les Américains, les Européens en
général. Il y a spécifiquement des appels justifiant le génocide des chrétiens,
et d’autres exaltant le génocide des juifs par Hitler, et appelant à le
recommencer. Le photomontage ci-dessous a
été posté par lui, puis repartagé le mardi 4 décembre, avec ce
commentaire : «Tuer les juifs comme Hitler. Ils ne peuvent pas vivre comme
des êtres humains parce qu’ils sont des cafards».
Le
lendemain, il tuait son professeur.
Tandis
que ce post et les photos d’égorgement circulaient, Facebook interdisait un de
mes articles. J’y alertais le public sur la publication par Daesh, plusieurs
jours à l’avance, d’un poster appelant les partisans du califat en France à
enfiler des gilets jaunes et à aller tuer. L’autocensure qu’impose Facebook est
telle, que je n’ai pas pris le risque de demander des comptes pour le retrait
de cet article. Et que je n’ai plus pris le risque de mettre de photos
explicites. Je n’avais pas imaginé qu’un simple communiqué de Daesh utilisé
pour prouver mes paroles, servirait de prétexte pour fermer ma page.
Visiblement, elle gênait ceux qui aimaient la page d’Ali Hassan Rajput et la
laissaient en liberté.
A lire
aussi: Facebook, Causeur et moi…
Les
enquêteurs qui ont découvert le contenu de la page du tueur en ont informé leur
supérieur direct. Il aurait fallu que le préfet en soit averti et en informe le
ministre, le Premier ministre et le Président. La France aurait alors dû, non
fermer la page d’Ali Hassan Rajput et empêcher le public de savoir ce qu’il
risquait, mais au contraire, faire un scandale et exiger de Facebook une
réparation de plusieurs milliards de dollars pour avoir mis la vie des Français
en danger en embauchant n’importe qui pour modérer leurs réseaux sociaux.
Et moi,
je me demande si messieurs Macron, Philippe, Castaner
et Delpuech se seraient tus si Ali Hassan Rajput
avait tué le père de l’un d’eux.