Hakim el Karoui prend les Frères Musulmans pour les nouveaux hussards de la République

Par Yves Mamou - 

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Hakim El Karoui © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00611932_000003


Accusé par Zineb el-Rhazoui d’être lié aux Frères musulmans, Hakim el Karoui se défend dans l’Opinion. Yves Mamou, auteur du Grand abandon: Les élites françaises et l’islamisme (2018) décortique pour Causeur les propos parfois ambigus tenus par le président de l’Association musulmane pour l’Islam de France (Amif).


« Moi un islamiste ? Ah- Ah -Ah, la bonne blague !  » Telle est (en substance), la réponse d’Hakim el Karoui, président de l’Association musulmane pour l’Islam de France (Amif) à la question du journal l’Opinion : est-il oui ou non, « un islamiste lié aux Frères Musulmans » comme l’en accuse Zineb el Razhoui ?

Hakim el Karoui répond qu’il n’est pas islamiste et que les Frères Musulmans qui l’entourent sont de gentils ex-Frères Musulmans : « certains ont pu être proches de l’UOIF. Mais, ils ont eu le temps de prouver qu’ils avaient changé ». Quelles sont les preuves de leur désaffiliation ? On ne le saura pas.

La meilleure défense c’est l’attaque

La proximité d’el Karoui avec les Frères Musulmans ne se remarque pas aux demi-vérités qu’il profère, mais aux accusations qu’il porte contre ses contradicteurs. Zineb el Razhoui ferait ainsi partie d’un club d’islamophobes dont « la solution serait qu’il n’y ait plus de musulmans et pas d’islam dans notre pays » ; cette courageuse journaliste qui vit sous protection policière en raison des risques que les islamistes font peser sur son existence est accusée de pratiquer un « maccarthysme anti-musulman » et -pire que tout aux yeux de M. el Karoui, elle serait objectivement proche d’Éric Zemmour qui ose proférer des énormités telles que « les musulmans doivent choisir entre la République et l’islam ». On ne saurait en effet être plus violemment raciste !

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Au-delà de ces approximations et divagations l’intérêt de l’entretien qu’Hakim el Karoui a accordé à l’Opinion réside dans les quelques phrases qui laissent entrevoir une réalité que le gouvernement connait et cache.

Ainsi, à propos de l’affaire Mila : « il est extrêmement inquiétant qu’elle ait dû être placée sous protection ». On n’en saura pas plus. L’intolérance des musulmans au blasphème, le désir de meurtre qu’ils expriment et manifestent contre les blasphémateurs seraient-ils des signes de guerre civile ? M. el Karoui ne dira pas le fond de sa pensée.

La confrontation arrive

Autre propos révélateur : « Nous sommes conscients de la montée des périls et de la confrontation qui arrive ». Hakim el Karoui dit bien : « la confrontation qui arrive »… Qu’insinuerait-il ? Au djihad scolaire mené contre la jeune Mila ? Au djihad au couteau des « déséquilibrés » musulmans qui attaquent, n’importe où en France, des passants sur un rythme quasi quotidien ? Au djihad judiciaire mené contre toute personne qui tiendrait des propos hostiles à l’islam ? Au djihad du voile et du halal qui s’exprime dans les entreprises ? Toutes ces offensives ne seraient donc que des prémices ? Une autre confrontation, plus violente et plus globale, serait donc en gestation ?

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Hakim el Karoui laisse en tous cas entendre qu’entre les salafistes qui veulent « faire croire que l’islam, c’est l’islamisme » et les « enfants et petits-enfants d’immigrés » qui entendent « relever la tête grâce à (leur) religion », il y a péril en la demeure.

Mais que le bon peuple de France dorme tranquille : M. el Karoui a trouvé la parade. Le pognon ! Le pognon ? Le pognon des musulmans eux-mêmes !

Taxer le halal, capter les dons, monopoliser le pèlerinage à La Mecque représentent une manne de 500 à 700 millions d’euros par an qu’il importe de centraliser. Pourquoi faire ? Mener « la bataille des idées ». À savoir, « financer des islamologues et des théologiens, la recherche et la formation. Nous devons pouvoir salarier des imams ou être présent sur les réseaux sociaux, sur lesquels il existe une demande de religieux. Il faut donc pouvoir proposer une offre pour ne pas laisser le champ libre aux islamistes ».

Les Frères musulmans se préparent

Former des imams « républicains », élaborer « une offre » islamique laïque pour lutter contre l’islamisme ? Soit ! Après tout pourquoi pas ? Mais où trouver ces nouveaux hussards de la République qui partiraient à l’assaut du salafisme dans les mosquées, les rues et les réseaux sociaux ?

C’est ici que nous retombons sur Zineb el Razhoui accusant Hakim el Karoui d’être un islamiste proche des Frères Musulmans. El Karoui, Macron ou Castaner sont bien incapables de « structurer » l’islam de France et de lutter contre l’islamisme tout seuls. Ils ont besoin d’un tiers sur qui s’appuyer. Et ce « tiers de confiance » est incarné par les Frères Musulmans, ces Frères Musulmans à la Abdallah Zekri, ces Frères Musulmans du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui estiment que la jeune Mila – chassée de son école et menacée de mort pour blasphème – a seulement récolté ce qu’elle a semé.

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C’est aux Frères Musulmans que le gouvernement entend confier le magot du halal et du pèlerinage à la Mecque. À charge pour eux de ramener les salafistes à la raison et de distribuer des baffes aux « djeunes » de banlieue. Les Frères joueraient ainsi les grands frères dans les cités et deviendraient l’interlocuteur choyé de l’État. Et le tour sera joué ! Macron et el Karoui semblent croire que la paix civile règnera quand l’islamisme « soft » des Frères aura prépondérance sur l’islamisme « hard » des salafistes et des banlieues.

Ce plan de la dernière chance avant la guerre civile, ce plan d’énarques qui croient que l’islam et l’islamisme sont solubles dans le pognon, n’est en réalité qu’une démission de la République. Et une erreur stratégique. Les Frères Musulmans d’aujourd’hui sont les descendants du Grand Mufti de Jérusalem qui s’est acoquiné avec Adolf Hitler. Ils n’ont pas pour vocation de faire mumuse avec l’Élysée ou la Place Beauvau. Les Frères Musulmans ont le même but que les salafistes. Ils veulent dominer le monde. Leur faire la courte échelle en France comme le fait el Karoui ne peut qu’accélérer la montée de la violence. En sus, cela porte un nom, la trahison.

 

«Séparatisme»: Macron joue la carte islam-friendly

Est-il illusionniste ou illusionné?

Par Jacques Tarnero - 25 février 2020

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Emmanuel Macron à Bruxelles le 20 février 2020

© Olivier Matthys/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22430412_000118


L’enmêmetempstisme a-t-il fait long feu ? Certes, on ne dit plus « ça n’a rien à voir avec l’islam », mais en même temps…


Avec la dénonciation du « séparatisme islamiste » dans les quartiers difficiles où règne la loi des jeunes issus de la diversité, c’est à une refonte totale de l’appareil rhétorique de la République que nous invite le Président de la République. Tous les éléments de langage dont les communicants sont si friands devront être revisités. La novlangue du nouveau monde n’en n’est pas avare.

La disparition du N de ENA

D’ailleurs la formation des cadres de la République devra s’inscrire dans le même dispositif : plus question d’École Nationale d’Administration mais d’une École d’Administration Publique (on remarquera la fine nuance) dont la dimension « nationale » disparaît pour répondre à ce nouveau souci né de cette « diversité » si problématique dans nos « territoires ».

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On le savait depuis longtemps. « Il faut que tout change pour que rien ne change » disait déjà le Prince Salina pronostiquant le nouveau monde né des mutations de l’Italie au XIXe siècle. Ce qui peut être vrai pour une société marchande mondialisée, au capitalisme tempéré, peut-il toujours l’être quand la mutation est d’ordre ethnographique ? Qu’est-ce que désigne le séparatisme stigmatisé par Macron, sinon l’autre versant du grand remplacement dénoncé par tous les progressistes ? Y aurait-il un peuple dans le peuple qui ne souscrirait plus à la loi commune, aux règles de la République ? L’hexagone devenu archipel obéirait à une tectonique nouvelle dont les mouvements relèveraient désormais de la sismologie. Quelle est la nouvelle donne ? Il ne s’agit plus d’intégrer des populations pauvres dont le socle culturel resterait proche, mais de prétendre intégrer des populations issues d’une culture donc le socle spirituel prône, entre autres, la guerre sainte. Nous ne sommes plus dans un projet ou un modèle de société tel que l’Occident en produit de manière régulière au gré des mutations scientifiques ou techniques. Le numérique change aujourd’hui la donne sociétale autant que la machine à vapeur, l’électricité, le chemin de fer, ont su bouleverser les sociétés européennes au début du XXe siècle. La mondialisation du XXIe siècle impose ses normes et ses effets dont la propagation du coronavirus est le corollaire : la mondialisation impose en même temps ses menaces. Elles fonctionnent à la même vitesse et les unes sont le produit des autres.

Le nouveau monde « bienveillant » avec l’islam

Peut-on en dire autant de l’islam désormais si présent autour de nous, chez nous ? Cette religion a-t-elle fait son aggiornamento aux nouvelles données du monde ? Ce que met justement en cause ce nouveau virus culturel c’est qu’il perturbe ce nous car il est aussi chez lui . Le nommer séparatiste est une erreur d’appréciation et de nomination car l’hydre islamiste n’a justement pas pour objet de se séparer de son terrain d’accroche. Elle ne va pas déclarer pour tel ou tel territoire où il serait désormais majoritaire, une sécession territoriale. La République islamique de Roubaix (si tant est que certains en aient l’idée) ne demandera pas son indépendance, elle compte bien plutôt diffuser son ordre culturel à l’ensemble des territoires précédemment perdus par la République. Qui de Gramsci ou de la takia inspire la stratégie de la menace à l’œuvre ? Comme l’ancienne, cette nouvelle taupe creuse un terrain friable qui ne sait pas la repérer. Le nouveau monde que certains espèrent friendly ne se fera pas ainsi. Il manque l’appel du sang que le djihad propose. En 2015 ce virus a frappé ses cibles symboliquement privilégiées : un journal qui ricanait de son prophète, des Juifs qui lui faisaient obstacle, des cafés où s’attablaient des femmes en robes légères.

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Voilà l’illusion que Macron s’acharne à promouvoir : il y aurait pour préserver la paix civile, un islam friendly compatible, différent de l’islam séparatiste. C’est ici qu’il se trompe. « Nous autres arabes ne pouvons être que si l’autre n’est pas » déclarait Ben Bella dans la revue Politique internationale l’été 1982, vouant Israël à l’apocalypse nucléaire parce que territoire non musulman en terre d’islam. Quoi qu’en disent les experts islamologues, le djihad fait partie de l’ADN islamique. C’est la même logique qui inspire les Frères musulmans qui ont compris que la conquête passe d’abord par l’imposition de ses signes islamiques dans l’espace public. Le voile sur la tête des femmes, dès 1989, a eu cette fonction. Il fallait marquer le territoire conquis dans la rue, à l’école, dans l’entreprise. Tandis qu’un antiracisme aussi niais que naïf considérait comme raciste toute opposition à cette agression, la République pratiquait l’euphémisation de la menace pour ne pas la regarder en face. Depuis plus de trente ans le déni idéologique du réel a été la règle principale du pouvoir et des médias. On a fait semblant de ne pas voir le réel quand celui-ci explosait à la figure de tous les services de l’État : à l’école, à l’hôpital, dans les services publics etc. Dans la rue, dans les quartiers la République n’a pas osé le nommer, le qualifier alors que cet ennemi inattendu la blesse, l’agresse ou l’humilie. La peur d’être taxé d’islamophobe par le nouvel antiracisme décolonial a interdit la lucidité. On a psychiatrisé la criminalité islamiste pour éviter d’avoir à la juger et l’assassin de Sarah Halimi peut cuver son valium en paix, tandis que la porte-parole des Indigènes de la République peut publier en toute tranquillité qu’elle est Mohamed Merah. Pourtant cette République combat au Mali les armes à la main ce même ennemi alors qu’elle n’ose pas chez elle interdire la présence des divers épigones des Frères musulmans et autres promoteurs de la charia. Le colonel Arnaud Beltrame, le père Hamel, sont-ils morts pour rien ? Les enfants juifs de Toulouse, les mitraillés du Bataclan, ceux de Charlie sont-ils morts pour rien ?

Le prix à payer pour intégrer l’islam

Macron estime-t-il qu’il est trop tard, que les jeux sont faits et c’est à la France de s’adapter à cette donne démographique et culturelle nouvelle que nous impose la mondialisation ? Estime-t-il qu’un modèle pluriculturel soft puisse faire l’économie du djihad et qu’à terme, malgré quelques irréductibles islamistes violents attardés, le séparatisme perdra au final, la guerre ? Tel serait le prix à payer pour pouvoir vivre dans une société apaisée. A quel prix ? En donnant par ailleurs des gages aux autres minorités cibles des précédents : les femmes, les Juifs. La Justice protègera mieux les femmes des violences qui leurs sont faites et les Juifs recevront en gage, des commémorations de la Shoah encore plus grandioses sans pour autant reconnaitre que l’ennemi qui menace Israël est identique à celui qui menace la France aujourd’hui. Les récentes commémorations à Jérusalem des 75 ans de la libération d’Auschwitz couplées à l’esclandre chiraco-macronien dans une église française à Jérusalem n’ont pas d’autre sens. Bien au contraire, pour rêver d’un bienveillant effet-retour sur l’appareil psychique des jeunes issus de la diversité la politique étrangère de la France ne sera pas économe de condamnation d’Israël au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et votera aux côtés du Yémen, du Pakistan, de la Syrie, de l’Algérie des résolutions condamnant le sort fait aux femmes en Israël. Dans les quartiers difficiles le Quai d’Orsay sera louangé et tout le monde aura l’illusion d’avoir contribué à l’émancipation du genre humain…

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Tancrède avait cette chance de ne pas connaître l’internet. Son époque ne permettait pas encore aux esprits tordus de destituer en trois jours quelqu’un parce que sa libido avaient été livrée au public sous couvert de lutte contre l’hypocrisie. Le temps disposait d’un espace suffisant pour que des capacités critiques s’installent dans la durée pour penser le changement. Il restera à la littérature le rôle de consigner l’époque : Zola pour la révolution industrielle, Pasternak pour la révolution communiste et Houellebecq pour la révolution nihiliste mondialisée. Aujourd’hui tout est radicalement différent : tout change, en apparence, parce que les mots semblent en retard pour nommer les choses nouvelles. Le réel se métamorphose trop vite, et sans que l’on s’en rende compte c’est un autre monde (virtuel ?), qui apparait. Ce n’est pas le séparatisme qui nous menace mais c’est plutôt la soumission à la vitesse de ce changement.

Au bout de ce conte, avant, ce qui était vraiment mieux, c’était l’avenir.

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Facebook m’a accusée de soutenir Daesh

Islamisme: la censure à géométrie très variable de Facebook

Par Lina Murr Nehmé

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Lina Murr Nehmé


La censure à géométrie très variable des agents de Facebook


Oui, Facebook m’a accusée de soutenir Daesh. Il a fermé mon compte, et quand j’ai fait appel, il m’a écrit : «Nous n’autorisons pas les menaces crédibles pour faire du tort à autrui, l’appui à des organisations violentes, ou un contenu très graphique sur Facebook».

Le «contenu très graphique», c’était une capture d’écran d’un communiqué de Daesh. C’est très dangereux, la calligraphie, comme vous le savez. Et l’article qu’elle accompagnait était plus dangereux encore, puisqu’il informait le public que Daesh avançait vers la Méditerranée, et que son but était d’occuper l’Europe. Comme vous le voyez, ce sont des «menaces crédibles». Et de mon article dénonçant Daesh, il conclut que je soutiens Daesh. Soit le modérateur ne connaît pas le français, soit il fait exprès.

La modération Made in Marocco de Facebook

Car en plus, je suis la seule célébrité au monde à avoir brûlé le drapeau de Daesh à visage découvert et à en avoir publié la photo. Cela m’a valu des centaines de menaces de mort de la part de Daesh qui était alors en plein essor. Alors, me faire accuser de soutenir Daesh !

Je vous jure que je suis un saltimbanque de l’autocensure. Je ne dénonce un scandale que lorsque je peux avancer des preuves. Si je n’étais si prudente, je n’existerais plus après vingt-cinq ans à dénoncer tant et tant d’assassins et autres criminels qui courent en liberté aujourd’hui et qui ont une latitude de parole que je n’ai pas(1). Mais aucun d’eux n’a pu m’intenter un procès.

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Mais je n’ai pas échappé aux moukhabarate tapis dans l’ombre de Facebook en France. Pardon, au Maroc. Car Facebook-France est modéré au Maroc. C’est un genre d’occupation sournoise. Une occupation des cerveaux. Au lieu des moukhabarate égyptiennes, syriennes, irakiennes, saoudiennes, les Français ont le bonheur d’avoir les moukhabarate marocaines. C’est kif kif. Parfait pour vous conditionner et faire de vous un robot intellectuellement. Un robot programmé pour ne pas déplaire au modérateur qui vous épie dans le silence, de l’autre côté de la Méditerranée. A noter que je ne jette pas la pierre au Maroc : un islamiste est le même, en France ou au Maroc. Mais ce qui est grave, c’est qu’on fasse modérer les réseaux sociaux par n’importe qui. Et qu’on les oblige à décider, en une minute et demie, s’ils ont affaire à un terroriste ou non. Les humains ne sont pas des robots.

L’attentat à la Défense dont vous n’avez pas entendu parler

Je vais donner un exemple du danger que cette situation fait courir à toute personne qui ne pratique pas l’autocensure en France.

Vous souvenez-vous de ce charmant professeur d’anglais, John Dowling au Pôle Léonard de Vinci à Courbevoie ?  Il fut assassiné à coups de couteau, début décembre 2018 par son étudiant pakistanais, Ali Hassan Rajput. Celui-ci, qui criait « Allahou Akbar ! », l’accusait d’avoir dessiné et montré une caricature de Mahomet en classe (2).

La procureure Mme Denis, décida d’emblée que ce n’était pas un crime terroriste parce que les autres étudiants ne se souvenaient pas de la caricature. Mais les caricatures de Mahomet n’intéressent pas spécialement les jeunes, qui en ont d’ailleurs vu des masses depuis janvier 2015. Surtout qu’en période de campagne électorale présidentielle, ils étaient bombardés d’images, d’informations, de messages et de coups de fil. Tel n’était pas le cas de Rajput : au Pakistan d’où il venait, on ne voit jamais de caricature de Mahomet, car celui qui en montrerait une est lynché par la foule ou jeté en prison et condamné à mort.

En tuant Dowling, Rajput a appliqué la loi pakistanaise en France. Ce n’était pas sa faute, mais celle des autorités françaises qui fichent S les Français qui vont au Pakistan, et non les Pakistanais qui viennent en France. Et c’est très grave. Plus grave encore, c’est qu’on nous impose petit à petit des lois étrangères qui supplantent la nôtre. Il y a dix ou vingt ans, il n’aurait pas été normal qu’en France, on puisse tuer un homme pour une caricature et le dire. Et que les autorités refusent d’y croire en disant que le professeur n’a pas fait cette caricature. Comme si la loi française ne l’autorisait pas à dessiner ce qu’il veut.

Plutôt que moi, Facebook aurait dû censurer Ali Hassan Rajput

Ali Hassan Rajput aurait d’autant plus dû être surveillé qu’il se trouvait au Pakistan lors de l’exécution de Mumtaz Qadri. Celui-ci était le policier chargé de protéger le gouverneur du Pendjab. Il le tua parce qu’il avait défendu Asia Bibi. Durant des années, il y eut en sa faveur au Pakistan des manifestations monstres, auxquelles Ali Hassan Rajput a peut-être participé. Est-il normal qu’on ne l’ait pas fiché S parce qu’il avait été soumis, dans ce pays, à ce genre de propagande ? Sur sa page Facebook, appelée «C’est la Rana», il soutient Khadim Rizvi qui mit le Pakistan à feu et à sang pour sauver Mumtaz Qadri et tuer Asia Bibi. Tous ces manifestants gesticulant et criant avec désespoir en brandissant une photo d’Asia Bibi, c’est le travail de Khadim Rizvi.

Certains Pakistanais haïssent Mumtaz Qadri et le méprisent comme l’assassin d’un homme de bien. Les autres l’aiment et l’admirent comme un héros et un martyr. Ali Hassan Rajput fait partie de ces derniers. Le 22 novembre 2018, il partagea la photo de l’assassin en citant un ouléma qui appelait à l’insurrection, à la révolution, et à «la destruction totale du pouvoir de l’homme blanc». Quelques jours plus tard, Rajput tua, à Paris, John Dowling, un homme blanc qui avait eu du pouvoir sur lui en tant que professeur.

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Comment Facebook n’a-t-il pas averti la police française des horreurs qu’Ali Hassan Rajput postait sur Facebook ? Car il est impossible que certaines de ses images aient échappé aux moteurs de recherche extrêmement perfectionnés de ce réseau. Il y a par exemple une photo d’égorgement d’Asia Bibi, des photos d’Hitler génocideur, d’autres, d’Hitler humiliant les juifs, ou encore, un photomontage montrant Geert Wilders au visage percé par un tournevis. Tous personnages très reconnaissables malgré les déformations dues au photomontage.

La France devrait faire un scandale

Après l’arrestation du tueur, son identité Facebook et des captures d’écran ont circulé grâce à des lanceurs d’alerte. Moi-même, j’ai fait partie des milliers d’internautes qui ont pu examiner la page du tueur, qui contient des dizaines d’appels au djihad contre les Français, les Américains, les Européens en général. Il y a spécifiquement des appels justifiant le génocide des chrétiens, et d’autres exaltant le génocide des juifs par Hitler, et appelant à le recommencer. Le photomontage ci-dessous a été posté par lui, puis repartagé le mardi 4 décembre, avec ce commentaire : «Tuer les juifs comme Hitler. Ils ne peuvent pas vivre comme des êtres humains parce qu’ils sont des cafards».

Le lendemain, il tuait son professeur.

Tandis que ce post et les photos d’égorgement circulaient, Facebook interdisait un de mes articles. J’y alertais le public sur la publication par Daesh, plusieurs jours à l’avance, d’un poster appelant les partisans du califat en France à enfiler des gilets jaunes et à aller tuer. L’autocensure qu’impose Facebook est telle, que je n’ai pas pris le risque de demander des comptes pour le retrait de cet article. Et que je n’ai plus pris le risque de mettre de photos explicites. Je n’avais pas imaginé qu’un simple communiqué de Daesh utilisé pour prouver mes paroles, servirait de prétexte pour fermer ma page. Visiblement, elle gênait ceux qui aimaient la page d’Ali Hassan Rajput et la laissaient en liberté.

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Les enquêteurs qui ont découvert le contenu de la page du tueur en ont informé leur supérieur direct. Il aurait fallu que le préfet en soit averti et en informe le ministre, le Premier ministre et le Président. La France aurait alors dû, non fermer la page d’Ali Hassan Rajput et empêcher le public de savoir ce qu’il risquait, mais au contraire, faire un scandale et exiger de Facebook une réparation de plusieurs milliards de dollars pour avoir mis la vie des Français en danger en embauchant n’importe qui pour modérer leurs réseaux sociaux.

Et moi, je me demande si messieurs Macron, Philippe, Castaner et Delpuech se seraient tus si Ali Hassan Rajput avait tué le père de l’un d’eux.